Svoboda | Graniru | BBC Russia | Golosameriki | Facebook

Clairefontaine (Belgique)

hameau de Belgique

Clairefontaine [klɛʁ.fɔ̃.tɛn](Badebuerg[1]/Badeburg/Baardebuerg en luxembourgeois, Bardenburg en allemand) est un hameau belge distant de quatre kilomètres de la ville d'Arlon dont il fait partie, en province de Luxembourg. Avant la fusion des communes de 1977, il était rattaché à la commune d'Autelbas. Le nom Bardenburg dérive du limbourgeois Paardenburg (donjon des chevaux), nom officiel que les ducs de Limbourg ont donné au fief dévolu à leur avoué du comté d’Arlon, les seigneurs de Wiltz qui y tenaient un haras qui existait depuis le Xe siècle[2].

Clairefontaine
Clairefontaine (Belgique)
La chapelle Notre-Dame de Clairefontaine
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Luxembourg Province de Luxembourg
Arrondissement Arlon
Commune Arlon
Code postal 6700
Zone téléphonique 063
Démographie
Gentilé Clairfontinois(e) ou Clairefontainois(e)
Population 79 hab. ()
Géographie
Coordonnées 49° 39′ 58″ nord, 5° 51′ 57″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte topographique de Belgique
Clairefontaine
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte administrative de Belgique
Clairefontaine
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Voir sur la carte administrative de la Région wallonne
Clairefontaine
Géolocalisation sur la carte : province de Luxembourg
Voir sur la carte administrative de la province de Luxembourg
Clairefontaine

Jusqu'au partage du grand-duché de Luxembourg (créé en 1815 par le congrès de Vienne) à l'issue de la Conférence de Londres (1831-1839), Clairefontaine relevait de la commune d'Eischen-Hobscheid conservée, pour l'essentiel, par le grand-duché réduit (à sa taille actuelle).

Le village est surtout connu pour les ruines de l'ancienne abbaye de moniales cisterciennes qui fut nécropole de la famille comtale de Luxembourg. La célèbre comtesse Ermesinde, fille d'Henri IV de Luxembourg, dit "Henri l'Aveugle" et par ailleurs aussi comte de Namur, avait eu l'intention de fonder cette abbaye. C'est toutefois son fils Henri V de Luxembourg, dit "Henri le Blondel", qui, en exécution du testament de sa mère, fit effectivement bâtir le monastère. Mais Ermesinde y repose; et d'autres dynastes luxembourgeois y trouvèrent leur dernière demeure. Le célèbre comte de Luxembourg Jean l'Aveugle, devenu par mariage roi de Bohême et mort lors de la bataille de Crécy, avait souhaité y être inhumé ; le sort en décida cependant autrement.

Géographie

modifier

Situation

modifier

Clairefontaine est situé à l'est d'Arlon et à moins d'un kilomètre de la frontière luxembourgeoise.

Le hameau est traversé, parallèlement à sa rue principale, d'ouest en est, par le Durbaach, connu localement sous le simple nom de ruisseau de Clairefontaine, un ruisseau venant d'Autelbas et se jetant dans la rivière Eisch (un affluent de l’Alzette) à la frontière belgo-luxembourgeoise, juste après l'ancienne École apostolique de Clairefontaine des prêtres "dehoniens", ouverte en 1889 et fermée en 1986, et devenue depuis 1991 un centre de formation spirituelle, de conférences et de colloques (possibilité de louer des salles et de séjourner sur place) appartenant toujours à la congrégation[3].

Localités environnantes

modifier
  Waltzing
 
Birel N Schwarzenhof (L)
Steinfort (L)
O    Clairefontaine    E
S
Autelhaut Autelbas-Barnich Sterpenich

Histoire

modifier

Le lieu était sans doute occupé bien avant la fondation de l'abbaye. Les hauteurs de Clairefontaine, notamment le Kaarlsbierg[4], auraient déjà accueilli des aménagements fortifiés à l'époque romaine. En tous cas, il y existait déjà un petit château, car c'est la comtesse Ermesinde de Luxembourg qui habitait ce château voisin (du Bardenbourg), elle qui avait par ailleurs eu l'intention de fonder l'abbaye de Clairefontaine finalement fondée par son fils et successeur.

