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R�publique d'Islande

Islande

L��veldi� �sland

Capitale: Reykjavik  
Population: 332 000 (2016)
Langue officielle: islandais (de jure
Groupe majoritaire: islandais (91,5 %) 
Groupes minoritaires: communaut�s immigrantes (polonais, lituanien, allemand, danois, letton, anglais, etc.)
Syst�me politique: r�publique unitaire
Articles constitutionnels (langue): aucune disposition linguistique dans la Constitution de 1944
Lois linguistiques:
Convention linguistique du Conseil nordique (1987); Loi sur le Conseil de la langue islandaise (1990); Loi sur les noms de personne (1996); R�glement sur les tests de langue islandaise pour les personnes demandant la citoyennet� islandaise (2008); Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise (2011); R�glement sur le Conseil de la langue islandaise (2012);
Lois scolaires:
Loi sur l'enseignement pr�scolaire (2006); Loi sur l'enseignement obligatoire (2008); Loi sur l'enseignement secondaire sup�rieur (2008). R�glement sur l'Universit� de l'Islande (2009).
Lois � port�e linguistique:
Loi sur l'extradition des criminels et d'autres formes d'aide en mati�re de proc�dure  p�nale (1984); Loi sur les h�tels et les restaurants (1985); Code de proc�dure civile (1991); Loi sur la police (1996); Loi sur les biblioth�ques (1997); Loi sur la radiodiffusion (2000); Loi sur les �trangers (2002); R�glement int�rieur de la Direction de l'Immigration (2002); R�glement sur les �trangers (2003); Loi sur les contrats d'assurance (2004); Loi sur l'ex�cution des jugements (2005); Loi sur la surveillance des pratiques commerciales d�loyales et la transparence du march� (2005); Loi sur l'Institut �rni Magn�sson d'�tudes islandaises (2006);  Loi sur les m�dias (2011);  Loi sur les biblioth�ques (2012); Loi sur le service national islandais de radiodiffusion (2013); Loi sur les ressortissants �trangers n� 80 (2016).
 

1 Situation g�ographique

Carte : Islande

La r�publique d’Islande constitue une �le du nord de l’oc�an Atlantique situ�e entre le Groenland et l’�cosse en Grande-Bretagne (voir la carte). C�est un pays insulaire de 102 800 km� �quivalant � la superficie de Cuba, soit trois fois la superficie de la Belgique (30 527 km�), le cinqui�me de la France (544 000 km�) ou le quart de la province de Terre-Neuve (402 000 km�) au Canada.

2 Donn�es d�molinguistiques

Ce petit pays ne compte que 332 000 habitants, qui parlent pour la grande majorit� une langue germanique du Nord (de type scandinave): l�islandais appel� �slenska. L�Islande appara�t comme l�un des pays les plus homog�nes au monde parce que sa population parle la m�me langue dans une proportion de 90 %. Il n�existe pas de minorit� nationale dans ce pays, mais depuis quelque dix ou quinze ans on trouve des immigrants en provenance de la Pologne, des pays baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie), de l'Allemagne, du Danemark, etc., sans oublier des Am�ricains et des Britanniques, ainsi que des minorit�s asiatiques (Inde, Philippines et Tha�lande). Ces minorit�s immigrantes ne sont encore gu�re nombreuses et repr�sentent, regroup�es, moins de 9 %.

2.1 La langue islandaise

La langue islandaise appel�e �slenska reste tr�s particuli�re � plus d�un titre. Il s�agit d�une langue scandinave comme le danois, le norv�gien, le su�dois et le f�ro�en, mais si les trois �langues continentales� (danois, su�dois et norv�gien) demeurent mutuellement intelligibles, il n�en est pas ainsi pour l�islandais. Aucun locuteur de ces trois langues ne comprend ni ne lit l�islandais, alors qu�un Islandais, � la condition de b�n�ficier d�un peu d�instruction et de culture, comprend et lit toutes les autres langues scandinaves, y compris le f�ro�en parl� aux �les F�ro�. L'islandais poss�de plus de parent� avec le f�ro�en et quelques variantes norv�giennes de l'ouest de la Norv�ge qu'avec le danois et le su�dois. Cette situation de parent� s�explique par le fait que toutes ces langues viennent d�une m�me origine (le vieux-norrois), mais que l�islandais a conserv� toutes ses principales caract�ristiques quasi intactes depuis le XIIe ou le XIIIe si�cle. L'islandais est donc la langue nordique qui a connu le moins de changement, bien que cette langue ait subi des modifications dans la prononciation et dans le vocabulaire afin de s'adapter au monde moderne. L'islandais ressemble encore au vieux norrois des Vikings norv�giens; cet h�ritage linguistique et litt�raire continue �videmment � fa�onner la culture des gens de ce pays.

Pour un Danois, un Norv�gien ou un Su�dois, la langue islandaise para�t tr�s archa�sante et ne peut �tre intelligible qu�apr�s un certain apprentissage assidu. En Islande, n�importe quel enfant peut lire un texte �crit en islandais du XIIe si�cle, sans avoir recours � la traduction, ce qui serait impensable, par exemple, pour un Su�dois, mais aussi pour un Fran�ais,  un Allemand, un Espagnol, etc., lisant un texte ancien dans sa langue. Le tableau qui suit pr�sente des similitudes et des diff�rences entre les langues scandinaves comme le su�dois, le danois et le norv�gien: 

Islandais Su�dois Danois Norv�gien Fran�ais
skyrta
hanzki
fa�ir
eiginma�ur
h�s
dyr
karfa
flaska
bl�m
svartur
skjorta
handske
fa(de)r
man
hus
d�rr
korg
flaska
blomma
svart
hands
keskjort
fader
mand
hus
d�r
kurv
flaske
blomst
sort
skjorte
hanske
far
mann
hus
d�r
kurv
flaske
blomst
sort
chemise
gant
p�re
mari (�poux)
maison
porte
panier
bouteille
fleur
noir

De toutes les langues scandinaves, c'est l'islandais qui est la langue la plus diff�renci�e, mais le su�dois suit tout de suite apr�s. Les Danois, les Norv�giens et les Su�dois se comprennent mutuellement sans trop d'efforts.

[�] > [aj] dans vitrail
[�] > [�] dans feu
[�] > [θ] dans that (anglais)
[�] > [θ] dans theater (anglais)
L�islandais est r�put� pour �tre une langue difficile, avec une grande richesse de vocabulaire (peu influenc� par les emprunts �trangers) avec ses abondants n�ologismes locaux, une grammaire assez complexe (trois genres grammaticaux et quatre d�clinaisons), un alphabet latin dot� de lettres suppl�mentaires (comme [�], [�], [�] et [�]), une prononciation particuli�re par rapport aux langues scandinaves, etc. En somme, l�islandais contemporain est demeur� plus proche de l�ancien langue nordique � le vieux-norrois parl� par les premiers Vikings (avant l�an 1000) � que les autres langues scandinaves.

En ce sens, cette langue constitue un v�ritable �mus�e linguistique vivant� pour les linguistes. En raison de son caract�re insulaire, la langue islandaise a conserv� de tr�s nombreux archa�smes d'origine indo-europ�enne.

Au cours de son histoire, le vocabulaire islandais s'est enrichi d'un grand nombre de mots. Si certains mots anciens ont acquis un nouveau sens suppl�mentaire, la plupart des mots courants sont identiques encore aujourd'hui : h�fu� (�t�te�), auga (��il�), himinn (�ciel�), haf (�mer�), �� (�tu/toi�), k�r (�vache�), gras (�herbe�), m��ir (�m�re�), fa�ir (�p�re�), ganga (�marcher�), etc. �videmment, l'islandais a d� cr�er de fort nombreux n�ologismes afin de r�pondre aux besoins de la terminologie moderne. En g�n�ral, ces n�ologismes sont form�s � partir de mots ou de parties de mot d�j� existants. Un comit� linguistique islandais con�oit de nouveaux mots pour prot�ger la langue plut�t que d'adopter, par exemple, un mot anglais tel quel, comme de nombreuses langues ont tendance � le faire. Le mot �ordinateur� en est un exemple classique. En islandais, c'est le mot "t�lvu" qui remplace "computer" et qui se traduit litt�ralement par �proph�tesse des nombres�, afin d'incarner ce qu'un ordinateur fait dans leur langue.

Enfin, l'islandais a �galement puis� dans les autres langues, surtout dans les langues scandinaves comme le danois, le f�ro�en ou le norv�gien et, depuis quelques d�cennies, en anglais. Cependant, m�me s'ils sont emprunt�s � d'autres langues, les nouveaux mots sont tous islandis�s, donc adapt�s grammaticalement et phon�tiquement, sans exception.  En voici quelques exemples tir�s du danois (tableau de gauche), une langue proche de l'islandais, et de l'anglais (tableau de droite):

Mots emprunt�s Langue de d�part: le danois �quivalent fran�ais
ananas ananas ananas
bakka bakke reculer
banana banan banane
banque banke banque
bifur b�ver castor
bransi branche secteur, branche
d�mp�pi dompap bouvreuil (chien)
fen�men f�nomen ph�nom�ne
fosfor forsfor phosphore
franska fransk fran�ais
gr�bba gruppe groupe
h�tel hotel h�tel
ins�ni�r ingeni�r ing�nieur
kapari kaper corsaire
karamella karamel caramel
kl�sett kloset toilettes
lukt lygte lanterne
motta m�tte tapis, natte
negri neger noir
�rans orange orange
pr�fessor professor professeur
redda redde rouge
sandali sandal sandale
Mots emprunt�s Langue de d�part: l'anglais �quivalent fran�ais
blogg blog blog
b�ggur bug bogue
br�t bright brillant, intelligent
disketta diskette disquette
dj�k joke blague
fokking fucking putain
golf golf golf
h�nk hank bobine, boucle
internet internet Internet
kommon come on allez!
leysir laser laser
l�ter liter litre
l�kk look look, style
�m�god O my God O mon Dieu
poppkorn popcorn ma�s souffl�
rab�tur rabbit lapin
r�bot robot robot
sex� sexy sexy
tissj� tissue tissu

Bien s�r, l'islandais ne fait pas exception, car il a emprunt� aussi depuis ces derni�res d�cennies de nombreux mots � l'anglais.

 

L'islandais a aussi emprunt� un certain nombre de mots � la langue allemande:

Mots emprunt�s Langue de d�part: l'allemand �quivalent fran�ais
ak�t akut urgent
frakki Frack manteau
hefti Heft manche, poign�e
korkut Kork li�ge
krassa kratzen gratter
mort�l M�rtel mortier
orgel Orgel orgue
pukk Poch jeu de cartes
saft Saft jus de fruit

On l'oublie parfois, mais l'islandais a emprunt� de nombreux mots au fran�ais:

Mots emprunt�s au fran�ais Mots d'origine Mots emprunt�s au fran�ais Mots d'origine
ball bal, danse kassetta cassette
bransi branche, secteur kl�r�form chloroforme
brav� bravo! k�sk�s couscous
disk�tek discoth�que l�tri litre
estragon estragon milljar�ur milliardaire
gas gaz metan m�thane
gran�t granit rampur rampe
hektari hectare strumpur schtroumpf
kalor�a calorie tamb�r�na tambourin

Par ailleurs, l�Islande est un pays pratiquement d�pourvu de variantes locales. Ce ph�nom�ne est courant lorsqu'un pays est vaste avec une population dispers�e qui se divise en plusieurs zones correspondant � des variantes r�gionales. �tant donn� que l'Islande est un pays plut�t petit, la fragmentation dialectale n'a pu se faire.

2.2 Les immigrants et les �trangers

Depuis plus d'une d�cennie, l'homog�n�it� linguistique qui existait depuis un mill�naire est �rod�e par l'immigration. Parmi les ressortissants �trangers vivant actuellement en Islande, � l'exclusion du personnel militaire am�ricain, les groupes les plus nombreux sont compos�s des citoyens des pays suivants : Pologne (3 %), Lituanie (0,5 %), Allemagne (0,2 %), Danemark (0,2 %), Lettonie (0,2 %), Inde (0,1 %), Royaume-Uni (0,1 %), Philippines (0,1 %), Tha�lande (0,1 %), etc. 

Ethnie Population Pourcentage Langue Religion
Islandais 304 000 91,5 % islandais chr�tienne
Polonais   10 000 3,0 % polonais chr�tienne
Lituaniens    1 700 0,5 % lituanien chr�tienne
Allemands       900 0,2 % allemand chr�tienne
Danois      900 0,2 % danois chr�tienne
Lettons      700 0,2 % letton chr�tienne
Am�ricains      600 0,1 % anglais chr�tienne
Asiatiques du Sud      600 0,1 % hindi hindouisme
Britanniques         600 0,1 % anglais chr�tienne
Philippins      600 0,1 % filipino (tagalog) chr�tienne
Tha�s      500 0,1 % tha� bouddhisme
Autres 11 000 3,3 % -

-

TOTAL 332 000 100 %

-

-

Les ressortissants parlant anglais sont principalement des soldats am�ricains et britanniques. L'Islande ne poss�de pas d'arm�e; c'est pourquoi la d�fense de ce pays est assur�e par les �tats-Unis, mais �galement par des accords avec le Royaume-Uni, la Norv�ge, le Danemark et d'autres membres de l'OTAN.

