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  • Je suis chargé de développement pour le Regroupement des organismes du Montréal ethnique pour le logement (ROMEL) et ... moreedit
  • Norma Rantisi, Jonathan Durand Folcoedit
Article rédigé avec Sohnia Karamat Ali, Amy Darwish, Niel La Dode, Rizwan Khan, Mohammad-Afaaq Mansoor, Nuzhat Niaz Parama et André Trépanier. Plusieurs actions et campagnes de mobilisation ont été organisées au cours des dernières... more
Article rédigé avec Sohnia Karamat Ali, Amy Darwish, Niel La Dode, Rizwan Khan, Mohammad-Afaaq Mansoor, Nuzhat Niaz Parama et André Trépanier.

Plusieurs actions et campagnes de mobilisation ont été organisées au cours des dernières années pour dénoncer la gentrification de Parc-Extension et réclamer une meilleure protection des droits des locataires. La lutte du Comité d’action de Parc-Extension (CAPE), dans un quartier avec de fortes singularités, mérite toute notre attention.
Notre article examine l’interprétation offerte par Benoît Lévesque du modèle québécois de développement, en nous basant tant sur ses travaux que sur les idées structurantes dans certaines des communautés d’interrogation auxquelles il a... more
Notre article examine l’interprétation offerte par Benoît Lévesque du modèle québécois de développement, en nous basant tant sur ses travaux que sur les idées structurantes dans certaines des communautés d’interrogation auxquelles il a pris part, pour ensuite situer cette interprétation, ces idées et ces communautés dans le contexte socio-économique et politique du Québec durant les quatre dernières décennies. Nous commençons avec une présentation de certains concepts centraux mobilisés dans les recherches de Lévesque, en prêtant particulièrement attention aux liens établis entre la régulation, l’innovation et l’économie sociale. Nous mettons ensuite en lumière l’analyse élaborée par Lévesque des transformations du modèle québécois de développement au cours des quatre dernières décennies, en prenant notamment en compte la récession économique mondiale du début des années 1980 et son impact politique et social. Nous présentons ensuite des débats entourant le rôle de l’économie sociale au Québec, ainsi que des réflexions de Lévesque sur l’évolution récente du modèle de développement québécois et les trois générations d’innovations sociales. Ces débats et ces réflexions nous permettent de conclure en proposant des pistes de prolongement des travaux de Lévesque.
Article rédigé avec Celia Dehouche, Rizwan Khan et Mohammad-Afaaq Mansoor. On voit beaucoup de choses en s’impliquant dans un comité logement. On voit des locataires aux prises avec des problèmes de coquerelles, de souris, de punaises... more
Article rédigé avec Celia Dehouche, Rizwan Khan et Mohammad-Afaaq Mansoor.

On voit beaucoup de choses en s’impliquant dans un comité logement. On voit des locataires aux prises avec des problèmes de coquerelles, de souris, de punaises de lit, qui craignent de perdre leur logement, qui désespèrent d’en trouver un autre. On voit des familles qui com- posent comme elles peuvent avec la négligence de leur propriétaire, la violence économique, verbale et parfois physique, le harcèlement, les difficultés à faire valoir leurs droits lorsqu’elles n’ont pas la citoyenneté canadienne ou la résidence permanente, la discrimination contre les individus racisés et les ménages avec des enfants, les innombrables visages du mépris et de l’humiliation. On assiste aussi à des scènes déchirantes le 1er juillet, jour du déménagement au Québec. On trouve des vies sur le trottoir : des photos, des jouets, des souvenirs, tout ce qui compose un chez-soi, un sentiment que notre existence compte.
Article rédigé avec Alessandra Renzi, Tamara Vukov, Sepideh Shahamati, Yannick Baumann, Simone Chen, et Montserrat Emperador Badimon. Nous sommes des chercheur-euse-s et des militant-e-s qui travaillent en étroite collaboration avec... more
Article rédigé avec Alessandra Renzi, Tamara Vukov, Sepideh Shahamati, Yannick Baumann, Simone Chen, et Montserrat Emperador Badimon.

Nous sommes des chercheur-euse-s et des militant-e-s qui travaillent en étroite collaboration avec différentes initiatives communautaires à Parc-Extension. Ce quartier est adjacent aux nouvelles installations de l’Université de Montréal, il est situé à proximité de Marconi-Alexandra et il est caractérisé par un taux de pauvreté élevé, une proportion importante de sa population issue de l’immigration récente et un embourgeoisement qui s’accélère depuis quelques années. Nous souhaitons mettre en lumière ici l’impact du secteur de l’IA sur l’embourgeoisement de Parc-Extension, puis ses conséquences pour les locataires à faible revenu du quartier. Nous concluons notre article en proposant trois pistes de solution, soit une collaboration plus étroite entre le milieu de la recherche et les initiatives communautaires locales, l’élaboration d’une entente sur les avantages communautaires (community benefits agreement) entre le secteur de l’IA et les résident-e-s des quartiers concernés, ainsi qu’une plus grande transparence de la part de ce secteur et des pouvoirs publics.
Cet article offre une réflexion sur les « ethnographies suffisamment bonnes » ainsi que des propositions pour prolonger cette stratégie de recherche. Je présente les avantages propres aux recherches ethnographiques qui prennent les... more
Cet article offre une réflexion sur les « ethnographies suffisamment bonnes » ainsi que des propositions pour prolonger cette stratégie de recherche. Je présente les avantages propres aux recherches ethnographiques qui prennent les organisations comme unité d’analyse. J’expose ensuite les grands principes de l’approche participative. La pertinence de ces deux stratégies de recherche est illustrée à partir de mon projet doctoral, qui consiste en une ethnographie participative avec deux organisations dédiées à l’accès au logement pour les ménages à faible revenu de Parc-Extension, un quartier au centre-ouest de Montréal. Je conclus l’article en partageant des réflexions sur le rôle des ethnographes comme intermédiaires et comme créateurs et créatrices de liens entre différents mondes sociaux, et notamment entre le monde de la recherche universitaire, les différentes communautés qui prennent part à leurs études et les publics, tant universitaires que non universitaires, qui lisent et critiquent les publications basées sur ces études.
In this article, we address issues of attribution, utility, and accountability in ethnographic research. We examine the two main analytical approaches that have structured the debate on data collection and theorization in ethnography over... more
In this article, we address issues of attribution, utility, and accountability in ethnographic research. We examine the two main analytical approaches that have structured the debate on data collection and theorization in ethnography over the last five decades: an inductivist approach, with grounded theory as its main analytic strategy; and a deductivist stance, which uses field sites to explore empirical anomalies that enable an ethnographer to test and build upon pre-existing theories. We engage recent reformulations of this classical debate, with a specific focus on abductive and reflexive approaches in ethnography, and then weigh into these debates ourselves, drawing on our own experiences producing and using research in nonacademic settings. In so doing, we highlight the importance of strategy and accountability in one's ethnographic practices and accounts, advocating for an approach to ethnographic research that is reflexive and overtly responsive to the knowledge needs and change goals articulated by nonacademic collaborators. Ultimately, we argue for a research stance that we describe as tactical responsivity, whereby researchers work with key collaborators and stakeholders to identify the strategic aims and audiences for their research, and develop ethnographic, analytic, and communicative practices that enable them to generate and mobilize the knowledge required to actualize their shared aims.
Notre article souhaite offrir des pistes de réflexion sur la démocratie en temps de crise, ainsi que sur les manières d’affronter les crises de la démocratie. Nous nous basons sur deux conceptions de la démocratie, soit une première qui... more
Notre article souhaite offrir des pistes de réflexion sur la démocratie en temps de crise, ainsi que sur les manières d’affronter les crises de la démocratie. Nous nous basons sur deux conceptions de la démocratie, soit une première qui la définit comme un processus de prise de décision et de résolution des problèmes collectifs et une seconde qui l’envisage plutôt comme un idéal qui permet d’orienter nos pratiques, un horizon vers lequel tendre. La démocratie politique et la démocratie sociale sont deux composantes de cet horizon. En partant de cette double définition de la démocratie comme un processus et comme un horizon, au moins deux questions peuvent être posées. D’une part, comment pouvons-nous favoriser le développement des pratiques et des institutions démocratiques, qui encouragent le maintien d’une société civile forte et engagée, tant durant les crises que durant les périodes plus stables ? D’autre part, comment pouvons- nous intervenir politiquement durant les crises afin qu’elles mènent au renforcement de la démocratie politique et sociale, plutôt qu’à une aggravation des inégalités ?
Nous proposons, dans cet article, une réflexion sur la démocratisation de l’éthique de la recherche participative (RP), en mobilisant les concepts de communautés d’interrogation et de communautés de pratique. Ces deux types de communautés... more
Nous proposons, dans cet article, une réflexion sur la démocratisation de l’éthique de la recherche participative (RP), en mobilisant les concepts de communautés d’interrogation et de communautés de pratique. Ces deux types de communautés sont susceptibles d’ouvrir un espace pour mettre en mots les enjeux éthiques liés aux rapports de pouvoir entre cochercheurs et cochercheuses universitaires et non-niversitaires dans les RP, tout en développant des actions respectueuses des besoins et droits des différentes personnes impliquées. Ces enjeux éthiques sont examinés à la lumière des projets de recherche respectifs des coauteurs, en prêtant attention aux étapes de recueil, d’interprétation, de présentation et de diffusion des résultats de
recherche.
Rapport déposé en février 2020 par l'organisme « Brique par brique » dans le cadre d'un projet financé par le Fonds de recherche et de planification de la Stratégie nationale sur le logement (SNL).
The Parc-Extension neighborhood is located to the North of the Montreal downtown core, and is bordered by Town of Mount-Royal (to the West), Outremont and Marconi-Alexandra (to the South), Rosemont (to the East) and shopping district... more
The Parc-Extension neighborhood is located to the North of the Montreal downtown core, and is bordered by Town of Mount-Royal (to the West), Outremont and Marconi-Alexandra (to the South), Rosemont (to the East) and shopping district Marché Central to the North.
Parc-Extension has a high proportion of low-income immigrant and racialized residents, and a strong community network.
In September 2019, the Université de Montréal opened its new Campus MIL on the south edge of the neighborhood.
Residents of Parc-Extension are already feeling the impact of the new campus, less than one year after the opening.

Key findings
Housing. The opening of the new campus has caused rent hikes, evictions,  and the displacement of residents, in a context characterized by low vacancy rates in Parc-Extension and in Montreal more broadly.
Community. Community groups have been displaced and support networks are being destabilized.
Studentification and professionalization. A specific form of gentrification is occurring, caused by an influx of Université de Montréal students to the neighborhood and a speculative housing market. This will accelerate a broader professionalization process in the neighbourhood: between censuses 2006 and 2016, the rate of people holding a B.A degree and more rose from 15% to 21% and the rate of households making 80 000 $ and more rose from 4.6% to 16.5%.

Missed opportunities
Good intentions, little action. Despite public messaging, the Université de Montréal has failed to act or take responsibility for their impact on Parc-Extension.
Student housing. The University included student housing in their initial plans, but has since sold this land to private developers.
Lack of transparency. Many proactive attempts were made by the community to develop a mitigation strategy, but documentation shows the University has not meaningfully engaged with these efforts.

