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LA "MER DE CHINE MÉRIDIONALE"
Quelques éléments de géostratégie
par Jean-Pierre GOMANE
Devrait-on débaptiser, aujourd'hui, la "mer de Chine méridionale", selon une pratique qui se répand, compliquant singulièrement la tâche des géographes, parce que remettant en cause, ici ou là, au hasard de l'évolution des Etats et de leurs relations, la toponymie couramment imposée ? Si l'on fixe, selon l'usage général, la limite septentrionale de cette mer aux environs du vingt-et-unième parallèle, joignant approximativement la baie de Luichow (Kouang-Tchéou) au canal de Bashi (entre les îles Batan et Taiwan) , la Chine peut, à peine, en effet, être considérée comme puissance riveraine, si ce n'est essentiellement, par Hainan, en faisant abstraction, évidemment, de toute une série d'îles et d'îlots situés pius au Sud et sur lesquels elle revendique une souveraineté d'ailleurs âprement contestée par ses voisins. Sans prétendre discuter au fond la position juridique de la Chine en la matière, il faut bien avouer que les cartographes occidentaux ont apporté, au moins indirectement, leur caution à l'appui de la thèse de Pékin, en attribuant à l'espace maritime ainsi défini, unanimement au moins depuis le dix-neuvième siècle, le nom de "mer de Chine méridionale".
Le cadre naturel et historique
Que l'on considère la manière dont on peut la délimiter tant par rapport au continent asiatique qu'à l'océan Pacifique entre lesquels elle s'inscrit, ou en tenant compte des données naturelles dont elle dépend, voire encore en considérant les grandes lignes de son destin historique, on constate qu'il s'agit d'une aire géo-maritime présentant un incontestable caractère d'unité.