Le nombre de locuteurs dont la langue maternelle est l'anglais ne semble pas tr�s important, soit environ 1200 personnes, mais la plupart des immigrants parlent aussi l'anglais comme langue seconde. En principe, les immigrants parlent leur langue maternelle, et beaucoup d'entre eux ne parlent pas l'islandais; ils ont alors recours � l�anglais pour pouvoir communiquer avec les Islandais et les autres immigrants �trangers. L'anglais joue donc le r�le d'une langue v�hiculaire en Islande, mais c�est aussi une langue qui est souvent utilis�e � la radio et � t�l�vision islandaise (cf. le cin�ma et les spectacles am�ricains ou britanniques), dans les biblioth�ques (cf.  les livres et magazines en anglais qui ne sont pas traduits en islandais) ainsi que dans les cours offerts dans les universit�s. Bref, d'une fa�on ou d'une autre, le peuple islandais est soumis � l'influence de l�anglais.

2.3 Les religions

La grande majorit� de la population, c'est-�-dire une proportion de pratique de 90 %, appartient � l��glise luth�rienne, tandis qu�environ 1 % observe les pr�ceptes de l'�glise catholique romaine. Bien que les premiers colons islandais aient �t� d�origine pa�enne, l�Islande a �t� convertie au christianisme par des moines irlandais vers l�an 1000 de notre �re par une d�cision parlementaire. Toutefois, le XVIe si�cle a entra�n� une rupture lorsque le luth�rianisme a �t� introduit. Aujourd'hui, il subsiste de petites communaut�s pa�ennes, bouddhistes, baha'ie et musulmanes reconnues officiellement par l'�tat. Au total, on compterait plus de 40 �glises reconnues, alors que chacune d'elles re�oit une redevance.

3 Donn�es historiques

L��le d�Islande fut d�abord d�couverte au VIIIe si�cle par les Irlandais (ce sont bel et bien les Irlandais!). Cependant, l'�le fut exploit�e et colonis�e par les Vikings norv�giens en 874. La r�gion de Reykjavik se peupla rapidement et les insulaires fond�rent un nouveau pays � eu pr�s achev� aux environs de 930, lorsque la quasi-totalit� des terres arables fut exploit�e.

Le Parlement, appel� l�Althing, fut cr�� en 970 pour r�glementer ce qui �tait devenu la �premi�re r�publique du monde�, qui comptait environ quelque 20 000 habitants. Comme ces premiers arrivants provenaient en majorit� du sud-ouest de la Norv�ge (Vestfold, Agder, Tr�ndelag), les autres �tant des Vikings ayant �migr� dans les �les britanniques, c'est cette variante de l�ancien nordique, devenue plus tard l'islandais, qui s'est impos�e dans l��le comme langue v�hiculaire.

3.1 Le vieux norrois occidental

Le livre de droit islandais, le Gr�g�s (en fran�ais: �Lois de l'oie grise�) du XIIe si�cle d�clarait que les Islandais, les Su�dois, les Danois et les Norv�giens parlaient tous la m�me langue, appel�e "d�nsk tunga" ou �langue danoise�; on l'appelait aussi "norr�nt m�l", la �langue du Nord�. Le vieil islandais et le vieux norv�gien �taient �troitement li�s et formaient ensemble ce qu'on appelait le vieux norrois occidental. Les colons parlaient �galement ce vieux norrois au Groenland, dans les �les F�ro�, en Irlande, en �cosse, sur l'�le de Man, dans le nord-ouest de l'Angleterre et en Normandie. Quant au vieux norrois oriental, il �tait parl� au Danemark, en Su�de, dans la Russie ki�vienne, dans l'est de l'Angleterre et dans les colonies danoises de Normandie. Bref, le vieux norrois �tait l'une des langues europ�ennes parmi les plus parl�es au XIe si�cle, s'�tendant du Vinland � l'ouest jusqu'� la Volga � l'est. C'est dans la Russie ki�vienne, � Veliky Novgorod, qu'il a surv�cu le plus longtemps, probablement jusqu'au XIIIe si�cle.

Les grammaires islandaises et f�ro�ennes sont celles qui ont le moins chang� par rapport au vieux norrois au cours des mille derni�res ann�es. En revanche, les prononciations islandaise et f�ro�enne ont consid�rablement �volu� par rapport au vieux norrois. La culture f�ro�enne a �t� influenc�e par la domination danoise sur les �les F�ro�.

En l�absence de toute monarchie, le Parlement islandais promulguait les lois en islandais et servait �galement de cour de justice. L��tat a su se maintenir durant trois cents ans et colonisa en partie le Groenland avec Erik le Rouge en 984, un Viking originaire d'Islande, qui installa des colonies vikings sur la c�te est, tout le long de deux fjords, l� o� il �tait possible de pratiquer l'�levage bovin. D�s les premi�res d�cennies, 80 % des for�ts d'origine disparurent pour faire lace � des p�turages ou pour en faire du bois de chauffage, du bois de construction ou du charbon de bois. 

Les Islandais s�organis�rent en une soci�t� hautement originale et �labor�rent une litt�rature exceptionnelle, d�s qu'ils eurent adopt� l'�criture latine qu'amena l'�glise catholique � partir de l'an 1000. En effet, l�Islande est rest�e c�l�bre pour ses sagas des Xe et XIe si�cles, des r�cits en prose r�dig�s dans la langue vernaculaire de l��poque. L��crivain Snorri Sturlusson (1179-1241) est l�auteur le plus connu. Il a notamment �crit Heimskringla, un r�cit qui relate les aventures des rois de Norv�ge et l�Edda (po�mes h�ro�ques). De plus, les nombreux contes et l�gendes mettant en sc�ne des histoires de revenants, d'elfes et de trolls font �galement partie int�grante de la culture islandaise. Issu de l�ancien nordique et isol� par son caract�re insulaire, l�islandais n�a que tr�s peu �volu� comparativement au norv�gien par exemple, qui a connu son lot de bouleversements linguistiques.

L'islandais moderne s'�crit en utilisant le syst�me d'�criture phon�mique du vieux norrois. Les locuteurs islandais modernes peuvent lire le vieux norrois, qui diff�re l�g�rement par l'orthographe, la s�mantique et l'ordre des mots. Cependant, la prononciation islandaise, en particulier des phon�mes vocaliques, a chang� au moins autant que les autres langues germaniques du Nord.

3.1 La domination danoise

En 1262, l�Islande fut occup�e par les Norv�giens, mais en raison de la distance g�ographique elle resta relativement autonome. Les Islandais crurent qu'un roi �loign�, celui de la Norv�ge, �tait moins dangereux et qu'il leur accorderait davantage d'autonomie. Mais cette occupation norv�gienne, qui s��tendit jusqu�en 1397, fut une p�riode de d�cadence pour l�Islande jusqu�� ce que le royaume de Norv�ge tomb�t sous la tutelle de la couronne danoise en 1397, lors de l�union de Kalmar. Ayant pourtant la m�me origine, le norv�gien et l�islandais �taient alors devenus des langues distinctes.

Avec l�Union de Kalmar, la Norv�ge apportait ses vastes possessions du nord de l�Atlantique, c�est-�-dire l�Islande, mais aussi les �les F�ro� et le Groenland.

En fait, l�union de Kalmar r�alisait sous un seul royaume l'unification du Danemark, de la Su�de et de la Norv�ge et pr�voyait que les trois pays (dont l�Islande faisait partie) seraient gouvern�s par un roi danois. La reine Margrethe Ire, r�gente du Danemark, de la Norv�ge et de la Su�de, fit couronner, en juin 1397, � Kalmar, son neveu Erik de Pom�ranie, comme roi de l�Union. Ce dernier ne gouverna personnellement qu�� partir de 1412, et il m�contenta rapidement les Su�dois qui se r�volt�rent en 1434. L�Union avec la Su�de prit fin en 1521-1523, lorsque Gustave Eriksson chassa les Danois et se fit reconna�tre roi de Su�de. Mais l�Union avec la Norv�ge dura jusqu'en 1814. Pendant ce temps, soit entre 1402 et 1404, une �pid�mie de peste noire d�cima les deux tiers de la population islandaise. D�ailleurs, au cours de l�histoire, les calamit�s naturelles ont plusieurs fois d�cim� la population. Pendant une dizaine de si�cles, celle-ci n'a jamais d�pass� les quelque 70 000 habitants.

3.2 La sauvegarde de la langue islandaise

Durant toute cette p�riode, qui s��tendit de 1397 � 1814, les Islandais continu�rent d�utiliser leur langue dans la vie de tous les jours, d�autant plus que les communications avec le Danemark demeuraient rares. Alors qu�il restait fig� dans ses fonctions orales, l�islandais fut remplac� par le danois dans ses fonctions �crites. C�est aussi au cours du Moyen �ge que s��labora une litt�rature qui s�est perp�tu�e jusqu�� nos jours. Il s�agit non seulement d�une litt�rature dite savante compos�e de romans de cour et de chevalerie, mais aussi de cr�ations issues de l'historiographie classique et de l'hagiographie m�di�vale r�dig�es � l�origine en latin, mais que les �crivains islandais ont repris dans leur langue vernaculaire. Ces �crits extr�mement originaux et tr�s pr�cieux ont �t� qualifi�s de �sagas�. C�est pourquoi certains ont pu dire que l�Islande �tait devenue le �conservatoire des antiquit�s scandinaves�. N�oublions pas que toute cette litt�rature a �t� r�dig�e en islandais, c�est-�-dire dans une langue farouchement maintenue dans son int�grit�, et ce, malgr� les Danois qui cherch�rent par tous les moyens � imposer leur danois.

En 1530, les Danois introduisirent ou plut�t impos�rent la religion luth�rienne dans l��le, ce qui laissait sous-entendre aussi une plus grande domination de la langue danoise. Les Islandais tent�rent bien de s�opposer � la religion danoise, mais ils finirent par d�laisser le catholicisme, sans abandonner leur langue. Contre toute attente, la langue islandaise s�est conserv�e intacte et n�a pratiquement subi aucune influence danoise, l�isolement g�ographique et une tradition litt�raire fortement ancr�e ont sans doute �t� les garants de la �puret� de sa forme, tout en �tant assortie d�une grande cr�ativit� sur le plan lexical. Cependant, il s�agit l� de la langue �crite et de la grammaire, car en ce qui a trait � la prononciation le syst�me a consid�rablement chang� depuis le temps du nordique commun (vieux-norrois). Par la suite, les Danois impos�rent un monopole commercial qui fit perdre toute autonomie �conomique aux Islandais.

Au XVIIIe si�cle, l�Islande fut victime d��pid�mies, d��ruptions volcaniques, de famines et d�une grave crise �conomique provoqu�e par la �Compagnie danoise d�Islande�, qui avait monopolis� le commerce. En raison des contraintes impos�es par le Danemark, l�Islande dut restreindre ses relations �conomiques avec les �les britanniques et les �tats germaniques. C'est � cette �poque qu'un v�ritable mouvement pour la protection de la langue islandaise a d�but� du fait que les Islandais consid�raient que leur langue ancestrale �tait menac�e par l'influence danoise; ils d�velopp�rent leur politique linguistique.

En 1814, l'Union entre le Danemark et la Norv�ge fut abolie, et les deux �tats devinrent ind�pendants. Le statut politique de l�Islande se transforma avec le r�tablissement de l�assembl�e islandaise, l�Althing, mais celle-ci n�obtint qu�un contr�le partiel sur ses finances publiques. L�autonomie politique interne ne survint qu�en 1904; elle fut m�me �compl�t�e� par une loi d�Union avec le Danemark en 1918, le roi du Danemark conservant son titre de roi d�Islande. 

Jusqu�� cette �poque, il n�y eut jamais d��coles o� l�on enseignait en islandais, bien que tous les enfants savaient lire et �crire en cette langue. Seul le danois �tait enseign�, l�islandais �tant r�serv� � la maison; tous les parents apprenaient � leurs enfants � lire et � �crire en islandais. L��cole primaire ne fut obligatoire qu�en 1913.

Le plus surprenant, c�est que le pays a produit de nombreux �crivains de renom, dont Jonas Hallgrimsson (1807-1845), Jon Thoroddsen (1819-1868), Johan Sigurjonson (1880-1919), Steinn Steinarr (1908-1958), Gunnar Gunnarsson (1889-1974) et surtout le grand Halld�r Laxness, qui remporta le prix Nobel de la litt�rature en 1955. Laxness modifia l�orthographe, recourut � des mots familiers, inventa des termes nouveaux et utilisa m�me des mots �trangers. Il �crivit plus d�une quarantaine d��uvres (recueil de nouvelles et de po�mes, romans, pi�ces de th��tre, etc.) et fut traduit en une trentaine de langues.

