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R�publique centrafricaine

R�publique centrafricaine

K�dr� ti B�-Afrika

Capitale: Bangui
Population: 4,2 millions (2001)
Langues officielles: sango et fran�ais 
Groupe majoritaire: aucun 
Groupes minoritaires:
environ 60 langues, dont le sango, le banda du Sud, le banda-banda, le bokoto, le gbanou, le gbaya du Nord-Ouest, le gbaya du Sud-Ouest, le gbaya de Bosangoa, le kaba, le karr�, le manza, le mbati, le ngbaka ma'bo, le pana, le yakoma, le zand�
Langue coloniale: fran�ais
Syst�me politique: r�publique unitaire
Articles constitutionnels (langue): article 17 de la Constitution du 14 janvier 1995
Lois linguistiques: D�cret n� 65-002, portant institution d'une Commission nationale pour l'�tude de la langue sango (1965); D�cret n� 85-004 portant rectificatif au Code de l'orthographe officielle du sango; D�cret n� 84-025 fixant l'orthographe officielle du sango (langue nationale centrafricaine); Ordonnance imp�riale n� 77/011 fixant l'alphabet phon�tique utilisable dans la transcription de la langue nationale sango (1977);  Loi n� 91/003 du 8 mars 1991; Loi 97/014 du 10 d�cembre 1997 portant orientation de l'�ducation (1997);  Loi n� 10.002 du 6 janvier 2010 portant Code de proc�dure p�nale (2010).

1 Situation g�n�rale

La R�publique centrafricaine est un pays enclav� d'Afrique centrale et couvre une superficie de 622 436 km�.  Le pays est limit� au nord par le Tchad, � l�est par le Soudan, au sud par la R�publique d�mocratique du Congo (Congo-Kinshasa) et la r�publique du Congo (Congo-Brazzaville), et � l�ouest par le Cameroun. Bien que constituant un handicap du point de vue �conomique, sa position centrale sur le continent africain conf�re au pays un int�r�t strat�gique. C�est la raison de la longue pr�sence militaire de la France dans cette ancienne colonie de l�Oubangui-Chari, devenue ind�pendante en 1960. La R�publique centrafricaine est divis�e en 16 pr�fectures. Sa capitale est Bangui.

2 Donn�es d�molinguistiques

La R�publique centrafricaine est pass�e de deux millions d�habitants en 1975 � 3,6 millions d'habitants en 2001, puis � 4,2 millions en 2005. La population est concentr�e dans la partie occidentale et les deux tiers des Centrafricains vivent dans de petits villages. Bangui, la capitale et ville principale, comptait environ 750 000 habitants en 1990.

2.1 Les ethnies

Les Babingas, des Pygm�es peuplant toujours la for�t centrafricaine dans la r�gion de la Lobaye, furent les premiers habitants du pays. Les groupes Gbayas-Mandjas et Bandas repr�sentent plus de la moiti� de la population centrafricaine. Cependant, le clivage est tr�s marqu� entre ces populations de la savane et les �gens du fleuve� (Oubanguiens) de langue sangho, des commer�ants �tablis sur les rives de l�Oubangui et dominant la vie �conomique et politique du pays. Les Zande, agriculteurs semi-itin�rants, vivent entre le nord-est de la R�publique centrafricaine, le sud du Soudan et la R�publique d�mocratique du Congo.

Du point de vue religieux, les animistes repr�sentent environ 60 % de la population, les chr�tiens 35 % et les musulmans 5 %. 

2.2 Les langues

Il est malais� de d�nombrer avec exactitude le nombre des locuteurs d�une langue en Centrafrique. Outre le probl�me de la multiplicit� des quelque 60 langues, un d�cret gouvernemental adopt� en 1966 interdit �toute mention, dans les actes officiels ou sous seing priv�, imprim�s, formulaires administratifs ou priv�s, de race, de tribu ou d�ethnie�. On comprendra que si ces renseignements importants ne pouvaient pas figurer dans les recensements ult�rieurs, il devient difficile d'en �tablir un portrait le moindrement pr�cis des langues en pr�sence.

Lors du recensement de 1988, le gouvernement centrafricain ne posait que trois questions concernant les langues: 1) quelle est la premi�re langue parl�e? 2) parlez-vous sango ou non? 3) Quelle est l'autre langue parl�e? De plus, il est impossible d'obtenir les r�ponses officielles � ces questions. Enfin, entre 500 000 � 600 000 personnes n'ont jamais r�pondu aux questions du recensement au sujet de leur langue maternelle.

- Les langues autochtones

Toutefois, un d�pouillement partiel des donn�es linguistiques permet de r�v�ler les r�sultats qui suivent. On compte 705 000 locuteurs pour les langues gbaya-manza (segment�es en de multiples vari�t�s dialectales), 570 000 pour les langues banda, 100 000 pour les langues sara-mbay, 60 000 pour les langues ngbaka-monzombo-gbanziri, 60 000 pour les langues nzakara-zand� et 55 000 pour les langues mbum. Pour tous les autres groupes linguistiques, le total des locuteurs serait inf�rieur � 50 000.  

