Séjalon Pierre
INRAP, Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, Archéologie, Responsable d'opération
Archéologue professionnel, je m'intéresse en particulier à la période Protohistorique et à l'économie du monde rural. A partir des données archéologiques, je tente de restituer les schémas d'organisation des paysages et d'interpréter les règles qui pouvaient dicter les héritages, les modes successoraux et la propriété de la terre.
Phone: 06 86 31 03 57
Address: 10 rue Basse
30310 Vergèze
Phone: 06 86 31 03 57
Address: 10 rue Basse
30310 Vergèze
less
InterestsView All (29)
Uploads
Pendant longtemps, on a mis en relation la création de nombreux oppidums avec l’arrivée des phocéens et la naissance de la ville de Marseille.
Pourtant à y regarder de plus près, on s’aperçoit que les processus sont plus complexes et s’ancrent dans le temps long. En choisissant d’aborder
la question de la formation des territoires et du déplacement des pôles d’habitats sur le dernier millénaire, d’autres explications sont possibles et
sortent du cadre événementiel.
Autour de Nîmes, un réseau de chemins régionaux se met en place. Dans la périphérie, un réseau secondaire dessert les espaces agricoles. C’est tout un pan complexe de la structuration des paysages protohistoriques qui est ainsi révélé, témoignant des évolutions constantes des sociétés et des dynamiques
méditerranéennes.
Pendant longtemps, on a mis en relation la création de nombreux oppidums avec l’arrivée des phocéens et la naissance de la ville de Marseille.
Pourtant à y regarder de plus près, on s’aperçoit que les processus sont plus complexes et s’ancrent dans le temps long. En choisissant d’aborder
la question de la formation des territoires et du déplacement des pôles d’habitats sur le dernier millénaire, d’autres explications sont possibles et
sortent du cadre événementiel.
Autour de Nîmes, un réseau de chemins régionaux se met en place. Dans la périphérie, un réseau secondaire dessert les espaces agricoles. C’est tout un pan complexe de la structuration des paysages protohistoriques qui est ainsi révélé, témoignant des évolutions constantes des sociétés et des dynamiques
méditerranéennes.
Plusieurs opéraions d’archéologie prévenive ont récemment permis la fouille d’un site de plein air du Néolithique
ancien épicardial, sur la commune de Nîmes (Gard, France). Ce gisement du Mas de Vignoles X se caractérise par un
sol d’habitat relaivement bien conservé, parsemé de mobilier archéologique, de pierres et de galets. L’analyse spaiale
de la dispersion de ces objets permet de proposer la resituion hypothéique d’un village d’au moins une dizaine de
construcions. Tous les vesiges mobiliers ainsi que les dataions radiocarbone atribuent cete occupaion à l’Épicardial
ancien, soit vers 5200-5000 avant notre ère.
Mots-clés :
plein air, habitat, village, analyse spaiale, Néolithique ancien, Épicardial, Gard, Languedoc
Abstract:
Several emergency excavaions recently brought to light an open air site, near Nîmes (South of France), which can be
dated from the Early Neolithic. Called ‘Mas de Vignoles X’, this site consists on a well preserved soil, scatered with
several categories of artefacts, and with stones and pebbles. The spaial analysis of all these objects makes it possible
to propose the hypotheical resituion of at least about ten ‘houses’. All artefacts, as well as radiocarbon daings, allot
this village to the Early Epicardial, towards 5200-5000 BC cal.
Keywords:
open air site, village, spaial analysis, Early Neolithic, Epicardial, Gard, Languedoc
Le décapage mené sur 2,5 hectares a ainsi permis de dégager de nombreux vestiges signalant des occupations humaines, inscrites ou non dans la durée, ancrées dans leurs paysages et le transformant au gré de leurs activités, ponctuées de hiatus ou du moins d’une absence de traces visibles, permettant la restitution de l’histoire d’un terroir sur près de 7 millénaires.
La confrontation de ces vestiges avec les données déjà acquises dans le secteur a justifié que l’on s’attache à définir leur place dans un environnement dépassant le seul cadre de l’opération. Tantôt on se situe aux marges de sites plus importants, tantôt on se trouve dans le terroir agricole, tantôt on est au cœur d’une exploitation, tantôt on ne sait pas.
La plus ancienne des fréquentations remonte au Néolithique ancien (épicardial). Elle n’est marquée que par une seule structure qui appartient probablement à l’extension septentrionale du site découvert lors des fouilles de Mas de Vignoles VI et X. Le Néolithique moyen ne se matérialise que par quatre puits dont un a servi de sépulture dans un second temps. L’analyse des restes végétaux fossiles dans un des puits a permis de proposer que l’on se situait dans le terroir agricole proche de sites localisés plus au nord. Les nombreux charbons de bois évoquent des phases de mises en culture sur brûlis précédant peut-être après récolte des zones de pâturage nécessitant des besoins en eau. Enfin, le Néolithique final voit l’émergence d’une concentration de structures au nord-est du décapage qui laisse entrevoir un type d’occupation qui commence à être bien perçu dans le sud nîmois. La diversité fonctionnelle des structures, l’importance du mobilier céramique et lithique, ainsi que les restes de consommation suggèrent que l’on soit en présence d’un petit habitat.