3.3 Les invasions allemande et am�ricaine

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le Danemark, lui-m�me envahi par l�arm�e allemande, dut laisser tomber l�Islande en 1940. Les nazis du Troisi�me Reich popularis�rent la litt�rature islandaise. Ils y voyaient un h�ritage de la grande culture germanique. Les h�ros germaniques comme Siegfried luttant contre le dragon �taient syst�matiquement mis � l�honneur. Le probl�me, c�est que beaucoup de ces h�ros romantiques pr�tendument �germaniques� avaient leur origine dans la tradition islandaise; m�me Richard Wagner, dans ses c�l�bres drames �piques, avait puis� son inspiration dans les r�cits de la litt�rature islandaise.

Puis le pays connut alors une nouvelle invasion: celle des Am�ricains. En effet, alors qu�en 1940 l�Islande n��tait peupl�e que de 126 000 habitants, quelque 50 000 soldats am�ricains d�barqu�rent sur l��le afin de combattre les forces hitl�riennes. La pr�sence massive de l�arm�e am�ricaine allait changer la face du pays en provoquant un exode rural en direction des villes et des villages c�tiers, dont une grande partie vers Reykjavik, la capitale, et en d�veloppant l��conomie en fonction des int�r�ts des �tats-Unis. De plus, alors que l�Islande �tait d�pourvue de station de t�l�vision, l�arriv�e de la t�l�vision am�ricaine bouleversa les habitudes linguistiques des habitants de l��le. Pendant quelques ann�es, cette station de t�l�vision am�ricaine renvoya de l�Islande une image tr�s primitive: des pauvres �boys� (am�ricains) qui devaient s�exiler dans une horrible et lointaine contr�e dont la population parlait un �dialecte� scandinave moyen�geux et incompr�hensible. Durant �l�occupation am�ricaine�, l�anglais rempla�a le danois dans les fonctions officielles, mais les �autochtones� continu�rent de parler leur �dialecte�.

- L'ind�pendance de l'Islande

La loi d�Union de 1918 �tait sujette � une r�vision apr�s vingt-cinq ans et elle pr�voyait y mettre fin en respectant des conditions tr�s pr�cises. La loi exigeait notamment une majorit� d'au moins des trois quarts des votes valides exprim�s. Le Parlement islandais organisa en 1944 un r�f�rendum sur l�ind�pendance. La question soumise aux Islandais �tait portait sur le sujet suivant: �L'Althing prend la r�solution de d�clarer que la loi d�Union du Danemark et de l'Islande de 1918 est annul�e.� Le seuil des trois quarts fut largement d�pass�: le OUI obtint 98,6 % des votes exprim�s. L�Islande retrouva son ind�pendance officielle, le 17 juin 1944, puisque les r�sultats du r�f�rendum ne laissaient aucun doute � ce sujet. Alors que prenait fin la massive occupation am�ricaine, la nouvelle r�publique d�Islande ne proclama pas dans la Constitution la langue islandaise comme la langue officielle du pays. En r�alit�, les Islandais n��taient pas pr�ts � utiliser l�islandais � des fins officielles parce que cette langue n�avait jamais �t� utilis�e pour ces fonctions.

- La r�sistance des Islandais

� la fin de la guerre, et contrairement � leurs engagements, les �tats-Unis ne retir�rent pas leurs forces arm�es. De plus, le gouvernement am�ricain exigea la pr�sence des bases militaires de fa�on permanente dans le pays. Devant la r�action n�gative des Islandais, un compromis fut trouv� en 1946: il autorisait un contr�le am�ricain de l'a�roport de Keflav�k pendant six ans et demi. En 1951, les �tats-Unis obtinrent l'autorisation de l'Islande de stationner des troupes sur son territoire, dans le cadre de l'OTAN. Or, cette pr�sence am�ricaine, ininterrompue depuis 1941, a �t� un grand sujet de division pour plus d'une g�n�ration d'Islandais. La premi�re diffusion d�une �mission t�l�vis�e en islandais a eu lieu en 1966. Dans l��tat actuelle des choses, on comprendra que les Islandais parlent presque tous l�anglais et... le danois.

Aux termes d'un accord sign� en 1994 avec Washington, il ne subsiste actuellement du gigantesque dispositif de la Seconde Guerre mondiale que la base de Keflav�k et quelque 2800 soldats am�ricains, qui assurent la d�fense de l'�le et certaines missions dans le cadre de l'OTAN. Il faut rappeler que l'Islande n'a pas d'arm�e, seulement 200 garde-c�tes qui surveillent les eaux territoriales. La pr�sence am�ricaine, affaiblie, semble d�sormais accept�e par la majorit� de la population. Il est remarquable que la petite langue islandaise ait toujours r�ussi � se prot�ger de l�influence am�ricain, ce qui n�est gu�re le cas des langues comme le norv�gien, le su�dois ou le danois. Ce n�est pas pour rien que tous les films �trangers doivent �tre sous-titr�s en islandais. N�anmoins, certaines formations de gauche, dont la principale, l'Alliance du peuple, continuent de r�clamer la fermeture de la base de Keflav�k et du retrait islandais de l'OTAN.

3.4 Le recours � la l�gislation linguistique

Afin de contrer l'influence grandissante de l'anglais, les autorit�s islandaises ont d�cid� de recourir � des lois et des r�glements d'ordre linguistique. Ce n'est qu'en 2011 que l'Althingi, le Parlement islandais, s'est d�cid� � adopter une loi pour rendre l'islandais langue officielle de la R�publique: ce fut la loi n� 61 du 7 juin 2011, c'est-�-dire la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise. Plusieurs autres lois ponctuelles ont aussi �t� adopt�es concernant l'emploi de la langue islandaise. 

Depuis 1995, le 16 novembre a �t� choisi comme �Jour de la langue islandaise� (islandais : dagur �slenskrar tungue); chaque ann�e, le ministre de l'�ducation et de la Culture remet le prix J�nas Hallgr�msson � un citoyen islandais qui a contribu� d'une certaine fa�on au d�veloppement de sa langue. J�nas Hallgr�msson est un grand po�te islandais qui a combattu pour prot�ger la langue islandaise de l'influence danoise au XIXe si�cle. La date fut choisie pour co�ncider avec l'anniversaire de naissance du po�te Islandais J�nas Hallgr�msson, n� le 16 novembre 1807 � Hraun (Islande) et d�c�d� le 26 mai 1845 � Copenhague (Danemark).

4 Une politique linguistique volontariste

Lors de l�ind�pendance en 1944, les Islandais se retrouv�rent libres pour la premi�re fois d�utiliser leur langue nationale � des fins officielles. Mais ce fut l�affaire de plusieurs ann�es. Il fallut instituer des commissions de terminologie destin�es � moderniser l�islandais rest� � l��poque du Moyen �ge, du moins en ce qui a trait aux domaines scientifiques et techniques.

La politique linguistique de l'Islande comporte deux aspects principaux: d�une part, le code linguistique lui-m�me, c'est-�-dire la langue islandaise, d'autre part, son r�le dans la soci�t� islandaise qui ne compte que 300 000 locuteurs.

4.1 L'intervention sur l'orthographe et la grammaire

Les diff�rents gouvernements islandais ont toujours oblig� les �tablissements d�enseignement � enseigner les nouveaux mots et aux journalistes �uvrant dans les m�dias � les employer. Il faut savoir qu�en Islande les terminologues du gouvernement travaillent � plein temps pour cr�er des mots islandais et �viter les emprunts au danois et, d�sormais, � l�anglais. L�objectif du Conseil de la langue islandaise est tr�s clair: assurer l�islandisation de l'orthographe et du vocabulaire, que ce soit dans les �coles, les usines ou les m�dias. L'article 6 de la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise (2011) pr�cise ce qui suit sur l'orthographe islandaise:

Article 6

Le Conseil de la langue islandaise

2) Le r�le du Conseil de la langue islandaise est d'offrir des avis aux autorit�s gouvernementales sur des questions relatives � la langue islandaise sur une base scolaire, de faire des propositions au Ministre en mati�re de politique linguistique et de faire des �valuations annuelles sur l'�tat de la langue islandaise. Le Comit� peut prendre l'initiative d'attirer l'attention sur ce qui est positif et aussi sur les �l�ments o� il est possible d'am�liorer l'emploi de l'islandais dans la sph�re publique.

3) Le Conseil de la langue islandaise �tablit les r�gles sur l'orthographe islandaise qui s'appliquent, par exemple, dans l'enseignement de l'orthographe dans les �coles; celles-ci sont �mises livr�s par le Ministre. Des modifications fondamentales apport�es aux r�gles d'orthographe sont soumises � l'approbation du Ministre.

4) Le bureau du Conseil de la langue islandaise se trouve � l'Institut �rni Magn�sson pour les �tudes islandaises.

L'article 5 du R�glement sur le Conseil de la langue islandaise (2012) reprend les m�mes dispositions:

Article 5

Le r�le du Conseil de la langue islandaise est d'offrir des avis au gouvernement sur les questions concernant l'Islande sur une base scolaire et en pr�sentant un rapport annuel sur l'�tat de la langue islandaise. S'il est n�cessaire, ces avis peuvent �tre accompagn�s de propositions d'amendements du Conseil de la langue islandaise concernant
la politique de la langue islandaise. Le Conseil peut prendre l'initiative d'attirer l'attention sur ce qui est positif et aussi sur les �l�ments o� il est possible d'am�liorer l'emploi de l'islandais dans la sph�re publique. Le Conseil de la langue islandaise fixe les r�gles sur l'orthographe islandaise qui s'appliquent dans l'enseignement de l'orthographe dans les �coles et qui sont �mises par le Ministre. Les modifications fondamentales apport�es aux r�gles d'orthographe doivent �tre soumises � l'approbation du Ministre.

L'Islande s'est aussi dot�e d'un autre organisme, l'Institut �rni Magn�sson d'�tudes islandaises (Stofnun �rna Magn�ssonar). L'article 3 de la Loi sur l'Institut �rni Magn�sson d'�tudes islandaises (2006) a comme r�le d'entreprendre des recherches dans le domaine des �tudes islandaises et dans les domaines d'apprentissage connexes, en particulier dans le domaine de la langue et de la litt�rature islandaises, et de diffuser les connaissances dans ces domaines, de pr�server et de renforcer les collections qui lui ont �t� confi�es:
 

Article 3

Le r�le de l'Institut �rni Magn�sson d'�tudes islandaises est d'entreprendre des recherches en �tudes islandaises et dans les disciplines connexes, en particulier dans le domaine de la langue et de la litt�rature islandaises, de diffuser la connaissance de ces �tudes, et de pr�server et de renforcer les collections qui lui sont confi�es ou qui lui appartiennent. Le r�le de l'Institut est principalement :

a) de collecter des donn�es originales dans son domaine d'�tudes et les conserver, de recueillir du mat�riel ethnographique et des sources sur le vocabulaire et les noms islandais, et de rendre ces donn�es accessibles aux universitaires et au grand public;

b) de rechercher des manuscrits, des collections ethnographiques et d'autres sources sur la langue, la litt�rature et l'histoire islandaises, de mener des recherches et des projets sur la lexicologie et l'onomastique dans le domaine de la technologie linguistique;

c) de favoriser une meilleure connaissance de la langue islandaise, son renforcement et sa pr�servation sous sa forme orale et �crite, et fournir des conseils et des orientations sur des sujets linguistiques sur une base th�orique, y compris la terminologie et les n�ologismes;

d) de renforcer la coop�ration dans les domaines d'�tudes de l'institut � l'�chelle nationale et internationale, et accro�tre la connaissance des �tudes islandaises aupr�s du grand public et de la communaut� universitaire internationale, et de participer � la coop�ration sur l'enseignement de l'islandais et des �tudes islandaises � l'�tranger;

e) de publier des ouvrages savants, des textes bas�s sur des manuscrits, du mat�riel ethnographique, des dictionnaires et des livres de noms.

 
� cette �poque, on appelait la langue de l'�le "norr�nt m�l", c'est-�-dire �langue nordique� ou encore "dǫnsk tunga",  �langue danoise�.

4.2 L'intervention sur le vocabulaire

La politique linguistique islandaise comporte deux principaux volets : d�une part, la pr�servation continue du syst�me grammatical, d�autre part, le d�veloppement de la langue, notamment pour aider � maintenir son vocabulaire au courant des nouvelles situations et � assurer l�usage de l�islandais dans le plus grand nombre de domaines possible.

L'article 11 de la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise d�clare que les autorit�s gouvernementales doivent prendre des mesures pour obtenir des services professionnels, techniques et scientifiques, et ce, dans le but d'islandiser le vocabulaire:
 

Article 11

Vocabulaire professionnel, technique et scientifique en islandais

Les autorit�s gouvernementales doivent prendre des mesures pour avoir obtenir des services professionnels, techniques et scientifiques en vue d'�laborer un vocabulaire islandais qui soit accessible � tous et utilis� aussi largement que possible.

Cette pratique d'islandisation existe depuis le XVIIIe si�cle. En effet, une �ordonnance linguistique� �dict�e � cette �poque interdisait l'int�gration de mots �trangers, de sorte que, par exemple, au lieu d'adopter les termes techniques et scientifiques internationaux � bien souvent d�origine gr�co-latine �, les terminologues de l��poque formaient des mots compos�s � partir des souches islandaises, r�utilisaient d'anciens mots tomb�s en d�su�tude ou encore cr�aient des n�ologismes � partir de vieilles racines de la langue.