La langue la plus importante par le nombre de ses locuteurs est d'abord le sango, une langue cr�olis�e, d�riv�e du ngbandi et � base de nombreux mots fran�ais. Le sango compte environ 350 000 locuteurs de langue maternelle, mais cette langue est parl�e par la quasi-totalit� de la population centrafricaine comme langue v�hiculaire. On pense que le sango serait n� du contact des colons fran�ais avec les populations indig�nes situ�es sur les bords de l'Oubangui. D'autres croient que le sango existait avant l'arriv�e des Europ�ens. Appel� � l'origine dendi, le sango �tait parl� par les Dendi servant de m�diateurs dans les conflits entre les Zand�-Nzakara et les Ngbugu (ethnie du groupe Banda). Avec le fran�ais, le sango est une langue officielle de la R�publique centrafricaine. 

Parmi les langue parl�es par plus de 60 000 locuteurs, mentionnons le banda du Sud (150 000), le banda-banda (102 000), le bokoto (130 000), le gbanou (95 000), le gbaya du Nord-Ouest (200 000), le gbaya du Sud-Ouest (164 000), le gbaya de Bosangoa (176 000), le kaba (72 000), le karr� (93 000), le manza (220 000), le mbati (60 000), le ngbaka ma'bo (88 000), le pana (82 000), le yakoma (100 000), le zand� (62 000). La plupart des autres langues ne sont parl�es que par de petites communaut�s comptant moins de 10 000 locuteurs, parfois moins de 5000.  

Les quelque soixante langues autochtones de la Centrafrique font partie de deux familles linguistiques: la famille nig�ro-congolaise et la famille nilo-saharienne, la premi�re �tant de loin la plus repr�sent�e. Parmi les langues cit�es pr�c�demment, seul le kaba est une langue de la famille nilo-saharienne, toutes les autres appartiennent � la famille nig�ro-congolaise

- Le fran�ais

Le fran�ais est la langue officielle de la R�publique. Il n'est la langue maternelle qu'un d'un tout petit groupe d'Europ�ens dont le nombre n'atteint pas les 10 000. Le fran�ais, langue de prestige, est parl� par les �lites et les cols blancs, c'est-�-dire les fonctionnaires et les enseignants. On compte deux vari�t�s de fran�ais. L'un correspond � ce qu'on pourrait appel� le �fran�ais de France� parl�e par les Europ�ens et les sp�cialistes de la communication, c'est-�-dire les enseignants, et ensuite par les �notables� du pays.  Il s'agit d'un nombre r�duit d'individus. G�n�ralement, ce fran�ais est utilis� dans les m�dias et la haute fonction publique, de m�me que dans les sph�res proches des pouvoirs politique et judiciaire, ainsi que dans toutes les �coles du pays. On y admet un certain accent local et quelques r�gionalismes lexicaux issus surtout du sango. 

Il existe une autre vari�t� de fran�ais, beaucoup plus r�pandu et plus permissive: le fran�ais local. C'est un fran�ais tr�s influenc� par les langues centrafricaines, surtout par le sango. Cette vari�t� est parl�e par les classes non instruites, qui n'ont pu terminer leur scolarit�. Ils utilisent ce qu'ils connaissent du fran�ais avec des emprunts massifs aux langues locales. Cette vari�t� peut causer des probl�mes de compr�hension avec les francophones des autres pays, car les interf�rences linguistiques, d'ordre lexical et s�mantique, sont tr�s importantes.  

Selon un recensement de 1993, on peut �tablir les donn�es suivantes en ce qui a trait � la connaissance du fran�ais (toutes vari�t�s confondues):

1) 76 % de �personnes n�ayant aucune connaissance du fran�ais�;
2) 16 % de �locuteurs potentiels, qui ont suivi un cursus scolaire d�au moins deux ans en fran�ais et qui �ventuellement peuvent perdre leurs acquis�. Certains les nomment des �francisants�;
3) 8 % de �locuteurs r�els qui ont suivi un cursus scolaire d�au moins six ans en fran�ais�.

En tenant compte de ces consid�rations, on compterait actuellement environ 500 000 �francisants� et 250 000 �francophones r�els�, mais on sait que ce r�sultat para�t nettement sur-�valu�. Cela dit, il suffit de pr�ciser qu'une personne ne parle pas le sango (�mbi ten� sango ape�: je ne parle pas le sango) pour que les Centrafricains retrouvent vite l'usage du fran�ais.

- L'arabe

Il convient d'accorder une place particuli�re � l�arabe, une langue en l�g�re expansion en Centrafrique. Il s'agit d'abord de l'arabe classique, celui du Coran, qui sert de m�dium comme langue religieuse au sein de la communaut� musulmane du pays. La radio nationale accorde une tranche de trente minutes � la religion islamique pour l�enseignement du Coran. De son c�t�, la communaut� islamique du pays a cr�� des �coles accueillant des personnes des deux sexes de toutes religions. 