Moving forward
Dialogue and mitigate. The authors call on the Université de Montréal to enter into dialogue and commit to using its position for mitigation.
Many models. Many universities have taken leadership in partnering with local communities. The Université de Montréal can learn from them.
Non-profit student housing. The University should offer on-campus student housing, and work with the government to develop a province-wide strategy for non-profit student housing.
Collaborate and support. Identify, in collaboration with local community groups, ways for supporting projects that are already working to mitigate the problems that affect Parc-Extension, for example, community housing projects.
Cet article se propose d’étudier les enjeux soulevés par les inégalités ethnoraciales face au système de justice pénale dans un contexte démocratique, à partir d’une analyse en deux étapes. Nous esquissons d’abord un portrait de ces... more
Cet article se propose d’étudier les enjeux soulevés par les inégalités ethnoraciales face au système de justice pénale dans un contexte démocratique, à partir d’une analyse en deux étapes. Nous esquissons d’abord un portrait de ces inégalités au Canada. Nous mettons ensuite en lumière les conséquences de ces inégalités et, notamment, les manières dont elles contreviennent aux principes structurants de la démocratie libérale. Nous concluons en examinant des pistes de solution identifiées dans la littérature sur le sujet pour contrer ces inégalités et, par extension, pour remédier à la perte de confiance qu’elles peuvent provoquer à l’égard du système de justice pénale et, plus largement, de la société dans laquelle les personnes et les communautés concernées vivent.
Article rédigé avec Flavie Achard, Pierre Beaudet, Sébastien Bouchard, Brieg Capitaine, Donald Cuccioletta, Stéphane Chalifour, Judith Trudeau et Carole Yerochewski.
Article rédigé avec Alex Megelas et Naomi Nichols.
Article rédigé avec Alessandro Drago.
Article rédigé avec Donald Cuccioletta.
Article rédigé avec Alessandro Drago.
Article rédigé avec Pierre Beaudet.
La question des inégalités sociales et économiques a souvent été mise sous les projecteurs et dénoncée au Québec au cours des dernières années – on peut penser à la grève étudiante du printemps 2012 ou encore aux campagnes étudiantes et... more
La question des inégalités sociales et économiques a souvent été mise sous les projecteurs et dénoncée au Québec au cours des dernières années – on peut penser à la grève étudiante du printemps 2012 ou encore aux campagnes étudiantes et syndicales contre l’austérité, en 2015. Pour comprendre plus en finesse les inégalités aujourd’hui, il importe de se situer à une échelle locale, car la pauvreté et l’exclusion sociale tendent effectivement à se concentrer dans des régions et des quartiers spécifiques. Le cas de Parc-Extension, un quartier situé au nord-ouest de Montréal, est emblématique de certaines inégalités qui méritent d’être combattues et discutées plus régulièrement dans l’espace public.
Le gouvernement québécois présente l’embellie économique actuelle comme le résultat favorable de ses politiques budgétaires, et notamment de l’application de mesures dites de « rigueur » ayant permis de résorber le déficit. De fait, ce... more
Le gouvernement québécois présente l’embellie économique actuelle comme le résultat favorable de ses politiques budgétaires, et notamment de l’application de mesures dites de « rigueur » ayant permis de résorber le déficit. De fait, ce dernier a maintenu l’approche des finances publiques instaurée au Québec depuis le tournant des années 2000 en matière de politiques économiques. En vertu de celle-ci, le présent gouvernement cherche à stimuler l’investissement privé en réduisant les impôts et les dépenses publiques, en offrant de multiples exemptions fiscales et subventions pour le secteur privé et en haus- sant la tarification des services. Cette approche conservatrice a guidé tant les gouverne- ments de Lucien Bouchard, de Jean Charest et de Philippe Couillard. Mais ces politiques favorisent-elles réellement la croissance de l’économie québécoise et le niveau de vie des ménages québécois ? À l’heure où le gouvernement mise sur une « stabilité économique » dont il serait responsable afin d’obtenir sa réélection, les orientations budgétaires des dernières années semblent plutôt génératrices d’instabilité en plus de nuire à la prospé- rité. À l’aide d’un modèle de type «vecteur autorégressif structurel» (SVAR), cette étude examine l’effet des politiques budgétaires au Québec depuis une quinzaine d’années.
Aux États-Unis comme au Canada, à des degrés divers, les minorités racisées et les Autochtones sont parmi les plus touchés par les politiques pénales répressives qui se sont substituées aux politiques sociales.
Article rédigé avec Nicolas Villamarin.
La question des réfugiés fait couler beaucoup d’encre, leur nombre et leur présence médiatique s’étant considérablement accrus avec l’aggravation de la crise politique en Syrie. L’accueil d’une partie de ces personnes déplacées par la... more
La question des réfugiés fait couler beaucoup d’encre, leur nombre et leur présence médiatique s’étant considérablement accrus avec l’aggravation de la crise politique en Syrie. L’accueil d’une partie de ces personnes déplacées par la guerre divise l’opinion
publique au Canada –plusieurs voyant effectivement dans cette immigration, perçue comme massive, un défi d’intégration insurmontable, voire une menace potentielle pour la sécurité nationale.

Si ce sujet fait les manchettes depuis maintenant plusieurs mois, un fait essentiel semble toutefois omis dans la plupart des débats qu’il suscite. C’est que le choix qui attend les réfugiés au terme de leur périple ne se résume pas, comme on le laisse trop souvent entendre, à s’intégrer à un pays d’accueil ou à retourner dans leur pays d’origine. Cette façon de présenter les choses pose problème, parce qu’elle exclut une autre destination qui concerne pourtant un nombre croissant de personnes à travers le monde : les camps.
Penser un retour en force de l'art et de la politique nous invite à concevoir la manière dont ils se définissent et se construisent réciproquement, à tracer les composantes du dialogue qui les lie. Le présent article se livre à cet... more
Penser un retour en force de l'art et de la politique nous invite à concevoir la manière dont ils se définissent et se construisent réciproquement, à tracer les composantes du dialogue qui les lie. Le présent article se livre à cet exercice à partir de la pensée de Jacques Rancière.
Référence : Folco, J. D. (dir.) (2021). Montréal en chantier : Les défis d'une métropole pour le XXIe siècle. Éditions Écosociété, 216-229.
Chapitre rédigé avec Frédérick Guillaume Dufour et Michel-Philippe Robitaille.

Référence : Dufour, F. G. (2019). La sociologie du nationalisme : relations, cognition, comparaisons et processus. Presses de l'Université du Québec, 417-473.
Pierre Michon a écrit, dans son étude sur Rimbaud, que la photographie permet de bricoler de l’avenir avec du passé. Nous créons des images pour nous aider à nous définir et à nous orienter, pour alimenter nos démarches et donner un ton... more
Pierre Michon a écrit, dans son étude sur Rimbaud, que la photographie permet de bricoler de l’avenir avec du passé. Nous créons des images pour nous aider à nous définir et à nous orienter, pour alimenter nos démarches et donner un ton et une épaisseur à ce que nous avons vécu. La photographie occupe une place centrale dans la fabrique de nos souvenirs, tout comme dans les recueils d’Emmanuelle Riendeau et de Stéfanie Tremblay. Leurs pages sont ponctuées d’images dans lesquelles s’écoule un fleuve de tendresse et de violence, d’espoir et de regret. Ces images, qui consistent essentiellement en des scènes qui évoquent des moments passés avec des proches et des ami·e·s, permettent aux autrices d’aborder plusieurs thèmes, de manière directe ou oblique – l’alcoolisme et la toxicomanie, la tristesse des banlieues, la rébellion et les scènes culturelles alternatives, la condition ouvrière après des décennies de politiques néolibérales et de désindustrialisation, le sexisme. On discerne aussi, au travers de tout cela, des vies qui s’entêtent face à la précarité, la stigmatisation et l’ennui.
Les mouvements sociaux sont couramment étudiés par des chercheuses et des chercheurs qui souhaitent mieux comprendre les ressorts de l’action collective, les motivations qui mènent différentes personnes à s’engager, les obstacles auxquels... more
Les mouvements sociaux sont couramment étudiés par des chercheuses et des chercheurs qui souhaitent mieux comprendre les ressorts de l’action collective, les motivations qui mènent différentes personnes à s’engager, les obstacles auxquels elles font face ainsi que les ressources et les stratégies qu’elles emploient pour affronter ces obstacles. Parmi les thèmes qui ont été l’objet d’une attention importante dans ce domaine au cours de la dernière décennie, nous pouvons mentionner le rôle joué par les émotions dans l’évolution des mouvements sociaux, la dimension existentielle et « préfigurative » des pratiques promues par ces mouvements et la popularité croissante des revendications axées sur l’autonomie et d’un répertoire d’actions centré sur la perturbation et la « destitution », par exemple les occupations, les blocages et les attaques directes contre des symboles du pouvoir. Ces travaux méritent d’être complémentés par des recherches qui se concentrent sur les connaissances produites par les personnes impliquées dans des mouvements sociaux. carla bergman et Nick Montgomery contribuent à cet effort avec leur ouvrage « Joie militante. Construire des luttes en prise avec leurs mondes », qui s’appuie sur des études de cas, des entrevues menées avec des militant-e-s et des travaux en philosophie et en sciences sociales pour examiner la question de la joie, conçue comme un processus qui accroît notre capacité à nous lier aux autres, à partager des expériences et à agir ensemble.
Recension rédigée avec Nuzhat Niaz. Que permet la littérature face à un monde abîmé ? Comment employer les mots, avec les sentiments et les fresques qu’ils produisent en nous, pour continuer à avancer malgré les déboires et les regrets,... more
Recension rédigée avec Nuzhat Niaz. Que permet la littérature face à un monde abîmé ? Comment employer les mots, avec les sentiments et les fresques qu’ils produisent en nous, pour continuer à avancer malgré les déboires et les regrets, pour préciser ce qui nous importe et affronter les circonstances ? Tant dans son dernier recueil que dans sa démarche artistique plus générale, la poétesse Ada Limón nous propose des pistes pour grandir avec la littérature et en diversifier les usages. Pour Limón, celle-ci peut en effet nous accompagner dans nos questionnements, nos changements et nos guérisons, elle soutient nos tentatives pour faire communauté et pour adopter une perspective plus aimante sur la vie.
Le concept d’intersectionnalité, qui invite à reconnaître la complexité des identités et des inégalités sociales à partir d’une approche globale et intégrée, constitue l’une des propositions théoriques en sciences sociales qui a eu la... more
Le concept d’intersectionnalité, qui invite à reconnaître la complexité des identités et des inégalités sociales à partir d’une approche globale et intégrée, constitue l’une des propositions théoriques en sciences sociales qui a eu la plus grande influence au cours des dernières décennies, dans des domaines aussi variés que les études féministes, le droit, les arts et l’histoire, parmi de nombreux autres exemples, ainsi que dans plusieurs mobilisations sociales. L’ouvrage « De l’exclusion à la solidarité. Regards intersectionnels sur les médias » offre des pistes de réflexion sur l’intersectionnalité, en examinant la représentation dans l’espace public des personnes et des communautés soumises à différentes formes de marginalisation et de discrimination dans nos sociétés, ainsi que les stratégies qui peuvent être employées pour contrer l’invisibilisation et la mise à l’écart de ces personnes et de ces communautés.
Dans un article publié par la London Review of Books en novembre 1980, quelques mois après le décès de Jean-Paul Sartre, le sociologue Pierre Bourdieu examine les conditions qui ont permis au philosophe existentialiste de se hisser au... more
Dans un article publié par la London Review of Books en novembre 1980, quelques mois après le décès de Jean-Paul Sartre, le sociologue Pierre Bourdieu examine les conditions qui ont permis au philosophe existentialiste de se hisser au sommet du champ intellectuel français dans la période d’après-guerre. Bourdieu affirme que Sartre est parvenu à faire converger, en sa propre personne, différentes manières d’être un·e intellectuel·le qui étaient auparavant séparées (philosophe, critique littéraire, militant·e, écrivain·e, etc.), ce qui a maximisé son influence en lui permettant d’intervenir dans une grande variété de milieux. L’analyse offerte par Bourdieu met en lumière le contexte social qui a assuré à Sartre une place aussi importante dans l’espace public en France et à l’international, ainsi que les facteurs qui ont transformé durablement ce contexte, notamment les pressions exercées par la bureaucratie gouvernementale, les médias et le marché des biens culturels, qui ont réduit considérablement l’autonomie de l’intelligentsia française. Nous pouvons reconnaître, dans les deux ouvrages recensés ici, un effort semblable pour dépersonnaliser la question de la création et des oeuvres, en les abordant en termes de conditions sociales, de stratégies et de publics plutôt que d’individus exceptionnels. La créativité de la crise se penche sur la production des oeuvres artistiques, en nous invitant à décentrer le regard que nous portons sur ce processus, tandis que L’art impossible propose une perspective critique sur la circulation et la réception des oeuvres. Ces deux livres méritent pleinement notre attention, tant pour les réflexions qu’ils mettent de l’avant que pour leur contribution à une lecture plus fine des croisements entre les arts et les sciences sociales.
Les débats qui occupent les chercheur·es en sciences sociales se situent souvent à la croisée de la théorie et de la méthode. Quels sont, par exemple, les phénomènes sociaux ou les unités d’analyse que nous examinons dans nos travaux ?... more
Les débats qui occupent les chercheur·es en sciences sociales se situent souvent à la croisée de la théorie et de la méthode. Quels sont, par exemple, les phénomènes sociaux ou les unités d’analyse que nous examinons dans nos travaux ? Comment ces phénomènes et ces unités peuvent-ils nous aider à peaufiner ou à corriger différentes propositions théoriques ? Quelles méthodes nous permettent de mettre à l’épreuve une théorie ? Ou encore, quels sont les écueils méthodologiques qui nous empêchent de développer une théorie à propos d’un phénomène social, et comment les éviter ? À partir de quel moment une théorie est-elle aussi spéculative qu’une conspiration ? Comment pouvons-nous soumettre des conspirations à l’enquête scientifique ?