Les Islandais se sont fix� pour objectif de pouvoir parler et �crire sur tous les sujets dans leur langue maternelle, car le statut de l�islandais, comme langue nationale, exige qu�il soit possible de l�employer dans tous les domaines. De nouveaux mots sont continuellement form�s pour suivre le rythme des d�veloppements de la technologie et des sciences. � cet effet, le gouvernement islandais lance p�riodiquement des campagnes sur les technologies linguistiques afin d�encourager le d�veloppement de logiciels et d��quipements permettant l�emploi de l�islandais dans les �quipements informatiques et les appareils contr�l�s par ordinateur. C�est ainsi qu�une commission de terminologie a propos� l�ancien terme simi signifiant �lien� ou �messager� et qui est d�sormais utilis� par tous pour d�signer le t�l�phone. Pour former le mot servant � d�signer l�ordinateur, on associe v�lva (�sorci�re� dans un sens positif) et le pr�fixe t- (qui rappelle le calcul) pour inventer le terme t�lva (�ordinateur�). L�islandais a recours aussi � s�mi pour �t�l�phone�, s�mbr�f pour �fax�, hugb�na�ur pour �logiciel�, v�lb�na�ur pour  �mat�riel� (hardware), etc.

Cette politique linguistique fait l�objet d�un accord g�n�ral en Islande, car le fondement de la culture de la langue islandaise est d�int�r�t public. Beaucoup d'Islandais tentent de cr�er de nouveaux mots islandais, mais cette activit� personnelle n�est pas reli�e aux institutions ou aux d�cisions gouvernementales. Le Conseil de la langue islandaise, par exemple, fournit principalement des conseils et diffuse des informations sur l�usage des langues et les n�ologismes, mais ce n�est pas du tout la coutume en Islande que le gouvernement fasse produire des mots que le public est ensuite oblig� d�employer.

Bien que l�islandais compte un grand nombre de mots emprunt�s � d'autres langues, ceux-ci sont g�n�ralement islandis�s, c'est-�-dire qu'ils sont adapt�s � la prononciation, � l�orthographe et au syst�me de d�clinaison islandais. Le mot b�ll (�voiture�) vient du danois "bil", banani (�banane�) vient du portugais, kaffi (�caf�) vient du turc, t�bak (�tabac�) vient de l'espagnol, etc. De nombreux mots ont �t� emprunt�s � l'anglais, puis adapt�s phon�tiquement � l'islandais : sjarm�r (< charmer: �magicien�), sjoppa (< shop: �boutique�), h�nk (< hunk: �beau mec�), beib (< babe: �na�f�), k�l (< cool: �sympa�, �super�), n�s (< nice: �gentil�, �agr�able�), t�ff (< tough: �dur�, �difficile�), kar (< car: �auto�, �voiture�), kl�na (< clone: �clone�), visk� (< whiskey: �whisky�).

4.3 Le Conseil de la langue islandaise

En Islande, le Conseil de la langue islandaise ("�slensk m�lnefnd") d�tient un r�le de conseil et d�information sur le bon usage de la langue, notamment en mati�re de n�ologismes. Bien que les mots nouveaux ne soient pas impos�s au public, ces mots sont g�n�ralement fort bien accept�s par les Islandais. Le syst�me fonctionne � un point tel que les m�dias attendent patiemment les nouveaux mots au fur et � mesure o� ils sont propos�s par les terminologues et qu�ils paraissent; les journalistes �vitent, entre-temps, d�employer des anglicismes. Selon certaines sources, il s�agit presque d�une �religion� au sein de la population islandaise.

D�ailleurs, dans ce pays, les terminologues sont consid�r�s comme des �sages� veillant � la puret� de la langue, et non comme des fonctionnaires �born�s� camp�s sur leurs positions. Dans les faits, les terminologues islandais doivent veiller � ce que le lexique soit toujours suffisant pour rendre compte des r�alit�s nouvelles. Il s'agit d'une attitude conservatrice qui doit s'adapter � l'�volution de la langue de sorte qu'elle puisse �tre utilis�e dans la plupart des domaines de la vie moderne. Bref, on forge constamment des mots nouveaux pour suivre les d�veloppements technologiques et scientifiques. En ce sens, l'Islandais est � la fois une langue ancienne et moderne.

Cette attitude ax�e � la fois sur le purisme et la nouveaut� s'explique par la longue histoire particuli�re des Islandais parce qu'elle est li�e � la fragilit� de leur environnement. Apr�s les premi�res d�cennies de leur histoire, qui s'est r�v�l�e plut�t m�diocre, les Islandais ont bien tent� d'am�liorer leur situation, mais les changements ont g�n�ralement tourn� � la catastrophe. D'ailleurs, les gouvernements danois, qui ont dirig� l'Islande apr�s 1397, se sont toujours heurt�s aux r�ticences de la population locale, d�s qu'ils voulurent apporter de nouvelles solutions aux probl�mes des insulaires. Les traces de ces catastrophes pass�es sont rest�es visibles sous la forme de paysages lunaires, d'anciennes fermes abandonn�es et de vastes zones �rod�es. De toutes ces exp�riences, les Islandais ont fini par conclure que la meilleure fa�on de proc�der �tait de ne rien modifier afin d'assurer leur survie. Ils ont agi de la m�me mani�re avec leur langue: le conservatisme. Ce pays, qui fut jadis le plus pauvre de l'Europe, est devenu aujourd'hui l'un des pays les plus riches au monde, du moins en termes de revenu par habitant. En ce sens, l'Islande est une belle histoire de r�ussite.   

4.4 Les noms de personne

Les �trangers qui viennent r�sider en Islande peuvent �tre surpris de la complexit� des noms de personne en islandais (patronymes). Jusqu'� r�cemment, il �tait de coutume d'attribuer au premier n� le pr�nom du grand-p�re maternel; au second fils, celui du grand-p�re paternel. Le syst�me �tait similaire pour les filles avec les pr�noms de leurs grands-m�res. Puis les autres enfants �taient d�sign�e par les pr�noms des oncles et des tantes, dont les parents voulaient honorer le nom.

La loi islandaise autorise aujourd'hui autant les patronymes (nom du p�re) que le matronyme (nom de la m�re), mais ce dernier est rarement utilis�, sauf chez les m�res c�libataires qui donnent leur pr�nom � leur enfant. De fa�on courante (env. 90 %), les individus sont identifi�s par le pr�nom, suivi de leur nom patronymique, c�est-�-dire de la mention du pr�nom de leur p�re avec le suffixe -son pour les gar�ons ou celui de leur m�re (matronyme) avec le suffixe -d�ttir pour les filles. Par exemple, Gunnar Snorri Helgason et Anna Bj�rg Helgad�ttir signifient respectivement �Gunnar Snorri fils (-son) de Helgi� et �Anna Bj�rg fille (-d�ttir) de Helgi�. Prenons le cas o� Bjarni et Bj�rk auraient une fille qu'ils pr�nomment Sigr��ur. �tant donn� que le g�nitif de Bjarni est Bjarna et celui de Bj�rk est Bjarkar, la petite fille pourrait s'appeler �Sigr��ur Bjarnad�ttir� ou �Sigr��ur Bjarkard�ttir�, selon le choix de Bjarni et de Bj�rk.

Dans le prochain exemple, le p�re d'�skar Eir�ksson s'appelle Eir�kur Haraldsson ; le nom d'�skar (Eir�ksson) sert � faire conna�tre que le pr�nom du p�re est Eir�kur. Quant � la femme d'�skar, Helga Bjarnad�ttir, le nom du p�re est Bjarni �lafsson. M�me mari�e avec �skar (Eir�ksson), Helga ne change pas de nom.

Supposons maintenant que �skar et Helga ont quatre enfants, dont les noms sont respectivement Sigr��ur, Gy�a Bj�rk, Da�i et Bjarni. Les trois premiers peuvent avoir le patronyme de leur p�re (�skar), et le quatri�me � sa m�re (Helga). Cette famille islandaise de six personnes utilisera cinq patronymes diff�rents : (A) le p�re �skar Eir�ksso; (B) la m�re Helga Bjarnad�ttir; et leurs enfants (1) Sigr��ur �skarsd�ttir, (2) Gy�a Bj�rk �skarsd�ttir (3) Da�i �skarsson et (4) Bjarni Helguson.

Bref, en Islande, il convient de recourir au nom complet (�skar Eir�ksson) ou seulement au pr�nom (�skar). Dans l'annuaire t�l�phonique, les abonn�s sont r�pertori�s alphab�tiquement d'apr�s leur pr�nom et non d'apr�s leur patronyme ou nom de famille. Le patronyme islandais ne se transmet pas de g�n�ration en g�n�ration.

Il peut arriver que certains noms de familles apparaissent sans le suffixe -son (�fils de�) ou -dottir (�fille de�), mais ce sont g�n�ralement des noms d'�trangers. Jusqu'en 1996, tout �tranger �tait tenu de se conformer � la l�gislation sur les pr�noms et patronymes islandais lorsqu'il d�sirait acqu�rir la citoyennet� islandaise, quitte � �inventer� un p�re fictif avec un pr�nom islandais r�el comme Hallgrimsson, Thoroddsen, Sigurjonson, etc. En ce cas, le Comit� des noms personnels peut prendre une d�cision pour adapter le nom de famille � la langue islandaise.  

Tout le processus concernant les noms de personne est d�crit dans la Loi sur les noms de personne de 1996. L'article 5 de cette loi �nonce qu'il faut utiliser des terminaisons islandaises avec le g�nitif, que les noms ne peuvent pas entrer en conflit avec la structure linguistique de l'islandais et qu'ils doivent �tre �crits conform�ment aux r�gles ordinaires de l'orthographe islandaise:

Article 5

1) Les pr�noms doivent pouvoir
poss�der des terminaisons islandaises avec le g�nitif ou �tre �tablis par tradition en islandais. Les noms ne peuvent pas entrer en conflit avec la structure linguistique de l'islandais. Ils doivent �tre �crits conform�ment aux r�gles ordinaires de l'orthographe islandaise, � moins qu'une autre orthographe ne soit �tablie par la tradition.

Le paragraphe 3 de l'article 8 pr�cise bien que le nom de famille doit porter le nom du p�re ou de la m�re au g�nitif, avec le suffixe -son (�fils de�) dans le cas d'un homme ou -dottir (�fille de �) dans le cas d'une femme:
 

Article 8

3) Les patronymes et matronymes sont form�s comme suit : apr�s le pr�nom ou les pr�noms d'une personne, le cas �ch�ant, le nom de famille doit porter le nom du p�re ou de la m�re au g�nitif, avec le suffixe -son dans le cas d'un homme ou -dottir dans le cas d'une femme.

Il est rare que la l�gislation d'un pays pr�cise � ce point la question des noms de personne, mais pour l'Islande il s'agit d'une priorit� identitaire et culturelle. C'est pourquoi, afin de prot�ger la langue islandaise, chaque b�b� doit recevoir un pr�nom provenant d�une base de donn�es de noms officiellement approuv�s.

5 La langue officielle

Le 7 juin 20011, le Parlement islandais a adopt� la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise. En vertu de cette loi, l'islandais est la langue nationale du peuple islandais et la langue officielle en Islande:

Article 1er

Langue nationale - langue officielle

L'islandais est
la langue nationale du peuple islandais et la langue officielle en Islande.

5.1 La l�gislature et les tribunaux
 

Du c�t� de la l�gislature, l'Althing (en islandais Al�ingi), les d�bats ne se d�roulent qu�en islandais et les lois ne sont r�dig�es que dans cette langue. Il existe des traductions de plusieurs lois en danois ou en anglais, mais elles n'ont aucune valeur juridique. Cependant, plusieurs anciennes lois adopt�es en danois lors de la domination danoise peuvent avoir leur valeur l�gale parce qu'elles n'ont jamais �t� remplac�es ou traduites par une loi en islandais.

Quoi qu'il en soit, les Islandais peuvent comprendre sans trop de difficult� un texte r�dig� en danois. Ainsi, dans les faits, l'islandais est la seule et unique langue employ�e au Parlement. �tant donn� que tous les d�put�s connaissent la langue officielle, il ne subsiste gu�re de probl�me.

Dans les tribunaux, le Code de proc�dure civile (1991) �nonce clairement que �la langue de la cour est l'islandais� et que les documents dans une langues �trang�re doivent normalement �tre accompagn�s d'une traduction en islandais:

Article 10

1)
La langue de la cour est l'islandais.

2) Si une personne t�moigne devant la cour et ne ma�trise pas suffisamment l'islandais, la partie qui a pris les dispositions n�cessaires pour le t�moignage doit faire appel � un interpr�te judiciaire agr��. Toutefois, si cela est pr�vu par un accord avec un �tat �tranger, alors le juge fera appel � un interpr�te judiciaire agr��. [...]

3) Les documents dans une langues �trang�re doivent normalement �tre accompagn�s d'une traduction en islandais dans la mesure o� ceux-ci servent de base au d�roulement du proc�s, � moins que le juge ne s'estime capable de les traduire. [...]