3 Donn�es historiques

On ne conna�t que peu de choses sur l'histoire ancienne de ce pays d'Afrique centrale. La plupart des communaut�s vivant aujourd�hui sur le territoire centrafricain s�y sont �tablis � partir de la seconde moiti� du XVIIIe si�cle. � cette �poque, les populations de langue soudanaise avaient quitt� la savane pour se r�fugier dans la for�t, afin de fuir les guerriers peuls et les marchands d�esclaves. Le pays fut ravag� par la traite des Noirs au XIXe si�cle, notamment dans le pays banda soumis aux exp�ditions des Arabes du Bahr el Ghazal.

3.1 La colonisation fran�aise (Oubangui-Chari)

Vers 1885, des explorateurs belges d�couvrirent le cours inf�rieur de l�Oubangui. Les territoires situ�s de part et d�autre du fleuve furent partag�s ensuite entre la Belgique et la France. En 1889 fut fond�, sur la rive droite de l�Oubangui, un premier poste fran�ais appel� Bangui. Le pays s'appelait alors l�Oubangui-Chari.

Le territoire fut alors livr� � l�exploitation des soci�t�s capitalistes qui soumirent les populations aux travaux forc�s. En 1903, l�Oubangui-Chari devint une colonie fran�aise, laquelle fut int�gr�e, en 1910, � l�Afrique �quatoriale fran�aise (AEF), dont le gouverneur g�n�ral si�geait � Brazzaville (Congo). De tous les territoires de l�Empire colonial fran�ais, l�Oubangui-Chari connut probablement l'une des colonisations les plus brutales. En 1914, le territoire fut r�uni au Territoire militaire du Tchad sous le nom d'Oubangui-Chari-Tchad. En 1922, le Tchad acquit son autonomie et, en 1936, l'Oubangui-Chari fut rattach� � l'Afrique �quatoriale fran�aise. De 1928 � 1931, les Gbayas se r�volt�rent contre le recrutement forc� lors de la construction du chemin de fer Congo-Oc�an et refus�rent de payer des imp�ts. La guerre dite du Kongo-Wara (guerre des �manches de houes�) en pays gbaya se poursuivit jusqu�en 1931. La colonisation fran�aise fut v�cue comme un v�ritable traumatisme par les habitants de cette r�gion qui, outre le travail forc� et le portage, eurent � subir de nombreux d�placements de populations.

La �mission civilisatrice� de la France consista longtemps � l�implantation de petits postes administratifs et au trac� de quelques routes, surtout � partir de 1920. Faisant le bilan de ces ann�es, l�historien P. Kalck consid�rait en 1976 l�Oubangui-Chari comme �la plus d�laiss�e des colonies� fran�aises. D�ailleurs, le nombre des Europ�ens au d�but de la colonisation confirme bien que le pays �tait sous-administr�: l�Oubangui ne comptait en 1906 que 148 Europ�ens (et assimil�s), puis seulement 348 en 1911, pour passer � 261 en 1921 et finalement 327 en 1926. Les contours actuels du territoire centrafricain ne furent fix�s que progressivement � en 1923 � en raison de l��pre lutte que se livraient les puissances coloniales dans cette zone. Entre 1890 et 1940, on estime que la moiti� de la population p�rit, victime des travaux forc�s, de la malnutrition et des maladies apport�es par les Blancs. La colonisation fran�aise introduisit le christianisme par l'entremise de Mgr Augouard, ainsi que le d�veloppement des premi�res �coles primaires.

La France, comme c'�tait la coutume pour l'�poque, pratiqua une politique d'assimilation, notamment par l'imposition des lois, des coutumes et de la langue fran�aise. Dans sa circulaire du 22 juin 1897, le gouverneur g�n�ral de l�Afrique occidentale fran�aise, M. Chaudi�, �crivait:

L��cole est en effet le moyen le plus s�r qu�une nation civilisatrice ait d�acqu�rir � ses id�es les populations encore primitives et de les �lever graduellement jusqu�� elle. L��cole est, en un mot, l��l�ment de progr�s par excellence. C�est aussi l��l�ment de propagande de la cause et de la langue fran�aise le plus certain dont le gouvernement puisse disposer.

Ces principes furent r�affirm�s par son successeur, W. Ponty, dans une circulaire dat�e du 30 ao�t 1910: 

L��cole est le meilleur instrument du progr�s; c�est elle qui sert le mieux les int�r�ts de la cause fran�aise [...]. Nul n�ignore que l��tude du fran�ais est le rem�de le plus efficace qui puisse �tre oppos� au fanatisme. 

Cette id�ologie supposait que l'enseignement devait �tre dispens� uniquement en fran�ais, comme l�arr�t� du 12 novembre 1912 concernant l�Afrique occidentale fran�aise le rappelle: 

Le but de l�enseignement �l�mentaire est la diffusion parmi les indig�nes du fran�ais parl� [...].  La langue fran�aise est seule en usage dans les �coles. Il est interdit aux ma�tres de se servir avec leurs �l�ves des idiomes du pays.

La m�me prescription frappant les parlers locaux fut constamment rappel�e, et ce, tant pour les �coles normales que pour les �coles professionnelles. En 1924, le gouverneur g�n�ral de l�AOF, dans un arr�t�, r�affirme la politique linguistique en ces mots : 

La langue fran�aise est la seule qui doive nous occuper et que nous ayons � propager. Cette diffusion du fran�ais est une n�cessit�. Nos lois et r�glements sont diffus�s en fran�ais. C�est en fran�ais que les jugements des tribunaux sont rendus. L�indig�ne n�est admis � pr�senter ses requ�tes qu�en fran�ais. Notre politique d�association l�appelle de plus en plus � si�ger dans nos conseils et assembl�es � la condition qu�il sache parler fran�ais. Il faut donc qu�administrations et administr�s se comprennent [�]. Il est de toute n�cessit� que le fran�ais, sans pr�tendre supplanter les idiomes, v�hicule les id�es communes qui fusionnent les races. (Arr�t� de l�AOF, 1.4.1924.)

� cet arr�t� est jointe une circulaire, qui d�clarait:

Le fran�ais doit �tre impos� au plus grand nombre d�indig�nes et servir de langue v�hiculaire dans toute l��tendue de l�Ouest africain fran�ais . Son �tude est rendue obligatoire pour les futurs chefs [�]. Mais notre contact ne s�arr�te pas au chef. Il p�n�tre plus loin dans la masse  [�]. Il faut donc r�pandre en surface le fran�ais parl�. Il faut pouvoir rencontrer dans les villages les plus �loign�s, avec le chef, au moins quelques indig�nes comprenant notre langue et pouvant s�exprimer en fran�ais sans pr�tention acad�mique. Avec les tirailleurs lib�r�s et rendus au village, ce but peut �tre atteint ais�ment et rapidement. Multipliez donc les �coles pr�paratoires, appelez-y le plus d�enfants possible et apprenez-leur � parler fran�ais. (Circulaire du gouverneur g�n�ral de l'AOF, 1.4.1924).

Cependant, cette politique d'assimilation par l'�cole n'a pas v�ritablement fonctionn� en raison, d'une part, d'une r�elle volont� politique et, d'autre part, de moyens inad�quats dans l�enseignement public. Jusqu�en 1936, l'enseignement fran�ais n'a concern� qu'un nombre tr�s limit�s d'�l�ves �duqu�s en fran�ais. De leur c�t�, les missionnaires ont choisi de christianiser la population en sango dont ils ont donn� la premi�re forme �crite. 

C�est seulement � partir de la Conf�rence de Brazzaville de 1944 que, gr�ce � l�aide du Fonds d�investissement et de d�veloppement �conomique et social cr�� en 1947, le nombre d�enfants scolaris�s conna�tra un essor important. Bien que le syst�me scolaire demeur�t tr�s �litiste, les taux d�accroissement moyens annuels des effectifs scolaires seront pour la p�riode 1950-1956 de 10,3 % pour l�enseignement primaire et de 18,9 % pour l�enseignement secondaire; ces m�mes taux passeront pour la p�riode 1956-1962 respectivement � 15,3 % et 27 %.

Le bouleversement caus� par la colonisation a mis en contact des peuples d'ethnies diff�rentes, n�cessitant une langue commune pour la communication quotidienne; le fran�ais a jou� un r�le, mais encore plus le sango, car cette langue de contact a touch� toutes les ethnies, contrairement au fran�ais qui est demeur� �litiste. 

La grande figure embl�matique de la colonie fran�aise centrafricaine fut Barth�lemy Boganda (1910-1959). Celui-ci fut ordonn� pr�tre en 1938, puis �lu d�put� � l�Assembl�e nationale fran�aise en 1946, ann�e o� l�Oubangui-Chari devint officiellement un �territoire d�outre-mer�. En 1949, il fonda le Mouvement pour l��volution sociale de l�Afrique noire (MESAN) et organisa la lutte pour l'�mancipation de son peuple. Lorsque, en 1958, le pays devint officiellement la R�publique centrafricaine au sein de la Communaut� fran�aise, Boganda devint premier ministre et tenta de constituer, avec le Congo et le Tchad, une union des �tats de l'Afrique latine, ouverte � l�adh�sion aux territoires portugais. Il trouva la mort dans un accident d'avion dont les origines demeurent obscures, le 29 mars 1959.

3.2 L�ind�pendance 

Un instituteur, David Dacko (1928- ), devint pr�sident de la R�publique centrafricaine, qui proclama son ind�pendance de la France, le 13 ao�t 1960. Dacko proc�da � une r�forme constitutionnelle en 1964 et s'attribua tous les pouvoirs. La Constitution donnait aussi au sango le statut de �langue nationale�, tandis que le fran�ais recevait celui de �langue officielle�. Chef de l'�tat et du parti unique, Dacko concentra entre ses mains le pouvoir de nommer tous les hauts responsables de l'�tat. Rapidement impopulaire, il fut renvers� par l'un de ses cousins, le colonel Jean-Bedel Bokassa en 1965. 

Celui-ci abrogea la Constitution et se d�clara �pr�sident-mar�chal � vie�. Le 4 d�cembre 1976, le congr�s extraordinaire du �MESAN r�nov� proclama l�Empire centrafricain. Le mar�chal Bokassa devient l�empereur Bokassa Ier et, le 4 d�cembre 1977, il organisa son �sacre napol�onien�, avec l'aide de la France. La libert� d�expression fut supprim�e et les opposants furent jug�s par des tribunaux militaires et, pour la plupart, condamn�s � mort. Bokassa tomba en disgr�ce apr�s la r�pression sanglante d'�meutes, en janvier 1979, et la mort de 26 �coliers � la prison de Ngaragba, en avril 1979. L'intervention d'un contingent fran�ais, le 20 septembre 1979, l'�op�ration Barracuda�, mit fin au r�gime de Bokassa, alors que celui-ci �tait en visite en Libye.  

La chute du dictateur Bokassa et la tenue d'�lections en mars 1981 ramen�rent David Dacko au pouvoir, qui r�tablit les libert�s d�mocratiques et le multipartisme en f�vrier 1981. Le r�sultat controvers� de cette consultation �lectorale l'amena � quitter la sc�ne politique en septembre de la m�me ann�e. Le g�n�ral Andr� Kolingba rempla�a David Dacko; il interdit les partis politiques en mars 1982, � l�exception du Rassemblement d�mocratique centrafricain (RDC, nouveau nom du MESAN). En octobre 1986, Bokassa fut jug� et reconnu coupable d�avoir ordonn� le meurtre de ses adversaires politiques. Sa condamnation � mort fut commu�e en r�clusion perp�tuelle. Exil� ensuite en France et en C�te d'Ivoire, ce dernier revint � Bangui en 1993 o� il mourut en 1996, alors qu'il se croyait le �13e ap�tre du Christ�.

3.3 L'apr�s-Bokassa

En 1993, Ange-F�lix Patass� fut �lu � la pr�sidence � l'issue d'un scrutin d�mocratique. La crise �conomique et sociale se prolongeant, et les salaires de la fonction publique n��tant pas pay�s, des mutineries �clat�rent en avril et mai 1996 au sein de l�arm�e. Les mutins exig�rent leur r�mun�ration, mais �galement le limogeage du colonel Fran�ois Ndjeder, commandant de la garde pr�sidentielle. En fait, le probl�me du paiement des soldes ne constituait qu'un pr�texte, car il s'agissait surtout de la garde pr�sidentielle toujours contr�l�e par un seul groupe ethnique, que ce soit les Mbanda pour Bokassa, les Yakoma pour Kolingba ou les Sara pour Patass�. Le pouvoir reposait sur cette garde que chacun des chefs de l��tat s'est employ�, d�s son accession au pouvoir, � changer au profit de l'ethnie � laquelle il appartenait.

Parce qu'elle craignait un coup d��tat, la France, dont l'une de ses principales bases en Afrique �tait situ�e sur le territoire centrafricain, intervint militairement pour soutenir le pr�sident Patass�. Apr�s avoir conclu un accord avec les mutins, celui-ci annon�a la formation d�un gouvernement d�union nationale. La tentative d��loigner de Bangui les militaires putschistes entra�na un nouveau soul�vement qui favorisa une autre intervention fran�aise. En janvier 1997, � la suite des accords de Bangui, un nouveau gouvernement fut form�, alors que la MISAB (Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui) fut mise en place, avant d'�tre remplac�e la Minurca (Mission des Nations unies en R�publique centrafricaine) en avril 1998. La France dut �vacuer ses bases militaires de Bouar et de Bangui. Le 19 septembre 1999, Ange-F�lix Patass� fut r��lu au premier tour � la pr�sidence de la R�publique centrafricaine. Lors d'un autre coup d'�tat qui eut lieu en mai 2001 contre le contest� Patass�, les troupes libyennes assur�rent la s�curit� du pr�sident. PUIS, Le 15 mars 2003, alors que Patass� �TAIT en voyage au Niger, Fran�ois Boziz�, un ancien g�n�ral de brigade sous Bokassa et l'un des anciens hommes fort de Patass�, rentra au pays et s'empara facilement de Bangui. Le pr�sident Patass� dut partir en exil au Cameroun, puis au Togo. Fran�ois Boziz� devint pr�sident autoproclam�, mais promit la normalisation politique et le retour � la d�mocratie, ce qui fut fait en 2005. C'est en R�publique centrafricaine qu'est venu se r�fugier en mars 2004 l'ex-pr�sident d'Ha�ti, Jean-Bertrand Aristide, accueilli par le Boziz�. La R�publique centrafricaine sort ruin�e par des d�cennies de mauvaises gestions.

4 La politique linguistique

La politique linguistique de la R�publique centrafricaine porte sur deux aspects: le fran�ais et le sango, les deux langues officielles. L'�tat vit actuellement sous le r�gime de la Constitution promulgu�e par le d�cret du 14 janvier 1995. � l'article 17, on peut lire que le sango et le fran�ais sont les deux langues officielles:

Article 17

1) La forme de l'�tat est la R�publique.
2) L'�tat centrafricain a pour nom : R�PUBLIQUE CENTRAFRICAINE.
3) La R�publique centrafricaine est un �tat de droit, souverain, indivisible, la�c et d�mocratique.
4) Ses langues officielles sont le sango et le fran�ais.
5)
Son embl�me est le drapeau � quatre bandes horizontales d'�gale largeur, de couleurs bleue, blanche, verte et jaune, barr�es perpendiculairement en leur milieu par une bande d'�gale largeur de couleur rouge et frapp� dans l'angle sup�rieur gauche par une �toile � cinq branches de couleur jaune.

