Journalisme en France
Le journalisme en France trouverait son origine dans La Gazette de Théophraste Renaudot, créée en 1631 sous Louis XIII. La liberté de la presse s'impose progressivement contre la censure royale, avant d'être proclamée dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, et institutionnalisée par la loi du 29 juillet 1881, sous la Troisième République, qui fournit encore aujourd'hui le cadre juridique de son exercice.
En France, il existe aujourd'hui plusieurs écoles de journalisme, dont 14 reconnues par la Commission paritaire nationale de l'emploi des journalistes (CPNEJ).
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En 2021, la France est placée à la 34e place du classement mondial de la liberté de la presse mis en place par l'ONG Reporters sans frontières en raison notamment des « violences récurrentes contre les journalistes pendant les manifestations »[1].
En 2023, la France se place à la 24e place de ce même classement, bien que « les reporters continuent de faire l’objet de violences policières en plus des agressions de la part de manifestants »[2].
Histoire du journalisme en France[modifier | modifier le code]
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« La Presse »
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À la veille de la guerre de 1914-18, les quatre plus grands quotidiens français sont Le Petit Parisien, Le Matin, Le Journal et Le Petit Journal, devenu célèbre en exploitant l'affaire Troppmann en 1869, ce qui en fait rapidement le principal concurrent du Figaro, fondé en 1826. L'Humanité, lancée en 1904 par le socialiste Jean Jaurès, devient l'organe de presse du PCF.
À la Belle Époque et durant l'entre-deux-guerres, la presse, dont une partie est financée par la publicité (un tiers des recettes avant 1914 pour Le Matin, propriété du sulfureux Maurice Bunau-Varilla [3]), publie aussi des feuilletons (Gaston Leroux, etc). D'autres journaux apparaissent pendant l'entre-deux-guerres, tel Paris-Soir, édité par Jean Prouvost, qui recrute de grands noms (Pierre Lazareff, Paul Gordeaux, Blaise Cendrars, Joseph Kessel, Georges Simenon, Antoine de Saint-Exupéry, etc.). Un journal satirique, Le Canard enchaîné, est fondé en 1915 pour protester contre la censure gouvernementale.
Tous les journaux ayant paru sous l'Occupation, dont Le Matin et Le Temps, sont interdits de parution à la Libération puis expropriés en 1946 par le GPRF. Le Petit Parisien est remplacé par Le Parisien libéré, ancêtre du Parisien, tandis que Le Monde de Hubert Beuve-Méry hérite de l'infrastructure du Temps.
Dans les années 1970, alors que l'ORTF réglemente la radio et la télévision, Robert Hersant rachète Le Figaro et parvient à constituer un empire de presse, le groupe Hersant. C'est à la même époque qu'un petit groupe de maoïstes, protégés par Jean-Paul Sartre, fondent Libération, qui devient progressivement l'un des principaux quotidiens de gauche non-communiste. En 1974, la loi cressard définit les droits des journalistes pigistes.
Concept, terminologie et décompte[modifier | modifier le code]
En 2020 la France compte 142 500 des 788 900 journalistes — soit 18% — de plus de 15 ans — au sens de la classification des occupations ISCO/CITP ISCO-08/CITP-08 — de l'Union européenne[4], d'après une enquête d'Eurostat menée par sondage des forces de travail. Ces journalistes CITP représentent 0.53% de la population active, toutes activités confondues[4].
Sur ces 142 500 journalistes par activité — au sens international —, 33 733 — soit 24% — sont reconnus comme journalistes professionnel par une carte de presse[5][réf. non conforme]. La législation française et la jurisprudence considèrent que sont assimilés à des journalistes les collaborateurs directs de la rédaction, à l'exclusion de tous ceux qui n'apportent à un titre quelconque qu'une collaboration occasionnelle[6][réf. non conforme].
Déontologie[modifier | modifier le code]
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Les journalistes sont tenus à des règles déontologiques dont les bases sont la vérification des faits et la protection des sources. Une Charte des devoirs des journalistes a été rédigée en et révisée en 1938 puis en 2011. La version de 1938 stipulait qu'« un journaliste digne de ce nom [...] s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque », ce qui lui a valu d'être contestée lors de l'émission Les Infiltrés, diffusée depuis sur France 2, certains estimant que le journalisme d'investigation doit recourir à des images volées comme dans cette émission[7].