Pour les fins de cette recension, deux stratégies de recherche nous interpellent particulièrement, puisqu’elles peuvent servir, selon nous, de tremplin au renouvellement de la réflexion en sociologie politique. La première stratégie de recherche consiste en l’élaboration de concepts qui permettent d’analyser et de comparer des régularités dans l’organisation de la vie sociale, en identifiant ce qui est généralisable dans différents contextes. C’est la stratégie au coeur de l’ouvrage Generally Speaking : An Invitation to Concept-driven Sociology d’Eviatar Zerubavel, professeur en sociologie à l’Université Rutgers. Une deuxième stratégie de recherche renvoie plutôt à l’étude des mondes sociaux, que nous pouvons définir comme des communautés qui lient des acteur·rices entre eux et elles et qui font office de groupes intermédiaires entre les individus et des structures sociales plus larges telles que les États et les marchés. C’est la stratégie à laquelle s’intéresse Gary Alan Fine, professeur en sociologie à l’Université Northwestern, dans The Hinge : Civil Society, Group Cultures, and the Power of Local Commitments. Après avoir offert une synthèse de la stratégie développée dans les deux ouvrages, nous mettons en lumière comment des recherches situées à une échelle méso-sociologique, centrées sur l’analyse comparative de mondes sociaux s’appuyant sur des concepts utilisés en sociologie, en psychologie sociale et en science politique, peuvent contribuer à l’avancée des connaissances en sociologie politique.
Le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval ont publié ensemble plusieurs ouvrages marquants, dont « La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale » (La Découverte, 2009) et « Commun. Essai sur la... more
Le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval ont publié ensemble plusieurs ouvrages marquants, dont « La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale » (La Découverte, 2009) et « Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle » (La Découverte, 2014). Leur projet intellectuel vise tant à élaborer une critique de l’organisation actuelle de nos sociétés qu’à proposer des stratégies pour favoriser le développement des communs et réduire l’emprise dont les marchés et les États disposent sur nos vies. Leur livre « Dominer. Enquête sur la souveraineté de l’État en Occident » se concentre pour sa part sur la souveraineté, qui désigne « la domination exercée, à l’intérieur d’un territoire donné, par une puissance étatique sur la société et sur chacun de ses membres. Autrement dit, c’est le concept d’une forme spécifique de domination, celle de l’État moderne. » (p. 17) Face à l’augmentation des inégalités sous le néolibéralisme avancé, au recul important des libertés démocratiques et au « renforcement des moyens réglementaires, judiciaires, policiers et parfois militaires de la domination » (p. 28), Dardot et Laval soutiennent deux thèses : « en premier lieu, que l’État émerge tardivement dans l’histoire humaine, en second lieu, que les deux traits par lesquels Bodin caractérise la souveraineté (“absoluité” et “perpétuité”) valent exclusivement de l’État moderne au lieu de valoir de tout État » (p. 36). Les auteurs offrent ensuite une enquête généalogique sur la formation de la souveraineté étatique moderne, en esquissant également les contours d’une souveraineté populaire que nous devrions approfondir afin d’affronter les défis de notre époque.
L’histoire se passe tantôt au Connecticut, tantôt dans des champs en flammes au nord du Vietnam. Little Dog, le personnage principal, se situe entre plusieurs mondes, c’est- à-dire entre plusieurs désirs et plusieurs blessures. Un bref... more
L’histoire se passe tantôt au Connecticut, tantôt dans des champs en flammes au nord du Vietnam. Little Dog, le personnage principal, se situe entre plusieurs mondes, c’est- à-dire entre plusieurs désirs et plusieurs blessures. Un bref instant de splendeur est une lettre adressée à sa mère, dans laquelle il aborde leurs vies respectives, les événements qui ont ponctué celles-ci et des thèmes comme la souffrance et la joie, la dureté et la tendresse, le deuil et la quête d’un chez-soi.
In the span of a few decades, “gentrification” went from a term coined by sociologist Ruth Glass to describe the residential dynamics she observed in certain working‐class neighbourhoods of inner London (Glass, 1964) to one used by... more
In the span of a few decades, “gentrification” went from a term coined by sociologist Ruth Glass to describe the residential dynamics she observed in certain working‐class neighbourhoods of inner London (Glass, 1964) to one used by various movements around the world to denounce the forced residential displacement of the poor and marginalized (Slater, 2011), and by numerous researchers to examine the evolution of economic growth strategies and social inequalities in urban settings (Smith, 2002) as well as rural areas (Phillips, 2010). Leslie Kern, the author of Feminist city: A field guide (Kern, 2019), provides, with her latest book, a compelling case against readings of gentrification that depict it as a natural or one‐dimensional phenomenon. Instead, she presents gentrification as a complex political process involving deliberate choices and many roads not taken. Gentrification is inevitable and other lies weaves together life stories, research in social sciences, and insights from grassroots mobilization to show both the underlying forces that shape gentrification and the tactics that can be used to counter it.
Recension rédigée avec Yannick Baumann. Hélène Bélanger et Dominic Lapointe proposent, avec Perspectives critiques et analyse territoriale. Applications urbaines et régionales, un survol des perspectives critiques en géographie, à... more
Recension rédigée avec Yannick Baumann.

Hélène Bélanger et Dominic Lapointe proposent, avec Perspectives critiques et analyse territoriale. Applications urbaines et régionales, un survol des perspectives critiques en géographie, à partir d’études menées au Québec. Ces études s’inspirent tant des approches marxistes que des approches intersectionnelles, et elles contribuent ensemble au développement d’une « science sociale en action », dont l’objectif est de « redéfinir le monde et l’être ensemble dans une pluralité de regards et de voix, à la manière des chœurs qui, dans leur unité polyphonique, commentent, expliquent et critiquent l’action » (p. 10).
Recension rédigée avec Léandre Plouffe. Avec Changer : méthode, Édouard Louis effectue un nouveau retour sur son passé, en se concentrant sur des épisodes qui l’ont marqué et en s’efforçant de restituer, le plus fidèlement possible, les... more
Recension rédigée avec Léandre Plouffe. Avec Changer : méthode, Édouard Louis effectue un nouveau retour sur son passé, en se concentrant sur des épisodes qui l’ont marqué et en s’efforçant de restituer, le plus fidèlement possible, les fils rouges et les ruptures qui ont ponctué son parcours. Ce cinquième roman reprend plusieurs questions abordées dans les ouvrages précédents de Louis, notamment la violence de la pauvreté et les nombreux défis auxquels les personnes qui veulent s’en extraire sont confrontées, mais l’analyse qu’il offre ici de son « odyssée » comprend aussi des éléments inédits : une plus grande attention aux personnes qui l’ont aidé à changer et qui l’ont accompagné dans son devenir, une expérimentation plus poussée de différents styles d’écriture (une séance de questions et de réponses entre Louis et son lectorat, des extraits de courriels, un monologue en hommage à Jean-Luc Lagarce), ainsi qu’un regard plus tendre et nuancé sur son milieu d’origine.
Le cinéaste Ken Loach et l’écrivain Édouard Louis offrent chacun une oeuvre dénonçant les inégalités et prenant fermement position en faveur des personnes et des communautés les plus marginalisées dans nos sociétés. Dialogue sur l’art et... more
Le cinéaste Ken Loach et l’écrivain Édouard Louis offrent chacun une oeuvre dénonçant les inégalités et prenant fermement position en faveur des personnes et des communautés les plus marginalisées dans nos sociétés. Dialogue sur l’art et la politique permet à Loach et Louis de partager des réflexions sur la gauche contemporaine et le rôle des pratiques artistiques dans le changement social et la contestation du pouvoir. Trois thèmes s’y démarquent : les stratégies visant à renforcer la gauche, les croisements entre l’intime et la politique et les conditions permettant à l’art de contribuer à des processus de transformation sociale.
Avec ce deuxième ouvrage aux éditions Écosociété, qui fait suite à un premier livre portant sur les luttes pour le droit au logement (Saillant, 2018), l’organisateur communautaire François Saillant offre une analyse de différentes... more
Avec ce deuxième ouvrage aux éditions Écosociété, qui fait suite à un premier livre portant sur les luttes pour le droit au logement (Saillant, 2018), l’organisateur communautaire François Saillant offre une analyse de différentes initiatives qui ont participé, dans les cent quarante dernières années au Québec, à « la tentative inlassablement répétée de porter la cause des travailleurs et des travailleuses sur la scène politique en vue de la construction d’une société plus juste, égalitaire, socialiste dans le sens large du terme » (14). Ce survol historique aspire tant à entretenir une « mémoire militante » qu’à contribuer aux discussions en cours au sein de la gauche québécoise.
Les travaux portant sur l’innovation sociale et son rôle dans l’évolution des modèles de développement constituent l’un des axes de recherche les plus importants dans la production québécoise en sciences sociales depuis les années 1980,... more
Les travaux portant sur l’innovation sociale et son rôle dans l’évolution des modèles de développement constituent l’un des axes de recherche les plus importants dans la production québécoise en sciences sociales depuis les années 1980, comme en témoignent le dynamisme du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et les nombreux articles dédiés aux innovations sociales dans des revues telles que Économie et Solidarités, Revue Interventions économiques et Nouvelles pratiques sociales, ou encore les ouvrages parus dans la collection « Innovation sociale » aux Presses de l’Université du Québec. Marie J. Bouchard, professeure titulaire au département d’organisation et ressources humaines de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), propose avec cet ouvrage une série d’entretiens avec Benoît Lévesque, théoricien de l’innovation sociale, professeur émérite au département de sociologie de l’UQAM et cofondateur du CRISES et de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS). Ces entretiens permettent d’en apprendre davantage sur la trajectoire personnelle du sociologue, ainsi que sur sa vision de l’histoire du Québec, de la Révolution tranquille jusqu’à nos jours. Ils offrent également des pistes de réflexion fortes sur l’avenir du modèle de développement québécois et sur l’importance de la sociologie engagée pour affronter les défis contemporains.
Combattre le why-why a été présenté par Rébecca Déraspe en soirée unique le 30 janvier 2020 au Théâtre La Licorne, dans le cadre d’une « carte blanche ». L’autrice y offre des réflexions sur les manières de faire face à la vie, de guérir... more
Combattre le why-why a été présenté par Rébecca Déraspe en soirée unique le 30 janvier 2020 au Théâtre La Licorne, dans le cadre d’une « carte blanche ». L’autrice y offre des réflexions sur les manières de faire face à la vie, de guérir de nos échecs et de nos déceptions, de faire la paix avec nos travers et notre complexité, de reconnaître nos possibles et notre beauté, aussi. On y découvre des histoires comme on s’en raconte souvent – des histoires drôles, tristes, rassurantes, certaines qui libèrent l’esprit et d’autres qui nous enfoncent, nous terrassent, nous privent de nos forces. On y retrouve également l’intuition partagée par Deborah Levy dans Le coût de la vie (2020), selon laquelle nous sommes tous et toutes connecté⋅e⋅s à la cruauté et à la bonté des autres. C’est un récit courageux et fragile, courageux parce que fragile, un monologue théâtral qui emprunte à la poésie les phrases courtes, le franc-parler et la fougue, un refus de céder devant tout ce qui nous y invite.
Recension rédigée avec Nicolas Villamarin. Les dernières années ont été marquées par un recul inquiétant de la vague rose, qui figure parmi les plus importants cycles de luttes menés par la gauche à travers le monde depuis le début des... more
Recension rédigée avec Nicolas Villamarin.