La légende raconte que la comtesse, un jour qu'elle se promenait dans les environs de son château, s'assoupit sous un chêne et eut un songe. Elle vit une Dame qui descendait des collines voisines. Cette Dame tenait dans ses bras un enfant et était entourée d'un troupeau de moutons blancs marqués d'une croix noire. Un ermite de la région lui expliqua que c'était la Vierge qu'elle avait vue en songe, et qu'elle lui demandait de construire un monastère de l'Ordre de Cîteaux sur le site de Clairefontaine. Ce qu'elle n'a cependant pas eu le temps de faire (cf. la bibliographie du professeur Georges Despy!) .

Conformément à ses dernières volontés, Ermesinde eut toutefois sa sépulture dans l'abbaye de Clairefontaine. Son sarcophage (QUEL SARCOPHAGE? Ce n'était qu'un petit coffre - le "sarcophage" actuel est de l'époque contemporaine et en bois peint - allez voir sur place, comme moi) , retrouvé au XIXe siècle, se trouve dans la crypte de la chapelle Notre-Dame de Clairefontaine[5] du village.

Voilà des renseignements qui datent et ne sont plus vrais. [6]

Ermesinde prit sa retraite dans son douaire de Marville qu’elle avait reçu en douaire de son premier mari, Thibaut de Bar, où elle se sent mieux parmi les francophones laissant son fils seul aux manettes du pouvoir. Elle songe à son décès futur et envisage la problématique de son lieu de sépulture pour mieux unir le marquisat d’Arlon au comté de Luxembourg. Elle ne peut en effet se laisser inhumer à côté de son second mari, Waléran, ni auprès de son premier mari : aucun de ces choix ne serait fédérateur pour le nouvel état. Même l’inhumation dans une abbaye de Luxembourg ne serait pas fédérateur pour les habitants du marquisat d’Arlon. Il faut donc songer à un tombeau dynastique placé près d’Arlon mais aussi près du comté de Luxembourg, le long de la chaussée Luxembourg-Arlon. Il n’y a que la terre de Delle qui puisse convenir, mais elle ne lui appartient plus car les deux moitiés sont données en fief. Il faut donc qu’elle rachète la moitié la plus favorable, la part de Frédéric de Wiltz, représenté maintenant par Richard de Wiltz, achat rendu d’autant plus facile parce qu’il n’est plus avoué d’Arlon effectif et n’en porte plus qu’un simple titre, héréditaire certes, mais symbolique sans plus aucun pouvoir. Cet achat se fait le 21/12/1242, quatre ans avant la mort de la comtesse, qui a d’abord consulté son sénéchal Rodolphe de Sterpenich (nommé aussi Rodolphe de Kahler), avec qui elle s’entend bien. Il lui avait confirmé que le meilleur endroit pour l’établissement d’un couvent était l’emplacement du haras. Elle fait faire les démarches nécessaires pour avoir les premières moniales qui peuvent habiter provisoirement en petit prieuré dans le donjon du gérant que les fouilleurs ont retrouvé. Les nombreux ouvriers carriers, tailleurs de pierres, maçons, entrepreneurs, trouvent à loger dans les installations abandonnées par les chevaux et les palefreniers haras. La comtesse vendit tous les chevaux du haras pour en confier l’argent aux premières religieuses qui firent d’abord construire un tout petit oratoire à côté du donjon que les fouilleurs ont retrouvé. Ermesinde mourut le 11/2/1247 et sur son lit de mort elle avait encore fait faire un document rappelant et légalisant tous les dons qu’elle avait fait jusqu’ici et priant son fils de continuer son œuvre à peine commencée. Le contenu de ce document authentique ne plut pas aux religieuses qui dressèrent très maladroitement un faux testament sur un parchemin trop petit dont la forme n’aurait jamais pu avoir le moindre pouvoir légal. Ce qui ne plaisait pas : la fondation d’une abbaye à Bas-Leu (son âge avait fait oublier à Ermesinde le nom de Delle, ou Delia en latin, mais elle avait retenu facilement le nom de Bas-Leu, car un village du même nom n’était pas loin de sa résidence à Marville). Le faussaire transforma le nom de Bas-Leu en Bialeu (signifiant alors Beaulieu et non plus Bas-Lieu) : iln’aimait pas le nom Bas-Leu parce que les parties basses sont indignes de la noblesse. Le faussaire ne supportait pas non plus que le monastère soit installé dans un ancien haras qui devait être bien décrit par la comtesse dans son testament. En effet, la comtesse donne intégralement tout ce que contient le haras. Le faussaire se trahit en copiant par mégarde que la comtesse donne intégralement toute la nourriture des juments, texte qu’il rature parce qu’il ne veut pas parler de haras. Voici le passage de ce faux testament avec notre commentaire immédiat. Le 11/2/1247, 128 la comtesse Ermesinde fait son testament : « [...] dedi integraliter (puis suivent trois mots raturés qui sont nutritarum omnium équarum, je donne intégralement toute la nourriture des juments), equas meus cum pullis suis (intégralement mes juments avec leurs poulains) quarum numerus est LXIIII magnarum (dont le grand nombre est de 64), pullorum numerus novem (le nombre de poulains est de 9), XL modios frumenti ad mensura arlunensem (40 maldres de froment à la mesure d’Arlon, soit 40 × 180 litres ou 7 200 litres ; une personne adulte consomme 200 litres de froment par an pour son pain, donc il y a de quoi nourrir 36 personnes par an), XL libras lucemborgensium denarium (40 livres luxembourgeoises en deniers), omnes oves quatuor ovilium meliorum (tous les moutons des mes 4 meilleures bergeries — sans localisation

