Tout ce que l’on sait de la situation à Mansila et la réponse des autorités burkinabé

Siège de la télévision nationale (illustration).

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Siège de la télévision nationale du Burkina Faso. (Illustration)
  • Author, Mamadou Faye
  • Role, Journaliste Digital
  • Twitter,
  • Reporting from Dakar

Une semaine après l'attaque de Mansila dans le nord-est du pays, et le tir d’obus qui a atterri le lendemain dans la cour de la télévision publique, le capitaine Ibrahim Traoré, a effectué une sortie médiatique pour apporter quelques précisions.

A lire aussi sur BBC Afrique :

Une semaine après la chute d’un obus à la télévision nationale burkinabé le 12 juin dernier, le président Ibrahim Traoré, en visite sur les lieux jeudi, a expliqué que le projectile reçu était un incident.

Devant tout le personnel réuni, le chef de l’Etat a démenti les différentes informations diffusées sur la toile et dans certains médias, faisant état de mouvement d'humeur au sein des troupes.

Le capitaine Traoré a précisé que ce mouvement n'a jamais eu lieu et qu’aucun renfort n'était venu à Ouagadougou.

Pour répondre à la question d’un journaliste, il a démenti la rumeur selon laquelle il avait fui du palais après cet incident.

"Nous, on ne fuit pas, jamais. Nous sommes des soldats et ça, c'est la dernière des choses qui vient en tête. On ne recule pas, on n'abandonne pas et on ne s'agenouille devant personne", indique le Capitaine Traoré.

En réponse au sujet des hélicoptères qui ont été aperçus à Dori, la région administrative du Sahel au nord du pays, le capitaine-président souligne que ces mouvements d'avions au nord étaient liés à une opération militaire, en réaction à une attaque subie à Mansila.

Le président burkinabé a également saisi l’occasion de signaler que les avions aperçus sur le tarmac de l’aéroport de Til y sont arrivés dans le cadre d’opérations onusiennes, et non transportant des soldats maliens et russes, en renfort, comme véhiculé sur les réseaux sociaux.

Le président Ibrahim Traoré et le général Kassoum Coulibaly.

Crédit photo, Présidence du Faso/Facebook

Légende image, Le président Traoré remettant le 6 juin dernier les clés de blindés acquis pour la lutte contre le terrorisme au ministre de la Défense et des Anciens combattants, le général de Brigade Kassoum Coulibaly. (Illustration)

Qu’est-ce qui s’est passé à Mansila ?

Fumée totale à Mansila. Tout est confus dans cette localité du nord-est du pays, près de la frontière avec le Niger, où des hommes armés se sont attaqué le 11 juin dernier à la base militaire sur place, qui est tombée. La ville est sous blocus.

Selon plusieurs sources, une centaine de soldats a été tuée au cours de l’attaque et plusieurs autres portés disparus.

Ce qui aurait entamé le moral des troupes, selon des rumeurs distillées sur les réseaux sociaux.

Des sources affirment que plusieurs centaines de civils ont fui Mansila pour se réfugier dans des villes voisines comme Dori et Kaya, toutes au nord, en quête de sécurité.

Sans un convoi militaire, il n’est pas possible d’arriver dans la ville où les réseaux sont coupés. D’ailleurs, il est pratiquement impossible de communiquer avec les acteurs locaux, nous apprend-on.

Panique à Ouagadougou

Don de sang du président Ibrahim Traoré.

Crédit photo, Présidence du Faso/Facebook

Légende image, Le président Ibrahim Traoré fait un don de sang le 14 juin à Ouagadougou, à l'occasion de la Journée mondiale du Donneur de sang. (Illustration)

Mais dans la confusion en cours, née de l’attaque de Mansila et du silence des autorités sur l’affaire, un obus atterrit le 12 juin dans la cour de la télévision nationale, faisant quelques blessés et des dégâts matériels.

La proximité des lieux d’avec le palais de la République où se tenait le conseil des ministres présidé par le capitaine Ibrahim Traoré rajoute à la stupeur.

Le 13 juin, le général Célestin Simporé, le chef d’Etat-major général des armées, sonne la mobilisation de ses troupes contre toute attaque. C’est l’alerte générale. Tous les soldats rejoignent leur caserne. Des hélicoptères survolent cette zone stratégique de Ouagadougou, la capitale, pendant plusieurs heures.

C’est la confusion dans la capitale où des rumeurs font état d’une tentative de mutinerie, à la suite de ce qui s’est passé à Mansila.

Pendant deux jours, le président de la République, le Capitaine Ibrahim Traoré, ne s’est pas affiché en public. Ce qui alimente davantage les rumeurs sur les réseaux sociaux.

Le vendredi 14 juin, contre toute attente, le capitaine Traoré apparait dans une vidéo où il donne du sang à l’occasion de la journée internationale du donneur du sang.

Sur sa page Facebook, la Radiotélévision burkinabé rassure les populations et évoque "un incident de tir", tout en précisant qu’il y a eu "deux blessés légers rapidement pris en charge par le service de santé de la présidence".

Le dimanche 16 juin, le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à al-Qaida, a revendiqué l’attaque meurtrière de Mansila.

Que disent les autorités militaires ?

Le général Célestin Simporé élevé au grade de Général de Brigade par le président Ibrahim Traoré.

Crédit photo, Site de la Présidence du Faso

Légende image, Le Colonel-major Célestin Simporé, Chef d’Etat-Major général des armées burkinabé, se faisant élever au grade de Général de Brigade le 3 novembre 2023. (Illustration)

La réponse des autorités ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué en date du mardi 18 juin, les autorités militaires ont réagi face aux folles rumeurs qui circulent sur la situation dans le pays.

"Depuis quelques temps, des rumeurs sur les réseaux sociaux font état de mouvements d’humeur et de mutineries dans certaines casernes militaires. Ces informations infondées et mensongères sont l’œuvre d’individus et groupuscules mal intentionnés, aux desseins funeste", peut-on lire dès l’entame du document signé de la Direction de la Communication et des Relations publiques des Armées.

"Le Chef d’Etat-major général des Armées rassure les vaillantes populations qu’il n’en est rien", indique le texte.

"Ces allégations visent à semer le doute, à créer la psychose dans l’opinion publique, et à démoraliser les troupes fortement engagées dans le combat de libération de notre peuple", poursuit-il.

Selon le document, "les forces combattantes restent, pour leur part, focalisées sur les opérations de reconquête du territoire".

Par conséquent, conclut-il, "le Chef d’Etat-major général des Armées remercie le peuple burkinabé pour son soutien constant" et "appelle les citoyens à vaquer à leurs occupations en toute quiétude et à toujours faire confiance aux FDS et aux VDP, qui veillent chaque jour à leur sécurité."

Jusqu’ici, la situation à Mansila reste encore incertaine.

Pour rappel, les présidents Roch Marc Christian Kaboré et Paul-Henri Sandaogo Damiba ont, tous deux, été emportés par la gestion de la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.