Svoboda | Graniru | BBC Russia | Golosameriki | Facebook
Skip to main content
International audienceIn general philosophy, an individual is a being, distinct from other beings. It is the elementary term that is arrived at by analytically decomposing a composed reality and that cannot itself be decomposed into... more
International audienceIn general philosophy, an individual is a being, distinct from other beings. It is the elementary term that is arrived at by analytically decomposing a composed reality and that cannot itself be decomposed into individuals. It is thus defined by its unity (internal cohesion) and by its uniqueness (external differentiation). Internal cohesion can be thought of in at least two ways, as simplicity (the individual is not composed of parts) or as self-sufficiency (the individual is an autonomous being). External differentiation can also be thought of in at least two ways: as separation (an individual is separated from others by spatio-temporal boundaries) or as singularity (an individual is distinguished from others by his or her unique nature) . In political philosophy, the term takes on another meaning: an individual is a particular human being. From one concept to another, however, there is less substitution than reduction: a particular human being is a human bei...
Les procedures de prise de decision peuvent etre justifiees en democratie en invoquant soit leur caractere equitable, soit leur aptitude a produire de bonnes decisions. La theorie politique contemporaine tend a privilegier la premiere... more
Les procedures de prise de decision peuvent etre justifiees en democratie en invoquant soit leur caractere equitable, soit leur aptitude a produire de bonnes decisions. La theorie politique contemporaine tend a privilegier la premiere voie, car elle n’oblige pas a distinguer entre bonnes et mauvaises decisions, et donc a departager les opinions politiques en fonction de leur justesse ou de leur faussete. La principale vertu de la regle de majorite serait ainsi de donner un poids egal a toutes les opinions exprimees dans le vote, independamment de leur contenu. Contre cette these, cet article montre qu’une justification democratique coherente du recours a la regle de majorite ne peut pas faire l’economie de considerations epistemiques. Si le vote majoritaire doit etre prefere aux autres modes de prise de decision disponibles, c’est parce qu’il permet seul de satisfaire en meme temps, autant qu’ils peuvent l’etre, le souci de l’equite et le souci de la verite. Le vote a la majorite est plus equitable que la negociation, le concours ou d’autres regles de vote, mais il ne l’est pas autant que le tirage au sort pondere par le vote. Il est toutefois plus sensible que cette procedure a la valeur assignee par les electeurs aux options en presence. Ces deux soucis, en outre, ne sont pas contradictoires, car le traitement egal des opinions individuelles ne presuppose pas une epistemologie politique relativiste, mais plutot faillibiliste.
Si la démocratie doit être comprise comme le gouvernement du peuple par et pour le peuple, il faut que le jugement populaire soit compétent : les procédures décisionnelles doivent pouvoir être à la fois inclusives et efficaces. Cet... more
Si la démocratie doit être comprise comme le gouvernement du peuple par et pour le peuple, il faut que le jugement populaire soit compétent : les procédures décisionnelles doivent pouvoir être à la fois inclusives et efficaces. Cet article considère l’une des conditions de la compétence du peuple : l’existence d’un espace public propice à la contestation publique des décisions politiques. En confrontant les paradigmes contestataire (Pettit) et épistémique (Cohen, Estlund) de la démocratie, il montre d’abord que la contestabilité ne peut fonder la légitimité démocratique des décisions que si la contestation populaire passe notamment par l’espace public médiatisé. Il établit ensuite qu’il est irréaliste d’attendre que les actions des agents médiatiques produisent spontanément un contexte adéquat à la délibération pour peu que la liberté d’expression et le pluralisme des médias soient protégés juridiquement, comme le suggèrent certaines approches (Page). Il conclut enfin que l’espace p...