exacte de ces bergeries le document est juridiquement irrecevable car on pourrait encore discuter longtemps lesquelles sont les meilleures ; le faussaire a donc omis la localisation de ces bergeries pour gagner encore une fois de la place), boves et equos ad duo aratra (bœufs et chevaux pour deux charrues). Haec omnia data sunt pro aedificiis abbatiae construendis (ceci est donné pour construire les édifices abbatiaux) ». Plus loin il est dit seulement : « Item dedi medietatem omniam pertinentium ad Dele sicut eam emi a Richardus Advocato Arlunensi » « Item je donne toutes les dépendances de la moitié de Delle comme je les ai achetées à Richard (de Wiltz), avoué d’Arlon (avoué honorifique). » Cette dernière mention devait sans doute figurer au début du testament, suivie de la description du haras. Comme l’autre moitié appartient à Rodolphe de Sterpenich, l’abbaye est donc construite dans la moitié de Richard de Wiltz. CQFD.Ce faux testament a aussi abrégé le prénom des personnes par une seule initiale, ce qui rend le document juridiquement irrecevable. En abrégeant le testament original, le faux testament de la comtesse devient tout à fait irréaliste, notamment en ne mentionnant pas ses enfants. Dans un haras il y a aussi des étalons, des hongres, des pouliches et pas seulement des juments et des poulains ; les poulains sont aussi plus nombreux que les juments. Un poulain est sevré au bout de 10 mois en arrêtant de téter mais reste avec sa mère jusqu’à sa maturité sexuelle. En élevage, le poulain est séparé de sa mère au bout de 6 mois. Il ne peut être dressé avant l’âge de 2 ans. Il manque donc beaucoup de poulains dans le testament. Un étalon ne sait saillir que 10 juments. Il manque donc au moins 7 étalons pour saillir les juments mentionnées. Il faut donc croire que le faussaire a voulu gagner de la place et qu’Ermesinde fut plus prolifique dans son texte. Il y aurait donc eu environ 70 chevaux adultes dans ce haras, plus une centaine de poulains qui sont peut- être vendus systématiquement 6 mois après leur naissance, ce qui expliquerait donc bien le nombre de 9 poulains dans ce haras. Ermesinde ayant financé la fondation de cette abbaye de façon absolument insuffisante et symbolique, son fils Henri dut lui léguer davantage pour construire les bâtiments.

Démographie

modifier

Le village de Clairefontaine compte 69 habitants[7] au .

Abbaye de moniales

modifier

Le monastère fut construit à l'endroit où, environ cent ans plus tôt, en 1147, saint Bernard bénit une source alors qu'il faisait une halte sur la route qui le menait de Reims à Trèves. Il parcourut ce chemin alors qu'il accompagnait le pape Eugène III et dix-huit cardinaux. Le seigneur du château de Bardenbourg invita le pape et saint Bernard à venir se reposer et se restaurer dans sa demeure. Or, un membre de la famille du seigneur était gravement malade. Saint Bernard fit une prière, le bénit avec l'eau de la source qui coulait à cet endroit et la personne guérit sur le champ ! La source qui coule encore aujourd'hui -, au même endroit derrière la chapelle Notre-Dame - est connue depuis lors comme 'source Saint-Bernard' et passe pour avoir des vertus curatives.