Mais l'article 9 de la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise pr�voit les services d'un interpr�te afin que les justiciables qui ne comprennent pas l'islandais soient en mesure de pouvoir s'occuper de leurs affaires n�cessaires et de prendre connaissance du contenu des documents et des d�clarations officielles qui les concernent :

Article 9

Interpr�tation et traduction de la langues des signes pour les autorit�s gouvernementales

Le droit aux services d'un interpr�te et l'obligation pour les tribunaux de demander l'assistance d'interpr�tes autoris�s et d'interpr�tes gestuels sont d�finis dans le Code de proc�dure civile et le Code de proc�dure p�nale.

Les autorit�s gouvernementales doivent s'efforcer de faire en sorte que les justiciables qui ne comprennent pas l'islandais soient en mesure de pouvoir s'occuper de leurs affaires n�cessaires et de prendre connaissance du contenu des documents et des d�clarations officielles qui les concernent.

Bien que seul l�islandais soit autoris� dans les tribunaux, les �trangers et les immigrants peuvent recourir � un interpr�te en cas de force majeure. Il n'existe que fort peu de textes juridiques portant sur la langue dans le domaine judiciaire.

La Loi sur les ressortissants �trangers, n� 80, de 2016, reconna�t que les ressortissants �trangers doivent �tre inform�s, d�s le d�but du dossier, de leurs droits et de la proc�dure � suivre dans une langue qu'ils peuvent raisonnablement comprendre:  

Article 11

Droit concernant la proc�dure

1)
En cas de refus d'admission, d'expulsion ou de r�vocation d'un permis, les ressortissants �trangers doivent �tre inform�s, d�s le d�but du dossier,
de leurs droits et de la proc�dure � suivre dans une langue qu'ils peuvent raisonnablement comprendre. Ils doivent �tre inform�s, par exemple: :

a) sur leur droit de demander l'assistance d'un avocat ou d'un autre repr�sentant � leurs propres frais dans le traitement du proc�s;

b) sur leur droit � ce qu'un avocat soit d�sign� pour traiter la cause en appel, cf. art. 13.3), leur droit de contacter un repr�sentant de leur pays d�origine et des organisations humanitaires ou de d�fense des droits de l�homme reconnues.

D'ailleurs, le R�glement int�rieur de la Direction de l'Immigration (2002) pr�cise que le texte original d'un document, d'une d�cision, d'un rapport, d'une interaction, etc., doit �tre r�dig� en islandais, de la meilleure qualit� et de la mani�re la plus claire possible, bien que les lettres standard et d'autres documents doivent l'�tre en islandais et en irlandais:

Article 1er

Correspondance standard

1)
Tout texte original d'un document, d'une d�cision, d'un rapport, d'une interaction, etc., doit �tre r�dig� en islandais, de la meilleure qualit� et de la mani�re la plus claire possible.

2) Toutes les lettres standard, par exemple les formulaires et les fiches d'informations concernant les permis de s�jour, la citoyennet� et la protection internationale,
doivent �tre en islandais et en anglais.

3) Si un employ� travaille avec un texte standard qui doit �tre traduit, il doit consulter son sup�rieur imm�diat pour savoir s'il doit traduire le texte ou le faire traduire.

Article 2

D�cisions


Toutes les d�cisions concernant les permis de s�jour, la protection internationale et la citoyennet�
doivent �tre r�dig�es en islandais et en anglais. Le texte doit �galement contenir les lignes directrices en anglais indiquant o� obtenir une traduction de l'int�gralit� de la d�cision.

Article 5

Traductions d�passant les exigences autoris�es


Les lignes directrices, la correspondance et les d�cisions, ainsi que toute autre communication qui ne rel�ve pas des dispositions des articles 1 � 4, doivent �tre traduites en anglais, si possible sans efforts et sans co�t consid�rable de la part de la Direction.

L'article 17 de la Loi sur l'ex�cution des jugements (1995) autorise les d�tenus � recevoir et se faire expliquer dans une langue qu'ils comprennent, un r�sum� des r�gles applicables au service de leur peine, leurs droits et obligations, les possibilit�s de travail et d'�tudes disponibles, les r�glements de la prison, etc., ainsi que le droit de communiquer avec leurs avocats:

Article 17

Traitement et programme d'emprisonnement

Quand ils commencent � purger leur peine, les d�tenus doivent recevoir et se faire expliquer dans une langue qu'ils comprennent, un r�sum� des r�gles applicables au service de leur peine, leurs droits et obligations, les possibilit�s de travail et d'�tudes disponibles, les r�glements de la prison, les types de conduite qui entra�neront des mesures disciplinaires et le traitement de ces cas, les renseignements au sujet des possibilit�s des  d�tenus de porter appel contre les d�cisions concernant l'ex�cution de leur peine et les renseignement sur les motifs de soumettre des plaintes au m�diateur parlementaire et aussi le droit de communiquer avec leurs avocats.

L'article 36 pr�cise qu'il est possible d'exiger que la conversation ait lieu dans une langue que le gardien de prison comprenne ou qu'un interpr�te traduise la conversation. Il en est ainsi � l'article 37 de la Loi sur l'ex�cution des jugements pour la correspondance qui doit se faire dans une langue comprise par le gardien de prison ou encore qu'un traducteur autoris� soit charg� de traduire le courrier:

Article 37

Courrier

Les d�tenus peuvent envoyer et recevoir du courrier. [...] Il est possible d'exiger que la correspondance ait lieu dans une langue que le gardien de prison comprenne ou encore qu'un traducteur autoris� soit charg� de traduire le courrier.

L'article 23a de la Loi sur l'extradition des criminels et d'autres formes d'aide en mati�re de proc�dure  p�nale (1984) pr�voit que si un destinataire ne comprend pas la langue dans laquelle le document est r�dig�, le document ou son contenu doit �tre traduit en islandais ou dans une autre langue:

Article 23a

Les autorit�s peuvent n�gocier un accord stipulant que les autorit�s d'un �tat �tranger peuvent envoyer un avis ou des documents relatifs � une enqu�te ou � une proc�dure p�nale par courrier � une personne en Islande.

Dans le cas o� l'on suppose que le destinataire ne comprend pas la langue dans laquelle le document est r�dig�, le document ou son contenu doit �tre traduit en islandais ou dans une autre langue que les autorit�s �trang�res savent qu'elle est comprise par le destinataire.

Bref, la langue de la justice est l'islandais, mais des accommodements sont possibles pour qu'un justiciable comprenne le contenu des d�lib�rations, des t�moignages, des preuves, des accusations, etc. N�anmoins, dans les faits, il est courant que les services de traduction pr�vus dans les tribunaux soient m�diocres, car il manque de personnel ma�trisant suffisamment � la fois l'islandais et certaines langues parl�es par les immigrants.

5.2 La langue des services publics

Rappelons que l'Islande appara�t comme l�une des d�mocraties les plus anciennes d�Europe, une caract�ristique qu�elle doit largement � ses �collectivit�s locales� ("sveitarf�l�g") qui existent depuis fort longtemps, soit bien avant l��tat national. Le syst�me institutionnel repose sur deux niveaux de gouvernement : d'une part, celui de l��tat national, d'autre part, celui des collectivit�s locales qui ont juridiction sur les communes et les municipalit�s.

L�autonomie des collectivit�s locales est garantie par la Constitution, dont l�article 78 �nonce le principe de base suivant : � Les communes g�rent leurs affaires librement conform�ment � la loi. Les sources de leurs recettes sont d�termin�es par la loi, de m�me que leur droit de d�cider de les utiliser et des modalit�s de cette utilisation.� Ainsi, lorsqu'on parle des autorit�s centrales et des autorit�s locales, on fait r�f�rence au gouvernement islandais et aux administrations des collectivit�s locales. La principale loi qui d�finit le r�gime juridique des collectivit�s locales, en application des dispositions de la Constitution, est la Loi sur les collectivit�s locales, n� 45, de 1998, modifi�e en 1998, en 2003, en 2004, en 2005 et en 2006.

L'article 8 de la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise proclame que l'islandais est la langue de l'Althingi, des tribunaux et des autorit�s gouvernementales (centrales et locales):

Article 8

La langue officielle des autorit�s gouvernementales

L'islandais est la langue de l'Althingi, des tribunaux, des autorit�s gouvernementales (centrales et locales), des �coles � tous les niveaux du syst�me d'�ducation et d'autres institutions impliqu�es dans les mesures prises par l'ex�cutif et qui rendent des services au public.

L�Administration publique n�utilise que l�islandais dans ses services aupr�s de la population. Il en est ainsi des inscriptions gouvernementales sur les �difices publics et les plaques toponymiques identifiant les noms de lieu. L'article 2 de la Loi sur le statut de la langue islandaise et de la langue des signes islandaise �nonce que les autorit�s gouvernementales doivent veiller � ce qu'il soit possible d'utiliser l'islandais comme langue commune dans tous les domaines de la vie nationale:

Article 2

La langue islandaise

La langue nationale est l
a langue commune du peuple islandais. Les autorit�s gouvernementales doivent veiller � ce qu'il soit possible de l'utiliser dans tous les domaines de la vie de la nation.

Quiconque r�side en Islande doit avoir la possibilit� d'utiliser l'islandais pour une participation g�n�rale � la vie de la nation islandaise, comme il est pr�vu de fa�on plus d�taill�e dans une l�gislation distincte.

De fa�on g�n�rale, les fonctionnaires sont tenus de ne conna�tre que l'islandais. Pour les policiers, en vertu de la Loi sur la police de 1996, ils doivent poss�der une bonne connaissance de l'islandais, ainsi qu'une des langues scandinaves (au choix: danois, su�dois ou norv�gien) et l'anglais ou l'allemand (au choix) :

Article 38

Admission de nouveaux �tudiants et structure des cours d'�tude

1) Le Commissaire de la Police nationale islandaise doit faire de la publicit� aupr�s des �tudiants des universit�s dans tout le pays. Il doit d�terminer annuellement le nombre des �tudiants qui peuvent commencer � recevoir une formation sur la base des pr�visions relative au taux de remplacement dans la Police nationale islandaise.

2) Tout policier �ventuel doit satisfaire aux conditions g�n�rales suivantes g�n�rales :

a. Ils doivent �tre citoyens islandais �g�s entre 20 et 35 et ne doivent pas �tre condamn�s pour une faute disciplinaire en vertu du Code p�nal;

b. Ils doivent �tre mentalement et physiquement en sant� et passer un examen m�dical sous la responsabilit� du m�decin de la police;

c. Ils doivent avoir termin� depuis au moins deux ans leur instruction de niveau g�n�ral post-obligatoire ou toute autre instruction comparable avec des r�sultats satisfaisants; ils doivent poss�der une bonne connaissance de l'islandais, ainsi que l'une des langues scandinaves et de l'anglais ou de l'allemand; ils doivent d�tenir un permis ordinaire de conduire et �tre capables de nager;

[...]


L'affichage est en g�n�ral en islandais, que ce soit pour les �difices publiques ou la signalisation routi�re et la publicit�. Toutefois, certaines informations peuvent �tre en d'autres langues, par exemple en anglais, mais il s'agit surtout de publicit�s qui ne sont pas tellement fr�quentes. L'affichage bilingue islando-anglais n'est de rigueur qu'� l'a�roport. 

Comme la barri�re de la langue constitue un obstacle redoutable pour les immigrants d�sirant s�installer en Islande, le gouvernement a cr��, en 1994, � Reykjavik, un Centre d'information et de culture sp�cialement destin� aux �trangers: le Fj�lmenningarsetur (en islandais) ou en anglais le Multicultural and Information Centre.

Ce centre est appel� � fournir un certain nombre de services aux immigrants qui viennent s'�tablir en Islande et fournit aux �trangers les renseignements pratiques jug�s n�cessaires, par exemple, sur l'autorisation de r�sidence, la sant�, les services sociaux, les assurances, l�acc�s aux �coles, etc. Le Centre d'information et de culture a d�termin� une liste d'interpr�tes dont l'�ventail linguistique est tr�s diversifi�. Il a pr�cis� son r�le dans une brochure explicative publi�e en sept langues: anglais, espagnol, polonais, russe, vietnamien, tagalog et tha�landais.

5.3 Le domaine de l��ducation

Le syst�me d'�ducation  islandais compte quatre niveaux: la maternelle ou pr�scolaire jusqu'� six ans; l'�cole obligatoire (primaire et secondaire du premier cycle) de 6 � 16 ans; le secondaire sup�rieur ou de second cycle de 16 � 20 ans; l'enseignement sup�rieur � partir de 19 ou 20 ans. L'�ducation en Islande a traditionnellement �t� organis�e dans le secteur public, et il y existe tr�s peu d'�tablissements priv�s dans le syst�me scolaire, lesquels re�oivent en g�n�ral un financement public. De la maternelle � l'universit�, le syst�me scolaire est gratuit et, entre 13 et 15 ans, les jeunes ont la possibilit� de s'initier � la vie professionnelle en travaillant pour les municipalit�s pendant les vacances scolaires.

