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Le journaliste congolais Néhémie Paluku, correspondant de Congo 1 et de l'Agence de presse congolaise, propriété de l'État, affirme avoir été agressé avec le reporter de Venus FM Esaïe Mbusa le 3 juin 2024. (Photo : Néhémie Paluku)

Des membres d’une église agressent les journalistes congolais Néhémie Paluku et Esaïe Mbusa

Kinshasa, le 17 juin 2024 – Les autorités de la République démocratique du Congo doivent veiller à ce qu’une enquête crédible soit menée sur les agressions commises le 3 juin contre les reporters Esaïe Mbusa et Néhémie Paluku, a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes.

Une dizaine de personnes a agressé Mbusa et Paluku dans une église locale du territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri, au nord-est du pays, selon un article du site d’information privé Congo 1, et des journalistes qui se sont entretenus séparément avec le CPJ.

Mbusa, journaliste à la station de radio privée Venus FM, et Paluku, correspondant de Congo 1 et de l’Agence congolaise de presse (ACP), ont déclaré au CPJ qu’ils cherchaient à interviewer des membres de l’église kimbaguiste locale, une confession chrétienne indépendante fondée en RDC, au sujet d’un différend foncier opposant l’église et un homme d’affaires local.

« Les journalistes de la province de l’Ituri en RDC vivent sous la menace de la violence et malheureusement, ceux qui les prennent pour cible sont rarement amenés à répondre de leurs actes », a déclaré Muthoki Mumo, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à Nairobi. « Les autorités doivent mener une enquête crédible sur cette agression dont ont été victimes les reporters Esaïe Mbusa et Néhémie Paluku, et veiller à ce que les auteurs présumés rendent des comptes. »

Esaïe Mbusa, a journalist with the privately owned radio station Venus FM. (Photo: Esaïe Mbusa)
Esaïe Mbusa, journaliste à la station de radio privée Venus FM. (Photo : Esaïe Mbusa)

Un membre non identifié de l’église s’est approché des journalistes et leur a dit que l’église ne voulait pas d’interviews, puis une dizaine de personnes a commencé à lancer des pierres aux journalistes et à les frapper avec des bâtons, avant de leur asséner des coups de poing à la tête, selon les journalistes et un communiqué de l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA), un groupe local de défense des médias.

Paluku a été soigné dans un hôpital local pour des blessures mineures au genou et à l’un de ses doigts et Mbusa pour une blessure à la tête, ont déclaré les journalistes. Mbusa a déclaré au CPJ qu’il avait perdu son téléphone portable pendant l’attaque et qu’on ne lui avait toujours pas rendu.

L’administrateur du territoire de Mambasa, le colonel Maxime Tshishimbi Pombwa, a déclaré au CPJ via une application de messagerie qu’il avait été informé de ces attaques et avait demandé à Paluku et Mbusa de déposer une plainte à la police.

Mbusa a déclaré au CPJ qu’il avait déposé une plainte auprès du procureur local le 14 juin et que le 15 juin, un officier de justice et un policier avaient arrêté un suspect, un homme que le journaliste avait reconnu parmi ses agresseurs. Selon Mbusa, l’affaire fait toujours l’objet d’une enquête. Paluku a déclaré qu’il préférait ne pas porter plainte.

Le CPJ a déjà documenté des attaques contre des journalistes travaillant dans la province de l’Ituri. En mai 2024, des soldats ont menacé de tuer le journaliste radio Parfait Katoto pour avoir critiqué l’insécurité dans le territoire de Mambasa. En août 2021, trois hommes non identifiés ont tué le journaliste radio Joël Mumbere Musavuli à son domicile, également à Mambasa, comme l’a documenté le CPJ à l’époque.