La Loi Brachard de 1935 créant un statut de journaliste professionnel et celle de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels en mai 1936 pouvaient laisser croire que la profession se dotait d'un organisme comparable à l'Ordre des avocats et habilité à juger du respect des règles déontologiques. Le rapporteur de la loi promulguée le , le député de l’Aube Émile Brachard, un radical, affirmait alors que « l'établissement de la carte d'identité aidera puissamment à l'organisation méthodique d'une profession longtemps demeurée dans l'anarchie »[8].
La loi ne prévoyant pas ce rôle à la commission, le texte de 1918 est resté d'actualité jusqu'en , date à laquelle il a été révisé et complété. Une version modernisée, intitulée « Déclaration des devoirs et des droits des journalistes », a été adoptée en 1971 par les fédérations de journalistes de la Communauté européenne, de Suisse et d’Autriche, et de plusieurs organisations internationales de journalistes. C'est ce texte qui sert de référence aux journalistes français et que les syndicats de journalistes proposent de faire figurer en préambule de la convention collective des journalistes[réf. nécessaire].
Les attaques sexistes de certains journalistes, en particulier, en 1991, contre la Première ministre Édith Cresson, dépeinte par Le Bébête show comme la panthère Amabotte, soulèvent l'indignation des milieux féministes[9],[10],[11],[12].
Il existe aussi des codes informels ou des chartes déontologiques propres à certains organes de presse ou groupes audiovisuels (comme, en France, au Monde et à France Télévisions), qui reprennent et complètent la charte adoptée par les syndicats et les représentants des journalistes[réf. nécessaire].
Censure et protection des sources[modifier | modifier le code]
La liberté de la presse et la déontologie de la presse sont indissociables d'un autre enjeu, celui de la censure, ainsi que du principe de protection des sources d'information des journalistes, plusieurs fois mis à mal dans des affaires récentes, souvent au titre de la violation présumée du secret de l'instruction, ce qui a valu à la France plusieurs condamnations par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)[13] (on peut citer l'affaire Guillaume Dasquié [14],[15],[16]; perquisition au Canard enchaîné à l'été 2007 dans le cadre de l'affaire Clearstream [17], audition en 2005 de journalistes du Berry républicain [18], perquisition au Point et à L'Équipe en 2004-05 à la suite de la publication d'articles sur l'affaire de dopage Cofidis[19],[20][source secondaire souhaitée], etc.).
Une loi dite de « protection du secret des sources des journalistes » a été adoptée le [21]. La gauche a voté contre cette loi, jugée insuffisante [22],[13]. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) s'est inquiété notamment des exceptions apportées par la loi à la protection des sources [23], qualifiée par la CEDH de « [pierre angulaire] de la liberté de la presse » [24].
Journalisme européen en France[modifier | modifier le code]
Organisation du journalisme européen en France[modifier | modifier le code]
Les journalistes français peuvent participer à différentes organisations européennes comme le European Journalism Centre (en), l'association des journalistes européens, et l'Eurocorrespondent. Le prix du journalisme européen, dit prix Louise Weiss, est décerné annuellement depuis 2005[25].
Traitement de l'actualité européenne[modifier | modifier le code]
Les correspondants de presse à Bruxelles, dits « Press Corps », ne font plus partie de la culture journalistique de leur pays d’origine. Les rédactions nationales traitent l'actualité européenne par des journalistes, des émissions ou des chroniques spécialisés, tels l’éditorial Europe de Radio France, Avenue de l'Europe sur France 3, ou Transeuropéenne sur France Inter[25].
Le grand public est informé de l'actualité européenne par des médias non spécialisés, souvent sans correspondant à Bruxelles, mais qui jouent un rôle clef dans l'information sur ces questions. Les rédactions nationales des grands organes de presse et les médias audiovisuels publics traitent ainsi de l'Europe selon d'autres priorités, parfois de manière succincte — par exemple, 1 500 signes pour le traité constitutionnel en 2004 —, tandis que des médias audiovisuels privés et des organes de presse populaire, voire de type « tabloïd », comme TF1 ou Le Parisien/Aujourd’hui en France, l'évoquent occasionnellement et principalement sous forme de polémique, de scandale ou de crise[25].