Mill’s claim that representative government can be democratic, and as such “the ideally best form of government”, rests on the virtues of public deliberation, which he sees both as a means for pursuing just political decisions and as a... more
Mill’s claim that representative government can be democratic, and as such “the ideally best form of government”, rests on the virtues of public deliberation, which he sees both as a means for pursuing just political decisions and as a means of participation for the widest citizenry. His view has been criticized, by Schmitt in particular, for assuming that free discussion can dissolve the conflict of social forces and that it leads to the discovery of the truth. But does it really depend on such premises ? The focus of the paper is the tension between the search for truth and the need for inclusion in Mill’s theory of representative government. An examination of the role played by freedom of discussion suggests that far from sublimating social conflict or guaranteeing the correctness of political decisions, the deliberative process regulates the conflict of opinions, understood as a violent struggle over truth, on an egalitarian basis.
Le modèle du « libre marché des idées » exerce depuis près d'un siècle une influence considérable sur le droit des médias et la conceptualisation du débat public, qui s'exerce bien au-delà du cadre de la jurisprudence américaine... more
Le modèle du « libre marché des idées » exerce depuis près d'un siècle une influence considérable sur le droit des médias et la conceptualisation du débat public, qui s'exerce bien au-delà du cadre de la jurisprudence américaine où il a pris forme. Suggérant que les pouvoirs publics ont une obligation de ne pas intervenir pour contrôler les actes expressifs des citoyens, il est en particulier mobilisé pour rejeter tout projet de régulation des moyens de communication, qu'ils soient entrepris au nom du pluralisme des médias, du débat démocratique, ou de la liberté d'expression elle-même. Si, comme il l'affirme, une politique de laissez-faire, fondée sur la seule protection de la liberté d'expression individuelle, est le meilleur moyen de faire émerger, par la communication publique, la pluralité des opinions « vraies », alors les initiatives régulatrices visant à améliorer la qualité épistémique de cette communication (qui suppose son pluralisme) sont contre-p...
Democracies are confronted with the following dilemma: should freedom of speech be limited to ensure the equality of citizens? If freedom of speech is constitutive of democracy, hate speech threatens the equality of status of citizens who... more
Democracies are confronted with the following dilemma: should freedom of speech be limited to ensure the equality of citizens? If freedom of speech is constitutive of democracy, hate speech threatens the equality of status of citizens who belong to a denigrated group. Hate speech repression is therefore justified by freedom of speech, as really equal for all, a justification which requires a sophisticated consideration of the social and historical context.
In a democratic regime, do new media represent a threat or a step forward for the press? Charles Girard examines the renewal of the journalistic (...)
Chez Rawls, le sens de la justice est à la fois produit et précondition de la délibération publique. Mais comment peut-il s'y exercer tant que persistent des désaccords profonds sur la justice ? Cet article montre que la cohérence des... more
Chez Rawls, le sens de la justice est à la fois produit et précondition de la délibération publique. Mais comment peut-il s'y exercer tant que persistent des désaccords profonds sur la justice ? Cet article montre que la cohérence des théories démocratiques prétendant concilier une psychologie morale plausible et des ambitions normatives élevées se voit menacée dès lors que le consensus sur une conception politique de la justice fait défaut et que les limites du raisonnable sont contestées.
... De même, le consensus, peut émerger par la convergence de préférences soucieuses d'intérêts particuliers comme du bien commun. ... La politique délibérative habermassienne ne se développe qu'à... more
... De même, le consensus, peut émerger par la convergence de préférences soucieuses d'intérêts particuliers comme du bien commun. ... La politique délibérative habermassienne ne se développe qu'à partir de la fin des années 1980, en tenant compte de ces écrits. ...
La Chronique « Philosophie morale et politique » est realisee pour la Revue de metaphysique et de morale par une equipe de redacteurs. Elle est coordonnee par Caroline Guibet Lafaye et Fabien Ferri, et sous la responsabilite de ce dernier... more
La Chronique « Philosophie morale et politique » est realisee pour la Revue de metaphysique et de morale par une equipe de redacteurs. Elle est coordonnee par Caroline Guibet Lafaye et Fabien Ferri, et sous la responsabilite de ce dernier au sein du Centre de Documentation et de Bibliographie Philosophiques de l’Universite de Franche-Comte (EA 2274 CDBP - Logiques de l’Agir).
In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content: "L’objection la plus ancienne et la plus redoutable à la démocratie fait valoir que le gouvernement par le peuple dessert le gouvernement pour le peuple. Les citoyens... more
In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content: "L’objection la plus ancienne et la plus redoutable à la démocratie fait valoir que le gouvernement par le peuple dessert le gouvernement pour le peuple. Les citoyens manquant pour la plupart de sagesse ou de compétence, le bien commun serait mieux assuré en confiant le pouvoir à un individu éclairé ou à une élite experte. Une réponse commune à cette objection concède la prémisse mais affirme la priorité au gouvernement par le peuple sur le gouvernement pour le peuple : le droit égal à la participation devrait l’emporter sur la promotion de la compétence, même si celle-ci est requise par le bon gouvernement. La démocratie se trouve alors réduite à un ensemble de procédures équitables, traitant les citoyens en égaux ; elle ne se définit plus par la poursuite du bien commun. Il est toutefois une autre réponse à l’objection, qui évite cette dérive vers un procéduralisme étroit. Elle cons...
"Abstract - Recent theories of deliberative democracy have abandoned mass politics. In assuming that only face-to-face situations can allow for genuine deliberation, these theories refuse to consider that... more
"Abstract - Recent theories of deliberative democracy have abandoned mass politics. In assuming that only face-to-face situations can allow for genuine deliberation, these theories refuse to consider that democratic deliberation might also occur via mass communication. However, the relevance of the deliberative ideal to contemporary democracies depends on just such a possibility of mediated deliberation. It is admittedly difficult to envision: since mass communication is difficult to regulate, conducive to passivity, fragmented and asymmetrical, it seems ill-suited for a regulated, engaged, public and egalitarian deliberation. Nonetheless, we might conceive of an adequate concept of mediated deliberation if we revise our understanding of deliberation and take into account the specific resources mass communication offers for the public exchange of reasons among equals. This article sketches the conditions of possibility of such a deliberation. Résumé - Les théories récentes de la démocratie délibérative se désintéressent largement de la politique de masse : supposant que seul le contexte du face à face rend possible la délibération, elles rejettent d’emblée l’idée que celle-ci puisse passer par la communication de masse. La pertinence de l’idéal délibératif pour les régimes démocratiques contemporains dépend pourtant de la possibilité d’une telle délibération médiatisée. Elle est certes difficile à concevoir : dans la mesure où la communication de masse est difficile à réguler, propice à la passivité, fragmentée et asymétrique, elle paraît peu apte à accueillir une délibération normée, engagée, publique et égalitaire. Il est toutefois possible de concevoir un concept satisfaisant de délibération médiatisée, en révisant notre compréhension de la délibération et en tenant compte des ressources spécifiques que les médias offrent pour l’échange public des raisons entre citoyens égaux. Cet article considère les conditions de possibilité d’une telle délibération."
ABSTRACT The French republican model has long promoted an individualist, universal and difference-blind conception of citizenship. Yet the sociological and historical reality of decolonization and immigration has strained the coherence of... more
ABSTRACT The French republican model has long promoted an individualist, universal and difference-blind conception of citizenship. Yet the sociological and historical reality of decolonization and immigration has strained the coherence of this conception and helped to reveal the tension between the universalism of republican principles and the particularistic application of such principles to a specific nation, defined in political and territorial terms. One limit of this model is particularly visible in the spatial management of immigration and segregation trends. Indeed, while French urban planning officially rejects any policies explicitly directed at ethnic minorities, preferring to address social inequalities in spatial terms, it has not prevented French society from pursuing a strict and enduring process of ethno-racial segregation. Recently, the traditional universalist position has faced a new dilemma with regard to the social and spatial treatment of the Romani populations that have settled in France since the early 2000s. Local authorities have adopted various measures to accommodate and “manage” these populations through specific spatial and administrative devices, some of which are called villages or inclusion villages (villages d'insertion). This article offers a spatial and political analysis of such local policies, focusing on three main ambiguities that characterize this urban device—security function, integrative role, and ethno-cultural component. The authors show that the villages d'insertion offer a paradigmatic situation in which the usual scales and frames of justice get blurred, and call for a new conception of citizenship, required to promote equal respect to all populations.