Les dernières années ont été marquées par un recul inquiétant de la vague rose, qui figure parmi les plus importants cycles de luttes menés par la gauche à travers le monde depuis le début des années 2000. Cette vague, qui s’est manifestée entre autres au Brésil, en Bolivie, en Équateur, au Venezuela et en Argentine, se bute actuellement à un ressac, dont le président brésilien Jair Bolsonaro représente sans doute l’exemple le plus dramatique. L’anthropologue Eduardo Viveiros de Castro, connu pour ses études sur le terrain avec le peuple Araweté au nord de l’Amazonie et son concept de « perspectivisme », offre avec Politique des multiplicités. Pierre Clastres face à l’État une analyse des travaux de Pierre Clastres qui peut éclairer, à plusieurs égards, les enjeux auxquels le Brésil fait face. Clastres, qui a notamment écrit La société contre l’État (1974) et Archéologie de la violence (1997), offre selon Viveiros de Castro des clés de lecture pour affronter les défis de notre époque, de la montée internationale de l’autoritarisme de droite en passant par l’aggravation des inégalités et la crise environnementale.
Dans cette deuxième édition actualisée de son ouvrage, la sociologue Liora Israël s'intéresse au droit comme outil de contestation et de transformation sociale. Qu'il soit employé comme une arme offensive, permettant de faire valoir des... more
Dans cette deuxième édition actualisée de son ouvrage, la sociologue Liora Israël s'intéresse au droit comme outil de contestation et de transformation sociale. Qu'il soit employé comme une arme offensive, permettant de faire valoir des droits ou d'en obtenir de nouveaux, ou encore comme une arme défensive qui assure une certaine protection face à une poursuite ou une accusation, le droit joue un rôle central dans les mobilisations politiques contemporaines. Pour cette raison, il mérite une attention particulière si nous souhaitons mieux comprendre ces dernières, les conditions qui favorisent leur succès, et les défis auxquels elles sont confrontées.
Dean Spade, militant trans et professeur de droit à la Seattle University School of Law, offre avec cet ouvrage une réflexion importante sur l’entraide, l’engagement communautaire et les luttes pour la justice sociale, qui permettent à la... more
Dean Spade, militant trans et professeur de droit à la Seattle University School of Law, offre avec cet ouvrage une réflexion importante sur l’entraide, l’engagement communautaire et les luttes pour la justice sociale, qui permettent à la fois de répondre à différents besoins dans nos collectivités et de renforcer les possibilités de résistance populaire face aux crises en cours et à venir.
Plusieurs études en psychologie, en démo- graphie et en sciences de la santé ont documenté des tendances préoccupantes au cours des dernières décennies, parmi lesquelles figurent une montée dramatique de l’isolement social et une... more
Plusieurs études en psychologie, en démo- graphie et en sciences de la santé ont documenté des tendances préoccupantes au cours des dernières décennies, parmi lesquelles figurent une montée dramatique de l’isolement social et une diminution généralisée du nombre de relations amicales ou de proximité à l’extérieur des cercles familiaux. Des chercheurs et des chercheuses vont jusqu’à parler d’une «épidémie de solitude » pour désigner ces différents phénomènes, en soulignant leurs conséquences néfastes pour la santé mentale et physique des personnes concernées. La sociologue Eva Illouz aborde, dans The End of Love, la fragilisation des liens sociaux à partir des relations intimes.
Cet ouvrage nous offre un inventaire d’idées en théorie sociologique générale qui permettent, selon les deux éditeurs, d’enrichir le regard que nous posons sur le management et les organisations. Le pari de Stewart Clegg et de Miguel Pina... more
Cet ouvrage nous offre un inventaire d’idées en théorie sociologique générale qui permettent, selon les deux éditeurs, d’enrichir le regard que nous posons sur le management et les organisations. Le pari de Stewart Clegg et de Miguel Pina e Cunha est effectivement que les auteurs et les courants théoriques examinés dans leur livre emploient des outils conceptuels propres aux sciences sociales afin d’étudier des questions qui intéressent aussi les analystes en gestion organisationnelle, telles que le pouvoir, les institutions et la complexité des systèmes sociaux.
Milan Kundera écrit dans Le livre du rire et de l’oubli (Gallimard, 1979) que chaque personne a deux biographies amoureuses, soit une première qui consiste en une liste plus ou moins longue de liaisons et de rencontres, et une seconde,... more
Milan Kundera écrit dans Le livre du rire et de l’oubli (Gallimard, 1979) que chaque personne a deux biographies amoureuses, soit une première qui consiste en une liste plus ou moins longue de liaisons et de rencontres, et une seconde, plus intéressante, qui regroupe plutôt les relations qui n’ont pas eu lieu, les espoirs déçus et les cœurs endeuillés. Je suis l’ennemie, premier livre de Karianne Trudeau Beaunoyer, plonge dans ces espaces où les absences parlent plus fort que tout le reste, où les ombres et les silences l’emportent sur les paroles, les gestes et la lumière.
Parmi les thèmes qui traversent le théâtre d’Anton Tchekhov, on peut noter une tension entre l’anodin et le vertigineux, ou plus précisément une impression que les personnages vivent entre deux mondes, soit celui de l’histoire, des... more
Parmi les thèmes qui traversent le théâtre d’Anton Tchekhov, on peut noter une tension entre l’anodin et le vertigineux, ou plus précisément une impression que les personnages vivent entre deux mondes, soit celui de l’histoire, des grandes décisions et des destinées collectives, et celui de l’ordinaire, des drames privés et des intrigues dérisoires. Les personnages tchékhoviens font face à cette tension avec un mélange de confusion, de désespoir et d’ennui, comme en témoigne ce passage frappant dans La Cerisaie : « Je suis un homme évolué, je lis des bouquins remarquables, et cependant je n’arrive pas à saisir la direction de mes pensées ; qu’est-ce que je veux, au juste : vivre, ou me faire sauter la cervelle ? » (Tchekhov, 2012 [1974], Théâtre complet II, Paris, Gallimard, p. 369.) Cette difficulté à habiter le temps du quotidien et celui de l’histoire est particulièrement vive dans les périodes de crise sociale, durant lesquelles les coutumes se fragilisent, le tracé des jours se trouble, le cortège des habitudes se délite, perd en précision. Le théâtre se prête bien à l’examen de telles crises, en illustrant comment ces dernières se traduisent sur le plan des interactions sociales, comment elles pèsent sur le rapport à soi et aux autres. Les deux pièces qui nous intéressent ici proposent, chacune à sa manière, de situer les passions et les conflits qui unissent et divisent leurs personnages au sein d’un portrait plus large du monde contemporain, caractérisé par de profonds bouleversements et par un mélange de fatigue, de colère et d’inquiétude.
Paru pour la première fois en 1971 aux éditions Parti Pris, cette édition revue et augmentée de l’ouvrage On n’est pas des trous-de-cul inclut le texte original, une postface rédigée en 1984 pour un projet de réédition abandonné et une... more
Paru pour la première fois en 1971 aux éditions Parti Pris, cette édition revue et augmentée de l’ouvrage On n’est pas des trous-de-cul inclut le texte original, une postface rédigée en 1984 pour un projet de réédition abandonné et une entrevue menée par Moult Éditions avec Marie Letellier et son compagnon, Jean-Pierre Sauvé. Cinq décennies après sa première publication, le livre constitue toujours une référence pertinente pour l’étude de la pauvreté et des inégalités en contexte urbain.
À l’aube de la décennie 2020, de nombreuses questions demeurent à résoudre pour les mouvements à gauche de l’échiquier politique : Que faire ? Quoi revendiquer ? Comment s’organiser, et avec qui ? Ces questions peuvent être regroupées,... more
À l’aube de la décennie 2020, de nombreuses questions demeurent à résoudre pour les mouvements à gauche de l’échiquier politique : Que faire ? Quoi revendiquer ? Comment s’organiser, et avec qui ? Ces questions peuvent être regroupées, avec bien d’autres, dans trois champs d’interrogation principaux. Le premier inclut les analyses du monde contemporain qui prêtent attention à des systèmes inégalitaires tels que le capitalisme, le racisme et le patriarcat. Le second champ se penche sur les stratégies et les identités collectives qui peuvent faciliter les processus de changement social, tandis que le troisième champ examine plutôt les modèles de société émancipée qui peuvent inspirer les mobilisations en cours. Les trois ouvrages recensés ici proposent des réflexions qui s’inscrivent dans chacun de ces champs. Le livre du sociologue Erik Olin Wright offre ainsi une étude critique du capitalisme et un portrait de différents modèles alternatifs désignés sous le concept d’utopie réelle, tout en abordant la question des stratégies à partir d’une analyse de l’État comme entité contradictoire et du rôle des identités collectives dans la formation de coalitions politiques. Les deux autres ouvrages, l’un rédigé par la philosophe Nancy Fraser et l’autre par Fraser en collaboration avec la philosophe Cinzia Arruzza et de l’historienne Tithi Bhattacharya, se concentrent sur les stratégies de transformation et les identités collectives, en employant les concepts de reproduction sociale et de bloc hégémonique pour nous aider à mieux comprendre le monde et nous inviter à le changer.
Dans cet ouvrage court et percutant, le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie propose de nombreuses pistes de réflexion sur les mouvements de gauche et le changement social, en prenant comme point de départ la question suivante... more
Dans cet ouvrage court et percutant, le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie propose de nombreuses pistes de réflexion sur les mouvements de gauche et le changement social, en prenant comme point de départ la question suivante : « À quelles conditions la politique progressiste peut-elle à nouveau prendre la forme d’une action efficace ? ». Lagasnerie souligne entre autres la nécessité d’un « moment utilitariste » centré sur les possibilités concrètes de réussite des actions et des stratégies militantes, ce qui suppose de « construire un autre imaginaire de la lutte et de nos façons de nous mettre en mouvement ».
Notre époque nous met face à plusieurs défis importants, de l’augmentation des inégalités socioéconomiques aux changements climatiques en passant par la baisse de l’engagement civique et politique dans la plupart des démocraties libérales... more
Notre époque nous met face à plusieurs défis importants, de l’augmentation des inégalités socioéconomiques aux changements climatiques en passant par la baisse de l’engagement civique et politique dans la plupart des démocraties libérales avancées. Les sciences sociales peuvent nous aider à affronter ces défis en proposant des concepts qui permettent à la fois de mieux comprendre les enjeux contemporains et d’identifier des pistes de solution adaptées aux contextes et aux besoins locaux. Le sociologue Eric Klinenberg s’est prêté à un tel exercice dans son ouvrage Palaces for the People: How Social Infrastructure Can Help Fight Inequality, Polarization, and the Decline of Civic Life, qui se concentre sur la question des infrastructures sociales.
Recension rédigée avec Paul Lebel. Le sociologue Loïc Wacquant mène depuis plus de trois décennies des recherches à la croisée de nombreuses disciplines et portant sur des thèmes aussi variés que le système de justice pénale, les... more
Recension rédigée avec Paul Lebel. Le sociologue Loïc Wacquant mène depuis plus de trois décennies des recherches à la croisée de nombreuses disciplines et portant sur des thèmes aussi variés que le système de justice pénale, les inégalités ethnoraciales et le néolibéralisme. Cet ouvrage dirigé par John Flint et Ryan Powell vise à introduire les analyses de Wacquant et à montrer comment elles sont prises en compte ou remises en question par des chercheur·euse·s en sciences sociales.
La fuite hors du monde social, cette « machine à détruire l’amour » (p. 173), joue un rôle important dans les romans de Michel Houellebecq. Ses personnages cherchent souvent à s’évader, puisqu’ils ne parviennent pratiquement jamais à se... more
La fuite hors du monde social, cette « machine à détruire l’amour » (p. 173), joue un rôle important dans les romans de Michel Houellebecq. Ses personnages cherchent souvent à s’évader, puisqu’ils ne parviennent pratiquement jamais à se tailler une place parmi leurs semblables, ils ne réussissent ni à établir des liens sincères et durables avec les autres ni à donner un sens à leur vie. Ces individus incapables d’aimer et d’être aimés ne représentent pas pour Houellebecq une exception navrante, mais plutôt un phénomène répandu, le résultat d’un long délitement des relations humaines sous le néolibéralisme avancé. Les portraits de société que l’auteur brosse dans ses œuvres lui ont permis de devenir une sorte de porte-parole littéraire des personnes laissées derrière par le libre-échange, le recul des traditions judéo-chrétiennes et le changement des mœurs sexuelles depuis les années 1960. Dans Sérotonine, Houellebecq mène ses préoccupations habituelles (la misère affective et sexuelle des classes moyennes du Nord global, la perte de repères existentiels, la fragmentation sociale, le triomphe de l’individualisme, et ainsi de suite) à leur conclusion ultime, en les exagérant d’une manière qui expose, à plusieurs égards, leurs limites.
L’ethnographie est une méthode de collecte de données employée dans de nombreuses disciplines. Elle suppose de se familiariser avec les pratiques, les savoirs et les visions du monde qui circulent dans un environnement social donné, afin... more
L’ethnographie est une méthode de collecte de données employée dans de nombreuses disciplines. Elle suppose de se familiariser avec les pratiques, les savoirs et les visions du monde qui circulent dans un environnement social donné, afin de mieux comprendre les significations que les personnes impliquées dans ce même environnement accordent à leurs expériences et à leur vie. La sociologue Miriam Boeri et la criminologue Rashi K. Shukla ont réuni, pour cet ouvrage, plusieurs chercheurs et chercheuses qui partagent, à partir de leurs propres travaux avec des populations invisibilisées et difficiles à atteindre, des réflexions poignantes sur l’approche ethnographique, les défis tant logistiques qu’émotionnels auxquels il·elle·s se sont heurté·e·s en menant leurs enquêtes de terrain, ainsi que les stratégies utilisées pour affronter ces défis.
Jardim Gramacho est un quartier situé au nord-est de l’État de Rio de Janeiro, qui a accueilli entre 1978 et 2012 l’un des plus vastes dépotoirs au monde. Environ 70 millions de tonnes de déchets ont été déversés dans cette décharge... more
Jardim Gramacho est un quartier situé au nord-est de l’État de Rio de Janeiro, qui a accueilli entre 1978 et 2012 l’un des plus vastes dépotoirs au monde. Environ 70 millions de tonnes de déchets ont été déversés dans cette décharge durant ces 34 années, dont la grande majorité provenait de la ville de Rio de Janeiro (p. 18). En se basant sur un travail de terrain réalisé entre 2005 et 2012, l’ouvrage de l’anthropologue Kathleen M. Millar offre à la fois une riche description ethnographique des activités menées par les catadores – des personnes qui collectent des matières recyclables dans des décharges brésiliennes pour ensuite les vendre – et une analyse tranchante de plusieurs propositions courantes en sciences sociales sur des enjeux tels que la précarité, le travail et l’économie.
Plusieurs concepts en sciences sociales comportent à la fois une dimension descriptive et prescriptive, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés tant pour étudier des réalités existantes que pour définir des situations souhaitables.... more
Plusieurs concepts en sciences sociales comportent à la fois une dimension descriptive et prescriptive, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés tant pour étudier des réalités existantes que pour définir des situations souhaitables. Manuel pour changer le monde, un ouvrage corédigé par sept professeur.e.s de l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère à l’Université Saint-Paul, se penche sur un tel concept qui renvoie simultanément à des pratiques concrètes et à un horizon permettant d’orienter ces mêmes pratiques. L’innovation sociale est ainsi présentée par les autrices et les auteurs comme un champ qui propose « la création d’entreprises sociales et collectives comme outil potentiel de changement, [mais qui] déborde largement ce cadre pour inclure l’ensemble des initiatives et expérimentations collectives visant à combler des besoins insatisfaits tout en faisant la promotion de la démocratie et de la justice sociale » (p. 13).
Le monde social procure des raisons d’être, un sentiment que notre existence est justifiée, mais cette possibilité d’être reconnu·e et de se voir accorder une valeur par autrui est inégalement répartie. Nous pouvons nous demander ce qu’il... more
Le monde social procure des raisons d’être, un sentiment que notre existence est justifiée, mais cette possibilité d’être reconnu·e et de se voir accorder une valeur par autrui est inégalement répartie. Nous pouvons nous demander ce qu’il advient lorsque les perceptions et les jugements des autres, plutôt que d’octroyer à une personne un droit d’exister et une place parmi ses semblables, la condamnent aux marges et au mépris, voire à la violence et à la mort. C’est ce croisement entre l’intime et le politique, les trajectoires personnelles et les verdicts sociaux, qui est analysé dans les romans de Didier Éribon et d’Édouard Louis. Les deux sociologues se servent des outils fournis par la littérature afin d’illustrer comment les inégalités et la stigmatisation se manifestent dans le détail d’une vie, comment elles s’inscrivent durablement dans les corps, tout en proposant des stratégies de résistance face à la domination sociale et aux mécanismes qui en permettent la reproduction.
L’anthropologue Alpa Shah a mené un terrain de 18 mois entre 2008 et 2010 au Jharkhand, au cours duquel elle s’est familiarisée avec les communautés autochtones Adivasis qui vivent dans cette région et en a appris davantage sur les... more
L’anthropologue Alpa Shah a mené un terrain de 18 mois entre 2008 et 2010 au Jharkhand, au cours duquel elle s’est familiarisée avec les communautés autochtones Adivasis qui vivent dans cette région et en a appris davantage sur les rapports qui les unissent aux révolutionnaires naxalites. Shah a en outre entrepris, vers la fin de son terrain, une traversée de 250 kilomètres en sept jours avec des soldats naxalites, ce qui lui a permis de mieux comprendre les motivations qui incitent
de nombreuses personnes à s’engager dans cette guérilla. L’anthropologue cherche, plus largement, à saisir comment une rébellion armée maoïste peut persister depuis plusieurs décennies au coeur d’un pays qui est souvent présenté comme la plus grande démocratie du monde (p. xvii) et pourquoi tant d’Adivasis se joignent à ce mouvement, au Jharkhand comme dans d’autres États du sous-continent.
Les mobilisations sociales ne permettent pas seulement de défendre des revendications ou d’obtenir des gains et des concessions. Comme l’indique Vercauteren dans ce bel ouvrage, elles encouragent aussi le développement de nouveaux... more
Les mobilisations sociales ne permettent pas seulement de défendre des revendications ou d’obtenir des gains et des concessions. Comme l’indique Vercauteren dans ce bel ouvrage, elles encouragent aussi le développement de nouveaux rapports à soi et de nouvelles manières de se lier aux autres. L’auteur nous invite ainsi à prêter attention à la micropolitique des groupes. Si la macropolitique d’un groupe renvoie à ses motivations explicites, aux programmes à élaborer et aux objectifs à remplir, la micropolitique réfère plutôt aux mots que nous utilisons, aux comportements que nous adoptons, à l’ambiance qui règne durant les activités organisées par nos collectifs, et ainsi de suite (p. 15-16). Vercauteren souligne l’importance de réfléchir aux manières dont nous constituons des communautés, aux habitudes qui balisent nos façons d’être ensemble et aux stratégies qui facilitent la création d’agencements collectifs forts et résilients.
La politologue Pascale Dufour et la militante Lorraine Guay offrent, avec ce livre au croisement de l’analyse sociologique et de l’histoire de vie, un dialogue particulièrement riche sur l’engagement, les nombreuses formes qu’il peut... more
La politologue Pascale Dufour et la militante Lorraine Guay offrent, avec ce livre au croisement de l’analyse sociologique et de l’histoire de vie, un dialogue particulièrement riche sur l’engagement, les nombreuses formes qu’il peut prendre ainsi que les ressorts qui lui permettent de durer pendant plusieurs années et même, parfois, toute une existence. Tel est le cas de Lorraine, qui a été active au cours des six dernières décennies sur des fronts aussi variés que la politisation des problèmes de santé physique et mentale avec la Clinique populaire de Pointe-Saint-Charles et le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec, la solidarité internationale du Chili à la Palestine en passant par le Salvador, la Marche Du pain et des roses en 1995 et la Marche mondiale des femmes en 2000, parmi bien d’autres exemples.
Cette deuxième édition de l’étude ambitieuse de Dylan Riley sur les rapports entre le développement de la société civile et les régimes fascistes d’entre-deux-guerres combine la force de l’analyse initiale avec une nouvelle introduction... more
Cette deuxième édition de l’étude ambitieuse de Dylan Riley sur les rapports entre le développement de la société civile et les régimes fascistes d’entre-deux-guerres combine la force de l’analyse initiale avec une nouvelle introduction qui vise à montrer la pertinence de cette analyse pour mieux comprendre le monde contemporain. Notre recension se concentre à la fois sur la théorisation du fascisme proposée par Riley et sur son interprétation des dynamiques politiques actuelles. Nous nous penchons en conclusion sur ce qui nous apparaît comme la principale limite analytique et politique de l’ouvrage.
Les États-Unis ont connu d’importants soulèvements populaires au cours de la décennie 2010, du mouvement Black Lives Matter aux grèves dans le secteur de l’éducation entre 2018 et 2019, en passant par les mobilisations féministes autour... more
Les États-Unis ont connu d’importants soulèvements populaires au cours de la décennie 2010, du mouvement Black Lives Matter aux grèves dans le secteur de l’éducation entre 2018 et 2019, en passant par les mobilisations féministes autour de #MeToo et de la grève mondiale des femmes du 8 mars 2017. Un autre événement majeur durant cette période a été la « journée sans immigrants et immigrantes » du 16 février 2017. Les participants et les participantes à cette journée voulaient mettre en lumière la contribution des personnes issues de l’immigration à la société américaine et contester les intentions affichées par le président Trump de renforcer les mesures de déportation et de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique. Une telle mobilisation rappelle, à plusieurs égards, les nombreuses actions de masse qui ont été organisées entre les mois de mars et de mai 2006 pour s’opposer à la loi House Resolution 4437, dont la ratification au Sénat américain aurait eu pour effet que des millions de personnes sans statut (et celles qui les aident à rester aux États-Unis) auraient été considérées comme des criminelles. C’est dans la foulée de ces actions de masse durant le deuxième mandat de George W. Bush que les historiens Justin Akers Chacón et Mike Davis ont publié en 2006 No One is Illegal. Fighting Racism and State Violence on the U.S.-Mexico Border. Dans l’édition revue et augmentée, Chacón et Davis prolongent leur étude initiale en offrant une analyse des administrations Obama et Trump.
La dernière décennie a été marquée par la publication de nombreux travaux innovants sur les stratégies de recherche en ethnographie. Ces travaux ont porté sur des objets aussi variés que les rapports entre les ethnographes et leurs... more
La dernière décennie a été marquée par la publication de nombreux travaux innovants sur les stratégies de recherche en ethnographie. Ces travaux ont porté sur des objets aussi variés que les rapports entre les ethnographes et leurs publics, la découverte de processus causaux à partir d’une approche ethnographique, les mérites spécifiques de l’ethnographie par rapport aux entrevues ainsi que les avantages et les problèmes méthodologiques liés à la dissimulation des données ethnographiques. Les sociologues Colin Jerolmack et Shamus Khan ont joué un rôle de premier plan dans cette production intellectuelle, et leur ouvrage « Approaches to Ethnography: Analysis and Representation in Participant Observation » constitue une avancée importante des réflexions sur les possibilités et les défis propres aux recherches ethnographiques.
Recension triple rédigée avec Frédérick Guillaume Dufour. Les trois ouvrages recensés ici abordent la question de la résilience de l’État social québécois dans un contexte de transition au néolibéralisme. Ils mettent trois dimensions en... more
Recension triple rédigée avec Frédérick Guillaume Dufour.