- Les �coles maternelles

Les �coles maternelles ou pr�scolaires (Leiksk�li = ��cole d'enfants�) sont, selon la loi, consid�r�es comme le premier niveau du syst�me d'�ducation. Ces �coles prennent en charge les enfants n�ayant pas atteint six ans, �ge auquel d�bute la scolarit� obligatoire. L�acc�s aux jardins d�enfants n'est pas gratuit et les frais de scolarit� repr�sentent environ 30% des co�ts r�els de fonctionnement de ces �tablissements. Les frais de scolarit� dans les �tablissements priv�s sont g�n�ralement plus �lev�s de 10 % � 20%.

L'article 2 de la Loi sur l'enseignement pr�scolaire (2006) �nonce que la langue d'enseignement est l'islandais:

Article 2

Objectif

Les principaux objectifs de l'�ducation et de l'enseignement au pr�scolaire sont les suivants:

a. Surveiller et encourager le d�veloppement g�n�ral des enfants en �troite collaboration avec les parents;

b. Offrir une stimulation linguistique syst�matique et contribuer aux comp�tences communes dans
la langue islandaise;

L'article 9 de la m�me loi pr�cise que dans, le cas des parents qui ne parlent pas l'islandais, l'�cole doit s'efforcer d'assurer la traduction de toutes les informations n�cessaires � la communication entre les parents et l'�cole. Bien qu'il soit ais� d'approuver une telle mesure, les faits d�montrent qu'il n'est pas n�cessairement facile de trouver des traducteurs pour toutes les langues, par exemple l'hindi, le filipino ou le tha�.  

- L'�cole obligatoire

L'�cole appel�e �obligatoire� (Grunnsk�la = ��cole primaire�) concerne les niveaux primaire et secondaire inf�rieur ou du premier cycle, destin�s aux enfants �g�s de 6 � 16 ans. L'article 2 de la Loi sur l'enseignement obligatoire (2008) prescrit l'enseignement de l'islandais ainsi que la compr�hension de la soci�t� islandaise, son histoire est ses particularit�s. L'article 16 de cette m�me loi pr�cise que la langue d'enseignement dans les �coles obligatoires est l'islandais, mais d'autres langues peuvent �tre employ�es pour l'instruction :

Article 2

Objectif

2) Les �coles obligatoires doivent favoriser l'ouverture d'esprit parmi les �l�ves et renforcer leur ma�trise de la langue islandaise et leur compr�hension de la soci�t� islandaise, son histoire et ses particularit�s, les conditions de vie de la population et les devoirs des individus envers la communaut�, l'environnement et le monde.

Article 16

Programmes d'accueil; �l�ves dont la langue maternelle n'est pas l'islandais

1)
La langue d'enseignement dans les �coles obligatoires est
l'islandais. D'autres langues que l'islandais peuvent �tre employ�es pour l'instruction chaque fois que cela est n�cessaire selon la nature de la mati�re ou en vertu du Programme-cadre national.

Ces autres langues dont on parle sont l'anglais, le danois ou toute autre langue nordique:

Article 25

Objectifs d'apprentissage

2) Le
Programme-cadre national �nonce le contenu et la structure de l'enseignement en islandais, langue maternelle, en islandais langue seconde ou dans la langue des signes islandaise, en math�matiques, en anglais, en danois ou en toute autre langue nordique, dans les arts et l'artisanat, les sciences naturelles, l'�ducation physique, les sciences sociales, l'�galit� des droits, la religion, les aptitudes � la vie quotidienne et les technologies de l'information et de la communication.

En fait, outre l'Islandais, les deux langues �trang�res obligatoires sont l'anglais et le danois. G�n�ralement, le danois est obligatoire comme langue seconde deux ans apr�s l�anglais, c'est-�-dire � la sixi�me ann�e. Historiquement, l�anglais est obligatoire depuis 1946 et constitue une cons�quence directe de l�occupation am�ricaine. Depuis 1993, le minist�re de l��ducation, de la Science et de la Culture a organis� des classes d�accueil pour les enfants immigr�s. Il a �galement �labor� un programme sp�cial pour l�enseignement de l�islandais aux enfants dont ce n�est pas la langue maternelle.

Dans l'enseignement obligatoire, les principales mati�res enseign�es sont les suivantes: l'islandais comme langue maternelle, l'islandais comme langue seconde ou la langue des signes islandaise; les langues �trang�res (anglais, danois ou une autre langue nordique); les arts et l'artisanat; les sciences naturelles; l'�ducation physique; les sciences sociales, les �tudes religieuses, les aptitudes � la vie quotidienne, l'�galit� des droits, l'�thique; les math�matiques; les technologies de l'information et de la communication (TIC). En ce qui a trait aux �tudes religieuses, les contenus et les activit�s sont concentr�s sur la religion d��tat, soit le luth�rianisme. Or, pour toutes sortes de raisons, beaucoup d'�l�ves ne souhaitent pas assister � ces cours et voudraient b�n�ficier d�alternatives bien afin de ne pas se sentir exclus ni bl�m�s. Pour ce faire, il faudrait que les autorit�s reconnaissent et respectent la diversit� religieuse de la soci�t� islandaise.

- L'�cole secondaire sup�rieur

L�enseignement secondaire sup�rieur (Framhaldssk�la = ��cole secondaire�) concerne tous les �l�ves ayant accompli leur scolarit� obligatoire ou l'�quivalent. Cet enseignement accueille g�n�ralement des jeunes �g�s entre 16 et 20 ans.  L�ensemble de ces programmes d'�tudes est accessibles �galement aux adultes dans le cadre de la formation continue. On compte en Islande quelque 40 �tablissements d�enseignement secondaire.

L'article 35 de la Loi sur l'enseignement secondaire sup�rieur (2008) prescrit l'islandais comme langue d'enseignement, mais les �coles peuvent offrir des �tudes en d'autres langues � la condition que l'islandais soit offert comme langue seconde:

Article 35

Langues; �tudiants dont la langue maternelle n'est pas islandaise

1) La langue d'enseignement dans les �coles secondaires sup�rieures
est l'islandais.

2) Les �coles peuvent offrir des �tudes dans d'autres langues que l'islandais:

a. lorsque la nature des �tudes ou du programme-cadre les rendent n�cessaires; ou

b. dans le cas des programmes d'�tudes sp�cifiquement con�us pour les �tudiants qui ne ma�trisent pas l'islandais ou qui doivent poursuivre ou avoir poursuivi une partie de leurs �tudes � l'�tranger.

3) Les �tudiants dont la langue maternelle n'est pas l'islandais ont le droit d'apprendre l'islandais comme langue seconde. Il en va de m�me pour les �tudiants qui ont v�cu � l'�tranger pour une p�riode prolong�e et qui connaissent peu l'islandais. En principe, les �tudiants dont la langue maternelle n'est pas l'islandais doivent avoir la possibilit�.

La Loi sur l'enseignement secondaire sup�rieur pr�voit la possibilit�, pour les �l�ves ayant une autre langue maternelle que l�islandais, de conserver cette langue en tant que mati�re facultative � travers un enseignement � distance ou par d�autres moyens. Mentionnons que l�enseignement du vocabulaire scientifique et technique en islandais est renforc� dans ce type d'�tablissement. De plus, � la fin du secondaire, un examen de connaissance de la langue officielle est impos� � tous les �l�ves et la r�ussite de cet examen constitue une condition essentielle de l�obtention du dipl�me de fin d��tudes.

Pour ailleurs, le minist�re de l��ducation, de la Science et de la Culture impose une troisi�me langue �trang�re aux �l�ves du secondaire, habituellement l�allemand ou le fran�ais. Des fonds suppl�mentaires sont � pr�sent allou�s � l'enseignement sp�cialis�, adapt� aux enfants immigr�s, en nombre croissant dans les �coles islandaises. � la fin de leurs �tudes secondaires, la plupart des Islandais sont devenus trilingues: ils parlent l�islandais, l�anglais et le danois.

De plus, le r�glement n� 654/2009 �nonce que les �l�ves des �coles secondaires sup�rieures ont le droit d'apprendre l'islandais. Ceux dont la langue maternelle n'est pas l'islandais ont le droit d'apprendre l'islandais comme langue seconde. Il s'agit de former des �tudiants en islandais et de les pr�parer � jouer un r�le actif dans la soci�t� islandaise, leur donner des comp�tences culturelles, de l'alphab�tisation et des connaissances dans toutes les mati�res. Toutes les �coles �laborent un programme d'accueil pour les �l�ves dont la langue maternelle n'est pas l'islandais. Tout en saluant ces nouvelles dispositions, force est de constater que manuels d�islandais comme langue seconde ne sont pas toujours disponibles pour les �l�ves.

D�apr�s les statistiques fournies par le minist�re de l��ducation, 4 % des Islandais de seize ans et plus ne fr�quentent pas l�enseignement secondaire. Pour les �trangers, le pourcentage serait de quelque 20 %. Bref, l��cart est trop important si l'on veut inciter les �l�ves immigr�s � rester � l��cole pour y obtenir des qualifications g�n�rales ou professionnelles.

- Les �tudes sup�rieures

L�enseignement sup�rieur (H�sk�la = �haute �cole�) est offert � l�ensemble des �tudiants ayant r�ussi avec succ�s l�ensemble de leur programme secondaire sup�rieur. En Islande, hui �tablissements d'enseignement proposent des �tudes universitaires. Il s'agit de l'Universit� d�Islande (H�sk�li �sland), l�Universit� d'Akureyri (H�sk�linn � Akureyri), l�Universit� d�enseignement d�Islande (Kennarah�sk�li �slands), l'Universit� de Bifrost (H�sk�linn � Bifr�s), l�Universit� de Reyjravik (H�sk�linn � Reykjav�k), l�Acad�mie des arts d�Islande (Listah�sk�li �slands), l�Universit� d��tudes agricoles d'Islande � Hvanneyri (Landb�na�arh�sk�li �slands) et l�Universit� de Holar (H�sk�linn � H�lum). L'Universit� d'Islande reste le principal �tablissement d'enseignement sup�rieur en Islande.

Dans ces �tablissements, la plupart des cours sont offert en anglais, parfois en danois ou en islandais. L'article 70 du R�glement sur l'Universit� de l'Islande (2009) pr�cise que toute th�se peut �tre r�dig�e en islandais ou en anglais et qu'un �tudiant peut d�fendre cette th�se en anglais:

Article 70

Doctorat sans programme pr�alable d'�tudes organis�es

1. [...] Toute th�se doit �tre accompagn�e d'un r�sum� d�taill� en islandais et en anglais. Une facult� peut permettre � un candidat de parler une autre langue que l'islandais pendant une d�fense doctorale.

S'il s'av�re impossible de trouver des membres qualifi�s pour un comit� d'�valuation charg� d'�valuer une th�se, une facult� peut demander que le travail soit soumis dans une traduction islandaise ou dans une autre langue accept�e par la facult�.
 

Bien que la politique linguistique prescrive l'islandais dans l'enseignement sup�rieur, il existe une tr�s grande flexibilit� � ce sujet. Ainsi, tout �tudiant peut r�diger ses examens en anglais et tout enseignant peuvent enseigner dans cette langue. Toutefois, cette flexibilit� peut entra�ner dans certains �tablissements une grande r�sistance de la part des �tudiants islandais. La politique non �crite est que l'anglais constitue une v�hicule pr�cieux qu'il est n�cessaire d'acqu�rir, mais qu'il est �galement important de maintenir l'islandais intact et pleinement fonctionnel dans le monde universitaire. La r�alit� tend � imposer graduellement l'usage exclusif de l'anglais afin que les �tudiants en b�n�ficient dans le march� de l'emploi dans le monde entier.

- Les biblioth�ques

Les biblioth�ques demeurent des instruments pr�cieux et compl�mentaires pour les �tablissements d'enseignement. �tant donn� que la population islandaise est r�duite, beaucoup de documents dans les biblioth�ques sont en anglais, en danois ou en d'autres langues. C'est pourquoi la Loi sur les biblioth�ques (1997) �nonce que l'objectif est �de promouvoir la langue islandaise, d'encourager l'�ducation permanente et de favoriser l'int�r�t de la lecture�:

Article 1er

Les biblioth�ques publiques sont des instituts de connaissance et de culture. Leur but est de fournir aux citoyens, aux enfants comme aux adultes, un acc�s � un r�pertoire vari� de livres et autres m�dias, y compris du mat�riel informatique et de l'information de format lisible par un ordinateur. Les biblioth�ques doivent promouvoir un libre acc�s et sans aucune entrave par le public � l'information et aux r�serves des connaissance. Les biblioth�ques doivent, chacune dans son propre secteur de service, s'efforcer de soutenir les activit�s culturelles et de rendre disponible l'information g�n�rale aux institutions et services publics.
Leur objectif est de promouvoir la langue islandaise, d'encourager l'�ducation permanente et de favoriser l'int�r�t de la lecture. [...]

- Les langues �trang�res

Les Islandais parlent une langue qu'ils sont les seuls � parler dans le monde. C'est pourquoi la connaissance des langues �trang�res est importante, sinon le pays et ses habitants resteraient ferm�s sur eux-m�mes. Dans les �coles primaires islandaises, l�apprentissage de deux langues �trang�res (anglais et danois) est obligatoire et dans certaines �coles l��l�ve peut m�me en choisir une troisi�me. Au primaire sup�rieur, tous les �l�ves �tudient trois langues �trang�res et, dans les sections litt�raires, ce nombre peut atteindre quatre ou cinq langues. L�apprentissage des langues joue donc un r�le central dans le syst�me d'�ducation islandais.

