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Catherine d'Alexandrie

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Catherine d'Alexandrie
Sainte chrétienne
Image illustrative de l’article Catherine d'Alexandrie
Catherine d'Alexandrie par le Maître de la Légende de sainte Lucie vers 1500.
vierge, mégalomartyre
Décès début du IVe siècle ?  (18 ans)
Alexandrie
Vénérée par Église catholique, Église orthodoxe
Fête 25 novembre (24 novembre à l'origine)

Catherine d'Alexandrie, en grec ancien Αἰκατερῖνα / Ékatérina, en grec moderne Αἰκατερίνη / Ékatérini, plus connue sous le nom de sainte Catherine, est une vierge et martyre qui aurait vécu au début du IVe siècle. Elle est aussi l'une des six saintes mégalomartyres de l'Église grecque orthodoxe, et l'un des quatorze saints auxiliateurs reconnus en Occident à partir du XIVe siècle. La légende d'Ékatérina, où la fantaisie des hagiographes s'est donné libre cours, eut un grand succès. Bien que le personnage ait été forgé par un auteur grec du VIIIe siècle et que les premières formes de sa légende soient rédigées en langue grecque, le culte de la sainte, dans l'état actuel de nos connaissances, est attesté plus précocement en Occident (vers 800) qu'à Byzance ou au mont Sinaï (Xe siècle). Il se répand surtout à partir du XIIe siècle et s'épanouit en Europe dans la période XIIIe – XVe siècle. Sainte Catherine est devenue la patronne des écoles de filles et des élèves de philosophie. On la représente souvent appuyée sur une roue à demi rompue et teintée de sang. Elle serait apparue à Jeanne d'Arc, en compagnie de sainte Marguerite et de l'archange Saint Michel. L'Église la célèbre le 25 novembre. En France, depuis la fin du XIXe siècle, sa fête donne lieu à divers rites sécularisés, dont celui qu'accomplissent les jeunes filles à marier de plus de vingt-cinq ans, appelées les catherinettes.

Le problème historique

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Photographie d'une peinture aux couleurs vives figurant un personnage féminin assis
Icône de Catherine d'Alexandrie de facture moderne, s'inspirant d'un modèle de Victor le Crétois, école vénitienne du XVIIe siècle.

La réalité historique très douteuse de Catherine d'Alexandrie rend malaisée la tâche de l'hagiologue et de l'historien : pas de « coordonnées hagiographiques » sûres [1]; absence totale du personnage dans la documentation historique ; caractère tardif et particulièrement fabuleux de la légende hagiographique, relevant en partie du genre de la « Passion épique » selon la nomenclature de Delehaye[2] ; succès considérable du culte au Moyen Âge et notables rémanences contemporaines. La sainte est passée sous silence par toutes les sources documentaires qui sont la base du travail de l'historien. Absente de tous les martyrologes et calendriers antiques, introuvable chez les historiens ecclésiastiques et les chroniqueurs de l'Antiquité tardive, sans iconographie ni trace de culte avant 800, Catherine d'Alexandrie surgit du néant au VIIIe siècle à la faveur d'une légende grecque (BHG 30a, 30, 31) exceptionnellement débridée, dépourvue d'un contexte factuel de quelque crédit, et rédigée plus de quatre siècles et demi après l'époque où l'héroïne est censée avoir vécu. Le jugement des spécialistes modernes (hagiologues, Delehaye en tête[3] ; historiens et historiens des religions) a donc été sans appel : un consensus qui s'est même étendu, en 1969, à l'Église catholique – laquelle a supprimé Catherine (et quelques autres) du calendrier romain général[4] –, a pris acte de l'impossibilité d'établir ou même de supposer une quelconque historicité du personnage. Ce qui n'empêche évidemment pas (bien au contraire) d'enquêter sur les éléments de sa légende, sa thématique, sa signification, son probable symbolisme, les développements du culte et des traditions populaires, d'étudier le volet iconographique, qui est d'une richesse extrême, etc. Le premier, Albert Dufourcq, en 1906-1907, eut l'idée, argumentée avec finesse, que la figure de Catherine a été inspirée par le personnage historique de la philosophe néo-platonicienne Hypatie (355-415)[5]. Cette hypothèse était, et demeure, très séduisante. Les historiens récents l'ont suivie, à l'instar, pour ne nommer qu'eux, de Christine Walsh, Michael Deakin et Maria Dzielska, qui tous, après avoir examiné le conte édifiant qui narre la vie et la mort d'Ékatérina, ont conclu, comme Dufourcq, que le personnage avait été forgé à partir de la biographie d'Hypatie, en inversant les rôles des chrétiens et des païens[6]. On peut également soupçonner dans la Passion de Catherine, sans que cela soit incompatible avec une référence à Hypatie, quelque souvenir passablement déformé des déboires, fort plausibles, d'une riche et vertueuse aristocrate chrétienne d'Alexandrie qui résista aux avances de Maximin Daza, lequel, pour la punir, l'exila et lui confisqua sa fortune : cette femme courageuse, mais non martyre, est anonyme chez Eusèbe de Césarée et est appelée Dorothée par Rufin d'Aquilée[7].