While recent democratic theory has insisted upon the contestability of public policies as a key source of democratic legitimacy, the role mass media should play in fostering public contestation has yet to be specified. The role of... more
While recent democratic theory has insisted upon the contestability of public policies as a key source of democratic legitimacy, the role mass media should play in fostering public contestation has yet to be specified. The role of deliberative theory in particular should be to try to identify which standards mass communication needs to meet in order to provide a general forum for democratic contestation. This article focuses on the theoretical foundations of such a project. It puts forward three claims. First, the contestability of public policy can only be a source of democratic legitimacy if citizens have the opportunity to participate in public contestation through – among other forums – a general public forum that is endowed with a deliberative dimension. Second, media pluralism alone is insufficient in providing such a public forum: both external standards (related to the independence of mass media) and internal standards (related to the norms guiding media practices) need to be satisfied. Third, and as a consequence of the preceding two, the democratic contestability of public policies presupposes effective mass media regulation that goes beyond the promotion of media pluralism. Democratic contestation requires more than a “marketplace of ideas”.
Research Interests:
A retrospective essay.
Research Interests:
Mill’s claim that representative government can be democratic, and as such “the ideally best form of government”, rests on the virtues of public deliberation, which he sees both as a means for pursuing just political decisions and as a... more
Mill’s claim that representative government can be democratic, and as such “the ideally best form of government”, rests on the virtues of public deliberation, which he sees both as a means for pursuing just political decisions and as a means of participation for the widest citizenry. His view has been criticized, by Schmitt in particular, for assuming that free discussion can dissolve the conflict of social forces and that it leads to the discovery of the truth. But does it really depend on such premises ? The focus of the paper is the tension between the search for truth and the need for inclusion in Mill’s theory of representative government. An examination of the role played by freedom of discussion suggests that far from sublimating social conflict or guaranteeing the correctness of political decisions, the deliberative process regulates the conflict of opinions, understood as a violent struggle over truth, on an egalitarian basis.
Research Interests:
Research Interests:
"Recension de : Corey Brettschneider, When the State Speaks, What Should it Say? How Democracies Can Protect Expression and Promote Equality, Princeton, Princeton University Press, 2012, 216 pages. "
Research Interests:
Si la démocratie doit être comprise comme le gouvernement du peuple par et pour le peuple, il faut que le jugement populaire soit compétent : les procédures décisionnelles doivent pouvoir être à la fois inclusives et efficaces. Cet... more
Si la démocratie doit être comprise comme le gouvernement du peuple par et pour le peuple, il faut que le jugement populaire soit compétent : les procédures décisionnelles doivent pouvoir être à la fois inclusives et efficaces. Cet article considère l’une des conditions de la compétence du peuple : l’existence d’un espace public propice à la contestation publique des décisions politiques. En confrontant les paradigmes contestataire (Pettit) et épistémique (Cohen, Estlund) de la démocratie, il montre d’abord que la contestabilité ne peut fonder la légitimité démocratique des décisions que si la contestation populaire passe notamment par l’espace public médiatisé. Il établit ensuite qu’il est irréaliste d’attendre que les actions des agents médiatiques produisent spontanément un contexte adéquat à la délibération pour peu que la liberté d’expression et le pluralisme des médias soient protégés juridiquement, comme le suggèrent certaines approches (Page). Il conclut enfin que l’espace public de la contestation doit être institué, ce qui suppose une régulation adéquate des médias, qui peut puiser dans les ressources offertes par l’éthique journalistique, la critique sociale et le droit de la communication.


If democracy is to be understood as government by and for the people, popular judgment has to be competent : decision-making procedures need to be both inclusive and effective. In this paper I consider a condition for the competence of the people : the existence of a public sphere propitious to the public contestation of political decisions. By comparing the contestatory (Pettit) and epistemic (Cohen, Estlund) models of democracy, I first show that contestability can only ground democratic legitimacy if popular contestation operates partly via the public sphere. I then claim that that it is unrealistic to expect that the actions of media agents will spontaneously produce an appropriate deliberative context provided that freedom of expression and media pluralism are legally protected, as some suggest (Page). Finally, I conclude that the space for public contestation must be instituted, which implies that the regulatory resources offered by journalistic ethics, social criticism and media law should be exploited.
Research Interests:
Les procédures de prise de décision peuvent être justifiées en démocratie en invoquant soit leur caractère équitable, soit leur aptitude à produire de bonnes décisions. La théorie politique contemporaine tend à privilégier la première... more
Les procédures de prise de décision peuvent être justifiées en démocratie en invoquant soit leur caractère équitable, soit leur aptitude à produire de bonnes décisions. La théorie politique contemporaine tend à privilégier la première voie, car elle n’oblige pas à distinguer entre bonnes et mauvaises décisions, et donc à départager les opinions politiques en fonction de leur justesse ou de leur fausseté. La principale vertu de la règle de majorité serait ainsi de donner un poids égal à toutes les opinions exprimées dans le vote, indépendamment de leur contenu. Contre cette thèse, cet article montre qu’une justification démocratique cohérente du recours à la règle de majorité ne peut pas faire l’économie de considérations épistémiques. Si le vote majoritaire doit être préféré aux autres modes de prise de décision disponibles, c’est parce qu’il permet seul de satisfaire en même temps, autant qu’ils peuvent l’être, le souci de l’équité et le souci de la vérité. Le vote à la majorité est plus équitable que la négociation, le concours ou d’autres règles de vote, mais il ne l’est pas autant que le tirage au sort pondéré par le vote. Il est toutefois plus sensible que cette procédure à la valeur assignée par les électeurs aux options en présence. Ces deux soucis, en outre, ne sont pas contradictoires, car le traitement égal des opinions individuelles ne présuppose pas une épistémologie politique relativiste, mais plutôt faillibiliste.



Majority rule in democracy: truth or fairness?

Decision-making procedures can be justified in democracy by invoking either their fairness or their ability to produce good outcomes. Recent political theory has often favored the first approach, since it does not require to discriminate between good and bad decisions, and thus to decide between political opinions. In such a view, the main advantage of majority rule is that it treats all expressed opinions fairly by giving each an equal weight, without any regard for their content. Against such a claim, this article contends that one cannot justify the use of majority rule without referring to epistemic considerations. If majority rule is to be favored over other available procedures, it is because it alone can meet simultaneously – as much as this is possible – concerns for fairness and for truth. It is fairer than decision-making via bargaining or contest, but it is also more responsive than lottery voting to the value assigned to the competing options. Furthermore, concerns for fairness and for truth are not incompatible, since the principle of equal treatment of all opinions does not rest on relativism, but on faillibilism.
Research Interests:
Abstract – For almost a century, the “free marketplace of ideas” model has exerted considerable influence on media law and on the conceptualization of public debate--well beyond the context of American jurisprudence, where it first... more
Abstract – For almost a century, the “free marketplace of ideas” model has exerted considerable influence on media law and on the conceptualization of public debate--well beyond the context of American jurisprudence, where it first appeared. The model asserts that a laissez-faire policy, based exclusively on the protection of individual freedom of expression, is the best way to help true opinions arise out of public communication. As a result, it is often invoked in order to reject attempts to regulate mass media that also invoke the principle of freedom of expression. This article analyses the free marketplace of ideas model (I) as well as its critique by C.E Baker (II). It suggests that although the model should be rejected, Baker’s argument against the millian justification of freedom of expression is unwarranted. His endorsement of an “absolutist” conception is neither useful nor necessary in order to justify regulations (III). The free marketplace of ideas model shares a common mistake with many theories favorable to regulation: they assume that individual freedom of expression offers sufficient ground for evaluating the legitimacy of state intervention in mass public communication (IV).


Résumé – Le modèle du « libre marché des idées » exerce depuis près d’un siècle une influence considérable sur le droit des médias et la conceptualisation du débat public, bien au-delà du cadre de la jurisprudence américaine où il a pris forme. Il affirme qu’une politique de laissez-faire, fondée sur la seule protection de la liberté d’expression individuelle, est le meilleur moyen de faire émerger, par la communication publique, les opinions vraies. En conséquence, il est notamment invoqué pour rejeter les projets de régulation des médias de masse, qui sont également justifiés en invoquant le principe de la libre expression. Cet article analyse le modèle du marché des idées (I) et l’une des principales critiques qui lui sont adressées,celle de C. E. Baker (II). Si le modèle doit être rejeté, la critique que propose Baker de la justification millienne de la liberté d’expression est erronée ; il n’est ni utile ni nécessaire de défendre une conception « absolutiste » de cette liberté pour justifier les interventions régulatrices (III). L’erreur partagée par le modèle du marché des idées et maintes théories favorables à la régulation est de supposer que la liberté d’expression constitue un fondement suffisant pour évaluer la légitimité des interférences dans la communication publique de masse (IV).
RESUME La démocratie délibérative et la raison publique rawlsienne, qui s'opposent toutes deux aux théories agrégatives de la démocratie, sont communément associées. Elles impliquent pourtant deux conceptions différentes et inconciliables... more
RESUME
La démocratie délibérative et la raison publique rawlsienne, qui s'opposent toutes deux aux théories agrégatives de la démocratie, sont communément associées. Elles impliquent pourtant deux conceptions différentes et inconciliables de la légitimité politique. Tandis que la démocratie délibérative fonde la légitimité des décisions collectives sur une délibération publique et non contrainte qui vise l'émergence d'un accord épistémique et moral entre citoyens, la raison publique la fonde sur un principe excluant les raisons privées de la justification publique et subordonne en conséquence la délibération à un accord préalable sur une conception politique de la justice. La première comprend d'abord la démocratie comme un idéal d'autogouvernement par le débat public, le second la conçoit avant tout comme un idéal de coopération équitable.


ABSTRACT
Rawlsian public reason and deliberative democracy are often associated, as both reject a strictly aggregative view of democracy. However, they imply two distinct and irreconcilable conceptions of political legitimacy. While deliberative democracy grounds legitimacy in unrestrained public deliberation aimed at producing moral and epistemic agreement among citizens, public reason grounds it in the exclusion of private reasons from public justification and thus makes deliberation dependent on a prior agreement on a political conception of justice. The former understands democracy mainly as an ideal of self-government through public debate; the latter understands it mainly as an ideal of fair cooperation.
La neutralité axiologique est pensée comme une règle constitutive de l’activité scientifique : les sciences humaines et sociales seraient par définition ces disciplines qui étudient l’homme en s’abstenant de tout jugement de valeur, pour... more
La neutralité axiologique est pensée comme une règle
constitutive de l’activité scientifique : les sciences humaines et sociales seraient par définition ces disciplines qui étudient l’homme en s’abstenant de tout jugement de valeur, pour se limiter aux jugements factuels. Mais ce principe est aussi conçu comme
une règle pratique devant orienter les usages de la science par le chercheur : il vaut alors comme recommandation morale devant guider sa conduite lorsqu’il enseigne ou intervient publiquement en tant que savant. Cette double exigence répond à l’une des plus sérieuses menaces pesant sur la prétention qu’ont les sciences humaines d’atteindre une forme de validité et de crédibilité équivalentes à celles des sciences de la nature. Cette menace résulte de ce que le chercheur appartient au même monde de valeurs que les hommes qu’il étudie, ou du moins, pour l’historien ou l’anthropologue, à un monde analogue : il peut donc être
soupçonné, en amont, de déformer les faits à établir et, en aval, d’instrumentaliser les faits établis, en fonction de ses convictions personnelles. Mais pourquoi ce soupçon devrait-il obliger le savant à s’abstenir, en tant que chercheur et enseignant, de tout jugement axiologique ? À quelle forme de neutralité les sciences humaines et sociales peuvent-elles et doivent-elles aspirer ?