Afin de favoriser la connaissance des langues �trang�res, l'Institut Vigd�s Finnbogad�ttir des langues �trang�res a �t� fond�. C'est un institut de recherche qui fait partie de la Facult� de sciences humaines de l'Universit� d'Islande. L'Institut est un centre de recherches destin� aux membres de la Facult� qui enseignent les langues et les cultures modernes, les langues classiques et les �tudes de traduction.

Avec le soutien de l'UNESCO, l'Institut veut cr�er le Centre international Vigd�s qui sera un centre d�information sur les langues et les cultures du monde: le Centre international Vigd�s pour le multilinguisme et l�entente interculturelle (en anglais: Vigd�s International Centre for Multilingualism and Intercultural Understanding; en islandais: Samningur um a� Vigd�sarstofnun starfi undir formerkjum). Il offrira une infrastructure pour l�apprentissage et la promotion des langues, ainsi que pour la recherche linguistique. En collaborant avec d�autres instituts, des �coles internationales et des organismes linguistiques, le Centre international Vigd�s pourra contribuer � la pr�servation et au renforcement de la diversit� linguistique.

5.4 Les m�dias

Du c�t� des m�dias, on compte trois quotidiens (dont le c�l�bre Morgunbla�i�), des centaines de p�riodiques, quelques cha�nes de t�l�vision et plusieurs stations de radio qui diffusent exclusivement en islandais. Les Islandais doivent s�rement �tre de grands liseurs, car on compte plus de 900 p�riodiques pour une population de plus de 330 000 habitants (incluant les enfants). Il faut dire que la plupart d'entre eux (environ 700) ne paraissent qu'une � quatre fois par ann�e. Au total, on compte quelques dizaines de mensuels, une dizaine d'hebdomadaires et deux quotidiens. Le plus ancien quotidien est le Morgunbla�i� fond� en 1913; il est suivi par le Fr�ttabla�i� fond� en 2001. Les principaux hebdomadaires sont le DV (une fusion du Dagbla�i� du V�sir en 1981), le Fr�ttat�minn (2010), le Reykjav�k Grapevine, le Skessuhorn, le Vikudagur et le Vi�skiptabla�i�. L'Iceland Review est une magazine trimestriel de langue anglaise.

Les journaux, largement subventionn�es par l��tat, doivent se plier aux contraintes de la politique linguistique de l�islandisation du vocabulaire. Ainsi, tous les quotidiens diffusent des bulletins d�information linguistique ainsi que la liste des termes techniques r�cemment cr��s par la Commission de la langue islandaise. La liste officielle des n�ologismes est diffus�e p�riodiquement dans tous les journaux.

L'insularit� accentue ce lien particulier avec la langue et la terre ancestrale. Tous les journaux consacrent, dans leur carnet du jour, de longues colonnes aux textes �crits � la m�moire de personnes d�c�d�es. On �dite des dictionnaires g�n�alogiques des familles d'Islande, et des recensements sont en cours pour retrouver les 40 000 � 50 000 Am�ricains d'ascendance islandaise.

Ce n�est qu�en 1966-1967 que le gouvernement a pu cr�er une t�l�vision nationale islandaise, ce qui a alors contraint les �tats-Unis � r�duire la port�e d��mission de leur cha�ne militaire. Au d�but, la premi�re cha�ne islandaise ne diffusait que six jours pas semaine et cessait ses activit�s au d�but de juillet pour les reprendre � la rentr�e des classes � l�automne. Mais les cha�nes se sont multipli�es depuis cette �poque et aujourd�hui on compte plusieurs stations r�gionales.

La Loi sur la radiodiffusion du 17 mai 2000 impose des contraintes au sujet de la langue islandaise. De fa�on g�n�rale, les employ�s, notamment les journalistes et les pr�sentateurs de nouvelles, doivent s'efforcer �de promouvoir l'essor culturel en g�n�ral et de renforcer la langue islandaise�. Non seulement la plus grande partie du temps d'antenne doit �tre r�serv�e � la production islandaise et ensuite europ�enne, mais l'emploi des voix hors-champ et des sous-titres en islandais sont obligatoires. L'article 8 est sans �quivoque � ce sujet:

Article 8

Voix hors-champ et sous-titres en islandais

1)
La production d'�missions t�l�vis�es en langue �trang�re doit toujours
�tre accompagn� d'une voix hors-champ ou des sous-titres en islandais, le cas �ch�ant. Cependant, cette disposition ne s'applique pas aux paroles des chansons �trang�res, aux transmissions par satellite et � une station de r�ception de nouvelles et aux �missions d'affaires actuelles traitant principalement d'�v�nements tels qu'ils ont eu lieu.

2) Dans ce cas, le pr�sentateur de t�l�vision doit, chaque fois que possible, fournir une r�capitulation ou un expos� en islandais des �v�nements qui ont eu lieu. Tous les efforts doivent �tre faits pour s'assurer que la voix hors-champ et les sous-titres soient toujours en islandais correct.

3) Les dispositions du pr�sent article ne s'appliquent pas � la retransmission de des stations de t�l�vision �trang�re dans le cas du direct, de long-m�trage et d'�missions enti�res originales des stations de t�l�vision. En outre, ces dispositions ne s'appliquent pas lorsque des radiodiffuseurs se sont vu accorder des permis de diffusion en d'autres langues qu'en islandais, conform�ment au paragraphe 1
er de l'article 7.

Plus r�cemment, l'article 6 de la Loi sur le service national islandais de radiodiffusion (2013) pr�cise que les contenus audiovisuels en langues �trang�res sur la cha�ne de t�l�vision de l'INBS (en anglais: Icelandic National Broadcasting Service; en islandais: R�kis�tvarpi� ou R�V) doivent �tre accompagn�s de doublages, de voix hors-champ ou de sous-titres en islandais, selon le cas:

Article 6

Sous-titrage et interpr�tation de la langue des signes

Les documents en langue �trang�re pr�sent�s sur la cha�ne de t�l�vision de l'INBS doivent �tre accompagn�s d'une voix hors-champ en islandais, d'un doublage en islandais ou de sous-titres islandais, selon le cas. Toutefois, cela ne s'applique pas aux paroles de chansons dans une langue �trang�re ou � la transmission en direct par satellite et par station terrestre de nouvelles ou de programmes d'actualit� traitant en grande partie des �v�nements au fur et � mesure qu'ils se d�roulent. Dans ce cas, la radiodiffusion doit �tre accompagn�e, si possible, d'une r�capitulation des �v�nements t�l�vis�s, de sous-titres ou d'une pr�sentation en islandais. Une grande importance doit �tre donn� � la fois au texte oral et aux sous-titres dans un islandais impeccable.

L'article 29 de la Loi sur les m�dias (2011) pr�cise que les contenus audiovisuels en langues �trang�res, qu'ils soient offerts dans un calendrier lin�aire ou sur demande, doivent toujours �tre accompagn�s de doublages, de voix hors-champ ou de sous-titres en islandais, selon le cas. Il existe des exceptions mentionn�es aux paragraphes 2 et 3:
 

Article 29

Voix hors champs et sous-titrage en islandais

1) Les fournisseurs de services des m�dias doivent promouvoir la langue islandaise de fa�on appropri�e dans chaque cas. Les m�dias qui transmettent du son et du texte en islandais doivent pr�voir leur propre politique linguistique � cet effet. Toutefois, le fonctionnement des m�dias utilisant d'autres langues que l'islandais est autoris� en Islande.

2) Les contenus audiovisuels en langues �trang�res, qu'ils soient offerts dans un calendrier lin�aire ou sur demande, doivent toujours �tre accompagn�s de doublages, de voix hors-champ ou de sous-titres en islandais, selon le cas. Cependant, cette disposition ne s'applique pas aux paroles des chansons dans une langue �trang�re ou � la transmission en direct par satellite et par station terrestre de nouvelles ou de programmes d'actualit� traitant largement des �v�nements tels qu'ils se produisent. Dans ce cas, le fournisseur de services de m�dias doit, dans la mesure du possible, fournir un r�sum� ou une pr�sentation en islandais des �v�nements survenus.

3) Les dispositions du deuxi�me paragraphe ne s'appliquent pas aux retransmissions de stations de t�l�visions �trang�res � la condition que ce qui est diffus� soit une retransmission continue, int�grale et non modifi�e du programme complet d'une station de t�l�vision. Les dispositions du deuxi�me paragraphe ne s'appliquent pas non plus lorsque le m�dia audio ou audiovisuel est exploit� dans une autre langue que l'islandais, conform�ment au premier paragraphe.

Les infractions � la Loi sur la radiodiffusion sont sanctionn�es par une amende dans les cas suivants� : la radiodiffusion sans un permis accord� par la Commission des permis de transmission et le d�faut de fournir des voix hors-champ ou des sous-titres en islandais pour des �missions �mises dans une langue �trang�re. En somme, pour ce qui est du cin�ma, l�Islande pratique une politique linguistique protectionniste, dans la mesure o� tous les films �trangers, de quelque origine qu�ils soient, doivent �tre au moins sous-titr�s en islandais.

5.5 L'islandisation des immigrants ou des �trangers

L'islandisation de la langue passe �galement par l'int�gration des �trangers et des immigrants. Jusqu'en 1996, la loi islandaise obligeait tous les immigrants � adopter un patronyme islandophone lorsqu'ils d�cidaient de s'installer d�finitivement en Islande. Cette loi sur les noms de personne avait �t� jug�e discriminatoire, notamment parce qu'elle faisait obligation � tout �tranger naturalis� d'adopter un nom islandais qui serait utilis� conjointement avec son nom d'origine. Ainsi, l'enfant d'un �tranger naturalis� avait l'obligation, lorsqu'il atteignait l'�ge de 15 ans, d'utiliser le patronyme islandais. Mais la Loi sur les noms de personne n� 45/1996 supprimait cette obligation; les personnes naturalis�es et leurs enfants peuvent maintenant conserver leur nom de famille d'origine.

De plus, l'article 15 de la Loi sur les �trangers (2002), n� 96, de 2002 pr�cise qu�un �tranger demandant un permis de s�jour doit avoir en sa possession un passeport et avoir suivi un cours d'islandais:

Article 15

1) Un �tranger, qui est demeur� en Islande durant une p�riode ininterrompue de trois ans en vertu d'un permis de s�jour exempt� des restrictions et qui a suivi un cours d'islandais destin� aux �trangers, peut � sa demande se voir accorder un permis de s�jour � la fin de cette p�riode, pourvu que rien ne soit arriv� pouvant entra�ner son expulsion de l'Islande.

Cependant, la n�cessit� du passeport ne s'applique pas aux ressortissants danois, finlandais, norv�giens ou su�dois, qui arrivent en Islande directement du Danemark, de la Finlande, de la Norv�ge ou de la Su�de, ou qui se d�placent dans ces pays � partir de l'Islande. C'est que, d'apr�s la loi islandaise, tout �tranger qui a atteint l'�ge de 18 ans et qui n'est pas un ressortissant de chacun des pays nordiques doit, lorsqu'il r�side en Islande, porter en tout temps son passeport.  De fait, la loi oblige les �trangers de fournir des informations sur leur identit� et pr�voit que les �trangers pr�senteront, sur demande, une pi�ce d�identit� � la police et que le minist�re de la Justice peut d�cider que les �trangers, � l�exception des Danois, des Finlandais, des Norv�giens et des Su�dois, doivent porter leur passeport ou une autre pi�ce d�identit� sur eux en permanence pendant leur s�jour en Islande.

L'article 48 du R�glement sur les �trangers, n� 53, du 23 janvier 2003, reprend la m�me disposition relative � la connaissance de l'islandais:

Article 48

Permis de s�jour

Un �tranger, qui est demeur� en Islande durant une p�riode ininterrompue de trois ans en vertu d'un permis de s�jour exempt� de restrictions et qui r�pond aux exigences pr�vues � l'article 50 en ce qui concerne la connaissance de l'islandais, peut se voir accorder un permis de s�jour sur demande, � la condition qu'aucun facteur ne s'applique pouvant mener � son expulsion, conform�ment au paragraphe 1er de l'article 20 de la Loi sur les �trangers. Un permis de s�jour peut �tre d�livr� seulement si les conditions fix�es pour l'obtention d'un permis de s�jour peuvent �tre remplies.

L'article 50 R�glement sur les �trangers est enti�rement consacr� aux cours d'islandais (minimum de 150 heures) que doivent suivre les ressortissant �trangers pour obtenir un permis de s�jour :

Article 50

Cours d'islandais

1) Un candidat � un permis de s�jour doit suivre un cours d'islandais destin� aux �trangers pour un minimum de 150 heures. Le candidat doit soumettre un certificat faisant la preuve de sa participation et de son assiduit�, laquelle doit atteindre un minimum de 85 %. Un certificat faisant la preuve de sa participation doit �tre transmis par un �ducateur approuv� par le minist�re de la Justice.