Le cadrage « historique » de la légende grecque est factice et problématique. D'emblée l'incipit des recensions A (BHG 30) et B (BHG 30a) : Ἔτους τριακοστοῦ πέμπτου βασιλεύοντος τοῦ ... Μαξεντίου (Viteau, p. 5 et 25), nous met devant une date impossible ou énigmatique : ces mots peuvent signifier « En la trente-cinquième année du règne de Maxence », qui ne régna que six ans (306-312), ou bien « En la trente-cinquième année (?), sous le règne de Maxence », datation bizarre ou incomplète. En outre, Maxence ne régna jamais sur Alexandrie ou sur l'Égypte. La suite du texte évoque d'une manière très convenue les préparatifs des grands sacrifices que l'empereur organise et de ceux qu'il exige de tous les Alexandrins sous peine de mort (le faussaire n'hésite pas à joindre le texte de la prétendue lettre impériale, selon un procédé courant dans ce type de composition)[8]. Ce scénario ne correspond à aucune réalité historique (même Eusèbe, qui dénigre Maxence autant qu'il peut, ne rapporte rien de tel) et se limite à une enfilade de lieux communs hagiographiques, où l'exagération tient lieu de verve. Pour ce qui est de la partie biographique, concernant la sainte, le récit oscille entre l'énigme (par l'onomastique) et le conte (par l'atmosphère). Née, nous dit l'hagiographe, à Alexandrie, Ékatérina serait la fille unique d'un basileus (roi ou plutôt empereur)[9] nommé Kônstos (Κῶνστος) dans B et Kostos (Κόστος) dans A[10], mort assez tôt ; de sa mère, il n'est pas question. Si Kônstos est la déformation de Kônstantios et renvoie à Constance Chlore (Auguste de 305 à 306, avant l'avènement de Maxence), ce qui ferait alors de Catherine la soeur ou plutôt la demi-soeur de l'empereur Constantin, pourquoi couvrir d'un tel voile cette prestigieuse parenté ? Serait-ce pour soumettre au lecteur une sorte de devinette ou de rebus dont, plus loin, les discours au vocabulaire tarabiscoté ou incompréhensible seraient une autre forme ? Quoi qu'il en soit, le conte nous montre la jeune princesse orpheline vivant dans son palais, entourée de très nombreux serviteurs. Son ardente piété dicte sa conduite : elle n'aspire qu'à défendre la foi chrétienne en combattant les erreurs du paganisme, fût-ce au prix de sa vie terrestre. D'où ses provocations et son arrestation à l'occasion de la campagne polythéiste menée par un Maxence « impie et criminel » [11].

Cette vierge, poursuit l'hagiographe grec, devint très vite extrêmement savante, et pas seulement compte tenu de son sexe et de son âge : elle maîtrisait toutes les connaissances (poésie, rhétorique, médecine, philosophie, et même la « nécromancie de la Sibylle ») et savait les 72 langues du monde[12]. Les hagiographes insistent sur le fait que ce royal puits de science connaît par coeur non seulement Homère, mais aussi Virgile : la Passion B (BHG 30a) est même intitulée « Martyre de sainte Catherine, la Virgile (sic) et la rhéteur » (Μαρτύριον τῆς ἁγίας Αἰκατερίνης τῆς Βιργιλίου [remplacé par l'épithète fantaisiste ἐκβιργιλίου dans A] καὶ ῥήτορος, Viteau p. 25). Le physique de la jeune érudite ne le cède en rien à son intellect. Aikatérina est d'une beauté extraordinaire, avec laquelle aucune femme ne peut rivaliser ; elle est très grande, la taille bien prise, élancée comme un cyprès verdoyant etc.[13]. À 18 ans, par sa science infinie, la docte vierge alexandrine stupéfie et finalement convertit cinquante « rhéteurs » que l'empereur a fait venir de partout pour qu'ils la convainquent d'erreur et lui fassent renier sa foi...

Genèse et développement de la légende

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Sainte Catherine avec l'empereur à ses pieds par le Maestro de Altura (vers 1475), Musée des Beaux-Arts de Valence.
École italienne XVIe siècle Venise : Sainte Catherine d'Alexandrie (Musée des Beaux-Arts de Quimper).

Le dossier hagiographique de Catherine (Αἰκατερῖνα) est grec à l'origine[14]. Cette proto-légende se compose principalement de trois Vies-Passions du genre « épique », assez proches les unes des autres quant au contenu narratif (discours exclus), et qui ont été publiées par le chanoine Viteau en 1897[15] : la recension A (BHG 30, Viteau p. 5-23), la recension B (BHG 30a, p. 25-39) et la recension C (BHG 31, p. 43-65) ; s'y ajoute une adaptation faite vers 980, la métaphrase D (BHG 32 ; texte dans PG 116, 276-301), oeuvre de Syméon, et reposant sur C. Viteau croyait que B dépendait de A, mais Peeters (1907) [16] a montré que le rapport était inverse : B (de loin le récit le plus débridé, jusqu'au délire lexicologique dans les discours[17], à tel point que le lecteur se demande s'il ne s'agit pas d'un canular clérical) est le texte-source, il a été résumé par X (texte perdu), lequel a inspiré (indépendamment les uns des autres) le copiste de A, l'auteur de la version arabe (BHO 26) et l'auteur de la version latine M (BHL 1657) publiée par Mombritius vers 1475. Viteau pensait pouvoir dater A de la première moitié du VIIe siècle, mais Grosdidier de Matons (1981)[18] a proposé une datation mieux fondée : B serait de la fin du VIIIe siècle[19], A du début du IXe siècle. L'auteur de la triade publiée par Viteau se donne le nom d'Anastase (Ἀναστάσιος) dans B et d'Athanase (Ἀθανάσιος) dans A, et se dit tachygraphe et serviteur de la sainte : affabulation banale dans l'hagiographie[20].

Les deux recensions B (BHG 30a) et A (BHG 30) s'accordent, souvent au mot près, dans la majeure partie du récit, et particulièrement dans le compte rendu de la sentence, de l'exécution par décapitation un 24 novembre, de l'enlèvement du corps par quatre anges et de la déposition de celui-ci dans le mont Sinaï[21]. Dès l'état naissant de la légende, la sépulture de la sainte est donc située sur le Sinaï.

Il a existé dès le début du IXe siècle une traduction latine (peut-être BHL 1657) d'une des Vies grecques de Catherine. Son titre seul (non le texte, hélas) se lit dans un passionnaire de Benediktbeuern conservé à Munich (ms. Clm 4554, daté de fin VIIIe siècle − début IXe siècle, fol. 1vb) : LXXXI. Passio ecatarine uirginis dei[22]. La forme Ecatarina indique clairement que ce texte est traduit d'un original grec. On a donc ici à la fois la plus ancienne attestation du culte de sainte Catherine, et la preuve qu'au moins une pièce de son dossier hagiographique grec est antérieure à 800.

La version latine (BHL 1667) qu'on peut lire dans La Légende dorée de Jacques de Voragine[23] n'est qu'un maillon très tardif (années 1260-1290) de la chaîne, mais elle mérite d'être rappelée, compte tenu de sa célébrité, puisqu'elle n'est pas trop infidèle à l'original dans sa forme assagie (A et C) ; n'oublions pas, cependant, que la traduction latine de la recension « athanasienne » (A) est l'anonyme BHL 1659 publiée par Varnhagen en 1891. Voici donc le résumé du texte de Jacques de Voragine.

