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Alphonse de Neuville

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Alphonse de Neuville
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Alphonse Marie DeneuvilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Conjoint
Mimi Maréchal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
Maître
Genre artistique
Distinctions
Œuvres principales
Les Dernières Cartouches, L'Attaque à l'aube, Le Cimetière de Saint-Privat (d), Le Bourget (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Alphonse de Neuville
Signature dans son dossier de Légion d’honneur.

Alphonse Marie Deneuville, dit Alphonse de Neuville[a], né le à Saint-Omer et mort le à Paris 17e, est un dessinateur, illustrateur et peintre militaire français.

Élève de François Édouard Picot, il est l'un des représentants principaux de la peinture militaire du XIXe siècle. Il s'est rendu célèbre par des tableaux relatant la guerre franco-allemande de 1870.

Premier enfant de Louise Sophie Reumaux et d'Édouard Deneuville, fabricant de chandelles aisé, qui occupe ses loisirs à écrire des vers, Alphonse entre en 1853, malgré l’opposition de sa famille, qui le destinait au barreau et peut-être aux fonctions publiques, mais elle se trouva en présence d’une vocation bien décidée ; le jeune homme voulait faire de la peinture[2], au lycée de Lorient, pour y préparer l’admission à l’École navale, en vue d'une carrière militaire. Après un an passé à Lorient, il entreprend des études de droit à Paris[3].

Sa vocation bien arrêtée pour la peinture l’orientant irrésistiblement vers la carrière artistique, il est admis en 1853 à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de François Édouard Picot, sur la recommandation d’Hippolyte Bellangé[4], il n’y poursuivra pas ses études[b]. Ayant commencé à dessiner dès son enfance, on lui confie, dès son arrivée à Paris, des travaux de librairie qui, en lui permettant de subsister, lui permettront d’apprendre tranquillement le métier de peintre et d’attendre patiemment les acheteurs[4].

Il débute comme illustrateur dans des revues telles que l'Univers illustré, l'Illustration, le Monde illustré, le Tour du monde. S’il doit à ce talent de dessinateur d’avoir traversé sans pâtir la période de ses débuts, il lui doit également de s’être exercé de bonne heure à la composition et d’y avoir acquis une adresse extraordinaire qui a énormément contribué à la fortune de ses peintures[4].

Il a contribué abondamment, par ses dessins d'illustration, à la revue Le Tour du monde d'Édouard Charton, aux revues de théâtre, aux éditions illustrées de Jules Verne et d'autres ouvrages comme l’Histoire de France racontée à mes petits-enfants de François Guizot[5], À coups de fusil de Quatrelles[6] ou l’Histoire du drapeau de Jules Claretie[4], mais son ambition est de devenir un peintre d'histoire.

À partir de 1859, il expose au Salon, où il reçoit, dès sa première participation, une médaille de 3e classe pour son tableau Le 5e bataillon de chasseurs à la batterie Gervais, avec des conseils et des encouragements d'Eugène Delacroix[7],[8],[9],[10]. Cet épisode du siège de Sébastopol a eu un vif succès[6].

Au Salon de 1861, il obtient une seconde médaille pour Chasseurs de la garde à l'assaut du Mamelon-Vert[11]. Élève de Meissonier, étudiant avec passion les incidents de la vie militaire et connaissant à fond les menus détails des brillants uniformes que l’Empire avait adoptés, il peint, en 1864, un Épisode de la bataille de Magenta, qui consacre définitivement sa réputation artistique[6].

Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870 en tant que garde national à Belleville et au Bourget. Attaché à un état-major pendant le siège de Paris, il voit la guerre de très près et devient un « peintre-combattant » auquel il ne suffit que d’être exact pour recréer l’intensité dramatique de l’inépuisable variété d’épisodes dont il a été le témoin[4]. À partir de 1873, sa peinture militaire est un succès, et ses toiles se vendent de plus en plus cher[12].

En 1880, il expose à Londres et exécute plusieurs œuvres ayant trait aux campagnes militaires britanniques, en particulier la guerre des Zoulous. De 1881 à 1883, il collabore avec Édouard Detaille à la réalisation des panoramas de batailles : la Bataille de Champigny et la Bataille de Rezonville. Il expose pour la dernière fois au Salon en 1881, où il présente le Cimetière de Saint-Privat et le Porteur de dépêche.

