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Salaires ingénieurs 2023 : les chiffres édifiants qui font regretter de ne pas être ingénieur

Gwenole Guiomard

ETUDE IESF 2023 - Chaque année en septembre, l'étude de l'IESF détaille la situation des ingénieurs et scientifique de France. Et cette année encore, on se dit qu'ils sont gâtés... Non seulement les entreprises les chassent, mais en plus leurs salaires atteignent des sommets. Néanmoins le manque de mixité reste une grosse ombre au tableau. Analyse et réactions d'experts en recrutement sur ces tendances 2023. Et comparaison des salaires, secteur par secteur.

Les ingénieurs et scientifiques sont toujours très recherchés mais les salaires stagnent. Chiffres IESF 2023 et témoignages de recruteurs et d'experts.

Salaires ingénieurs 2023 : les chiffres édifiants qui font regretter de ne pas être ingénieur
Les ingénieurs et scientifiques sont toujours très recherchés mais les salaires stagnent. Chiffres IESF 2023 et témoignages de recruteurs et d'experts.

4 points à retenir de la dernière étude 2023 sur les ingénieurs

La situation des ingénieurs est, selon la 34e enquête de l’association des Ingénieurs et scientifiques de France (IESF), on ne peut plus excellente.

  1. PLEIN EMPLOI – Par rapport à l’an passé, leur taux de chômage est en recul de 0,5 points à 2,7 % avec des régions affichant des taux encore moindres comme l’Ile-de-France (2 % de chômage) ou Auvergne-Rhône-Alpes à 1,4 %. Du jamais vu.
  2. SALAIRES – Les salaires sont aussi stratosphériques à 60 000 euros brut médian par an (vs 52 000 euros chez les cadres). Mais pour les consultants en recrutement interrogés, les employeurs ne pourront pas aller beaucoup plus au-delà. Et si la conjoncture se détériore, on assistera à une (légère) diminution de leur pouvoir d’achat. La CGT indique même que le phénomène est déjà enclenché.
  3. PENURIE – Reste que, cette année encore, il manque à l’appel près de 20 000 ingénieurs. Une situation de pénurie de main-d’œuvre qui protège les ingénieurs, pour longtemps, des aléas de toutes mauvaises conjonctures.
  4. MIXITE EN BERNE – Seul bémol : la féminisation des troupes. Les ingénieures sont toujours aussi peu nombreuses à être diplômées (28 % de la promotion 2022) et leurs salaires de début de carrière sont un peu moindre. Pire, l’écart s’agrandit avec l’expérience…

Ce serait dommage de manquer une opportunité. Jetez un œil (voir deux) sur les dernières offres d'emploi pour ingénieur

Ils témoignent

  • Marie-Liesse Bizard, vice-présidente de l’IESF en charge de l'Observatoire des ingénieurs
  • Marc Rumeau, le président d'IESF
  • Hymane Ben Aoun Fleury, dirigeante du cabinet de recrutement Aravati by Humanskills et présidente de la Commission recrutement de Syntec Conseil
  • Mathieu Nini, business manager France et Luxembourg en charge de la partie ingénierie et industrie pour le cabinet de recrutement Hays
  • Kaelig Sadaune, dirigeant de Brawo, cabinet de recrutement « généraliste » recrutant des ingénieurs pour le secteur des énergies renouvelables
  • Godefroy de Bentzmann, dirigeant de la société du numérique Devoteam et ancien co-président de Numeum, ex Syntec numérique
  • Agathe Le Berder, secrétaire générale adjointe de l’Ugict-CGT

1/ Quasi plein emploi chez les ingénieurs

C’est une très bonne nouvelle pour les ingénieurs mais une tuile pour les employeurs français. Le taux de chômage des ingénieurs a encore baissé cette année (2,7 % contre 3,2 % l’année dernière). Autant dire que les recruteurs qui avaient déjà des difficultés à recruter ces oiseaux rares ne sont pas à la fête.