Catherine naquit vers la fin du IIIe siècle dans une famille « royale » d'Alexandrie, en Égypte. Elle acquiert rapidement des connaissances qui la placent au niveau des plus grands poètes et philosophes du moment : « Catherine, fille du roi Costus[24], fut instruite dans tous les arts libéraux[25] ». Un jour, elle voit une séance d'apostasie de chrétiens organisée par l'empereur Maxence (nom que certains hagiographes du Moyen Âge latin ont voulu remplacer par Maximin)[26] : elle s'adresse à lui et « dispute longuement avec lui, en utilisant diverses démonstrations des syllogismes, l'allégorie, la métonymie et en parlant de claire et mystique façon[25] ». Après un deuxième entretien, où Catherine tente de convaincre l'empereur de l'existence du dieu unique des chrétiens, celui-ci, « constatant qu'il ne pourrait trouver de parade à la sagesse de Catherine[27] », convoque une assemblée de cinquante doctes grammairiens et rhéteurs, et leur promet d'« immenses récompenses s'ils triomphaient par leurs raisonnements de la vierge argumentatrice[27] ». Les orateurs, amenés de diverses provinces, demandent pourquoi ils avaient été appelés de lieux aussi éloignés.

« L'empereur leur dit : « Il y a auprès de nous une jeune fille incomparable de bon sens et de sagesse, qui réfute tous les savants et affirme que nos dieux sont des démons. Si vous arrivez à l'emporter sur elle, vous rentrerez chez vous avec de grands honneurs. » En entendant cela, l'un d'eux, indigné, répond d'une voix pleine de colère : « Belle décision pour un empereur ! Pour un différend avec une seule fille, il fait venir de pays lointains les savants de ce monde, alors qu'un seul de nos jeunes élèves pourrait très certainement la confondre[27] ! »

La vierge, encouragée par un ange du Seigneur l'invitant à résister avec constance, s'adresse à l'empereur devant les orateurs : « Par quelle décision peux-tu placer une seule jeune fille devant cinquante orateurs à qui, en outre, tu as promis salaire en cas de victoire, alors que tu m'obliges à combattre sans espoir de récompense[28] ? » Puis elle réussit à faire taire les orateurs par la pertinence de son argumentation et à les convertir. L'empereur les fait aussitôt brûler vifs au milieu de la cité, puis, charmé par sa jeunesse et son « incroyable beauté », s'adresse ensuite à Catherine et lui propose une place dans son palais, au second rang après la reine. Elle répond : « Cesse de tenir de tels propos ! […] Je me suis donnée comme épouse au Christ [...] Rien ne pourra m'éloigner de l’amour que j'ai pour Lui[29],[30]. » L'empereur la fait alors dévêtir, frapper à coups de "scorpions" (fouets armés de pointes de fer) et jeter dans une prison obscure sans nourriture pendant douze jours.

L'empereur doit s'absenter. La reine et Porphyre, général des armées, qui est aussi son amant, se rendent dans la prison, où ils voient des anges pansant les plaies de la vierge dans une lumière éclatante. Ils sont convertis avec les soldats de leur suite. Pendant les douze jours, le Christ envoie une colombe blanche qui nourrit la prisonnière « d'un aliment céleste[29] ». À son retour, l'empereur constate qu'elle est toute florissante, lui propose une nouvelle fois d'être sa compagne, ce qu'elle refuse à nouveau en répondant : « Le Christ est mon Dieu, mon amour, mon berger et mon époux unique[31]. »

Un préfet conseille alors un supplice féroce pour la vierge, afin que l'exemple de cette mort effraye les autres chrétiens : quatre roues entourées de scies de fer et de clous doivent lui déchirer et broyer le corps. Alors la vierge pria le Seigneur de détruire cette machine. « Et voilà qu'un ange du Seigneur frappa et brisa cette meule avec tant de force qu'il tua quatre mille païens[31]. »

La reine, son amant Porphyre et un nombre important de soldats, ayant avoué leur conversion, sont exécutés. L'empereur propose une dernière fois à Catherine de devenir son épouse, cette fois-ci impératrice. Elle refuse et l'empereur la condamne à être décapitée. Conduite au lieu d'exécution, elle prie Dieu et une voix se fait entendre « Viens, ma bien-aimée, ma belle ! Voilà : la porte du ciel t'est ouverte[32] ». Quand elle est décapitée, du lait jaillit de son cou en guise de sang.

Alors des anges prennent son corps, l'emportent jusqu'au mont Sinaï, à plus de vingt journées de voyage, et l'ensevelissent avec beaucoup d'honneurs. « De ses ossements s'écoule sans cesse de l'huile qui guérit les corps de tous les malades[32] ».

Sceau de cire avec Sainte Catherine d’Alexandrie. Diplôme de médecine et de philosophie de Lelio Vincenti, université de Bologne, 1587

Quelques siècles plus tard, des moines d'un monastère construit au pied du Mont Sinaï découvrent miraculeusement, au sommet d'une montagne voisine, le corps intact d'une belle jeune femme qui est reconnu comme étant celui de sainte Catherine d'Alexandrie, déposé là par des anges[réf. nécessaire]. Le monastère était placé d'abord sous le patronage de Notre-Dame, puis de la Transfiguration, avant de l'être sous le patronage de sainte Catherine après l'an Mil[réf. nécessaire]. Les moines du monastère Sainte-Catherine du Sinaï deviennent les gardiens du tombeau de la sainte. Les membres de l'ordre de Sainte-Catherine du Mont Sinaï auront pour tâche de défendre le tombeau et le monastère contre les ennemis du christianisme.