Les trois ouvrages recensés ici abordent la question de la résilience de l’État social québécois dans un contexte de transition au néolibéralisme. Ils mettent trois dimensions en relief: la transformation du cadre politique et juridique, le rôle des coalitions nationalistes en quête d’un État et l’analyse comparée des politiques sociales. Nous nous concentrons, pour chacun des ouvrages recensés, sur l’interprétation des changements politiques durant les années 1990 au Québec. Cette décennie est importante pour différentes raisons. D’une part, elle a été caractérisée par une grande mobilisation des acteurs du mouvement nationaliste autour du deuxième référendum sur la souveraineté en 1995. D’autre part, elle a débuté avec une réduction significative des transferts fédéraux aux provinces, à la suite de la récession de 1990-1991. Les années 1990 ont donc été marquées par un retrait du financement fédéral des politiques sociales et par des échecs constitutionnels, dont celui du lac Meech, qui ont alimenté le mouvement souverainiste.
L’ouvrage The H-Word de Perry Anderson vise à enrichir notre compréhension de l’ordre international contemporain en décrivant les différentes formes assumées à travers l’histoire par le concept d’hégémonie, de la Grèce antique à la... more
L’ouvrage The H-Word de Perry Anderson vise à enrichir notre compréhension de l’ordre international contemporain en décrivant les différentes formes assumées à travers l’histoire par le concept d’hégémonie, de la Grèce antique à la République populaire de Chine en passant par ses relectures modernes en Europe et en Amérique. Anderson note d’emblée l’ambiguïté de ce concept, qui se situe à la croisée de la force et du consentement, de la menace et de la négociation.
D’entrée de jeu, nous pouvons noter que le titre de ce petit livre ne correspond pas bien à son format et à son contenu. Un titre plus précis aurait été préférable à celui qui a été choisi, et qui devrait sans doute être réservé à un... more
D’entrée de jeu, nous pouvons noter que le titre de ce petit livre ne correspond pas bien à son format et à son contenu. Un titre plus précis aurait été préférable à celui qui a été choisi, et qui devrait sans doute être réservé à un ouvrage plus volumineux sur la question, très large, des rapports entre l’art et la résistance dans le contexte américain. La directrice de l’ouvrage, Violaine Roussel, propose en introduction une présentation du sujet à l’examen, soit le «moment Trump», et des trois textes qui forment le cœur du livre, produits par autant d’auteurs tous intéressés par la question des rapports entre l’esthétique et la politique, la création artistique et la contestation.
La question des décès aux mains de la police occupe une place importante dans le débat public américain, dans la foulée notamment du mouvement Black Lives Matter et plus largement des différentes mobilisations liées à des violences... more
La question des décès aux mains de la police occupe une place importante dans le débat public américain, dans la foulée notamment du mouvement Black Lives Matter et plus largement des différentes mobilisations liées à des violences policières au cours des dernières décennies, de « l’été long et chaud » de 1967 aux soulèvements de Ferguson en 2014 en passant par les émeutes de 1992 à Los Angeles. When Police Kill de Franklin E. Zimring, professeur en droit à l’Université Berkeley, se penche sur cet enjeu en abordant, d’une part, les facteurs qui permettent de comprendre la plus grande proportion de décès aux mains de la police aux États-Unis par rapport aux autres démocraties libérales avancées et, d’autre part, les solutions qui pourraient être mises de l’avant pour réduire autant que possible l’ampleur du phénomène. The End of Policing d’Alex S. Vitale, professeur en sociologie au Brooklyn College, propose pour sa part de situer la question des violences policières dans une perspective historique plus large, en analysant l’expansion du système de justice pénale américain au cours des quatre dernières décennies et les conséquences de cette expansion pour les communautés les plus défavorisées et marginalisées.
Recension rédigée avec Charles Guay-Boutet. La dette du Québec : vérités et mensonges, ouvrage dirigé par Audrey Laurin-Lamothe, Chantal Santerre et Claude Vaillancourt au nom de l’Association pour la taxation des transactions financières... more
Recension rédigée avec Charles Guay-Boutet. La dette du Québec : vérités et mensonges, ouvrage dirigé par Audrey Laurin-Lamothe, Chantal Santerre et Claude Vaillancourt au nom de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC), offre de nombreux outils pour démystifier la dette publique du Québec. Cette recension résume chacun des neuf chapitres, puis identifie des leçons qui peuvent être tirées du livre.
Dans cet essai remarquable, l'ex-coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant, introduit les lecteurs et les lectrices à douze luttes pour le droit au logement qui se sont déroulées au... more
Dans cet essai remarquable, l'ex-coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant, introduit les lecteurs et les lectrices à douze luttes pour le droit au logement qui se sont déroulées au Québec sur une période de sept décennies (1946-2017). Ces luttes se distinguent tant par les années que par les villes où elles se sont déroulées (de Montréal à Québec en passant par Châteauguay, Hull et Val-David), mais elles demeurent toutefois liées par quelques fils rouges qui donnent à l'ensemble de l'ouvrage sa force et sa cohérence.
La vie est une réalité exceptionnellement difficile à cerner, à la croisée d'un phénomène biologique, qui permet de la réfléchir au niveau des populations, et d'un phénomène vécu, qui permet plutôt de l'appréhender au niveau des... more
La vie est une réalité exceptionnellement difficile à cerner, à la croisée d'un phénomène biologique, qui permet de la réfléchir au niveau des populations, et d'un phénomène vécu, qui permet plutôt de l'appréhender au niveau des trajectoires biographiques individuelles. De plus, bien que le fait de vivre et le fait de mourir soient communs à l'ensemble des êtres humains, la distribution des chances de vie et la répartition des risques de mortalité font partie des inégalités les plus durables et les plus lourdes de conséquences dans nos sociétés. Dans La vie. Mode d'emploi critique, le sociologue, anthropologue et médecin Didier Fassin offre une réflexion en trois temps sur l'inégalité des vies, cette notion pouvant contribuer, selon lui, à l'analyse de plusieurs phénomènes sociaux. La production contemporaine de vies inégales est ainsi abordée dans l'ouvrage à partir des formes de vie, des éthiques de la vie et des politiques de la vie.
Auteur et militant actif dans le milieu syndical et pour les droits des personnes LGBT depuis de nombreuses années, Francis Lagacé offre dans cet ouvrage plus de cent vingt chroniques abordant des questions aussi variées que la culture,... more
Auteur et militant actif dans le milieu syndical et pour les droits des personnes LGBT depuis de nombreuses années, Francis Lagacé offre dans cet ouvrage plus de cent vingt chroniques abordant des questions aussi variées que la culture, la diversité sexuelle, l’éducation et le socialisme. Dans un style accessible où se croisent sans heurts le sérieux et les pointes d’humour, Lagacé partage plusieurs réflexions importantes sur l’histoire politique récente du Québec. À défaut de pouvoir analyser tous les thèmes abordés dans le livre, j’aimerais revenir ici sur deux d’entre eux qui sont liés et qui traversent l’ensemble de l’ouvrage, soit la postérité politique du « Printemps érable » et les stratégies à adopter face au ressac de droite qui sévit depuis des décennies à travers le monde et dont la progression s’accélère depuis quelques années, ici comme ailleurs.
Recension rédigée avec Eric Boulé.
Figure majeure de la philosophie contemporaine, Giorgio Agamben a développé au cours des deux dernières décennies un projet intellectuel monumental autour de l'homo sacer, qui désigne dans le droit romain une personne à laquelle toute... more
Figure majeure de la philosophie contemporaine, Giorgio Agamben a développé au cours des deux dernières décennies un projet intellectuel monumental autour de l'homo sacer, qui désigne dans le droit romain une personne à laquelle toute identité juridique a été retirée, et qui peut donc être tuée sans conséquence légale. L'homo sacer est un concept central pour Agamben puisqu'il permet, selon lui, de saisir le fonctionnement de la souveraineté étatique. En excluant la violence des affaires communes, l'État s'arrogerait effectivement la capacité d'exercer cette même violence au nom du droit, en réduisant alors les citoyens à la vie nue, constamment exposée au risque de mourir. Le philosophe affirme que cette relation d'abandon, cette possibilité pour l'État de retirer une ou plusieurs protections juridiques à ses sujets, tend à se généraliser à l'ensemble de la population de nos jours (100-1).
Les croisements entre la criminologie et la sociologie politique sont fréquents, plusieurs ouvrages et articles s’étant effectivement affairés à mettre en lumière les liens entre les pratiques de gestion de la criminalité et la... more
Les croisements entre la criminologie et la sociologie politique sont fréquents, plusieurs ouvrages et articles s’étant effectivement affairés à mettre en lumière les liens entre les pratiques de gestion de la criminalité et la distribution inégalitaire du pouvoir dans une société donnée. Pensons entre autres aux travaux fondateurs de Donald Black et Hubert Blalock, en passant par les études récentes de la politologue Marie Gottschalk et les ethnographies d’Alice Goffman et Victor Rios. Ayant lui-même assisté à de nombreux procès à la cour d’assises de Paris, le philosophe Geoffroy de Lagasnerie propose dans Juger. L’État pénal face à la sociologie une sociologie critique de l’État, en étudiant attentivement ses mécanismes judiciaires et pénaux. Son analyse prend pour point de départ l’idée d’une « différence entre les logiques juridiques et les logiques réellement à l’œuvre dans le monde social » (p. 29), cette différence entre le fonctionnement du monde social et celui du monde juridique permettant d’expliquer, selon lui, un certain nombre de tensions analytiques et politiques entre les deux, tout en ouvrant la voie à une contestation du «traitement étatique de la réalité » (p. 32).
Plusieurs travaux récents en science politique dressent un portrait inquiétant de l'évolution des sociétés contemporaines. L'une des études les plus marquantes sur cette question, parue en 2016 dans le Journal of Democracy, constatait une... more
Plusieurs travaux récents en science politique dressent un portrait inquiétant de l'évolution des sociétés contemporaines. L'une des études les plus marquantes sur cette question, parue en 2016 dans le Journal of Democracy, constatait une baisse significative de l'appui, en Europe et aux États-Unis, pour les institutions et les normes qui permettent aux démocraties représentatives d'être fonctionnelles - élections régulières et transparentes, séparation des pouvoirs, protection des droits et libertés civiles et ainsi de suite - et ce particulièrement chez les personnes nanties et âgées de 16 à 35 ans (Foa et Mounk, 2016). Si de tels résultats de recherche méritent des discussions approfondies, une attention soutenue doit aussi être accordée à l'évolution de la sphère politique elle-même, en tentant d'évaluer dans quelle mesure les pratiques qui y prévalent peuvent contribuer au cynisme ambiant.