Marie-Liesse Bizard

« L’embellie continue. Pour un enfant né aujourd’hui, il y aura encore des emplois dans cette filière quand il aura atteint l’âge de les choisir , assure Marie-Liesse Bizard, vice-présidente de l’IESF en charge de l'Observatoire des ingénieurs. Pour les jeunes diplômés, la situation 2022-23 est idéale. Selon l’enquête insertion de la Conférence des grandes écoles, 96 % d’entre eux sont en emploi 6 mois après l’obtention de leur diplôme… ».

Insertion des ingénieurs de 2019 à 2023

2/ La pénurie d’ingénieurs s’aggrave

Malheureusement pour les employeurs, ce plein emploi s’accompagnent d’une véritable pénurie d’ingénieurs partout en France, en particulier dans des régions comme Auvergne-Rhône-Alpes affichant des taux de chômage dans la fonction de 1,4 % ou l’Ile-de-France à 2 %.

Source : étude IESF 2023

Les écoles d’ingénieurs ont formé cette année 47 000 ingénieurs. Il en faudrait quelque 20 000 de plus pour satisfaire la demande des entreprises et faire fonctionner au mieux notre économie. Tous les secteurs en recherchent, des banques au nucléaire en passant par l’industrie automobile, l’aéronautique ou le gaz et pétrole.
Marc Rumeau, le président d'IESF

Ce « stock » défaillant explique, en grande partie, la tension qui existe sur le marché du travail des ingénieurs et fixe, pour encore longtemps, une situation qui place les ingénieurs du bon côté du manche.

Répartition des emplois d'ingénieurs Paris/région/étranger

Source : étude IESF 2023

3/ Des salaires qui stagnent à un niveau élevé

En 2023, le salaire médian d'un ingénieur (50% gagnent plus, 50% gagnent moins) atteint les 60 000 euros brut annuel (contre 60 000 en 2022 et 58 900 en 2021). Avec des disparités géographiques : c’est 53 000 euros en région et 75 000 en Ile-de-France.

Hymane Ben Aoun Fleury

 « Recruter un ingénieur demeure un exercice délicat, pose Hymane Ben Aoun Fleury, dirigeante du cabinet de recrutement Aravati by Humanskills et présidente de la Commission recrutement de Syntec Conseil. Il y a beaucoup plus de poste que de candidats. Ces derniers mettent ainsi en ligne des CV puis ne répondent plus à nos sollicitations. Le marché leur est très favorable ».

C’est, par exemple, le cas de cet ingénieur responsable en stratégie data. Pour cette mission, le cabinet Aravati a approché 100 candidats, rencontré 9, présenté 4 et une femme a été embauchée. Elle souhaitait être payé entre 80 et 85 000 euros brut par an. Elle a obtenu la fourchette haute de son souhait avec un salaire de 75 000 euros brut par an et un « variable » de 10 000 euros. Elle a tout juste 30 ans… et 7 ans d’expérience.

Pour les jeunes diplômés, la situation est aussi très confortable. Un jeune ingénieur, sortant d’école, vient de décrocher un poste de spécialiste en efficacité énergétique à Nantes pour un salaire de 45 000 euros brut par an.

Mathieu Nini

« Il y a plus d’offres que de candidats, confirme Mathieu Nini, business manager France et Luxembourg en charge de la partie ingénierie et industrie pour le cabinet de recrutement Hays, l’un des plus importants de France (70 consultants sur cette practice). D’où des salaires, en sortie d’école d’ingénieurs tournant autour des 38-42000 euros brut par an. Les PME propose ainsi 38 000, le grand groupe met 42000 et remporte la mise… ».

Kaelig Sadaune est, lui, dirigeant de Brawo, cabinet de recrutement « généraliste » recrutant des ingénieurs pour le secteur des énergies renouvelables. Il publie régulièrement son “baromètre des offres d’emploi à impact”.