Voilà pour la tradition pieuse. Nos connaissances historiques sur les reliques et leur culte sont moins édifiantes, mais plus sûres, malgré leur ténuité. À Byzance, le culte catherinien semble avoir commencé vers le milieu du Xe siècle[33]. Pour ce qui concerne Rome, la représentation de Catherine sur une fresque datée du IXe siècle, découverte en 1948 dans une chapelle de la basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs, prouve que la sainte était connue et vénérée dans cette ville dès cette époque[34]. Quant au culte sur le mont Sinaï, il a parfois donné lieu à de grossières erreurs de datation. Certes l'ensevelissement miraculeux de la sainte dans le Sinaï est mentionné, nous l'avons dit, dès l'état premier de la légende (Passions BHG 30a et 30). D'autre part, l'initiative de la construction d'un monastère sur le Sinaï revient à Justinien. Cependant il serait parfaitement anachronique de faire remonter à cette époque le culte sinaïtique de Catherine, dont la première légende grecque ne fut pas rédigée avant le VIIIe siècle. L'histoire du monastère du Sinaï n'est connue qu'à partir du IXe siècle, et le culte catherinien en ce lieu ne doit guère être antérieur aux alentours de l'an Mil. Catherine est encore inconnue au Sinaï vers 800, témoin son absence du Calendrier latin du Sinaï[35]. C'est à la fin du Xe siècle que remontent nos plus anciennes informations sur la présence de « reliques » de la sainte au sommet du Mont Sainte-Catherine, voisin du Sinaï[36]. Les manuscrits du Sinaï ne mentionnent pas Catherine avant la seconde moitié du Xe siècle[37]. Quant au changement de vocable du monastère sinaïtique au profit de la sainte, il n'eut pas lieu avant le XIe siècle[réf. nécessaire]. Au XIIIe siècle, Catherine d'Alexandrie a droit à une ample notice dans un synaxaire arménien fondé sur des sources du XIe siècle[38]. Au XIIe siècle elle est vénérée par toutes les Églises ; elle apparaît notamment au calendrier de la basilique Saint-Pierre de Rome[39]. Un siècle plus tard, elle est dans tous les calendriers romains.

C'est à l'occasion des Croisades que sa légende se répand dans tout l'Occident[40], créant le motif d'une grande dévotion qui inspire de nombreux artistes[réf. souhaitée]. Ceux-ci représentent la sainte avec une auréole tricolore : le blanc pour la virginité, le vert pour la connaissance et le rouge pour le martyre. La roue de son supplice figure très souvent auprès d'elle.

Une partie des reliques de la sainte auraient été apportées à l'abbaye bénédictine rouennaise appelée autrefois Sainte-Trinité du Mont et maintenant abbaye Sainte-Catherine du Mont par saint Syméon, moine du Sinaï qui meurt à Trèves en 1035 et qui passe à Rouen en 1028[40]. Dans la Légende dorée, c'est un moine de Rouen qui, après un séjour de sept ans au mont Sinaï au service de sainte Catherine, lui demande de posséder quelque fragment de son corps. « Aussitôt une phalange se détache d'un de ses doigts » qu'il emporte tout heureux vers son monastère[32].

Réalité historique et dévotion

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Pietro Aretino, Vita di santa Caterina vergine e martire, 1636.

On n'a pas cessé, mais en pure perte, de chercher les traces de qui pourrait être la Catherine « historique ». Malgré d'indéniables points communs (science immense ; éloquence ; chasteté ; prestance ; beauté), on ne peut pas l'identifier catégoriquement avec la païenne Hypatie qui, au Ve siècle, rivalisait avec les philosophes de son temps et fut lynchée à Alexandrie par une bande de moines qui la mirent en pièces[40]. C'est pourtant la voie suivie non seulement par les historiens que nous avons cités[41], mais encore par Jean Marcel dans son roman érudit Hypatie ou la fin des dieux (Leméac, 1989) : pour lui, Catherine d'Alexandrie est une figure d'irrésistible intellectuelle chrétienne qui a été créée afin de contrebalancer, ou plutôt éclipser, le prestige de l'illustre « martyre païenne » qu'était la philosophe et mathématicienne Hypatie. L'Église catholique elle-même a fini par mettre en doute son existence, comme en témoigne le fait qu'elle a officiellement radié Catherine de son calendrier en 1969. Notons cependant que la mémoire liturgique de la sainte est toujours célébrée dans l'Église catholique (en 2014) et dans l'orthodoxie, qui la fête depuis au moins le IXe siècle.

La non-historicité de Catherine d'Alexandrie ne l'a pas empêchée d'être l'objet d'une grande dévotion populaire aussi bien auprès des Latins que parmi les Orientaux, qui ont créé et ensuite vénéré les premiers le personnage. Le culte, ayant essaimé en Europe, déborda des limites du continent et se répandit dans le monde entier. La faveur du prénom Catherine, adopté sous diverses formes dans un grand nombre de langues, en est un témoignage assez frappant.

En raison de l'absence de fondement historique de sa figure, du manque d'ancienneté de son culte et du caractère manifestement fabuleux du conte hagiographique la mettant en scène, Catherine d'Alexandrie a été supprimée du Calendrier romain général dans le cadre du concile Vatican II. Le nouveau Calendrier liturgique romain présenté à la suite du motu proprio Mysterii paschalis publié le 14 février 1969 par le pape Paul VI est formel sur ce point : « sainte Catherine (25 novembre) » figure dans la rubrique « Saints qui présentent de graves difficultés historiques » (Sancti qui graves historicas difficultates praebent)[42] et, par conséquent, a été officiellement radiée de la liste des saints dont le culte est autorisé dans l'Église catholique. Pierre Jounel explique : « Certains saints peuvent être populaires, en raison des légendes qui se sont créées autour de leurs noms, sans qu'on puisse même garantir qu'ils aient existé, tels saint Christophe, sainte Barbara, sainte Catherine d'Alexandrie, sainte Philomène. Ils ont été supprimés du calendrier général : le peuple chrétien ne peut être invité à une prière officielle que dans la vérité »[43].

Cette radiation de 1969 a toutefois été annulée par le pape Jean-Paul II, qui a fait rétablir le nom de la sainte dans le calendrier romain général en 2002 à la suite de son pèlerinage au monastère Sainte-Catherine du Sinai[44]. Catherine a ainsi, trente-trois ans après Cécile, bénéficié de la même clémence : la patronne des musiciens avait en effet, malgré sa présence dans la liste des saints à éliminer, été maintenue dans le calendrier « à cause de la dévotion populaire » (popularis devotionis causa).

Beaucoup d'églises abritent sa statue ou un portrait la représentant, le plus souvent à côté d'une roue, son principal attribut. L'église de Domrémy-la-Pucelle contenait une de ses statues (sainte Catherine est une des « voix » que Jeanne d'Arc disait entendre).

Sainte Catherine est invoquée contre la migraine par les femmes allaitantes, et pour préserver des naufrages.

Écusson du Collège Sainte-Catharine de l'université de Cambridge.

De très nombreuses corporations se sont placées sous son patronage : celles qui utilisaient des mécaniques comportant des roues et celles de l'intellect. Sainte Catherine est la patronne des barbiers, charretiers, charrons, cordiers, couturières, drapiers, écoliers et étudiants, fileuses de laine, gardes d'enfants, généalogistes, modistes, meuniers, notaires, nourrices, orateurs, philosophes, plombiers, potiers, prêcheurs, rémouleurs, tailleurs, théologiens, tourneurs et des filles à marier.