Le , malade depuis de longs mois[2], peu avant sa mort, Il épouse civilement et religieusement l'actrice Mimi Maréchal (d), qui avait quitté pour lui le théâtre, après 25 ans de vie commune[13].

Ses obsèques ont lieu en l'église Saint François de Sales, en présence d'une importante délégation militaire[3].

Alphonse de Neuville en uniforme de la Garde nationale en 1870-1871.

Thèmes picturaux

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Marie-Désiré Bourgoin, Alphonse de Neuville dans son atelier.

« C'était par excellence le dramaturge de la guerre », écrit Wolff, « dont il retraça les épisodes sanglants avec une rare puissance de mise en scène et une saisissante vérité. Ni dessinateur irréprochable comme Édouard Detaille, ni coloriste au sens propre du mot. De Neuville n'en est pas moins parvenu à prendre rang parmi les meilleurs qui ont consacré leur talent à l'armée ».

Parmi ses sujets favoris, on trouve la guerre de Crimée, la guerre franco-prussienne, la guerre anglo-zouloue et des portraits de soldats.

Au sujet de son travail, souvent qualifié de « patriotique[14] », sur la guerre franco-prussienne l'artiste déclare :

« Je désire raconter nos défaites dans ce qu’elles ont eu d’honorable pour nous, et je crois donner ainsi un témoignage d’estime à nos soldats et à leurs chefs, un encouragement pour l’avenir. Quoi qu’on en dise, nous n’avons pas été vaincus sans gloire, et je crois qu’il est bon de le montrer ! »

— Lettre d’Alphonse de Neuville au critique d’art Gustave Goetschy, 1881[15].

États-Unis
France
Russie
Représentation de la partie de La Bataille de Champigny (1882) exécutée par Alphonse de Neuville, issue du livret descriptif vendu aux visiteurs du panorama.

Les Dernières Cartouches (1873)

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Les Dernières Cartouches (1873), Bazeilles, Maison de la dernière cartouche.

Une de ses œuvres les plus célèbres est intitulée Les Dernières Cartouches, présenté au Salon de 1873. Il s'agit d'une représentation d'un épisode de la bataille de Sedan, soit la défense jusqu'aux dernières cartouches d'une maison cernée par l'ennemi à Bazeilles dans les Ardennes durant la guerre franco-prussienne, œuvre qui lui valut la Légion d'honneur[19].

Passée en vente à la fin du XIXe siècle, elle a été alors le tableau le plus cher du monde[20]. L'original a été racheté en 1960 et est depuis conservé à Bazeilles au musée de la Maison de la dernière cartouche, qui n'est autre que l'ancienne auberge Bourgerie dans laquelle s'est déroulée la scène historique dépeinte dans l'œuvre.

Illustration

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Francis de Saint-Vidal, Monument funéraire d'Alphonse de Neuville (1894), Paris, cimetière de Montmartre.

Distinctions

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  • Chevalier (1873) puis officier (1881) de la Légion d'honneur

Postérité

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Une vente d’œuvres de l’artiste eut lieu à son hôtel particulier au 25, rue Alphonse-de-Neuville à Paris, les 23, 24 et . Elle comportait 64 tableaux et aquarelles de l’artiste, du no 65 au no 91 bis des tableaux anciens et modernes.

Les Dernières Cartouches (1873, Bazeilles, Maison de la dernière cartouche) a été adaptée au cinématographe en 1897 par Georges Méliès dans un court-métrage muet en noir et blanc nommé Bombardement d'une maison, puis par les Frères Lumière entre autres, ce qui en fait le sujet d'un des premiers films de guerre de l'Histoire.

Bivouac après le combat du Bourget (1873, Paris, musée d'Orsay) a inspiré le tableau Le Rêve peint par Édouard Detaille en 1888 (Paris, musée d'Orsay)[22].

Notes et références

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  1. La création de la particule est due à l’artiste, après quoi il n'a plus guère été connu que sous le nom de « de Neuville » et par abréviation, « Neuville »[1].
  2. Il a été dit, sans preuves, que s’étant présenté, au début, chez Hippolyte Bellangé et Adolphe Yvon pour leur demander des conseils, il aurait été reçu d’une façon peu encourageante[4].

Références

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  1. Charles Read, « Alphonse de Neuville », L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, Paris, B. Duprat, vol. 39, no 821,‎ , p. 59 (ISSN 0994-4532, lire en ligne sur Gallica).
  2. a et b Eugène Véron, « Nécrologie : Alphonse de Neuville », Courrier de l’art, Paris, vol. 5, no 1,‎ , p. 260 (ISSN 1144-1658, lire en ligne sur Gallica).
  3. a et b Philippe Chabert, Alphonse de Neuville : l’épopée de la défaite, Paris, Copernic, coll. « Peintres témoins de l’histoire », , 80 p., 8 p. de pl. : illustr. ; 26 cm (ISBN 978-2-85984-034-1, OCLC 417357380, lire en ligne), p. 8.
  4. a b c d e et f Alfred de Lostalot (d), « Alphonse de Neuville », Gazette des beaux-arts, Paris, vol. 32, no 2,‎ , p. 166 (ISSN 2430-0683, lire en ligne sur Gallica).
  5. François Guizot, L’Histoire de France : depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, racontée à mes petits-enfants, t. 1, Paris, Hachette, , 578 p., 5 vol. : ill. ; 27 cm (OCLC 490878907, lire en ligne sur Gallica).
  6. a b et c « Nous apprenons… », Le Livre : revue mensuelle, Paris, A. Quantinvolume=,‎ , p. 386 (ISSN 2113-0248, lire en ligne sur Gallica).
  7. « Nécrologie : A. de Neuville », La Justice, Paris,‎ , p. 3 (ISSN 1256-0227, lire en ligne sur Gallica).
  8. « A. de Neuville », Le Voleur, cabinet de lecture universel,‎ , p. 1 (ISSN 2022-4966, lire en ligne sur Gallica).
  9. Lostalot 1885
  10. Bellier de la Chavignerie
  11. Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique, tome 6, p. 356.
  12. Wolff 1886, p. 302sq.
  13. Wolff 1886, p. 309.
  14. Wolff 1886, p. 300, entre autres.
  15. « Le Cimetière de Saint-Privat : Interprétation », sur histoire-image.org (Paris, musée de l'Armée).
  16. « Le Bourget », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
  17. « Attaque d'une maison barricadée », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
  18. « Cimetière de Saint-Privat », sur Muse d'Orsay (consulté le ).
  19. Chabert 1979, p. 76.
  20. Marie de Bruchard, « Les Dernières Cartouches », sur napoleon.org, (consulté le )
  21. « Monument à Alphonse de Neuville », notice sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr.
  22. Bertrand Tillier, « Analyse de l'œuvre, L’Histoire par l’image ».

Bibliographie

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  • Gustave Goetschy, Les jeunes peintres militaires. Deneuville, Detaille, Dupray, Paris, Baschet, (disponible sur Internet Archive).
  • Catalogue des tableaux aquarelle et dessins, armes de guerre, coiffures militaires et pièces d'armement provenant de l'atelier A. de Neuville précédé d'une notice par Gustave Gœtschy, Paris, Drouot, , 114 p. (disponible sur Internet Archive).
  • Alphonse Deneuville dit de Neuville, [catalogue d’exposition], Saint-Omer, Musée de l'hôtel Sandelin, 1978.
  • Philippe Chabert, Alphonse de Neuville : l’épopée de la défaite, Paris, Copernic, coll. « Peintres témoins de l’histoire », , 80 p., 8 p. de pl. : illustr. ; 26 cm (ISBN 978-2-85984-034-1, OCLC 417357380, lire en ligne), p. 11.
  • Alfred de Lostalot (d), « Alphonse de Neuville », Gazette des Beaux-Arts,‎ , p. 164-72 (lire en ligne sur Gallica).
  • Thomas Jules Richard Maillot (alias Jules Richard), En campagne, deuxième série, tableaux et dessins de Meissonier, Ed. Detaille, A. de Neuville, Paris, Boussod, Valodon et Cie Successeurs de Goupil et Cie et Ludovic Baschet Librairie d'Art, [vers 1890] ;
  • François Robichon, Alphonse de Neuville 1835-1885, 2010, Paris, Nicolas Chaudun, 175 pages ;
  • Albert Wolff, « Alphonse de Neuville », dans La capitale de l'art, (lire en ligne sur Gallica), p. 299-314.

Liens externes

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