Kaelig Sadaune

« Je viens de mener une mission pour une grosse entreprise lyonnaise spécialisés dans le stockage de l’énergie. Elle recherchait un ingénieur ayant 3 ans d’expérience. Il a été embauché à 55 000 euros bruts par an avec 2 jours de RTT et un bon équilibre vie privée-vie professionnelle ».

Pour les plus anciens, 2023 est aussi une bonne « cuvée ». Ainsi, ce chef de projets vient de décrocher un poste chez un leader des vins et spiritueux. Le client envisageait de le payer 65 000 euros brut par an. Il a obtenu 68 000 euros brut comme fixe à la fin de la négociation.

Ou encore cet ingénieur, chef de projet ingénieur éolien off-shore ayant postulé pour un « pur player » montpelliérain du secteur. L’employeur tablait sur un budget de 60 000 euros brut par an. Après négociation, ce spécialiste ayant 10 ans d’expérience a décroché le poste à  64 000 euros brut par an.

 « Ceci précisé, poursuit Hymane Ben Aoun Fleury, les employeurs ont de plus en plus de mal à faire face à ces demandes d’augmentations salariales. Le marché s’est calmé ».

C’est ce que constate aussi Godefroy de Bentzmann, dirigeant de la société du numérique Devoteam et ancien co-président de Numeum, ex Syntec numérique.

 

Godefroy de Bentzmann

« Le recrutement est toujours élevé mais il est moins tendu qu’en 2022, une année de folie. Cela veut dire que les salaires peuvent aujourd’hui stagner avec des ingénieurs voulant prendre moins de risque, moins bouger. “L’ingé” qui changeait de boîte tous les 6 mois en se faisant augmenter, c’est terminé. Nos clients-entreprises font davantage attention et certains nous demandent des « ristournes » de 5 à 10 %. Cela n’a pas encore d’incidence sur les salaires. Mais si cela continue, cela en aura ».

Les salaires des ingénieurs connaissent, c’est aussi une première, une pause dans leur ascension. Compte tenu de l’inflation, on assiste donc à une perte du pouvoir d’achat de cette profession qui reste l’une des mieux rémunérée de France.

Comment expliquer ce paradoxe ?

Agathe Le Berder, scrétaire générale adjointe de l’Ugict-CGT l’explique simplement :

Agathe Le Berder

« Le salaire médian en euros constants des ingénieurs est en régression. Pour le dire autrement, on était mieux payé en sortie de diplôme ingénieur en 1997 qu’en 2015. Cela s’est aggravé ces dernières années avec le retour de l’inflation…  J’explique cela par la quasi disparition, pour ces populations, des hausses de salaires collectives et l’arrivée des augmentations individuelles et discrétionnaires. Cette dynamique d’individualisation est très dangereuse. On assiste déjà à une montée de l’insatisfaction en partie due à une baisse du pouvoir d’achat de ces populations. »

🔵 Salaires ingénieurs 2023 : les fonctions et les secteurs qui payent le mieux 🔵

Marc Rumeau

« En 2022, le secteur rémunérant le mieux les ingénieurs est celui de la banque-assurance, commente Marc Rumeau, président de l’IESF. Viennent ensuite les technologies de l’information/telecom puis l’industrie avec l’aéronautique et le nucléaire mais aussi avec des petits secteurs comme l’édition, l’audiovisuel ou la diffusion qui sont en recherche, encore plus que les autres métiers, d’ingénieurs ».

Source : étude IESF 2023

Enfin, côté salaire posant « problème », la fonction publique s’illustre avec un salaire médian s’échelonnant de 42 000 euros brut par an pour la « territoriale » à 52 000 pour la défense nationale pour un salaire médian, tous secteurs confondus, de 60 000 euros brut par an…

4/ La situation des femmes ingénieures

Le constat est désolant. Comme le signale l’observatoire des ingénieures dans son étude 2023, le salaire brut médian annuel des femmes ingénieures est de 51 024 €, alors que celui des hommes est de 62 337 €, soit 18% de plus.

Pour paraphraser l’auteure Alice Schwarzer, cette « petite différence a de grandes conséquences ». Le pire est que cette situation ne s’améliore pas. En 2021, « le salaire brut médian annuel des femmes ingénieures était de 50 100 €, tandis que celui des hommes était de 58 900€, soit 18 % de plus ». L’écart entre les salaires médian entre les femmes ingénieures et les hommes ingénieurs ne semble donc pas se réduire.

« Les DRH font partie du problème, tente d’expliquer Marc Rumeau, le dirigeant de l’IESF. Mais ils sont en bout de chaine. Le problème est que l’on ne produit pas assez de femmes ingénieures. Et la réforme du Lycée de M. Blanquer ne va pas dans le bon sens avec un effondrement du nombre de filles choisissant les maths en terminale. Et la bricolo-réforme de la réforme instituant 1,5 h de maths en première pour tout le monde de résoudra rien… ».

Les statistiques corroborent ce naufrage : il y a, cette année, 28 % des diplômés ingénieurs qui sont des femmes. Elles étaient 26 % en 2011. En plus de 10 ans, malgré les actions menées, le pourcentage de femmes diplômées ingénieure stagne à un faible niveau.

L’enquête 2023 de l’IESF, 34e édition, est basée sur les réponses de 42 000 ingénieurs recueillies entre février et mars 2023. Elle analyse les parcours des 1,22 millions d’ingénieurs (1,19 millions l’année passée) en France et leurs salaires au 31 décembre 2022.

 

 

Présentation publique des résultats de la 34e étude IESF

ARCHIVES 2022 - Parce que les comparaisons des évolutions sont précieuses, nous avons gardé les articles sur le même thème parus en 2022 et 2021, lors des publications des études IESF précédentes. Vous les trouverez dans leur intégralité ci-dessous.

ARCHIVES 2022 Salaires ingénieurs 2022 : les chiffres (encore en hausse) qui font regretter de ne pas être ingénieur

SALAIRES 2022 – C’est reparti ! L’an passé, les salaires des ingénieurs étaient déjà en hausse selon la 33e enquête de l’association des Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) qui vient de paraître. Et cette année, les augmentations sont même vertigineuses selon les recruteurs que nous avons interviewés… Toutes les spécialités sont concernées mais certaines enregistrent des progressions de 10 à 20%. La crise sanitaire est oubliée et le dernier trimestre 2022 promet des records. Avec un taux de chômage de 3,2 % – et même seulement 2,7 % en Ile-de-France –, les ingénieurs se retrouvent (une fois de plus) parmi les salariés les plus protégés grâce à leur diplôme. Découvrez les fonctions qui paient le mieux et comment les candidats posent leurs conditions.

Ils témoignent

  • Marc Rumeau, président d’IESF (Ingénieurs et scientifiques de France)
  • Maxime Alves, manager de la practice ingénieurs au sein du cabinet Robert Walters
  • Albin Cantalupo, délégué général de la Société des ingénieurs des Arts et Métiers
  • Lémia Ben Rahal, consultante en recrutement sur les métiers de l’IT pour Expectra (groupe Randstad)
  • Lionel Carré, DRH de la société d’ingénierie Advans group
  • Aurélien Moreau, directeur technique Weward
  • Thomas Clochon, délégué aux affaires sociales, formation et développement durable de Syntec ingénierie
  • Estelle Kéraval, directrice de la technopole de Lannion
  • Marie-Liesse Bizard, ingénieure et DRH vice-présidente d’IESF et présidente de l’Observatoire des ingénieurs 

Beau temps pour les ingénieurs

Marc Rumeau

 « Les niveaux de recrutement des ingénieurs sont revenus à ceux de 2019 », s’enthousiasme Marc Rumeau, le président d’IESF (Ingénieurs et scientifiques de France), qui présentait le 14 septembre dernier, l’édition 2022 de l’étude consacrée à leur insertion et à leur salaire*. Pour cette corporation, la conjoncture est plutôt porteuse et la crainte de perdre son travail dépasse à peine les 6 %, « un niveau historiquement bas ».

En ce 3e trimestre 2022, pour les ingénieurs, c’est la fête au village. Que l’on se tourne vers les cabinets de recrutement, les employeurs, les formateurs ou l’IESF, le recrutement des ingénieurs, ces enfants choyés de la République, est au plus haut. « Leur taux de chômage (3,3 %) est bien en deçà du niveau global national autour de 8 % qui s’explique par une insertion professionnelle réactivée, avec des conditions d’avant Covid, » détaille l’IESF.

 

Des salaires en légère hausse pour 2021 mais en forte expansion en 2022

La population des ingénieurs est estimée à 1 191 000 fin 2021, en augmentation de presque 3% en un an. L’âge médian est de 41 ans pour l’ensemble des ingénieurs et de 38 ans pour les actifs (39 ans pour les hommes, 35 ans pour les femmes).
33e étude IESF, édition 2022.

Une hausse des salaires médians qui reflète la pénurie d’ingénieurs en France

En 2022, le salaire médian d'un ingénieur (50% gagnent plus, 50% gagnent moins) atteint les 60 000 euros (contre 58 900 en 2021) pour des salaires de départ de 36 000 euros en 2022 contre 35 000 en 2021. Avec une explication majeure : la France diplôme 44 780 ingénieurs par an (chiffre 2021) pour des besoins estimés, à minima, à 55 000.  

Albin Cantalupo

 « Les difficultés du recrutement concernent les employeurs, pas les ingénieurs, résume Albin Cantalupo, délégué général de la Société des Ingénieurs des Arts et Métiers, l’une des grosses associations d’anciens avec 35 000 membres pour 62 000 alumni. Le marché s’est redynamisé très rapidement. Cela a surpris tout le monde. En 2021, nous avions prévu de renforcer nos dispositifs d’aide à l’embauche pour nos anciens. Nous n’en avons pas eu besoin en 2022 tant tout va bien pour les ingénieurs. Les employeurs qui n’arrivent pas à trouver chaussure à leur pied viennent même maintenant nous rencontrer pour que l’on puisse promouvoir leurs entreprises auprès de nos membres ».

Un directeur industriel de 25 ans d'expérience débauché par une start-up pour 120 000 euros

Maxime Alves

« Entre 2021 et 2022, notre équipe est passée de 3 à 5 consultants dédiés aux embauches d’ingénieurs, illustre Maxime Alves, manager de la practice ingénieurs au sein du cabinet Robert Walters. Aujourd’hui, quand j’ai une à deux candidatures pertinentes à proposer à mes clients, je suis content. On en avait 3 à 5 début 2021. Cela génère des augmentations salariales que j’estime entre 5 à 10 % en un an . Avec des fonctions qui recrutent plus que les autres comme les chefs de projet, les énergéticiens dans le renouvelable ou l’industrialisation des procédés. Tout le monde est concerné. Un directeur industriel embauché par une start-up de l’hydrogène s’est, récemment, vu offrir 120 000 euros brut par an de package avec 25 ans d’expérience professionnelle. Un ingénieur spécialisé en métallurgie vient de décrocher un emploi à 50 000 euros brut par an alors que l’employeur auvergnat en avait budgété 40 000 ».

Des négociations sur les avantages extra-financiers

Pour Lémia Ben Rahal, consultante en recrutement sur les métiers de l’IT pour Expectra (groupe Randstad), le marché du recrutement est tellement porteur en 2022 que les ingénieurs études et développement posent maintenant leurs conditions. Certains arrivent à obtenir des packages supérieurs de 20% par rapport à l'an passé.