  • Le Collège de Sorbon, dont la Sorbonne est l'héritière, avait entre autres sainte Catherine d'Alexandrie comme patronne. Son écusson portait une roue.
  • L'Ordre de la Très Sainte Trinité, ordre religieux fondé en 1193 pour le rachat des captifs chrétiens pris par les barbaresques, vénère sainte Catherine d'Alexandrie comme patronne.
  • Des collèges des universités d'Oxford et de Cambridge portent son nom ainsi que le symbole de la roue dans leur écusson.
  • Elle est, avec saint Théodule, la patronne du canton du Valais[45].

Catherinettes

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Décoration de la statue de la rue de Cléry (Paris) par une Catherinette (vers 1950-1955).

L'origine, et même la forme exacte, de la locution « coiffer sainte Catherine », restent assez obscures. Il semble que la première forme de l'expression (attestée dès 1831), ait été : « Elle est restée pour coiffer sainte Catherine » [46]. Selon Pierre-Marie Quitard (1831), cette locution concernerait une demoiselle supposée attendre, pour se marier, d'avoir fait la toilette de noces de cette sainte (condition impossible à remplir, puisque Catherine, jalouse de sa virginité vouée à Jésus, ne se maria pas), ce qui la condamne à un célibat perpétuel[47]. On a pu juger cette exégèse, comme le fit Pierre Larousse (tome III, 1867), « un peu trop compliquée », ou, selon un bon mot de la même époque, « un peu bien tirée par les cheveux »[48]. Toujours est-il que, dès 1867, on disait d'une fille restée demoiselle : « Elle a coiffé sainte Catherine »[49]. Pour cette seconde expression, il a été donné, l'année suivante, une explication alléguant un rite ou usage populaire qui aurait consisté à faire renouveler chaque année, par une jeune fille, la coiffure d'une statue de la sainte au moyen de couronnes[50] : or les traces d'un tel rite avant la fin du XIXe siècle (où il semble se dessiner çà et là, sous une forme festive) font défaut pour ce qui regarde Catherine, ce qui certes ne rend pas invraisemblable une telle hypothèse, du reste acceptée par les Bénédictins de Paris[51]. La coutume sécularisée, attestée vers 1900 et qui s'est développée au moins jusqu'aux années 1960 (elle persiste même à l'heure actuelle dans certaines entreprises), a pu être engendrée par la locution mal comprise, comme la réponse pratique d'une étiologie spontanée, évidemment soumise à l'influence du contexte sociologique. On peut s'interroger d'une manière similaire sur une prétendue prière adressée à la vierge martyre par une célibataire lasse de son sort : « Sainte Catherine, aide-moi ! Ne me laisse pas mourir célibataire ! Un mari, sainte Catherine, un bon, sainte Catherine ; mais plutôt un que pas du tout »[réf. nécessaire]. La solliciteuse aurait été alors appelée « Reine Sainte-Catherine »[réf. nécessaire]. Les hommes, dans quelques régions, pouvaient aussi invoquer sainte Catherine, mais c'est beaucoup plus rare ; ils étaient alors appelés « Rois de la Sainte-Catherine » ou « Rois Sainte-Catherine »[réf. nécessaire].

Actuellement, dans certaines régions, il arrive que l'on rencontre le des jeunes femmes de 25 ans encore célibataires portant des chapeaux ornés et multicolores (où dominent le vert et le jaune) visiblement fabriqués pour la circonstance[52]. Ce sont des catherinettes qui fêtent gaiement la Sainte-Catherine. À partir des années 1920 notamment, le monde de la mode fait de Catherine sa sainte patronne. À Paris, lors de sa fête le 25 novembre, les Catherinettes des maisons de couture coiffent la statue de la rue de Cléry de leurs chapeaux[53].

Foires de la Sainte-Catherine

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La foire de la Sainte-Catherine dans le centre-ville de Vesoul.

Diverses foires en référence à sainte Catherine sont organisées chaque année dans de nombreuses villes :

  • à Vesoul (Haute-Saône) : grande foire agricole et artisanale fêtée dans les rues et voies du centre-ville. La première foire fut organisée dans la ville en 1295. La plupart des pâtissiers vendent du pain d'épices de la Sainte-Catherine avec du chocolat au-dessus, où l'on peut y inscrire son nom. Le fameux cochon a un sifflet à la place de la queue. C'est l'une des plus anciennes foires agricoles françaises, qui amène chaque année plus d'une cinquantaine de milliers de visiteurs venus de toute la France ;
  • à Hirson (Aisne) : depuis 1766[54] ;
  • à Cambrai (Nord) : a lieu tous les ans depuis des temps très anciens ;
  • à Salernes (Var) : tous les depuis 1296 ;
  • à Saint-Galmier (Loire) : représente la plus grosse festivité de l'année ;
  • à Altkirch (Haut-Rhin) : foire agricole célébrée le « jeudi de la Sainte-Catherine » (jeudi précédent le ) dont l'origine pourrait remonter au XVIe siècle ;
  • le jour de sa fête, on fait cuire au Canada une sucrerie à base de mélasse, la tire de la Sainte-Catherine.
  • à Sierre (Valais) : les habitants célèbrent la patronne de la ville au travers d'une grande foire qui était anciennement une foire agricole et célèbrent toujours les catherinettes. https://www.sainte-catherine.ch/ https://notrehistoire.ch/entries/y9Ylg9O7Wj6
  • Le prunier Sainte Catherine est une espèce de pruniers domestiques à fruits tardifs. Les fruits sont proches, dans le goût, des mirabelles, mais plus charnues.
  • « À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine[55] ».
  • « À la Sainte-Catherine, l'hiver s'achemine ; s'il fait froid, hiver tout droit ».

Tire Sainte-Catherine

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  • La tire Sainte-Catherine ou tire de la Sainte-Catherine est un bonbon préparé traditionnellement le au Québec. Cette tradition typiquement québécoise aurait été inventée à Montréal par Marguerite Bourgeoys qui voulait attirer les enfants autochtones et Français à l’école. « Il s'agit d'une friandise à base de mélasse, de cassonade, de beurre et de sirop de maïs. Ce bonbon a la consistance du caramel et pour l'obtenir, on doit étirer la préparation refroidie puis la découper en petits morceaux qu'on enveloppe ensuite en papillotes. »[56]
Portrait de femme aux attributs de sainte Catherine, par Botticelli
Prédelle du Maître de Xàtiva (1490)

Ses attributs sont :

  • des habits royaux et souvent une couronne marquant son lignage royal ;
  • la roue dentée de son supplice, parfois brisée ;
  • l'anneau de ses noces mystiques ;
  • la palme des martyres ;
  • un livre, symbole de sagesse et d'érudition ;
  • l'épée avec laquelle elle a finalement été décapitée ;
  • à ses pieds, la tête de l'empereur ou celle de philosophes païens défaits dans ses disputes.

Dans les arts

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Dans les tableaux ou fresques, on voit le plus souvent sainte Catherine debout, reconnaissable à ses attributs. Une deuxième représentation est le Mariage mystique de Sainte Catherine. Il s'agit du mariage mystique avec le Christ, puisqu'elle a déclaré qu'elle lui était destinée[29]. Ce mariage est symbolisé par l'anneau que Jésus lui présente. Le vocable mystique réfère au côté symbolique de la scène, où le Christ est souvent enfant, sur les genoux de sa mère, entouré d'anges, d'autres saints, ou de donateurs : il y a une impossibilité temporelle que recouvre le terme mystique. D'autres tableaux, plus rares, représentent Catherine en discussion avec les prêtres et autres savants à qui elle tient tête dans des disputes philosophiques et religieuses, comme Pinturicchio. Masolino da Panicale a peint en fresques un cycle complet de la vie et du martyre de sainte Catherine entre 1428 et 1430 dans la chapelle Sainte-Catherine de la basilique Saint-Clément-du-Latran.

Dans l'iconographie valencienne du XVe siècle, elle fait souvent partie du groupe des quatre vierges majeures avec Barbara, Dorothée et Marguerite[57].

Peintres de la personne

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Sainte Catherine
Eugène Delacroix, 1824
d'après Zurbaran
Musée des Beaux-Arts de Béziers

De très nombreux peintres ont illustré une ou plusieurs fois le personnage. On possède de Lorenzo Lotto au moins neuf tableaux sur ce thème. D'autres peintres sont Bernardo Zenale, Michael Pacher, Carlo Crivelli, Ercole Ferrarese, Maître de la vue de Sainte-Gudule, Giovanni Antonio Merli, Stefan Lochner, Lorenzo Lippi, et par exemple :

Peintres de la décapitation

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Lorenzo Monaco, Fernando Gallego a peint un triptyque avec la torture des roues et la décapitation, et un autre d'une décapitation.

Peintres du mariage mystique

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Michele Giambono, Ambrogio Borgognone, Bernardino Zaganelli, Giovanni del Ponte (une représentation originale), Antonio Allegri[60], dit Corrège Le Mariage mystique de Sainte Catherine, devant Saint Sébastien

Sainte Catherine, par Tilman Riemenschneider.

Les sculptures représentent en général Sainte Catherine debout avec ses attributs.

Art contemporain

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Littérature

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  • Étienne Poytevin a écrit une tragédie intitulée Sainte Catherine (Paris : Mathurin Hénault, 1619).
  • Jean Marcel, dans son roman érudit Hypatie ou la fin des dieux (Leméac, 1989), élabore l'hypothèse selon laquelle Catherine d'Alexandrie serait une figure contrefaite d'Hypatie, philosophe et mathématicienne de grand renom.

Chansons. Cantiques

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  • La chanson Katherine Wheel (la « Roue de Catherine ») du groupe HIM parle de Catherine d'Alexandrie.
  • Cantique breton Santez Katell, à La Roche-Derrien
  • Katerine Collaudemus, hymne à Sainte Catherine, dans le supplément (19*)] des Carmina Burana
  • La seconde chanson de l'album New Gold Dream du groupe Simple Minds s'appelle Colours Fly and Catherine Wheel et parle de Sainte Catherine.
  • En 1998, la chanteuse britannique PJ Harvey sort The Wind une chanson sur la sainte tiré de son album Is This Desire?.

Bibliographie

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Les sources les plus anciennes sont une Vie et Passion écrite en grec, existant en trois recensions (BHG 30a, 30 et 31) s'échelonnant vraisemblablement du courant du VIIIe siècle jusqu'au début du IXe siècle et qui ont été publiées par Joseph Viteau en 1897[64]; à noter la mention d'une traduction en latin d'un de ces textes dans un Passionnaire du début du IXe siècle[65]. La trame d'une des traductions latines primitives fut, à la fin du XIIIe siècle, suivie dans La Légende dorée de Jacques de Voragine (l'édition de G.P. Maggioni 1998/2007 doit être préférée à celle de Theodor Graesse), qui a donné lieu à de nombreuses traductions:

  • Olivier Naudeau, La Passion de Sainte Catherine d'Alexandrie par Aumeric, Max Niemeyer Verlag, coll. « Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie » (no 186), , 202 p. (ISBN 978-3-484-52186-5)
    Éditée d'après le manuscrit n° 945 de la Bibliothèque de Tours, avec introduction, étude de la langue et glossaire par Olivier Naudeau.
  • Ferdinand Denis Le Roux de Lincy, Le Livre des proverbes français, Adolphe Delahay, , 1179 p. (lire en ligne), p. 119
  • Anne Monjaret (préf. Martine Segalen), La Sainte-Catherine. Culture festive dans l'entreprise, Paris, CTHS (Comité des travaux historiques et scientifiques), coll. « Le regard de l'ethnologue » (no 8), , 239 p. (ISBN 978-2-7355-0363-6)
    Propose un historique et une approche ethnologique de la fête, du XIXe siècle à nos jours.
  • Anne Monjaret, Les Catherinettes en fête, Paris, Archives & Culture, coll. « Images d’autrefois », , 79 p. (ISBN 978-2-35077-103-8)

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Voir Hippolyte Delehaye, Cinq leçons sur la méthode hagiographique. Bruxelles, Société des Bollandistes, 1934 (= Subsidia hagiographica, 21), chapitre I, p. 7-17.
  2. Hippolyte Delehaye, Les Passions des martyrs et les genres littéraires. Bruxelles, Société des Bollandistes, 1966, deuxième édition revue et augmentée (= Subsidia hagiographica, n° 13 B), chapitre III, p. 171-226.
  3. Hippolyte Delehaye, Sanctus : essai sur le culte des saints dans l'Antiquité. Bruxelles, 1927, p. 148.
  4. Voir infra, notes 42 et 43.
  5. Albert Dufourcq, Étude sur les gesta martyrum romains. Tome V (posthume) : Les légendes grecques. Paris & École française de Rome, De Boccard, 1988 (= BEFAR, 83), p. 212.
  6. Christine Walsh, The Cult of St Katherine of Alexandria in Early Medieval Europe, Aldershot 2007, p. 3–26; Michael Deakin, Hypatia of Alexandria, Mathematician and Martyr, Amherst (New York) 2007, p. 135, 202; Maria Dzielska, Hypatia of Alexandria, Cambridge (Massachusetts) 1995, p. 21; Christian Lacombrade, « Hypatia », dans : Reallexikon für Antike und Christentum, vol 16, Stuttgart, 1994, p. 956–967, ici: 966; Gustave Bardy, « Catherine d’Alexandrie », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. 11, Paris, 1949, p. 1503–1505, ici: 1504.
  7. Eusèbe de Césaré, Histoire ecclésiastique, VIII, 14, 15 ; voir édition G. Bardy, tome III, S.C. 55, p. 35-36 et n. 7.
  8. Voir H. Delehaye, Les Passions des martyrs et les genres littéraires (1966), p. 175-176 : « le pastiche d'édit est devenu un des ornements obligés des Passions à couleur épique » (suivent huit exemples détaillés, auxquels le Bollandiste aurait pu ajouter la Passion de Catherine).
  9. La Passion BHG 31, chap. 7-8, Viteau p. 47, fait dire à Catherine, s'adressant à Maxence : « Tu ne me connais pas ? Je suis la fille du basileus qui t'a précédé (Τοῦ πρὸ σοῦ βασιλέως θυγάτηρ εἰμὶ) », phrase dans laquelle basileus ne peut guère signifier qu'empereur.
  10. B : chap. 8, Viteau p. 28 ; A : chap. 8, p. 9. Dans la recension Fa du Synaxaire de Constantinople (ms. de Paris, BnF, grec 1590, daté de 1063), qui semble être adaptée à l'usage de Jérusalem, le père est un « roitelet du nom de Kônstos » (éd. Delehaye 1902, col. 253, 36 : θυγάτηρ βασιλίσκου τινὸς ὀνόματι Κώνστου). On retrouve ce nom sous la forme Costus dans les recensions latines, et il arrive jusqu'à Jacques de Voragine. Il pourrait être une déformation de Constantius (= Constance Chlore, le père de Constantin), nom dont trouve la transcription (sauf erreur de la part du traducteur) dans le Synaxaire arménien de Ter-Israêl, VIII. Mois de Areg, p. 208 [1252] (voir infra, note 38) : « fille de l'empereur Constance ».
  11. Vie et Passion de sainte Catherine (BHG 30), 1 et 2, Viteau p. 5 : Βασιλεύοντος τοῦ ἀσέβους καὶ παρανόμου βασιλἐως Μαξεντίου.... Μαξέντιος.... Βασιλεὺς Μαξέντιος. C'est en vain qu'un chaînon de la transmission aussi tardif que Jacques de Voragine approuve ceux qui voudraient remplacer « Maxence » par « Maximin » : voir infra, note 26.
  12. Vie-Passion BHG 30, chap. 4, Viteau p. 7 ; le texte de la recension B (BHG 30a), chap. 4, p. 26, est à peu près identique.
  13. Vie-Passion BHG 30, chap. 5, Viteau p. 7.
  14. L'étude de Giovanni Battista Bronzini, « La leggenda di S. Caterina d'Alessandria. Passioni greche e latine », dans Atti della Accademia Nazionale dei Lincei, anno CCCLVII, 1960, Serie ottava. Memorie. Classe di Scienze morali, storiche e filologiche. Volume IX. Roma, 1960, p. 257-416, présente un bilan encore utile, mais a vieilli pour ce qui est de la datation des débuts de la légende grecque.
  15. Joseph Viteau, Passions des saints Ecaterine, Pierre d'Alexandrie, Barbara et Anysia. Paris, 1897.
  16. Paul Peeters, « Une version arabe de la Passion de sainte Catherine d'Alexandrie », dans Analecta Bollandiana, 26 (1907), p. 5-32, spéc. p. 7-9.
  17. L'éditeur Viteau (qui ne savait pas que c'était la recension primitive) définit ainsi B : « celle qui contient des discours extravagants et extraordinaires » (p. 2) ; « On rencontre dans le récit des discours extraordinaires, extravagants, où les orateurs parlent par énigmes » (p. 24). Il a en édité la partie la plus incompréhensible en renonçant à accentuer les mots et à ponctuer le texte, sur pas moins de 38 lignes compactes (p. 31-32), jusqu'à l'endroit du récit où le texte redevient « intelligible » (sic). Notons aussi cette phrase révélatrice : « Je reproduis le texte des manuscrits, en laissant à d'autres le soin d'en extraire un sens et de rétablir le tout, s'ils jugent que la chose en vaille la peine » (c'est le rédacteur qui souligne).
  18. José Grosdidier de Matons, « Un hymne inédit à sainte Catherine », dans Travaux et Mémoires, 8 (1981), p. 187-207.
  19. Il vaudrait peut-être mieux parler du milieu du VIIIe siècle : en effet il faut laisser le temps à cette Passion grecque primitive d'être apportée en Occident (Walsh [2007], p. ...., a supposé plausiblement que la transmission était le fait d'un moine iconodoule en exil à Rome) et d'être traduite en latin assez tôt pour expliquer la présence de sainte Catherine dans le passionnaire de Munich, ms. Clm 4554, daté de 800 environ (infra, notes 20 et 65) et dans la fresque de Saint-Laurent-hors-les-Murs datée du début du IXe siècle au plus tard (infra, note 34).
  20. Voir H. Delehaye, Les Passions des martyrs et les genres littéraires (1966), p. 182-183 : « La fiction du témoin bien informé ».
  21. Ce dernier point (l'ensevelissement dans le Sinaï) est narré par B, chap. 25, Viteau p. 38-39, et par A, chap. 25, p. 23.
  22. Voir Hippolyte Delehaye, « Les martyrs d'Égypte », dans Analecta Bollandiana, 40 (1922), p. 5-154, spéc. p. 123-124 ; voir aussi Analecta Bollandiana, 60 (1942), p. 294.
  23. Jacques de Voragine, Legenda aurea, cap. CLXII (167), De sancta Catherina, éd. Th. Graesse, 3e éd., 1890, réimpr. 1969, p. 789-797, ou mieux éd. G.P. Maggioni (2007), CLXVIII, De sancta Katherina, vol. 2, p. 1350-1362.
  24. Sur ce nom, correspondant aux formes Κῶνστος (BHG 30a et recension Fa du Synaxaire de Constantinople) et Κόστος (BHG 30), voir supra, note 10.
  25. a et b Voragine 2004 (texte), p. 976.
  26. Après avoir d'abord parlé de « Maxence », Jacques de Voragine, tout à la fin de sa notice, affecte des scrupules d'historien et se demande s'il ne faut pas remplacer le nom « Maxence » par « Maximin ».
  27. a b et c Voragine 2004 (texte), p. 978.
  28. Voragine 2004 (texte), p. 979.
  29. a b et c Voragine 2004 (texte), p. 980.
  30. Le thème du mariage mystique apparaît ici.
  31. a et b Voragine 2004 (texte), p. 981.
  32. a b et c Voragine 2004 (texte), p. 982.
  33. Peter Schill, Ikonographie und Kult der hl. Katharina von Alexandrien im Mittelater. Studien zu den szenischen Darstellungen aus der Katharinenlegende. Inaugural Dissertation (...). München, 2005, p. 20-21.
  34. Pierre Jounel, Le culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au XIIe siècle. Rome, École française de Rome, 1977 (CEFR, 26), p. 315-316.
  35. Jean Gribomont, « Le mystérieux calendrier latin du Sinaî : édition et commentaire », dans Analecta Bollandiana, 75 (1957), p. 105-134.
  36. Christine Walsh, The Cult of St Katherine of Alexandria in Early Medieval Europe. Aldershot, Ashgate, 2007, p. 40.
  37. P. Schill (2005), p. 25 et note 63.
  38. G. Bayan, Le Synaxaire arménien de Ter Israël. VIII. Mois de Areg. Paris, Firmin-Didot, 1930 (= Patrologia Orientalis, tome XXI), p. 208-215 [1252]-[1258] : « 27 mars. Martyre de la vierge sainte Catherine... ». En revanche, les anciens Coptes ignoraient Catherine, qui est également absente du Synaxaire arabe jacobite (rédaction copte), où le 25 novembre (29 de Hatour) ne figurent que Pierre d'Alexandrie et Clément de Rome. Même absence dans le Synaxaire éthiopien.
  39. P. Jounel, Le culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au XIIe siècle (1977), p. 315-316.
  40. a b et c François Pommeraye, Histoire de l'abbaye de la Très-Sainte Trinité, dite depuis de Sainte-Catherine-du-Mont de Rouen, Richard Lallemant et Louis du Mesnil, Rouen, 1662, lire sur Google Livres.
  41. Supra, notes 5 et 6.
  42. Calendarium Romanum ex decreto sacrosancti oecumenici Concilii Vaticani II instauratum auctoritate Pauli P.P. promulgatum. Typis Polyglottis Vaticanis, 1969, p. 69. Voir https://archive.org/details/CalendariumRomanum1969/page/n67/mode/2up?view=theater
  43. Conférence de présentation du nouveau calendrier romain par l'abbé Pierre Jounel, professeur à l'institut supérieur de liturgie de l'Institut catholique de Paris, rapporteur du groupe d'étude qui a préparé la réforme du calendrier, faite à Rome le 9 mai 1969 (Lire en ligne).
  44. https://www.ncregister.com/blog/why-john-paul-ii-restored-this-saint-to-the-calendar
  45. « Sion, la Catherine de la Planta », sur notrehistoire.ch, (consulté le )
  46. Quitard (1831), infra note 47 ; Alexandre Dumas, Le chevalier d'Harmental (1842), chap. XX (Demande en mariage) : « Si Mademoiselle Bathilde voulait rester pour coiffer sainte Catherine, elle en était parfaitement maîtresse »
  47. Pierre-Marie Quitard, article « Rester pour coiffer sainte Catherine » dans Journal grammatical, philosophique et littéraire, tome VI (Paris, 1831), p. 334 ; repris et complété par une phrase finale supplémentaire dans Id., Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française. Paris, P. Bertrand, 1842, p. 193.
  48. L'intermédiaire des chercheurs et curieux, 5e année, 1868, col. 608.
  49. L'intermédiaire des chercheurs et curieux, 4e année, 1867, col. 334.
  50. L'intermédiaire des chercheurs et curieux, 5e année, 1868, col. 346.
  51. RR.PP. Bénédictins de Paris (J. Baudot, L. Chaussin, J. Dubois), Vies des saints et des bienheureux.., tome 11 (Novembre). Paris, 1954, p. 866-867.
  52. Voir Anne Monjaret, La Sainte-Catherine : culture festive dans l'entreprise. Paris, Éditions du C.T.H.S., 1997, p. 11-14 ; 22-24 ; 42 ; 61 ; etc.
  53. A. Monjaret, La Sainte-Catherine (1997), p. 43 ; 97-98 ; 108 ; 111-112 ; 185 ; 202 ; 204 ; 206 ; 230. Voir aussi Ead., Les Catherinettes en fête (2008), p. .....
  54. Histoire de la ville d'Hirson par Alfred Desmasures.
  55. Le Roux de Lincy 1859, p. 119.
  56. David Nathan, « Tout savoir sur la tire Ste-Catherine », sur le site Canal Vie.
  57. Nuria Mampel Muñoz, « Iconografía de Santa Catalina de Alejandría en la pintura valenciana del siglo XV [archive] », Forum de recerca - ISSN 1139-5486 - Nº 19/2014. p. 107-123.
  58. (es) « Zurbaran », sur Museo de Bellas Artes de Bilbao (consulté le )
  59. Stéphane Guégan, « Quand la Peinture espagnole entrait au Louvre », Connaissance des arts HS 182,‎ , p. 40||
  60. « Site officiel du musée du Louvre », sur cartelfr.louvre.fr (consulté le ).
  61. Musée des Beaux Arts d'Ajaccio.
  62. Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Catherine.
  63. Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN 1-85894-370-1).
  64. Voir supra, note 15.
  65. Voir supra, note 19.