L'ouvrage de Diane Lamoureux et Francis Dupuis-Déri, politologues établis respectivement à l'Université Laval et à l'Université du Québec à Montréal, se concentre précisément sur cette question, en analysant les manières dont l'« impératif sécuritaire » qui oriente présentement les pratiques sociales dominantes contribue plus largement à un recul de la démocratie.

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Entrevue menée avec Lauréanne Dussault-Desrochers. Nancy Scheper-Hughes a mené de nombreuses recherches en anthropologie médicale au cours des quatre dernières décennies. Elle a notamment étudié les liens entre la dislocation sociale... more
Entrevue menée avec Lauréanne Dussault-Desrochers.

Nancy Scheper-Hughes a mené de nombreuses recherches en anthropologie médicale au cours des quatre dernières décennies. Elle a notamment étudié les liens entre la dislocation sociale et les problèmes de santé mentale dans les espaces ruraux irlandais (Scheper-Hughes 1979), les déterminants sociaux de la violence au Brésil et en Afrique du Sud (id. 2004a) et les activités liées au trafic illégal d’organes (id.2004b). Cet entretien aborde les étapes qui ont marqué son cheminement et les tournants dans sa carrière de chercheure.
Le travail scientifique et militant de Frances Fox Piven a porté sur de nombreux objets au cours des cinq dernières décennies : l’assistance publique comme stratégie de contrôle social (Piven et Cloward, 1971), les stratégies... more
Le travail scientifique et militant de Frances Fox Piven a porté sur de nombreux objets au cours des cinq dernières décennies : l’assistance publique comme stratégie de contrôle social (Piven et Cloward, 1971), les stratégies d’organisation des communautés disposant de peu de ressources politiques, culturelles et économiques (Piven et Cloward, 1977), la restructuration des services publics dans la foulée de l’offensive néolibérale (Piven et Cloward, 1982) et les obstacles à la participation électorale, notamment pour les citoyens et citoyennes les plus démuni.e.s (Piven et Cloward, 1988), parmi plusieurs autres exemples. Cette entrevue met en lumière les fils conducteurs qui lient ensemble l'œuvre de Piven.
Le sociologue et ethnographe Iddo Tavory contribue depuis plusieurs années à un renouvellement des pratiques en recherches qualitatives. Cette entrevue offre un aperçu des questions qui ont guidé Tavory dans ses projets empiriques et... more
Le sociologue et ethnographe Iddo Tavory contribue depuis plusieurs années à un renouvellement des pratiques en recherches qualitatives. Cette entrevue offre un aperçu des questions qui ont guidé Tavory dans ses projets empiriques et théoriques, tout en explicitant des concepts au coeur de ses travaux, tels que l'approche abductive, les communautés d'interrogation, la convocation et l'anticipation.
Le sociologue américain Alex S. Vitale s’est affairé, tant dans sa production universitaire que dans son engagement militant, à documenter l’évolution des rapports entre le système de justice pénale et la politique. Il a noté une tendance... more
Le sociologue américain Alex S. Vitale s’est affairé, tant dans sa production universitaire que dans son engagement militant, à documenter l’évolution des rapports entre le système de justice pénale et la politique. Il a noté une tendance de plus en plus marquée, du côté des gouvernements américains, à concevoir les problèmes sociaux comme devant être réglés par la police, les cours de justice et les centres de détention. Ce tournant punitif prend de nombreuses formes, de la criminalisation des communautés racisées et des personnes de confession musulmane jusqu’à l’expansion des forces policières et de leurs prérogatives, en passant par une répression de plus en plus sévère des individus sans statut de citoyenneté aux États-Unis. Notre entretien avec Vitale vise à présenter ses travaux, tout en mettant en lumière les tensions entre la police, la justice sociale et la démocratie.
This year marks the 150th publication anniversary of Marx’s Capital. While the world has inevitably changed in the last century and a half, Marx’s work remains crucial to explaining —and critiquing— the logic and historical development of... more
This year marks the 150th publication anniversary of Marx’s Capital. While the world has inevitably changed in the last century and a half, Marx’s work remains crucial to explaining —and critiquing— the logic and historical development of capitalism today. As Ernst Mandel notes in his introduction to the English translation, Capital lays bare “the ruthless and irresistible impulse to growth which characterizes production for private profit and the predominant use of profit for capital accumulation.” To mark this anniversary, and to better situate Marx’s pièce de résistance in our own contemporary moment of neoliberal crisis, we have interviewed two leading, but slightly diverging voices on Capital: Kevin B. Anderson and John Bellamy Foster.
Article co-authored with Ana Milic and Alex Megelas. There is a growing interest in the academic world, both in Canada and beyond, to cast universities as institutional actors engaged in social development and committed to building... more
Article co-authored with Ana Milic and Alex Megelas.