Dans les constitutions pr�c�dentes, le sango avait le statut de �langue nationale�, le fran�ais, celui de �langue officielle�. Depuis la loi n�91/003 du 8 mars 1991, le gouvernement centrafricain s�est engag� plus nettement en faveur d�un bilinguisme officiel, car la loi proclame que �les langues officielles sont le sango et le fran�ais�.

4.1 La l�gislation et la justice

Au Parlement, les projets de lois soumis � l�examen des d�put�s sont r�dig�s et promulgu�s en fran�ais. Cependant, le fran�ais et le sango sont tous deux utilis�s dans les d�bats parlementaires, avec une pr�f�rence pour la premi�re langue. Quant au Journal officiel de la R�publique, il n'est publi� qu'en fran�ais. 

Les discours officiels du chef de l��tat sont g�n�ralement r�dig�s en fran�ais, puis traduits en sango; la diff�rence entre les deux versions peut parfois �tre importante. Pour leur part, les personnalit�s politiques ou administratives s�adressent aux citoyens en sango dans la quasi-totalit� des cas. 

Pour ce qui est de la langue des tribunaux, le fran�ais reste en principe la langue d'usage. Le syst�me judiciaire est fond� sur le fran�ais, alors que les textes juridiques sont r�dig�s exclusivement dans cette langue. Le Code civil, le Code p�nal et le Code commercial sont directement inspir�s des textes de l�ancienne M�tropole et sont donc r�dig�s en fran�ais. En pratique, le juge s'adresse toujours en sango si l'accus� ignore la langue fran�aise. La sentence du juge est rendue en fran�ais, tandis qu'une interpr�tation en est faite � l�accus� en sango ou en une autre langue nationale. 

Plusieurs articles de la Loi n� 10.002 du 6 janvier 2010 portant Code de proc�dure p�nale (2010) autorisent les juges et le procureur de la R�publique � informer toute personne appr�hend�e, dans une langue qu'elle comprend, de l'objet de son arrestation: 

Article 349

Toute personne appr�hend�e en vertu d�une demande d�arrestation aux fins de remise doit �tre d�f�r�e dans les vingt quatre heures au procureur de la R�publique territorialement comp�tent. Dans ce d�lai, les dispositions du pr�sent Code lui sont applicables. Apr�s avoir v�rifi� l�identit� de cette personne, ce magistrat l�informe dans une langue qu�elle comprend, qu�elle fait l�objet d�une arrestation aux fins de remise et qu�elle compara�tra dans un d�lai maximum de cinq jours devant le procureur g�n�ral pr�s la Cour d�appel. Le procureur de la R�publique l�informe �galement qu�elle pourra �tre assist� par un avocat de son choix ou, � d�faut, par un avocat commis d�office par le b�tonnier de l�Ordre des avocats, inform� sans d�lai et par tout moyen. Il l�avise de m�me qu�elle pourra s�entretenir imm�diatement avec l�avocat d�sign�. Mention de ces informations est faite au proc�s-verbal, qui est aussit�t transmis au procureur g�n�ral pr�s la Cour d�appel. Le procureur de la R�publique ordonne l�incarc�ration de la personne r�clam�e � la maison d�arr�t.

En fait, ce n'est pas un droit d'utiliser n'importe quelle langue, mais un droit d'�tre inform� des motifs de son arrestation dans une langue qui est comprise par la personne appr�hend�e.

4.2 Les langues de l'Administration

Tous les documents administratifs sont r�dig�s en fran�ais, que ce soit les r�glements, les notes de service, les arr�t�s, la correspondance ou les comptes rendus des s�ances de travail entre agents d�un m�me service devant faire l�objet d�un proc�s verbal. Le fran�ais demeure la seule langue de travail �crite de l�Administration publique centrafricaine. C'est pourquoi le recrutement des fonctionnaires dans la Fonction publique ne tient avant tout compte que de leur comp�tence en fran�ais.

N�anmoins, la situation dans les communications orales est tr�s diff�rente. Dans les communications de type formel entre fonctionnaires poss�dant la ma�trise du fran�ais, l�usage du fran�ais reste prioritaire, mais l�usage du sango n�est pas exclu. Par contre, dans les situations informelles, il est courant de voir ces m�mes fonctionnaires utiliser le sango, notamment � l��gard des subordonn�s.