Après des siècles d'activité, l'abbaye fut détruite à la fin du XVIIIe siècle, au moment où les troupes révolutionnaires françaises envahirent le Luxembourg (épisode que l'écrivain romantique Marcellin La Garde retracera dans son roman historique Les derniers jours de Clairefontaine en 1850).

En 1935, l'abbaye renaquit en bord de Semois, à Cordemois, près de Bouillon: c'est l'Abbaye Notre-Dame de Clairefontaine.

Renouveau du village

modifier
 
Vue de l'ancienne école des prêtres du Sacré-Cœur.

À l'abandon durant de nombreuses années, le site de Clairefontaine connut un nouvel élan religieux à la fin du XIXe siècle grâce à la construction, au centre de ce qui était la nef de l'église abbatiale, d'une nouvelle chapelle. La chapelle Notre-Dame de Clairefontaine[5], fut construite par des pères Jésuites entre 1875 et 1877 et fut, durant un siècle, le sanctuaire marial préféré des Arlonais. Cette chapelle fut l'objet d'une rénovation complète entre 1997 et 2000.

Les prêtres du Sacré-Cœur de Saint-Quentin achètent en 1889 l'ancien couvent des dominicaines pour en faire une école apostolique, puis un établissement d'enseignement secondaire réputé (John Scheid et Jean-Claude Juncker en sont deux des plus illustres anciens). L'établissement ferme un siècle plus tard, en 1986. C'est aujourd'hui un centre spirituel appartenant toujours à la même congrégation religieuse et le siège des Editions SCJ Clairefontaine qui éditent e.a. la revue "Heimat und Mission" ainsi que les œuvres spirituelles du Père Léon Dehon, fondateur de la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur[3].

Tout ne fut cependant pas si idyllique dans l'histoire de cette école apostolique. Ernest, Eugène Herr, connu en religion sous le nom de Jacques, devint le premier directeur de l’école apostolique préparant des garçons à entrer au séminaire. Son premier méfait fut de faire une fausse déclaration à la commune d’Autelbas où il a déclaré être né à Saint-Quentin le le 24/10/1850 alors qu’il était né le 23/10/1856. L’historien de l’école apostolique, le Père Kayser, dit du Père Herr qu’il était le bras droit de Léon Dehon qui l’avait choisi pous son don très spécial pour s’occuper des garçons. Dehon mit en vente tout son domaine de Clairefontaine de juin 1900 à fin août dans le journal « L’Écho du Luxembourg » conservé aux Archives de l’État à Arlon. Mais ne trouvant pas d’amateur Dehon garda l’école mais se résolut à changer de directeur. Ernest Herr envoya un courrier de changement de domicile à la commune d’Autelbas le 4/10/1902, juste avant son départ de Clairefontaine, le temps de passer le flambeau à un successeur « qui l’a appelé à de plus hautes fonctions à Louvain ». Herr fut arrêté dans un train à Bruxelles pour agression sexuelle sur un jeune de 16 ans et déclina une fausse identité comme s’appelant Lefevre de Saint-Quentin où ce nom est extrêmement répandu. Les cartes d’identité ne seront introduites que par les occupants allemands pendant la première guerre mondiale. Il fut condamné à huis clos le 19/4/1905 de seulement huit jours d’emprisonnement parce que les parents n’avaient pas porté plainte. Dehon éjecta évidemment Herr de son ordre qui devint curé du village de Hébuterne détruit entièrement dans les combats de la première guerre mondiale.

Notes et références

modifier
  1. Zesummegestallt vum Henri Leyder-Lëtzebuerger Marienkalender 1997-iwwerschaft 3/2011.
  2. « Alfred Jungen - Histoire des trois moulins de Clairefontaine avec leurs scandales », sur sites.google.com (consulté le )
  3. a et b Histoire de l'école apostolique de Clairefontaine
  4. Mertens J. 1960: Le Kaarlsbierg a Clairefontaine et quelques autres fortifications anciennes du Luxembourg meridional, Archaeologia Belgica 49
  5. a et b La chapelle se situe en 49° 39,97′ N, 5° 51,95′ E
  6. « Alfred Jungen - Histoire des trois moulins de Clairefontaine avec leurs scandales », sur sites.google.com (consulté le )
  7. Registres officiels de la population de la commune d'Arlon, consultés en août 2013.

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :