vari�t�
du grec d�motique propre aux r�gions
du Nord (cinq millions de locuteurs)
dans lesquelles on distingue le roum�lien, l'�pirote, le thessalien
et le thrace.
1 Les origines indo-europ�ennes
� l'exemple de l'arm�nien et de l'albanais, le grec demeure un isolat linguistique parmi les langues indo-europ�ennes. Cet isolement est le r�sultat du fait qu'on a perdu la trace de leurs liens avec les plus anciennes langues indo-europ�ennes. Il en r�sulte que la branche grecque ne compte qu'une langue: le grec ancien, qui a donn� naissance � de nombreuses vari�t�s dialectales, m�me au grec moderne.
Le grec (et ses variantes) demeure l'une des langues vivantes les plus anciennement attest�es en Europe (avec le basque). Son histoire remonte au IIe mill�naire avant notre �re. Les premiers documents datent de l��poque myc�nienne, une civilisation �g�enne s'�tendant de 1650 � 1100 avant notre �re; ils ont �t� �crits dans un syllabaire invent� pour une langue pr�hell�nique (non indo-europ�enne); le principe correspondait au syst�me d'�criture japonais des kana actuels. Au d�but du mill�naire suivant, les locuteurs du myc�nien emprunt�rent aux Ph�niciens leur alphabet qu�ils adapt�rent � leur langue devenue du grec (ancien). Le fait de s'�tre dot� tr�s t�t d'une �criture alphab�tique distinguant voyelles et consonnes, et capable de s'adapter � tous les dialectes du grec, a contribu� au rayonnement de la langue grecque.
2 Les dialectes grecs anciens
Groupe
Langue Localisation Grec occidental
dorien, grec du Nord-Ouest, ach�en
Laconie, Cr�te, Rhodes, �tolie, �pire, Sicile, etc. Grec central
�olien, b�otien; arcadien, chypriote
Thessalien, B�otie, Asie mineure; Arcadie, Chypre. Grec oriental
ionien, attique
Attique, Eub�e, Cyclades, Asie mineure On distingue trois types de langue grecque : 1) le �grec occidental�;
2) le �grec central�;
3) le �grec oriental�.
Il faut comprendre que le grec ancien �tait fragment� en plusieurs vari�t�s dialectales r�parties en diff�rents principaux groupes correspondant aux vagues successives des invasions indo-europ�ennes:
- l��olien (parl� en Thessalie, en B�otie et en Asie mineure);
- l�ionien avec sa vari�t� dialectale l'attique (Attique, Eub�e, Cyclades et Asie mineure) et l'arcado-cypriote (ou arcado-chypriote) appel� aussi l�ach�en (Myc�nes et Cnossos, Arcadie, Chypre);
- le dorien (Laconie, Cr�te, Rhodes, Th�ra, Acha�e, �tolie, �pire, Sicile);
On peut aussi ajouter le myc�nien et le phrygien (en parlant du hell�no-phrygien au lieu du grec).
C�est l�attique des Ath�niens, qui devint progressivement la langue commune des Grecs et qui s�est substitu� � tous les autres dialectes � partir du IVe si�cle avant notre �re. D�j�, au cours de cette �poque, l'attique exer�ait une grande influence dans tout le monde grec et servait de langue de r�f�rence pour �crire la prose. N�anmoins, il ne supplanta pas les autres langues grecques. Au cours du IVe si�cle, en raison de la multiplication des contacts et des conqu�tes mac�doniennes d'Alexandre le Grand (-356 � -323), il se d�veloppa, parall�lement aux langues existantes, une seule langue parl�e et �crite un peu partout dans le monde grec. Il s'agit de la koin�, une langue grandement influenc�e par l'attique, mais aussi par les autres dialectes ioniens. Toutefois, la langue litt�raire continua de se distinguer �norm�ment de la langue parl�e.
C'est de cette koin� que s'est d�velopp� le grec m�di�val ou �grec byzantin� (appel� aussi le �grec chr�tien�). Cette langue grecque est devenue la langue officielle de l�Empire byzantin (Empire romain d'Orient), du IVe au XVe si�cle, alors que sous l'Empire romain d'avant 395 c'�tait le latin. D'ailleurs, les habitants de l'Empire romain d'Occident appelaient ceux de l'Empire byzantin �Grecs� parce qu'ils habitaient l'�Imperium Graecorum� (l'empire des Grec), la �Gr�cia� (Gr�ce) ou encore la �Terra Gr�corum� (la terre des Grecs), leur religion, leur langue v�hiculaire et leur culture �tant essentiellement grecques.
L'Empire romain d'Occident disparut en 476, alors que l'Empire romain d'Orient subsista jusqu'� la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. N�anmoins, les Byzantins d�signaient eux-m�mes leur �tat en grec comme "Anatolik� Basile�a Rh�ma��n" (Aνατολική Βασιλεία Pωμαίων), c'est-�-dire l'Empire romain d'Orient.
3 Les vari�t�s du grec moderne
Il existe deux grandes vari�t�s du grec moderne reconnues par tous les Grecs: le d�motique et la kathar�vousa. Le d�motique est la �langue parl�e par le peuple (<demos)� : une langue grecque influenc�e par des emprunts au latin, au turc et aux langues slaves. Quant � la kathar�vousa, il s'agit de la �langue �pur�e� : une vari�t� savante, puriste, archa�sante et d�fendue par des id�ologues r�formateurs; la kathar�vousa est utilis�e dans tous les domaines de la vie publique (vie politique, droit, administration, religion et enseignement).
Vari�t�s du grec moderne
Description
1. Le grec du Sud vari�t� d�motique p�loponn�sienne proche du grec d'Ath�nes, reconnue par tous les Grecs comme le grec standard. 2. Le grec du Nord 3. Le grec cr�tois parl� par plus de 500 000 locuteurs sur l'�le de Cr�te, ainsi que dans la diaspora grecque; le cr�tois est parl� par la majorit� des Grecs de l'�le de Cr�te, ainsi que par plusieurs milliers de Cr�tois qui se sont install�s dans les principales villes grecques, notamment � Ath�nes. 4. Le grec cycladien vari�t� proche du cr�tois parl�e dans les �les Cyclades, par environ 100 000 locuteurs. 5. Le grec tsakovien
langue issue du dorien et parl�e par quelques villages de la Tsakonie (en Laconie) dans le sud du P�loponn�se (1500 locuteurs).
6. Le grec pontique
vari�t� issue de l'ionien, � l�origine parl�e autour de la mer Noire et dans la r�gion de l'Asie mineure jusqu�� ce que la plupart de ses locuteurs se soient d�plac�s en Gr�ce continentale, notamment sur les c�tes de l�Est; parl�e par environ 325 500 locuteurs.
7. Le grec chypriote vari�t� parl�e par plus d�un demi-million de locuteurs � Chypre et plusieurs centaines de milliers � l��tranger. 8. Le grec maniote vari�t� parl�e au nord d'Ath�nes et dans le sud-ouest du P�loponn�se par quelques milliers de locuteurs. Il existe une autre vari�t� de grec dans le sud de l'Italie, le kato-italiote, appel� aussi katoitali�tika ou �italien du sud�. Ce grec local est parl� dans environ 15 villages dans les r�gions de Calabre et d�Apulie en Italie. Cette vari�t� kato-italiote est la derni�re trace vivante d��l�ments grecs dans le sud de l�Italie qui formaient jadis la Grande-Gr�ce. 4 Le d�motique et la kathar�vousa
Sous l�occupation ottomane, qui a dur� quelques si�cles (1453-1821), le grec byzantin prit lentement une autre forme: le d�motique ou d�motik�, c�est-�-dire la �langue parl�e par le peuple (<demos)�, une langue grecque influenc�e par des emprunts au latin, au turc et aux langues slaves.
Avec la cr�ation de l��tat grec en 1830, le gouvernement, d�sireux de s�affranchir de la domination ottomane, adopta comme langue officielle la kathar�vousa, c�est-�-dire la �langue �pur�e�, une vari�t� savante, puriste, archa�sante et d�fendue par des id�ologues r�formateurs, dont Adamantios Cora�s (1748-1833) demeura le plus ardent purificateur linguistique. La kathar�vousa fut utilis�e dans tous les domaines de la vie publique, notamment dans la vie politique, le droit, l�administration, la religion et l�enseignement.
Le peuple, pour sa part, a toujours continu� � parler le d�motique dans la vie quotidienne. Au d�but du XXe si�cle, des �crivains, notamment des po�tes, s'�lev�rent contre l'usage de la katharevousa qu'ils consid�raient comme une langue �artificielle� et �momifi�e�. Certains adopt�rent m�me le d�motique comme langue litt�raire, mais ne purent �liminer pour autant la katharevousa.
On compta m�me plusieurs vari�t�s de kathar�vousa, car selon les �coles de pens�e de nombreux linguistes et �crivains propag�rent diff�rentes formes de cette langue. Le ph�nom�ne se r�p�ta avec le d�motique. D'autres introduisirent la grammaire du d�motique tout en supprimant tous les mots d'origine �trang�re. Durant une bonne partie du XXe si�cle, la Gr�ce v�cut une v�ritable �guerre linguistique�. Lentement, une langue mixte prit forme, car les deux vari�t�s s�influenc�rent l�une l�autre. N�anmoins la kathar�vousa n'influen�a que fort peu le d�motique, mais certaines expressions kathar�vousa se sont introduites en d�motique. Dans la r�alit�, la kathar�vousa resta une langue morte, utilis�e surtout pour la r�daction des documents officiels ou pour prononcer des discours solennels, mais jamais pour la conversation quotidienne. Malgr� tout, la plupart des gouvernements grecs ont bien tent� de faire triompher la �langue pure�, la kathar�vousa, mais le retour de la Gr�ce � la d�mocratie en 1975 entra�na l��chec d�finitif de la r�forme des puristes.
En effet, l��tat grec adopta en 1976 le d�motique comme langue officielle de la Gr�ce et lui accorda une place privil�gi�e dans l��ducation. Pendant ce temps, la presse, tant �crite qu��lectronique, contribua � sa fa�on au processus de la disparition de la �langue pure�. L'Administration utilisa encore la vari�t� kathar�vousa dans les documents officiels et juridiques, mais le d�motique finit par supplanter compl�tement la �langue morte�. En 1981, le gouvernement de Papandreou introduisit une r�forme de l�orthographe en supprimant le syst�me d�suet des accents (trois sur quatre), seul l�accent tonique �tant maintenant conserv�. Bien que les trois accents supprim�s ne correspondaient plus � aucune r�alit� phon�tique, beaucoup de Grecs r�agirent n�gativement � voir dispara�tre ce qu�ils estimaient �tre l�un des aspects importants du patrimoine linguistique grec. Les milieux conservateurs, notamment parmi les eccl�siastiques, continuent d'�crire et d'imprimer les accents traditionnels.
Aujourd'hui, il est m�me interdit en Gr�ce de r�diger un document officiel en katharevousa. Il peut arriver que certains cercles conservateurs, en particulier dans l'�glise orthodoxe grecque, utilisent parfois un style emprunt� � la katharevousa; par exemple, les documents patriarcats et synodaux sont r�dig�s dans ce style. Pour le reste, la katharevousa est vraiment disparue en Gr�ce, mais pas � l'�le de Chypre (au sein de la communaut� grecque). G�n�ralement, quiconque parlerait ou �crirait en Gr�ce la katharevousa ferait aussit�t l'objet de moqueries.
Enfin, �tant donn� que la langue grecque s��crit avec un alphabet diff�rent de l�alphabet latin plus familier aux �trangers, l'�tat a pr�vu deux versions pour transcrire la langue dans les endroits publics : l'une, en alphabet grec traditionnel, l'autre, en alphabet latin surtout pour l�anglais (mais aussi le fran�ais et l�allemand). Dans les grandes villes, de m�me que dans les lieux touristiques, les panneaux des rues portent g�n�ralement un double alphabet : l�un en alphabet grec, l�autre en alphabet latin. Bien que cette pratique semble plut�t syst�matique, les touristes prudents sont mieux d'apprendre les rudiments de l'alphabet.
5 L'influence du grec ancien dans les langues modernes
Enfin, rappelons le r�le du grec ancien dans la formation du vocabulaire scientifique moderne pour un grand nombre de langues europ�ennes (fran�ais, espagnol, italien, anglais, etc.), notamment en physique, en chimie, en m�decine, en botanique, etc.
Le mouvement d'emprunts au grec a commenc� � �tre productif � la Renaissance (XVIe si�cle). Le grec a alors fait une vive concurrence au latin comme langue d'appoint. Toutefois, la langue grecque n'a donn� que tr�s peu de vocables entiers au fran�ais, puisque les mots grecs ont fourni surtout des racines plut�t que de v�ritables mots, ce qui a eu pour effet d'enrichir les proc�d�s de construction des mots savants.
Certains termes simples proviennent directement du grec avec une adaptation graphique au fran�ais (p. ex., gramme, mythe, phrase, th�se, politique, etc.), mais la plupart des nouveaux mots d'origine grecque ont �t� construits � partir de racines de cette langue pour donner des compos�s savants: biblioth�que, polygone, philosophie, anthropophage, d�mocratie, g�ographie, carnivore, h�micycle, monochrome, polymorphe, etc. On constatera que cet apport grec concerne surtout les mots de la science.
Le recours � l��tymologie grecque a connu une nouvelle et grande expansion au XVIIIe si�cle. Celle-ci semble se perp�tuer aujourd'hui non seulement en fran�ais, mais �galement dans d'autres langues indo-europ�ennes telles que l�italien, l�espagnol, l�anglais, l�allemand, etc. Signalons que la langue anglaise a particuli�rement puis� abondamment dans le grec ancien � partir du XVIe si�cle, une coutume qu'elle avait prise du fran�ais, et qu'elle a perp�tu�e jusqu'� qujourd'hui. Depuis, le vocabulaire scientifique est devenu quasi universel: fr. polytechnique, angl. polytechnic, all. polytechnik, fr. d�mocrate, angl. democrat, all. demokrate, esp. democrata, fr. polygamie, angl. polygamous, etc. On peut m�me se demander aujourd�hui comment on pourrait remplacer les milliers de mots provenant du grec, qui font partie du vocabulaire technique et scientifique. En voici une courte liste:
achromatique
|
macroc�phale
|
pl�onasme
|
On sait que la terminologie m�dicale fran�aise (et anglaise par le fait m�me) conserve une tr�s large base grecque; ce ph�nom�ne s�explique par le fait que les premiers trait�s de m�decine en Europe avaient �t� des traductions du grec.
Comprenons bien que le fran�ais ne provient pas du grec � l�instar du latin. La langue fran�aise, � l'exemple de bien d'autres langues indo-europ�ennes (anglais, allemand, italien, espagnol, portugais, etc.), a simplement emprunt� au grec, m�me s�il s�agit massivement de racines plut�t que de mots complets. En somme, le latin classique et le grec ont fourni au fran�ais les �l�ments dont il avait besoin pour se doter d'un lexique technique et scientifique. �videmment, un grand nombre de mots modernes n'ont jamais exist� ni en latin ni en grec. Les Romains et les Grecs de l'Antiquit� ont toujours ignor�, par exemple, les mots t�l�phone et hydrofuge; ce sont cependant des �l�ments de ces langues qui ont permis de cr�er ces mots au XXe si�cle.
Enfin, bien que le fran�ais se soit aliment� aux fonds latin et grec, il a �galement puis� dans un grand nombre de langues �trang�res (arabe, n�erlandais, allemand, italien, espagnol, anglais, etc.) les mots dont il avait besoin pour d�signer de nouvelles r�alit�s, et ce, aussi bien dans la langue commune que dans la langue savante.