Journalisme régional en France[modifier | modifier le code]
En France, TF1 s'intéresse au journalisme régional notamment dans le Journal de 13 heures (TF1) et à l'occasion des grèves[26][réf. incomplète].
Autres métiers du journalisme en France[modifier | modifier le code]
La profession de journaliste se décline en diverses facettes : billettiste, critique littéraire, correspondant, correspondant de guerre, dessinateur de presse, éditorialiste, feuilletoniste, fixeur, journaliste reporter d’images, grand reporter, rédacteur en chef, reporter ou secrétaire de rédaction[style à revoir][27][réf. incomplète].
Presse automobile[modifier | modifier le code]
Le journalisme automobile en France date de 1900 ; Henri Desgrange est en même temps directeur du vélodrome du Parc des Princes et journaliste sportif chef de L'Auto-vélo[28][réf. non conforme].
En France, le journalisme automobile permet d'essayer des voitures en Europe[29][réf. non conforme] :
« Être journaliste automobile, c’est parler de nouveaux modèles, certes, mais c’est aussi évoquer les enjeux environnementaux de la voiture électrique ou parler des aspects économiques d’une grande entreprise comme Peugeot ou Tesla. »
— Marie Lizak[29]
Organisations de journalistes[modifier | modifier le code]
Les organisations de journalistes en France sont des associations professionnelles ou des syndicats, regroupant des membres de cette profession selon différents critères, notamment des objectifs professionnels, des domaines d'activités ou des zones géographiques couvertes. Concernant cette profession, coexistent en effet des organisations de défense de l'intérêt des salariés, syndicats traditionnels, avec des groupements d'échanges et des associations facilitant l'exercice de cette activité, défendant la liberté de la presse et ses membres, qui se trouvent souvent placés au cœur des tensions liées à l'actualité.
Critiques sur la représentativité politique : sur-représentation de la gauche[modifier | modifier le code]
Orientation politique[modifier | modifier le code]
En 2001, un sondage publié par l'hebdomadaire Marianne concernant l’opinion des journalistes français et en particulier leur penchant politique, conclut que « les journalistes sont, à une écrasante majorité, de gauche »[30]. Il s'agit d'un sondage téléphonique dont la fiabilité est remise en cause, car ne portant que 130 journalistes des 31 000 journalistes français[31]. Il révèle les intentions de vote des journalistes à la présidentielle de 2002, dans cet ordre de préférence : Lionel Jospin (32 %), Noël Mamère (13 %), Jean-Pierre Chevènement (8 %), Arlette Laguiller (5 %), Robert Hue (5 %) – soit un sous-total de 63 % pour la gauche –, Jacques Chirac (4 %), Alain Madelin (1 %) et François Bayrou (1 %) – soit un sous-total de 6 % pour le centre et la droite –, Jean-Marie Le Pen ne recueillant aucune intention de vote. Philippe Cohen note alors, que « 6 % seulement des journalistes osent se déclarer électeurs de droite, quand on estime qu’au moins 50 % des Français votent ainsi ? Ou que 87 % des journalistes s’affirment favorables à la régularisation automatique de tous les « sans-papiers » ? Il faudrait être quelque peu naïf, après cela, pour s’étonner du fossé, abyssal, qui se creuse entre la caste journalistique et la population. » Ce même sondage est repris par la suite par de nombreux articles pour justifier du positionnement à gauche des journalistes, avec des chiffres quelquefois approximatifs[32].
En 2012, une enquête de Harris Interactive, commandée par Robert Ménard, ancien président de Reporters sans Frontières, relative à l'élection présidentielle et soumise aux journalistes présents sur Twitter confirme que les journalistes présents sur Twitter se « déclarent un vote beaucoup plus marqué à gauche que le corps électoral français »; trois quarts des 105 journalistes interrogés auraient ainsi voté pour François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012[33],[34],[35].
