(Re)penser l’histoire du cinéma ?

L’histoire, pour l’avenir

Par Marcos Uzal

Ce numéro des Cahiers du cinéma a été envoyé à l’imprimerie le 21 juin ; entretemps ont eu lieu des élections législatives décisives qui font que la France d’où je vous écris est peut-être déjà sensiblement différente de celle où vous me lisez. C’est d’abord cela l’histoire, et en quoi on ne lui échappe jamais : on est pris dedans, il est vital de ne jamais l’oublier. Je ne sais pas qui aura eu le plus de suffrages le 7 juillet, mais je suis sûr que l’histoire a trop souvent fait défaut dans les discussions politiques récentes. On aura eu droit à des torsions aberrantes, la plus spectaculaire étant : un parti d’extrême droite dont deux des fondateurs étaient d’anciens Waffen-SS, et certains membres éminents des révisionnistes patentés, déclarant avec un cynique opportunisme qu’ils font du combat contre l’antisémitisme une priorité. Cette situation inimaginable il y a peu est un exemple frappant d’une vérité plus large : plus grand-chose ne repose en France sur une mémoire et un récit historiques partagés, du moins dans les médias, où les discussions se résument trop souvent à une bataille de mots vidés du sens que l’histoire leur a donné.