A la croisée entre 16ème et 17ème siècles, l’italien Claudio Monteverdi, héritier de l’ancien monde, celui de la musique de la renaissance et de sa polyphonie vocale codifiée, a contribué à l’émergence de la monodie accompagnée qui aboutira à l’invention de l’opéra. Son cycle de 9 livres de madrigaux écrit sur près d’un demi-siècle en est le témoignage saisissant. Après une première émission consacrée au madrigal italien et son appropriation par Monteverdi dans ses 4 premiers livres, le deuxième opus s’arrête sur les livres 5, 6 et 7, qui marquent une rupture avec les précédents: sans abandonner la polyphonie vocale, ils introduisent une basse instrumentale qui permet à une voix seule de prendre son indépendance en lui fournissant l’harmonie jusqu’alors confiée aux autres voix.

Si la polyphonie vocale était dominante à la Renaissance, les compositeurs, sans l’abandonner complètement, l’ont délaissé au fil des époques pour privilégier les voix solistes associées aux instruments, et le public, notamment français, s’est entiché des performances vocales des divas de l’opéra. En art vocal, l’individuel s’est substitué au collectif, précédant en cela l’évolution de nos sociétés ! Mais, cette désaffection de la polyphonie, à qui la faute ? Voix Plurielles a enquêté sur cette désaffection. Notre enquête nous a mené entre méditerranée et adriatique, à la bascule des 16ème et 17ème siècles. Et comme il faut un bouc émissaire pour notre enquête à charge, ce sera Claudio Monteverdi. Les preuves du crime de lèse-polyphonie, nous les avons trouvées dans ses 9 livres de madrigaux, objets des 3 premières émissions de la 5ème saison de Voix Plurielles.