2) Les dispositions du paragraphe 1er concernant la participation � un cours de langue peuvent ne pas s'appliquer si le candidat a acquis une connaissance acceptable de l'islandais et soumis un certificat d�montrant qu'il r�ussi un examen en islandais destin� aux �trangers. Le certificat doit �tre �mis par une personne ou une entit� avec qui le minist�re de la Justice a conclu un accord pour proc�der � ces examens. La condition relative � la participation aux cours peut �galement �tre abandonn�e si le candidat est �g� de plus de 65 ans et est demeur� en Islande pour au moins dix ans et enfin si le candidat est physiquement ou mentalement incapable de participer � un tel cours, tel que confirm� par un m�decin.

3) La personne ou l'entit� dispensant un cours ou un examen en vertu des paragraphes 1 et 2 peut faire payer un candidat pour le cours, l'examen et l'�mission d'un certificat.

Le permis de s�jour est li� au permis de travail en Islande. Mais les ressortissants des pays nordiques ne sont pas dans l'obligation d'obtenir un tel permis de travail. Pour tous les autres �trangers, les permis de travail ne sont accord�s qu'aux employeurs, non aux employ�s. Il semble que l�octroi des permis de travail aux employeurs soit tr�s particulier � la pratique islandaise. Afin de b�n�ficier de la protection sociale et des soins de sant�, l'autorisation de l'employeur est en principe n�cessaire pour changer d�emploi. 

De plus, l'article 4 du R�glement sur les tests de langue islandaise pour les personnes demandant la citoyennet� islandaise (2008) pr�voit des tests (240 heures) en islandais pour les ressortissants �trangers, qui doivent �tre en mesure d'acqu�rir une ma�trise suffisante de l'islandais:

Article 4


Ainsi, les candidats sont tenus:

c. d'avoir acquis une ma�trise suffisante du vocabulaire pour participer � des discussions avec des sujets familiers;

d. d'�tre en mesure de comprendre des conversations simples entre les personnes;

e. de pouvoir lire de courts textes dans une langage simple sur des sujets familiers;

f. d'�tre en mesure de pouvoir comprendre les principaux points de couverture dans les m�dias de radiodiffusion (radio et t�l�vision) lorsque les sujets leur sont familiers.

Les tests impliquent la compr�hension orale, la compr�hension auditive, l'�criture et la compr�hension de la lecture.

Par ailleurs, s'il para�t normal pour un �tranger d�sirant s'�tablir en Islande d'apprendre la langue de son pays d'accueil, il convient n�anmoins de souligner que l�obligation juridique de ma�triser l'islandais peut, dans bien des cas, se r�v�ler difficile � satisfaire pour certains ressortissants, surtout ceux qui proviennent de l'Asie, ou lorsque les cours dispens�s sont trop on�reux. Selon la loi, les r�glements peuvent pr�voir des frais exig�s pour suivre un cours d'islandais ou subir un test pour d�montrer ses comp�tences linguistiques. 

5.6 La vie �conomique

Quant � la vie �conomique, elle se d�roule enti�rement en islandais pour les affaires int�rieures, que ce soit les formulaires, les affichettes �crites � la main, les ch�ques ou autres imprim�s commerciaux. Il en r�sulte que l�affichage commercial demeure g�n�ralement en islandais, mais il arrive souvent que les raisons sociales des entreprises portent une d�nomination en anglais, parfois en danois. Dans tous les endroits touristiques, l�islandais et l�anglais sont employ�s concurremment; la publicit� commerciale, la langue reste l�islandais, car il est rare qu�on s�adresse aux consommateurs dans une autre langue (par exemple, en anglais). Dans les contacts avec l�ext�rieur, l�anglais et le danois (ou parfois une autre langue scandinave) viennent � la rescousse de l�islandais.

L'article 2 de la Loi sur les h�tels et les restaurants (1985) exige que �les noms des soci�t�s ou des op�rations d'affaires doivent �tre conformes au syst�me phon�tique et flexionnel de l'islandais�.

Article 2

[...] Les noms des soci�t�s ou des op�rations d'affaires doivent �tre conformes au syst�me phon�tique et flexionnel de l'islandais. [...]

Mentionnons aussi que la Loi sur les contrats d'assurance exige que les contrats d'assurance doivent �tre r�dig�s �en islandais ou dans une autre langue accept�e par l'assur� afin de comprendre les dispositions des conditions de la protection pr�vue et des conditions offertes avant la conclusion du contrat.

Article 5

Langue des contrats de couverture d'assurance

Les conditions de contrat offert pour une assurance contre le risque en Islande doivent �tre en islandais ou dans une autre langue accept�e par l'assur� et lui permettre de comprendre les dispositions des conditions de couverture sur l'importance du contenu, la protection pr�vue et les conditions offertes avant la conclusion du contrat.

Enfin, la Loi n� 57/2005 sur la surveillance des pratiques commerciales d�loyales et la transparence du march� prescrit l'usage de l'islandais dans les annonces destin�es aux consommateurs, mais les instructions doivent �tre r�dig�es en islandais, en anglais ou dans une langue scandinave autre que le finnois :

Article 8 [abrog�]

Les annonces destin�es � faire appel aux consommateurs islandais
doivent �tre r�dig�es en islandais.

[...]

Article 9 [abrog�]

[...] Les instructions
doivent �tre r�dig�es en islandais, en anglais ou dans une langue scandinave autre que le finnois, et correspondre au type ou � la marque des produits, des services ou des autres articles livr�s.

Les modalit�s g�n�rales de services des parties offrant des services � la client�le dans ce pays doivent �tre en islandais.

Toutefois, ces articles 8 et 9 de la loi n� 57/2005 ont �t� modifi�s par les lois n� 34/2007, n� 57/2007 et n� 50/2008, et remplac�s par l'article 16 suivant, qui exclut dor�navant l'usage de l'anglais et du finnois :
 

Article 16

Dans le cas o� les biens, les services ou tout autre article livr� et auxquels la pr�sente loi s'applique sont d'une nature telle que des conseils sont n�cessaires lors de l'�valuation de leurs caract�ristiques, par exemple l'utilit� et la durabilit�, ainsi que la manipulation et le danger qui peuvent r�sulter des marchandises ou d'autres facteurs, doivent faire l'objet d'indications �crites satisfaisantes lorsqu'une offre est faite, qu'un contrat est pr�par� ou, selon le cas, lors de la livraison.

Les instructions doivent �tre en islandais ou dans une autre langue scandinave, mais pas en finnois, ni en anglais, et bas�es sur le type et la marque des biens, des services ou d'autres articles livr�s.

Les conditions g�n�rales de service des parties offrant aux consommateurs leurs services dans ce pays doivent �tre r�dig�es en islandais.

En somme, afin de contrer l'influence de la puissante langue anglaise, l'Islande semble avoir pris des mesures pour favoriser l'islandais.

6 La Convention linguistique du Conseil nordique

La Convention linguistique du Conseil nordique (1987) est un trait� concernant les droits linguistiques, qui est entr� en vigueur le 1er mars 1987. En vertu de ce trait� entre la Su�de, le Danemark, la Finlande, l'Islande et la Norv�ge, les citoyens des pays nordiques ont la possibilit� d'utiliser leur langue maternelle lors des communications avec les organismes officiels dans d'autres pays nordiques, sans �tre tenu d'assumer les frais d'interpr�tation ou de traduction. La Convention couvre les soins de sant�, la s�curit� sociale, la fiscalit�, l'�cole, et les autorit�s de l'emploi, la police et les tribunaux. Les langues incluses sont su�dois, danois, norv�gien, finnois et islandais, ce qui exclut les langues minoritaires comme le f�ro�en aux �les F�ro�, le groenlandais au Groenland ou le same (lapon) en Norv�ge ainsi que les langues issues de l'immigration.

Les Parties contractantes se sont engag�s � offrir des services en plusieurs langues, mais les citoyens ne b�n�ficient pas de droits absolus � l'exception des questions p�nales et judiciaires. La Convention n'exige pas automatiquement que les autorit�s doivent fournir des services dans une autre langue, mais tout ressortissant des pays nordiques peut exiger le recours � un interpr�te. Dans les faits, tout ressortissant d'un pays nordique parlant le su�dois, le danois, l'islandais, le finnois ou le norv�gien, a droit essentiellement aux services d'un interpr�te plut�t qu'un droit d'�tre compris dans sa langue.

La population de l�Islande peut �tre d�crite comme �tant constitu�e d'une seule nation vivant sur un territoire insulaire n�cessairement d�limit�. Les habitants parlent pratiquement tous la m�me langue, l'islandais, sans variation dialectale et partagent le m�me patrimoine culturel. La nation islandaise a toujours tr�s homog�ne et n'a jamais comport� jusqu'� r�cemment de v�ritables groupes minoritaires importants se distinguant, par exemple, par la couleur, la race, la langue ou la religion. Mais si elle a connu traditionnellement une situation d'isolement en raison de sa position g�ographique, ce n'est plus r�ellement le cas aujourd'hui non seulement en raison de l'arriv�e de plusieurs communaut�s immigrantes, mais �galement parce que l'ouverture au monde (anglophone?) implique de nouvelles terminologies.

Tous ces facteurs expliquent que l'Islande n'ait jusqu'ici pr�t� que peu d'attention, dans ses orientations politiques et sa l�gislation, � la question des communaut�s minoritaires, bien que, dans le domaine de la recherche terminologique, les efforts aient �t� exemplaires. L'Islande n'a pas encore ratifi� la Charte europ�enne des langues r�gionales ou minoritaires, ni la Convention-cadre pour la protection des minorit�s nationales, mais leur ratification devrait �tre consid�r�e comme une question de principe et de solidarit�. Quoi qu'il en soit, il est peu probable que l�Islande sombre dans l�intol�rance, puisque le gouvernement a m�me �t� f�licit� par les organismes internationaux pour ses efforts afin de solutionner les probl�mes li�s � la discrimination et au racisme. Des efforts suppl�mentaires semblent encore n�cessaires, mais il appara�t que ce pays, disposant par ailleurs d�une tr�s longue tradition d�mocratique, ne sera pas pris au d�pourvu par les probl�mes qui pourraient surgir.

Certes, la politique linguistique s'est modifi�e depuis une bonne d�cennie. Devant la dominance de l'anglais sur l'�le, les autorit�s ont voulu �viter que leurs citoyens changent de langue. C'est pourquoi elles n'ont pas h�sit� � utiliser la loi pour orienter la politique sur la pr�servation et la promotion de la langue nationale, l'islandais, mais surtout pour assurer sa pr�dominance dans le pays. Rappelons que le Conseil de la langue islandaise (�slensk m�lnefnd) d�tient un r�le de conseil et d�information sur le bon usage de la langue, notamment en mati�re de n�ologismes. La proc�dure utilis�e sans imposition forc�e par le Conseil fonctionne � un point tel que les m�dias attendent patiemment les nouveaux mots au fur et � mesure o� ils sont propos�s par les terminologues et qu�ils paraissent. Selon certaines sources, il s�agit presque d�une �religion� au sein de la population islandaise. Bref, on forge constamment des mots nouveaux pour suivre les d�veloppements technologiques et scientifiques. En ce sens, l'Islandais est � la fois une langue ancienne et moderne.

L'�tat islandais doit faire face � de nombreux d�fis pour une si petite communaut� linguistique de 372 000 personnes, mais l'insularit� constitue dans ce cas une avantage ind�niable. En somme, ce sont � la fois la faible population et l'insularit� de l'Islande qui ont fait en sorte que la langue islandaise n'a pas que fort peu subi de changements au cours des derniers mille ans. N�anmoins, la pr�servation d'un patrimoine linguistique ne peut garantir le maintien de l'identit� islandaise. La langue islandaise n'emp�che gu�re l'am�ricanisation culturelle de l'Islande, en particulier chez les jeunes g�n�rations. De plus, la main-d'�uvre immigrante a tendance � travailler surtout en anglais en raison de sa m�connaissance de la langue officielle, notamment dans l'h�tellerie, le tourisme, la restauration et l'industrie de l'aluminium domin�e par les Canadiens. �tant donn� que l'Islande, comme bien d'autres pays, est touch�e par la mondialisation, le combat identitaire va aussi atteindre l'�le. Autrement dit, l'�tat doit sauvegarder non seulement le patrimoine linguistique, mais aussi le maintien de l'identit� afin de faire face � de nouvelles r�alit�s.

Derni�re mise � jour: 18 f�vr. 2024
 

Bibliographie

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LECLERC, Jacques. Langue et soci�t�, Laval, Mondia �diteur, coll. "Synth�se", 1992, 708 p.
 

MINIST�RE DE L'�DUCATION, DE LA RECHERCHE ET DE LA CULTURE. L'islandais, ancien et moderne � la fois, Reykjavik, Minist�re de l'�ducation, de la Recherche et de la Culture, 2001.   


NATIONS UNIES. Quatorzi�me rapport p�riodique que les �tats parties doivent pr�senter en 1996 : Islande, 29 avril 1996, CERD/C/299/Add.4. (State Party Report), Gen�ve.