Abstract - Recent theories of deliberative democracy have abandoned mass politics. In assuming that only face-to-face situations can allow for genuine deliberation, these theories refuse to consider that democratic deliberation might also... more
Abstract - Recent theories of deliberative democracy have abandoned mass politics. In assuming that only face-to-face situations can allow for genuine deliberation, these theories refuse to consider that democratic deliberation might also occur via mass communication. However, the relevance of the deliberative ideal to contemporary democracies depends on just such a possibility of mediated deliberation. It is admittedly difficult to envision: since mass communication is difficult to regulate, conducive to passivity, fragmented and asymmetrical, it seems ill-suited for a regulated, engaged, public and egalitarian deliberation. Nonetheless, we might conceive of an adequate concept of mediated deliberation if we revise our understanding of deliberation and take into account the specific resources mass communication offers for the public exchange of reasons among equals. This article sketches the conditions of possibility of such a deliberation.


Résumé - Les théories récentes de la démocratie délibérative se désintéressent largement de la politique de masse : supposant que seul le contexte du face à face rend possible la délibération, elles rejettent d’emblée l’idée que celle-ci puisse passer par la communication de masse. La pertinence de l’idéal délibératif pour les régimes démocratiques contemporains dépend pourtant de la possibilité d’une telle délibération médiatisée. Elle est certes difficile à concevoir : dans la mesure où la communication de masse est difficile à réguler, propice à la passivité, fragmentée et asymétrique, elle paraît peu apte à accueillir une délibération normée, engagée, publique et égalitaire. Il est toutefois possible de concevoir un concept satisfaisant de délibération médiatisée, en révisant notre compréhension de la délibération et en tenant compte des ressources spécifiques que les médias offrent pour l’échange public des raisons entre citoyens égaux. Cet article considère les conditions de possibilité d’une telle délibération.
RESUME L’article part de la thèse selon laquelle l’ontologie porte des enjeux pratiques décisifs pour la réflexion politique. La légitimité et l’efficacité des arrangements politiques dépendent en partie de leur individuation, et les... more
RESUME

L’article part de la thèse selon laquelle l’ontologie porte des enjeux pratiques décisifs pour la réflexion politique. La légitimité et l’efficacité des arrangements politiques dépendent en partie de leur individuation, et les idéaux normatifs présupposent des conceptions métaphysiques de l’individualité. Mais qui sont les « individus » de la politique ? En interrogeant l’individuation des entités politiques centrales convoquées par des représentants éminents de la philosophie politique classique (Aristote, Hobbes, Rousseau) et contemporaine (Tocqueville, Rawls), nous défendons deux thèses. D’une part, différentes réalités politiques, situées à divers niveaux de composition, sont des individus au sens ontologique : un homme, une association, une cité, un État sont, à des degrés variables et relativement à des propriétés différentes, des individus. L’individu humain n’est donc pas le seul individu de la politique. D’autre part, à chaque individu humain correspondent, du point de vue politique, plusieurs individus ontologiques qui sont délimités par les différents statuts politiques qui lui sont attribués et qui lui confèrent différentes propriétés normatives. Ces individus se recoupent partiellement sans coïncider exactement.