D'après le journaliste Renaud Revel, cette enquête ne démontre pas le positionnement politique des journalistes mais un rejet, similaire à celui qui peut être observé dans le reste du corps électoral, de Nicolas Sarkozy à la fin de son mandat : « À l’image d’une grande partie du corps électoral, la population journalistique a basculé d’une adhésion sans réserve à un rejet sans nuances. Or au fil de ces cinq années de présidence Sarkozy, le climat n’a cessé de se détériorer entre un Président de la République aux cent coups avec une kyrielle de « journaleux » dans son collimateur et une profession en sécession[34]. » Cette enquête est par ailleurs critiquée pour ne pas avoir recherché à constituer un échantillon représentatif, seuls 105 journalistes sur les 37 000 détenteurs d'une carte de presse y ayant répondu[32].
Dans les rédactions qui ont organisé un vote interne au premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande arrive premier devant Jean-Luc Mélenchon : 40 % contre 31,7 % chez Marianne, 45,8 % contre 26,3 % aux Inrocks, 49,2 contre 21,2 à Libération[36].
Pour certains spécialistes, cette forte sur-représentativité des partis de gauche parmi les journalistes a des raisons historiques : « De 1960 à 1980, les militants étaient tous à l'extrême gauche. À une certaine époque, chaque groupuscule avait son quotidien ou son hebdomadaire. Des centaines de journalistes se sont ainsi formés sur le tas[37]. » Ces jeunes journalistes ont été par la suite accueillis au sein des rédactions des grands organes de presse, notamment Libération d'abord, puis Le Monde. Selon Basile Karlinsky, ancien journaliste à Libération, le trotskisme aurait ainsi été une bonne école de journalisme. Pour Yves Roucaute ces anciens militants avaient pour eux de posséder « une appréhension intellectuelle du monde », le sens de l’organisation et « le goût du pouvoir symbolique »[38].
Dans une logique économique de rentabilité, certains groupes de médias préfèrent supprimer des postes de journalistes pour les remplacer par des managers de contenus en abandonnant l'idée d’information[réf. nécessaire].
Une société comme CNews est accusée par Julia Cagé, publiquement engagée à gauche et auteur de L’information est un bien public (2021) de privilégier l'audience « low cost » à la qualité, en utilisant des disputes politisées d'extrême droite[39].
Origine sociale[modifier | modifier le code]
Les journalistes ont été critiqués à l'occasion du mouvement des Gilets jaunes en 2018. L'une des critiques porte sur leur uniformité sociale et culturelle : ils vivent à Paris ou dans les métropoles, ont fait des études supérieures (souvent Sciences-Po et/ou une école de journalisme), sont issus des classes moyennes supérieures et disposent en moyenne d'un pouvoir d'achat plus élevé que le reste de la population. Cette répartition s'explique par les enjeux économiques et l'hyper-professionalisation de la profession[40].
La profession est majoritairement parisienne : en 2018, 20 000 des 35 000 cartes de presse en circulation — soit 57% — sont détenues par des habitants de la région parisienne[40].
« Hors de Paris, la presse nationale se donne de moins en moins les moyens d'enquêter. La presse régionale aussi ferme des antennes locales. Des villes petites et moyennes deviennent des déserts médiatiques. L'actualité locale est moins bien traitée, les journaux perdent en qualité. Il est probable que cela joue sur la défiance. »
— Sylvain Morvan, Mediacités[réf. incomplète]
Critiques du journalisme[modifier | modifier le code]
Horizontalité[modifier | modifier le code]
La critique du journalisme culmine lors de la campagne présidentielle de 2017 : l'information journalistique est mise au même plan que des opinions ou des fake news, que des « usines à trolls » peuvent produire. La production journalistique est facilement imitée, contredite ou falsifiée, ouvrant la voie à une large critique[41].
Perspective[modifier | modifier le code]
En 2017, Amy Webb[Qui ?] envisage deux perspectives[À quoi ?]. Dans la première, les journalistes démentent plus les fake news qu'ils n'exercent le métier de reportage et d’enquête ; dans la seconde, le journalisme s'efface[Comment ?] au profit d'une information à haute fréquence générée par ordinateur pour susciter des sentiments et de l'émotion[41].
Perception populaire des médias[modifier | modifier le code]
Préférences[modifier | modifier le code]
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