Entre les fonctionnaires et les citoyens, l�emploi du fran�ais peut, dans un premier temps, intervenir dans un type de rapport hi�rarchique. Dans ce pays, on entretient avec le fran�ais un rapport li� � une question de l�gitimit�: on ne parle fran�ais qu'� celui qui parle fran�ais. Mais qui parle le fran�ais? L'�tranger d'abord, puis le �sup�rieur� (le fonctionnaire) et enfin le �lettr� (l'instruit). On s'adresse en fran�ais � un fonctionnaire parce que c'est le r�glement, par marque de respect ou de d�f�rence: �Pour un fonctionnaire, d�s ton arriv�e, il faut d'abord lui dire la chose en fran�ais parce que c'est le r�glement�, de rapporter un lyc�en de 21 ans. Comme il nous le fait comprendre, le fran�ais est obligatoire pour l'inf�rieur, mais facultatif pour le sup�rieur: �S'il me parle en fran�ais, je dois lui r�pondre en fran�ais, et au cas o� il me parle sango, c'est par l� que je vais lui r�pondre en sango.� Autrement dit, le sup�rieur hi�rarchique cr�e la distance entre lui et son interlocuteur, et affirme ainsi son autorit� en recourant au fran�ais. De m�me, le citoyen qui demande audience � une autorit� se doit, s�il le peut, de s�adresser � lui en fran�ais. 

Mais dans tous les cas, le sango est rapidement employ�, d'une part, parce que l�un des interlocuteurs ne peut soutenir la conversation, d'autre part, parce que l�autorit� cherche � le mettre � l�aise. Le recours exclusif au fran�ais par un fonctionnaire de l��tat dans ses rapports avec le public est assez mal per�u et est normalement ressenti comme un �signe d�autoritarisme� inacceptable. Par exemple, dans les services de sant� o� le personnel soignant est en contact avec des patients parlant souvent mal ou m�me pas du tout le fran�ais, l�usage du sango reste pr�pond�rant. 

4.3 La langue fran�aise dans l'�ducation

L'�tat centrafricain a, depuis 1974, tent� d'introduire le sango comme langue d'enseignement dans les �coles primaires. Un programme fut lanc� en 1975 dans le cadre de ce qui fut nomm� ��cole de promotion collective�, mais l'op�ration se r�v�la un �chec et fut abandonn�e au bout de deux ans. En 1981, les �tats g�n�raux de l��ducation remirent � l�ordre du jour le probl�me. Les recommandations formul�es furent � l�origine de l�ordonnance n�84/031 du 14 mai 1984, qui pr�cisait � l'article 36: �L�enseignement est dispens� en fran�ais, langue officielle et en sango, langue nationale.� Le probl�me, c'est que les dispositions prises par cette ordonnance sont rest�es sans effet, et le fran�ais a continu� d'�tre la seule langue officiellement employ�e dans l�enseignement. La Loi 97/014 du 10 d�cembre 1997 portant orientation de l'�ducation (1997) ne contient aucune disposition sur la langue de l'�ducation.

Pr�cisons que, dans les salles de classe du primaire, beaucoup d'enseignants utilisent le sango pour donner des explications � des �l�ves qui ne comprennent pa les notions exprim�es en fran�ais. Mais cette pratique n�est pas conforme aux instructions officielles. Dans les �coles secondaires, la langue d�enseignement demeure le fran�ais, mais des cours de langue �trang�re (anglais, espagnol ou allemand) sont aussi dispens�s. Ces langues sont toutes �tudi�es � l�universit�. 

4.4 Le sango en �ducation

Pourtant, le sango n'est pas absent du domaine de l'�ducation. La R�publique centrafricaine ne dispose que d'une seule langue nationale, le sango, dont le code de l'alphab�tisation a �t� consacr� par l'ordonnance 84.031 de mai 1984 et la Loi 97/014 du 10 d�cembre 1997 portant orientation de l'�ducation. En effet, la l�gislation ne concerne d'ailleurs que le sango, comme en t�moignent les autres documents suivants:

- le d�cret no 85-004 portant rectificatif au Code de l'orthographe officielle du sango;
- d�cret no 84-025 fixant l'orthographe officielle du sango (langue nationale centrafricaine); 
- l'ordonnance imp�riale no 77/011 fixant l'alphabet phon�tique utilisable dans la transcription de la langue nationale sango;
- le d�cret no 65-002 portant institution d'une Commission nationale pour l'�tude de la langue sango

C�est dans ce qu'on appelle en Centrafrique l'��ducation non formelle� que le sango joue son r�le le plus important. Rattach� au Secr�tariat g�n�ral de l��ducation nationale, le Service de l��ducation non formelle a pour but, avec la collaboration des ONG, de coordonner les activit�s d�alphab�tisation ou de recyclage et de promouvoir � la fois la culture centrafricaine et le sango; le service s�occupe aussi de l�alphab�tisation des adultes et de l��ducation permanente. 

En ce qui a trait � l�alphab�tisation des adultes, l�enseignement est dispens� en sango par des �encadreurs� recrut�s dans les communaut�s m�mes (quartiers ou villages) avec un niveau scolaire variable (g�n�ralement �fondamental II�). Pris en charge par la communaut� locale (avec le soutien financier des organismes internationaux) et tr�s faiblement r�mun�r�s, ces encadreurs enseignent � des �l�ves dont l��ge varie g�n�ralement entre 15 et 45 ans. 

4.4 Les langues des m�dias

Dans la presse �crite, � l��poque de la lutte pour l�ind�pendance, plusieurs petits journaux paraissaient en fran�ais, mais certains �taient publi�s en sango. Sous le r�gime Bokassa, la presse �crite fut �troitement surveill�e et devait obligatoirement recevoir un visa de censure. Elle paraissait exclusivement en fran�ais. Apr�s la chute du r�gime, la presse continua � �tre diffus�e en fran�ais. Par exemple, le quotidien national E l� Songo, instaur� par le r�gime Kolingba, portait un titre en sango, mais son contenu �tait r�dig� en fran�ais. 