There is a growing interest in the academic world, both in Canada and beyond, to cast universities as institutional actors engaged in social development and committed to building relationships with a variety of community-based stakeholders. These relationships often take the form of community-campus collaborations, which refer to collaborative projects and initiatives that bring together people and organizations embedded both in academic settings and in other institutional environments. For instance, community-campus collaborations have been praised for their capacity to establish durable partnerships and help foster innovative solutions to pressing social issues. However, in looking more closely at a case in Montreal, a city in which universities have expressed a strong interest in furthering the community-campus collaboration model, a more complicated picture of the pitfalls and blind spots, as well as the strategies for social responsibility and accountability can be revealed.
Article rédigé avec Yannick Baumann et Montserrat Emperador Badimon en réaction à une chronique de Patrick Lagacé intitulée « Que faire avec une locataire de l’enfer ? », qui est parue dans La Presse le 20 mars 2022.
Translated version of an article previously published on the IRIS blog: https://iris-recherche.qc.ca/blogue/quel-retour-a-la-normale-souhaitons-nous. We want to participate more broadly in discussions on what stance to take with respect... more
Translated version of an article previously published on the IRIS blog: https://iris-recherche.qc.ca/blogue/quel-retour-a-la-normale-souhaitons-nous.

We want to participate more broadly in discussions on what stance to take with respect to the pandemic by stating the following: a return to normal, by which we mean the relative stabilization of economies, will eventually take place, but the exact parameters of this return, as well as the way in which “normalcy” will eventually be defined and promoted in the public square, are wholly political questions. In other words, we can identify at least two definitions of return to normal: (1) the establishment of an institutional environment that fosters a degree of political and economic stability; and (2) a return to normal in the sense that Guillaume Hébert understands it, i.e., the application of the same neoliberal measures that have dominated the field of public policy for three decades in Quebec and in Canada. Our assumption that the “return to normal,” understood as an effort at stabilization, will take place leads us to advocate for the importance of a very careful study of current macroeconomic trends in order to identify the future trajectories that are most likely to arm us to prevent a “return to normal” as defined by our colleague.
Nous souhaitons participer plus largement aux discussions sur les manières de s’organiser face à la pandémie, en énonçant cette hypothèse : un retour à la normale, que nous définissons ici comme une stabilisation relative des économies,... more
Nous souhaitons participer plus largement aux discussions sur les manières de s’organiser face à la pandémie, en énonçant cette hypothèse : un retour à la normale, que nous définissons ici comme une stabilisation relative des économies, aura éventuellement lieu, mais les paramètres exacts de ce retour, ainsi que la manière dont la « normalité » sera éventuellement définie et promue dans l’espace public, sont des questions politiques à part entière. En d’autres mots, nous pouvons distinguer au moins deux définitions du retour à la normale, soit d’une part l’établissement d’un environnement institutionnel qui favorise une certaine stabilité économique et politique et, d’autre part, le retour à la normale au sens où l’entend Guillaume Hébert, c’est-à-dire l’application des mêmes mesures néolibérales qui dominent le champ des politiques publiques depuis trois décennies au Québec et au Canada. Notre hypothèse, selon laquelle le « retour à la normale », compris comme un effort de stabilisation, aura lieu, nous mène à promouvoir l’importance d’une étude très attentive des tendances macroéconomiques actuelles, afin de cerner les trajectoires futures qui sont les plus probables et de nous préparer à empêcher un « retour à la normale » tel que défini par notre collègue.

Pour consulter notre billet sur le site de l'IRIS : https://iris-recherche.qc.ca/blogue/quel-retour-a-la-normale-souhaitons-nous?.
Universities have been recognized as accelerators of gentrification. The development of new university campuses often leads neighbourhoods with little previous investment by the government or developers to be coveted by real estate... more
Universities have been recognized as accelerators of gentrification. The development of new university campuses often leads neighbourhoods with little previous investment by the government or developers to be coveted by real estate promoters and a wealthier class. But research shows that the impact of a university on low-income communities need not be detrimental. Universities can leverage their academic, economic and social resources to soften the blow of gentrification. But to do this, they must acknowledge the university’s impact. Universities around the world are putting together inspiring social responsibility projects. Their efforts seek to broaden academia’s role, beyond educating students and producing knowledge.
Article rédigé avec Alex Megelas, Amy Darwish, Leonora Indira King, Naomi Nichols et Rose-Anne St-Paul.
Domestic violence affects many people at different stages of their lives and is currently one of the most prevalent forms of violence against women in Canada. It has also been identified as one the leading causes of housing instability,... more
Domestic violence affects many people at different stages of their lives and is currently one of the most prevalent forms of violence against women in Canada. It has also been identified as one the leading causes of housing instability, including homelessness, for women and children. To better understand the links between housing instability and domestic violence, we led a study between January and April 2019 in Parc-Extension, a neighbourhood located in the North West of Montreal.

Based both on statistical evidence and on interviews we led with community groups, our findings show that as one of Canada’s poorest neighborhoods, as well as the neighborhood with the highest concentration of immigrants in Montreal (at 61%), the struggles associated with both material deprivation and the immigration experience — including but not limited to role changes, financial strain, integration challenges to the host society, language barriers, lack of accessible services, interpersonal and institutional racism, housing instability, and more — can reduce feelings of self-worth, increase the likelihood of family conflict and violence, and make domestic violence more difficult to address once it occurs.
As members of Montreal-based universities, community groups and research collectives, we wish, with the following blog post, to take a common stance in publicly decrying the harmful impact which public institutions are having on the Park... more
As members of Montreal-based universities, community groups and research collectives, we wish, with the following blog post, to take a common stance in publicly decrying the harmful impact which public institutions are having on the Park Extension neighbourhood. Among these, we most specifically point out the lack of investment of funds in a coordinated housing strategy, and the displacement of residents resulting in part from the imminent arrival of Université de Montréal's Campus MIL. Grounding our proposed actions carefully in research evidence, we recommend a coordinated housing strategy for Park Extension, as well as a cross-institution impact control strategy initiated and supported by Université de Montréal in order to mitigate the harmful impact that its new campus is having, and will continue to have, on the residential composition of the surrounding boroughs, most notably in Park Extension.
Notre texte souhaite contribuer à la discussion collective autour des changements environnementaux et sociaux à venir. Nous voulons plus particulièrement mettre en lumière deux tendances générales qui nous semblent importantes à prendre... more
Notre texte souhaite contribuer à la discussion collective autour des changements environnementaux et sociaux à venir. Nous voulons plus particulièrement mettre en lumière deux tendances générales qui nous semblent importantes à prendre en compte dans nos analyses de la situation actuelle, soit le durcissement des inégalités économiques et sociales ainsi que la probabilité croissante d’une reconfiguration politique de grande ampleur. Nous offrirons ensuite quelques pistes de réflexion sur les manières de s’organiser à gauche face à ces mêmes tendances.
On November 7th, the Quebec Mayor Régis Labeaume announced that imprisonment for people experiencing homelessness would no longer be a consequence of unpaid tickets and that offences such as sleeping in a public place and being in a park... more
On November 7th, the Quebec Mayor Régis Labeaume announced that imprisonment for people experiencing homelessness would no longer be a consequence of unpaid tickets and that offences such as sleeping in a public place and being in a park between 11 and 5 am will be met with some leniency. Although this would initially appear to be a positive measure, the Mayor was also quick to specify that this lenience was meant to be applied to people dealing with mental health issues and not to “les bums” (that is, people who would experience chronic or long-term homelessness “by choice”). This distinction between “involuntary” homelessness and “les bums” perpetuates the idea of an undeserving poor individual and fails to recognize homelessness as a serious systemic issue.

This text was co-authored with Naomi Nichols, Alex Megelas, Raffaela Abbate and Jayne Malenfant.
Nous présenterons ici trois grands centres d’influence qui servent d’inspiration idéologique et stratégique pour les diverses organisations d’extrême-droite actuelles au Québec. La France, Les USA et la Finlande Références : 1.... more
Nous présenterons ici trois grands centres d’influence qui servent d’inspiration idéologique et stratégique pour les diverses organisations d’extrême-droite actuelles au Québec. La France, Les USA et la Finlande

Références :
1. Collectif Emma Goldman. (Page consultée le 15 octobre 2017). Geste haineux à la mosquée de Chicoutimi : La Fédération des québécois de souche n'a pas patte blanche dans le dossier, [En ligne]. Adresse URL : http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2013/09/geste-haineux-la-mosquee-de-chicoutimi.html.
2. Le Monde. (Page consultée le 15 octobre 2017). Dans un message, Dominique Venner expliquait les raisons de son suicide, [En ligne]. Adresse URL : 
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/21/un-homme-se-suicide-dans-la-cathedrale-notre-dame_3414854_3224.html.
3. Le Monde. (Page consultée le 15 octobre 2017). Le fantasme du « grand remplacement » démographique, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/23/le-grand-boniment_4353499_823448.html.
4. The Guardian. (Page consultée le 15 octobre 2017). Hiding in plain sight: how the 'alt-right' is weaponizing irony to spread fascism, [En ligne]. Adresse URL :
https://www.theguardian.com/technology/2017/may/23/alt-right-online-humor-as-a-weapon-facism.
5. The Stranger. (Page consultée le 15 octobre 2017). We Snuck into Seattle's Super Secret White Nationalist Convention, [En ligne]. Adresse URL :
http://www.thestranger.com/news/2017/10/04/25451102/we-snuck-into-seattles-super-secret-white-nationalist-convention.
6. Hate Speech International (Page consultée le 15 octobre 2017). Neo-nazis in the north: the Nordic resistance movement in Finland, Sweden and Norway, [En ligne]. Adresse URL : https://www.hate-speech.org/new-report-neo-nazis-in-the-north/.
7. Nordfront (Page consultée le 15 octobre 2017). Welcome to the English section of Nordfront, [En ligne]. Adresse URL : https://www.nordfront.se/english.
8. Dave Tregget a ensuite quitté les Soldiers of Odin pour fonder Storm Alliance.
Research Interests:
Depuis 2015 plusieurs groupes d'extrême droite font leur apparition sur la scène médiatique en organisant des patrouilles dans certains quartiers de la Ville de Québec. Depuis la tuerie de la Mosquée de Québec en janvier 2017, près d'une... more
Depuis 2015 plusieurs groupes d'extrême droite font leur apparition sur la scène médiatique en organisant des patrouilles dans certains quartiers de la Ville de Québec. Depuis la tuerie de la Mosquée de Québec en janvier 2017, près d'une dizaine de manifestations de l'extrême droite ont eu lieu à travers la province. Sous les mots d'ordre de fermeture des frontières, de refus des réfugié-es et de racisme explicite à l'endroit des communautés racisées et immigrantes, l'extrême droite s'organise rapidement au Québec.
Nous sommes toutefois loin du niveau d'organisation des groupes haineux français, anglais et américains. Ce court article cherche à poser les bases d'une typologie des modes de constitution des extrêmes droites dans différents pays afin de tenter de cerner les moyens par lesquels l'extrême droite québécoise, dans sa forme actuelle, tentera de se constituer en force politique réelle.
Research Interests:
Synthèse par Serge Denis d'un panel tenu à l'École d'été 2017 des Nouveaux Cahiers du Socialisme.
Recension du livre : « La guerre culturelle des conservateurs québécois », sous la direction de Francis Dupuis-Déri et Marc-André Éthier (dir.) M Éditeur,, 2016, 224 pages.... more
Recension du livre : « La guerre culturelle des conservateurs québécois », sous la direction de Francis Dupuis-Déri et Marc-André Éthier (dir.) M Éditeur,, 2016, 224 pages.

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La démocratie occupe une place ambiguë dans l’imaginaire politique contemporain. Jamais une part aussi importante de l’humanité n’a eu la possibilité de nommer elle- même ses gouvernements, et pourtant la démocratie libérale est régulièrement déclarée en crise ou en déroute, tant dans les cercles académiques que dans les médias. Si ce constat est souvent mis de l’avant par des figures intellectuelles et mili- tantes de gauche, qui dénoncent notamment l’influence croissante d’institutions sans redevabilité démocratique dans les affaires publiques –telles que les banques centrales, les agences de notation, etc.– une critique conservatrice de la démocratie moderne s’est également imposée au cours des dernières décennies.

VOIR LE TEXTE, POUR LA SUITE...
Recension du livre : «La peur du peuple : agoraphobie et agoraphilie politiques» (Lux, 2016). ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Dans son plus récent ouvrage, Dupuis-Déri nous offre une perspective... more
Recension du livre : «La peur du peuple : agoraphobie et agoraphilie politiques» (Lux, 2016).