Résumé: La délibération publique entre citoyens doit-elle être le fondement de la légitimité proprement démocratique des décisions politiques? Cet article analyse les arguments avancés en ce sens par les premiers écrits sur la... more
Résumé:

La délibération publique entre citoyens doit-elle être le fondement de la légitimité proprement démocratique des décisions politiques? Cet article analyse les arguments avancés
en ce sens par les premiers écrits sur la démocratie délibérative. Si la délibération individuelle est requise par la recherche de l’autonomie personnelle et de la satisfaction de l’intérêt particulier, la délibération collective n’est quant à elle une condition ni nécessaire ni suffisante pour atteindre l’autonomie politique et le bien commun. Elle seule permet toutefois de poursuivre ces fins en égaux.


Abstract: Should the democratic legitimacy of political decisions be grounded on public deliberation among citizens? This article puts to the test the main arguments offered by the first writings on deliberative democracy. While individual deliberation is required by the search for personal autonomy and the satisfaction of self-interest, group deliberation is neither sufficient nor necessary to reach political autonomy and the common good. However, only group deliberation makes it possible to pursue these ends as equals.
RESUME Jean-Jacques Rousseau tient une place équivoque dans les théories contemporaines de la démocratie délibérative. La conception de la légitimité politique développée dans le Contrat social¸ enracinée dans une interprétation... more
RESUME
Jean-Jacques Rousseau tient une place équivoque dans les théories contemporaines de la démocratie délibérative. La conception de la légitimité politique développée dans le Contrat social¸ enracinée dans une interprétation épistémique du
vote, dans une conception riche du bien commun et dans une défense appuyée des droits individuels, constitue une influence
essentielle pour des auteurs tels que J. Habermas, S. Benhabib, D. Estlund, J. Cohen ou B. Manin. Toutefois, le refus rousseauiste de la délibération au sein de l’Assemblée représente une difficulté importante pour des théories qui
font de la délibération le principal fondement de la légitimité. Cet article montre de quelle manière de nombreuses théories délibératives doivent être comprises comme autant de tentatives d’atteindre les fins théoriques poursuivies par Rousseau par des voies différentes.

ABSTRACT
Jean-Jacques Rousseau is a controversial figure among contemporary tenants of deliberative democracy. On the one and, the Social Contract’s account of political legitimacy, grounded in an epistemic interpretation of voting, a robust notion
of the common good, and a strong defence of individual rights, exerts a pervasive influence on authors such as J. Habermas, S. Benhabib, D. Estlund, J. Cohen or B. Manin. On the other hand, Rousseau’s famous rejection of deliberation within the Assembly proves to be a problematic argument to deal with for theories that make deliberation the main basis for legitimacy. This article
shows that many deliberative theories are best read as attempts to achieve Rousseau’s theoretical ends by other means.

And 4 more

Charles Girard Délibérer entre égaux. Enquête sur l'idéal démocratique 2019, Editions Vrin, 380 pages. ** L’idéal démocratique est accusé d’être irréaliste. Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple serait une chimère dans... more
Charles Girard
Délibérer entre égaux. Enquête sur l'idéal démocratique
2019, Editions Vrin, 380 pages.
**
L’idéal démocratique est accusé d’être irréaliste. Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple serait une chimère dans les sociétés contemporaines. Il faudrait lui préférer les visées plus modestes associées à l’élection : un droit de vote égal et la satisfaction du plus grand nombre.
La démocratie ne se laisse pourtant pas réduire à la compétition électorale. Les acteurs et les institutions politiques qui s’en réclament invoquent non seulement un marché, où rivalisent des intérêts privés, mais un forum, où s’affrontent des visions adverses de la justice. Ils attendent de la délibération collective qu’elle serve l’autonomie politique et le bien commun, mais savent aussi qu’elle peut les menacer, lorsque la liberté, l’égalité ou la publicité lui font défaut.
Cette enquête philosophique interroge la pertinence de l’idéal démocratique pour des sociétés complexes, dotées d’institutions représentatives et soumises à la communication de masse. Elle montre à quelles conditions cet idéal peut aujourd’hui orienter la critique et l’action. Les citoyens peuvent encore aspirer à se gouverner eux-mêmes, donc à délibérer en égaux.