Depuis, la situation ne semble gu�re avoir chang� et, en l�absence d�un v�ritable quotidien apr�s la disparition du E l� Songo en 1993, la presse hebdomadaire ou mensuelle se poursuit en fran�ais, mais elle n'est � peu pr�s pas diffus�e en dehors de la capitale et de certaines grandes villes de province. De fa�on g�n�rale, on peut dire que la presse �crite v�g�te.

Quant au sango, il demeure absent des m�dias, � l'exception des brochures destin�es aux paysans, � des associations religieuses ou � des enfants. 

Dans les m�dias �lectroniques, l��tat centrafricain dispose d�une cha�ne radio g�r�e par le minist�re de la Communication; il s'agit de Radio-Centrafrique (appel�e Radio-Bangui) diffus�e sur toute l��tendue du territoire. La cha�ne �met en � la fois en fran�ais et en sango durant plus de dix-huit heures par jour. Quelque 70 % des �missions sont en sango et concernent des programmes de vari�t�s et des magazines  divers portant sur la sant�, l��ducation, l�agriculture, etc. Les bulletins d'informations sont diffus�s en fran�ais et en sango. Pour cette raison, Radio-Centrafrique reste la seule institution bilingue du pays. Pour le reste, les Centrafricains peuvent capter les radios francophones comme Radio-France internationale (RFI) et Africa no1 (bas�e au Gabon). Ces radios smblent tr�s populaires, car elle sont �cout�es par les personnes qui d�sirent des informations exemptes de propagande. � la radio, les �missions religieuses chr�tiennes sont diffus�es en sango, mais en arabe pour les musulmans.

Durant de longues ann�es, les t�l�spectateurs n'ont b�n�fici� que d'une seule cha�ne: T�l�-Centrafrique, qui n��mettait que sept heures par jour. La place du fran�ais est pr�pond�rante dans ces �missions, mais il existe des magazines et journaux t�l�vis�s en sango. Les Centrafricains peuvent capter les �missions de Canal France International, qui �met sur T�l�-Centrafrique pendant au moins une heure par jour.

La politique linguistique de la R�publique centrafricaine semble � premi�re vue ambigu�.  Elle vise � promouvoir � la fois le fran�ais et le sango, deux langues qui se trouvent en nette concurrence dans plusieurs domaines, notamment en mati�re de justice, d'administration, d'enseignement et de m�dias. La grande force du sango est d'�tre parl�e et comprise par presque tous les Centrafricains, mais sa faiblesse r�side dans sa quasi-absence dans les communications �crites o� le sango est enti�rement domin�e par le fran�ais.  � son tour, le fran�ais est domin� par le sango dans les communications orales. On dirait que la politique de bilinguisme de l'�tat centrafricain consiste � favoriser le fran�ais �crit et le sango oral. Dr�le de bilinguisme! 

Plut�t que d'avoir harmonis� ses deux langues officielles, la R�publique centrafricaine n'a r�ussi qu'� les diff�rencier, de sorte que toute la population tend � pratiquer un bilinguisme diglossique, r�servant le prestige et l'�crit au fran�ais, les n�cessit�s pratiques de la vie en sango. 

Le bilinguisme institutionnel de la R�publique centrafricaine ne se veut m�me pas �galitaire quand il s'agit des symboles et des services de l'�tat (timbres, billets de banque, Parlement, r�daction des lois), hormis ceux relevant de la sant�. Pour le reste, c'est une politique de bilinguisme tr�s in�galitaire, g�n�ralement � l'avantage du fran�ais. 

Au sujet des langues nationales autres que le sango, la politique de la R�publique centrafricaine n'est m�me pas embryonnaire. Manifestement, cette question n'int�resse pas les responsables politiques. Beaucoup de Centrafricains sont convaincus que leur gouvernement ignore d�lib�r�ment les langues nationales autres que le sango et impose le fran�ais pour des raisons politiques, en l'occurrence des besoins d'unification nationale.  

Derni�re mise � jour: 31 mai 2016
 

Bibliographie

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GERBAULT, Jeannine et Martine WENEZOUI-DECHAMPS. �Le prestige de la langue fran�aise en R�publique centrafricaine: une exp�rience de "matched-guised"�, dans Espace francophone, Paris, 1988, p. 3-17.

ENCYCLOP�DIE MICROSOFT ENCARTA 2004, art. �R�publique centrafricaine� pour la partie historique.

 
MANESSY, Gabriel. Le fran�ais en Afrique noire, Mythe, strat�gies, pratiques, Paris, 1994, �ditions L�Harmattan, 245 p. 
 
POUTIGNAT, Philippe et Paul WALD. �Fran�ais et sango � Bouar: fonctions marginales du fran�ais dans les strat�gies interpersonnelles� dans Plurilinguisme: normes, situations, strat�gies, de Paul WALD et Gabriel MANESSY, Paris, L'Harmattan, 1979, p. 201-229.

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