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Dans son plus récent ouvrage, Dupuis-Déri nous offre une perspective particulièrement riche sur les liens qui unissent des concepts tels que la démocratie, le peuple et le pouvoir, à partir d'une distinction qu'il propose entre l'agoraphobie et l'agoraphilie politique. Ces deux termes désignent des attitudes opposées face à la capacité qu'ont les personnes ordinaires de se réunir afin de délibérer et de prendre des décisions en commun : si les agoraphobes se méfient du peuple assemblé, en lui reprochant entre autres d'être irrationnel, facilement influençable, prompt à la violence, etc., les agoraphiles estiment pour leur part que les pratiques de démocratie directe sont la meilleure manière de se prémunir contre les abus de pouvoir et la concentration de ce dernier dans quelques mains. Dans l'opposition entre ces deux perspectives se discernent des enjeux lourds de sens – les pratiques agoraphiles constituent en effet un scandale pour l'élite parce qu'elles invalident la nécessité d'une coupure entre les personnes qui obéissent et celles qui commandent, en démontrant que les dominé-e-s peuvent se gouverner par et pour eux et elles-mêmes. Pour pousser cette analyse plus loin, Dupuis-Déri mobilise quatre notions supplémentaires, soit le pouvoir sur (entendu comme une emprise sur l'action d'autrui), le pouvoir de (soit une capacité générale d'action), le pouvoir avec (compris comme la mise en commun du pouvoir de) et le pouvoir du dedans (qui désigne l'autonomie et la confiance qu'une personne ou une collectivité développe par un ensemble de pratiques et de luttes). Ces notions le mènent à affirmer que « par peur ou haine du peuple (se) gouvernant, l'agoraphobie politique propose qu'une élite exerce son pouvoir sur le peuple (domination), alors que l'agoraphilie politique désire que le peuple exerce son pouvoir faire (autonomie), qui est à la fois un pouvoir avec (pouvoir collectif) et un pouvoir du dedans » (p. 59). Fort de cette distinction entre agoraphobes et agoraphiles politiques, Dupuis-Déri aborde aux chapitres 1 et 7 de l'ouvrage la question du peuple, en proposant notamment de le diviser en deux ensembles, soit le dêmos et la plèbe. Si le dêmos incarne la capacité qu'ont les personnes sans titre ni qualification à se rassembler pour délibérer, la plèbe représente la capacité de ces mêmes personnes à mener des actions politiques autonomes, en dehors des relais institutionnels convenus et des espaces traditionnels de pouvoir (le parlement, les urnes, les médias de masse, etc.). Le politologue insiste sur l'articulation qui unit ces deux formes du peuple, une association étudiante pouvant par exemple décider en assemblée....

VOIR LE TEXTE, POUR LA SUITE...
Évènement: le colloque annuel du Collectif Interdisciplinaire de Recherche sur les Identités Collectives (CIRIC), en partenariat avec Alternatives Année: 2018 Thématique : l'intolérance, des préjugés à la violence organisée :... more
Évènement: le colloque annuel du Collectif Interdisciplinaire de Recherche sur les Identités Collectives (CIRIC), en partenariat avec Alternatives

Année: 2018

Thématique : l'intolérance, des préjugés à la violence organisée : comprendre la violence ethnique et le ressac anti-minorités aujourd'hui

Présentation de la thématique:

Au cours des dernières années, les crimes de haine perpétrés contre des groupes minoritaires ont augmenté et le succès électoral grandissant des dirigeants aux discours anti-immigration aux États-Unis et en Europe en particulier. Ce colloque viserait à nous aider à mieux comprendre ces phénomènes en étudiant les conditions structurelles nécessaires au succès d'une réaction anti-minorités dans les sociétés démocratiques avancées. Nous allons donc suivre l'évolution des préjugés et du racisme quotidien jusqu'à leur organisation en un programme politique formel.
Évènement: le colloque annuel du Collectif Interdisciplinaire de Recherche sur les Identités Collectives (CIRIC), en partenariat avec Critical Social Theory (CST-McGill) Année: 2019 Thématique : Maintenir le (dés)ordre postcolonial... more
Évènement: le colloque annuel du Collectif Interdisciplinaire de Recherche sur les Identités Collectives (CIRIC), en partenariat avec Critical Social Theory (CST-McGill)

Année: 2019

Thématique : Maintenir le (dés)ordre postcolonial

Présentation de la thématique:

Depuis la publication des travaux fondateurs d'Edward Saïd, Gayatri Chakravorty Spivak et Homi K. Bhabha au cours des années 1980, le champ des études postcoloniales s'est considérablement élargi, en intégrant des disciplines telles que l'histoire, la géographie, la sociologie, les études littéraires et des thèmes tels que la modernité, les possibilités du dialogue interculturel, la (re)production des identités sociales dans un monde en perpétuelle évolution, etc. En parallèle à cet important foisonnement théorique, plusieurs facteurs contribuent à la déstabilisation de plusieurs sociétés situées dans le monde postcolonial, de la montée du nationalisme hindou en Inde aux conflits impérialistes au Moyen-Orient.

Présentation du colloque:

Ce colloque, organisé en collaboration par le Collectif de Recherche Interdisciplinaire sur les Identités Collectives (CIRIC) et Critical Social Theory (CST-McGill), se propose de rendre compte de la richesse des développements théoriques associées aux études postcoloniales à partir de deux axes principaux.

Les interventions du premier panel se pencheront sur la situation empirique et théorique du post-colonialisme contemporain, tandis que celles du second panel aborderont la question des luttes et résistances en cours dans le monde postcolonial.

Nous souhaitons offrir ainsi un espace pour réfléchir aux manières dont la perspective postcoloniale peut éclairer de nombreux enjeux théoriques et politiques contemporains, tout en encourageant une meilleure compréhension à la fois du champ des études postcoloniales et des nombreux défis auxquels font face les sociétés appartenant au monde postcolonial.
Cet article se propose d’étudier les enjeux soulevés par les inégalités ethnoraciales face au système de justice pénale dans un contexte démocratique, à partir d’une analyse en deux étapes. Nous esquissons d’abord un portrait de ces... more
Cet article se propose d’étudier les enjeux soulevés par les inégalités ethnoraciales face au système de justice pénale dans un contexte démocratique, à partir d’une analyse en deux étapes. Nous esquissons d’abord un portrait de ces inégalités au Canada. Nous mettons ensuite en lumière les conséquences de ces inégalités et, notamment, les manières dont elles contreviennent aux principes structurants de la démocratie libérale. Nous concluons en examinant des pistes de solution identifiées dans la littérature sur le sujet pour contrer ces inégalités et, par extension, pour remédier à la perte de confiance qu’elles peuvent provoquer à l’égard du système de justice pénale et, plus largement, de la société dans laquelle les personnes et les communautés concernées vivent. -

This article aims to analyze the issues raised by ethnoracial inequalities in the criminal justice system in a democratic context, with an analysis in two steps. We first outline a portrait of these inequalities in Canada. We then highlight the consequences of these inequalities, as well as the tensions between them and the founding principles of liberal democracy. We conclude by examining potential solutions that have been identified in the literature to address these inequalities and, by extension, overcome the breach of trust that they can provoke towards the criminal justice system and, more broadly, the society in which the concerned persons and communities live.
Le sociologue américain Alex S. Vitale s’est affairé, tant dans sa production universitaire que dans son engagement militant, à documenter l’évolution des rapports entre le système de justice pénale et la politique. Il a noté une tendance... more
Le sociologue américain Alex S. Vitale s’est affairé, tant dans sa production universitaire que dans son engagement militant, à documenter l’évolution des rapports entre le système de justice pénale et la politique. Il a noté une tendance de plus en plus marquée, du côté des gouvernements américains, à concevoir les problèmes sociaux comme devant être réglés par la police, les cours de justice et les centres de détention. Ce tournant punitif prend de nombreuses formes, de la criminalisation des communautés racisées et des personnes de confession musulmane jusqu’à l’expansion des forces policières et de leurs prérogatives, en passant par une répression de plus en plus sévère des individus sans statut de citoyenneté aux États-Unis. Notre entretien avec Vitale vise à présenter ses travaux, tout en mettant en lumière les tensions entre la police, la justice sociale et la démocratie.

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The American sociologist Alex S. Vitale has worked, both through his academic production and his activist involvement, on the evolution of relationships between the criminal justice system and politics. He has noted American governments’ increasing tendency to apprehend social problems as issues that should be resolved through criminal justice intervention, whether it be the police, the courts or detention centres. This punitive turn takes many forms, from the criminalization of racialized communities and people of Muslim faith to the expansion of police forces and their prerogatives, as well as an increasingly severe repression of individuals without citizenship status in the United States. Our interview with Vitale aims to present his work, while highlighting the tensions between the police, social justice and democracy.
In this article, we address issues of attribution, utility, and accountability in ethnographic research. We examine the two main analytical approaches that have structured the debate on data collection and theorization in ethnography over... more
In this article, we address issues of attribution, utility, and accountability in ethnographic research. We examine the two main analytical approaches that have structured the debate on data collection and theorization in ethnography over the last five decades: an inductivist approach, with grounded theory as its main analytic strategy; and a deductivist stance, which uses field sites to explore empirical anomalies that enable an ethnographer to test and build upon pre-existing theories. We engage recent reformulations of this classical debate, with a specific focus on abductive and reflexive approaches in ethnography, and then weigh into these debates, ourselves. drawing on our own experiences producing and using research in non-academic settings. In so doing, we highlight the importance of strategy and accountability in one’s ethnographic practices and accounts, advocating for an approach to ethnographic research that is reflexive and overtly responsive to the knowledge needs and ...
Cette thèse s’appuie sur une étude ethnographique menée en partenariat avec Brique par brique et le CAPE, deux organismes communautaires établis dans le quartier montréalais de Parc-Extension, entre mai 2019 et décembre 2022. Cette étude... more
Cette thèse s’appuie sur une étude ethnographique menée en partenariat avec Brique par brique et le CAPE, deux organismes communautaires établis dans le quartier montréalais de Parc-Extension, entre mai 2019 et décembre 2022. Cette étude visait à analyser la gentrification du quartier, ainsi que les stratégies employées par les deux organismes pour affronter les conséquences de ce processus et atteindre leurs objectifs respectifs, tant en ce qui concerne la défense du droit au logement que le développement de projets d’habitation communautaire. Les données disponibles ont permis de mettre en lumière une augmentation des loyers et des évictions dans le quartier au cours des dernières années. L’enquête ethnographique a permis de montrer que le processus de gentrification affecte non seulement les locataires à faible revenu, mais aussi les organismes qui leur offrent du soutien, notamment en entraînant une précarité croissante pour les locataires, une plus grande difficulté à développer des projets d’habitation communautaire, une menace accrue de surmenage pour les employé-e-s et un risque, chez les usagers et les usagères, de développer une lecture cynique du monde social. Les stratégies utilisées par Brique par brique et le CAPE pour créer et entretenir des mondes sociaux ont ensuite été étudiées. Les deux organismes offrent des contextes qui permettent d’accumuler de l’énergie émotionnelle, créent des infrastructures sociales et des identités collectives tout en s’engageant dans des processus interactionnels tels que l’accompagnement, l’encouragement, l’inclusion et la gestion des conflits. Huit initiatives menées par Brique par brique et le CAPE ont alors été présentées, afin de mieux délimiter le champ d’action stratégique auquel les deux organismes appartiennent. Les liens entre la crise du logement et la crise du modèle de développement partenarial au Québec ont été abordés, puis des stratégies utilisées par Brique par brique et le CAPE pour faire face à ces deux crises ont été examinées, soit la multiplication des partenariats, la diversification des cibles et le développement d’initiatives inspirées par ce qui a été accompli auparavant à Parc- Extension, ainsi que par des initiatives liées au logement qui ont été menées dans d’autres quartiers montréalais. Des réflexions méthodologiques sur le potentiel d’intervention sociale des ethnographies ont ensuite été offertes, en se basant sur les « ethnographies suffisamment bonnes » promues par les anthropologues Nancy Scheper- Hughes et Philippe Bourgois. Cinq domaines auxquels cette recherche contribue sont identifiées dans la conclusion, soit la sociologie urbaine et le développement économique communautaire dans le domaine du logement, l’analyse interactionniste des liens sociaux, la sociologie des organisations et des champs d’action stratégique, les approches participatives en ethnographie et la sociologie politique du chez-soi. Trois perspectives de recherche qui peuvent s’inspirer des réflexions partagées dans la thèse sont finalement présentées, soit l’analyse du rapport au futur dans un environnement social donné, l’égalité et l’inclusion comme un ensemble de pratiques et de processus interactionnels, puis la recherche engagée comme stratégie pour faire face aux défis qui caractérisent notre époque.