La période de l’âge du Bronze, comme d’habitude en plaine de Nîmes, fait figure de parent pauvre. Seule la phase du Bronze final est matérialisée par un petit ensemble de structures dont une concentration de puits. Les restes végétaux fossiles mis au jour dans l’un d’entre eux ont permis l’étude de deux pieux en bois et de mieux cerner l’environnement et les activités des occupants.
La Protohistoire est l’élément majeur du dossier. D’une part, parce que l’occupation des lieux est attestée sur la durée (VIIe s. av. J.-C. et de la fin du VIe au IIIe), d’autre part, parce qu’elle a livré une documentation riche et variée permettant d’appréhender la structuration des paysages autour d’un chemin creux et d’analyser dans le détail l’évolution et l’économie d’une exploitation agricole.
Pour l’Antiquité, les terrains décapés témoignent de mutations rapides au sein du terroir agricole. De limites de champs appartenant probablement à une exploitation proche (Vignoles VII), on passe à un parcellaire plus morcelé avec l’existence probable d’un bâtiment complètement évacué du paysage et de deux tombes-bûchers. Enfin, les terres ne semblent plus répondre à une structuration de l’espace et seul le chemin de Vignoles continue de fonctionner un temps.
Enfin, après un long temps « d’inoccupation », le chemin de Vignoles est totalement recreusé, légèrement décalé vers l’ouest, au Moyen Age. Une structure bâtie a pu être étudiée en détail et a permis d’apporter les rares éléments chronologiques pour évoquer ce renouveau d’intérêt pour ce terroir. À l’extrémité est du chantier, deux fosses dépotoir ont livré une quantité importante de restes fauniques qu’il faudra intégrer à l’étude de l’habitat récemment découvert et fouillé plus à l’ouest (Mas de Vignoles XV).
Pour l’équipe
Pierre Séjalon
La fouille sur la digue du Mas Neuf a permis d’étudier l’histoire d’un terroir sur près de 7 millénaires. Ce secteur de plaine proche du Vistre a très tôt intéressé les populations du Néolithique. Dès le Néolithique ancien (épicardial), une petite population choisit de se fixer pour un temps (5000-4500 av. J.-C.) et va laisser les traces d’un habitat notamment perceptible par des structures en creux. La présence de silos, de fosses d’extraction et peut-être de sépultures et de puits suggère une implantation durable où la sédentarité semble s’affirmer. Les artefacts mis au jour témoignent d’activités variées dont il a été possible de mesurer la part respective, notamment pour l’agriculture et l’élevage. Les besoins en matières premières, argile, silex, et en ressources alimentaires ont permis de distinguer les espaces parcourus des espaces exploités.
La deuxième phase importante d’occupation du terroir concerne la Protohistoire (800-400 av. J.-C.). Les enclos circulaires fouillés mais surtout les enclos observés lors du diagnostic donnent dans un premier temps une vocation essentiellement funéraire à ces espaces. Des traces d’occupation réduites laissent toutefois envisager l’existence d’une fréquentation à usage agricole voire d’habitat mais les données sont trop nombreuses pour en discuter sérieusement. Une approche typo-chronologique des enclos du Mas Neuf a été proposée. Elle permet de replacer dans le temps chaque ensemble funéraire et montre le caractère réducteur d’une étude globalisante. Une simple approche spatiale ne suffit pas à commenter l’aspect groupé. En effet, la reprise des données du diagnostic et la confrontation avec d’autres ensembles funéraires étudiés à Nîmes attestent de modes de recrutement sélectif et de choix d’implantation ne répondant pas à la même logique. Si pour la phase ancienne (800-600 av. J.-C.), les ensembles funéraires semblent s’implanter en limite de l’habitat, pour la phase récente (600-400 av. J.-C.), le choix d’implantation semble plutôt dicté par la présence des axes de circulation et par le maillage de l’habitat dispersé.
Le troisième temps fort de l’occupation se situe autour du changement d’ère (200 av.-200 ap. J.-C.). La campagne continue de se structurer autour des chemins anciens et le parcellaire se développe. Le début de cette phase voit également la création de nouveaux axes et une modification importante des espaces gérés. La mise en perspective de ces données obligent à sortir largement du cadre de la seule fouille de Mas Neuf et seules quelques questions ont été abordées. Au changement d’ère ou un peu avant, on observe un nouveau découpage des espaces. Des petits bâtiments sont construits avec autour d’eux des structures particulières, puits avec un probable réseau d’irrigation, espace empierré lié au battage des céréales, borne qui semblent témoigner de nouveaux modes d’exploitations agraires.
Enfin, le secteur est réoccupé au Moyen-Age (1200-1400 ap. J.-C.) avec la construction d’un petit bâtiment, installé en bordure voie dont la vocation agricole a pu être avancée sans qu’il soit possible d’amener d’éléments tangibles au dossier.
La mise en évidence de ces temps forts montre en négatif de nombreuses phases où la fréquentation de ces espaces a été moindre ou n’a pas laissé de traces. Pour certaines de ces phases chronologiques, notamment le Néolithique moyen ou final, il a été possible de discuter du statut de ce terroir en fonction de sites d’habitats proches ou dans la périphérie immédiate. En revanche, il est bien difficile de parler de l’âge du Bronze tant les vestiges font défaut et ce à l’échelle de la plaine.
Pour l’équipe
Pierre Séjalon
Elle a été captée et voici le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=-JcCsgbcOf0