Les jeunes candidats n’hésitent plus à exiger 60 000 euros brut par an, précise-t-elle. C’est le cas de ce candidat, ingénieur informatique, deux ans d’expérience, 24 ans, qui a refusé un package de 50 000 euros brut par an. L’employeur, un éditeur de logiciels, a dû proposer 50 000 euros de fixe mais aussi 5 000 euros de variable et un intéressement/participation équivalant à 5 000 euros. En sus, l’employeur a financé l'accès à une salle de sport à hauteur de 50 % et a accordé 3 jours de télétravail qui sont devenus une condition sine qua non à un recrutement... Il y a un an, il aurait été payé 50 000 euros brut par an et c’est tout.
Lémia Ben Rahal, consultante en recrutement sur les métiers de l’IT pour Expectra (groupe Randstad)

 

Des ingénieurs de nouveaux chassés en 2022

 

Lionel Carré

« Nous avons embauché 264 ingénieurs en 2021 pour quasi autant en prévision pour 2022, poursuit Lionel Carré, DRH de la société d’ingénierie Advans group (1 100 salariés pour 100 % d’ingénieurs). Le marché du recrutement de ces ingénieurs électroniciens, développeur informatique ou en conception mécanique s’est tendu au cours des deux dernières années. Nous devons maintenant les chasser car peu répondent aux annonces. Nous avons aussi dû augmenter les salaires 2022 de 10 % pour les débutants avec des tickets restaurant à 8,6 euros pris totalement en charge par l’employeur, un remboursement des transports en commun de l’ordre de 70 % et la volonté de nous différencier en améliorant la qualité de vie au travail par une refonte de nos bureaux ou la possibilité de télétravailler 4 jours par semaine ».

Voir ici un témoignage maison d’une embauche chez Advans :

Salaires ingénieurs : quels secteurs et fonctions payent le mieux

Dans cet océan de bonnes nouvelles, un secteur paye encore un peu mieux que les autres.

🟢 Ingénieurs IT : ils se savent recherchés et imposent leurs conditions

L’IT et le digital, au sens large, sont tout particulièrement concernés. Dans cette branche, les salaires d’embauche des ingénieurs ont crû d’une dizaine de pourcents entre 2021 et 2022. C’est le cas, par exemple, des émoluments des ingénieurs études et développement, des spécialistes en data comme les data scientist, les forts en cybersécurité, en intelligence artificielle et autres ingénieurs-architectes des systèmes d’information. Cette nouvelle génération demande beaucoup et « calcule leurs salaires en fonction des charges d’habitation (en hausse) et de l’impôt à la source, précise une chasseuse de tête, effarée (elle gagne moins qu’eux…). Et cela sans même encore évoquer l’inflation. Ils calculent en net, savent que ce sont des profils très recherchés et préfèrent rester freelance si le package ne leur convient pas ».

Thomas Clochon

Thomas Clochon témoigne des mêmes difficultés. Il est délégué aux affaires sociales, formation et développement durable de Syntec Ingénierie, représentant 400 entreprises qui emploient 90 000 salariés en France de la TPE de 10 personnes à la multinationale type Capgemini salariant 340 000 dans le monde. « Nos membres éprouvent des difficultés à embaucher et l’on estime que, rien que pour travailler sur la problématique du climat, nous aurons besoin, dans les 5 ans, de 8000 ingénieurs en plus ». 

Face à cette situation, les employeurs doivent souvent céder tant les départs à la retraite sont nombreux, tant les ingénieurs sont rares et tant il est important d’internaliser des équipes pour disposer de salariés fiables. Le secteur bruisse d’entreprises de très haut niveau avec plus de 20 % des salariés qui quittent le navire devant les salaires de ces jeunes, écœurés d’être moins bien payés qu’eux alors qu’ils ont plus d’expérience… Quand on ajoute que les départements RH refusent en plus d’embaucher des Bac +3 ou 4 pour les former, on peut légitimement considérer que le futur des ingénieurs IT est devant eux…

Les start-up cherchent aussi à attirer

Ce marché du recrutement des ingénieurs est, en outre, dynamisé par l’arrivée de nombreuses start-up. WeWard fait figure d’exemple dans la compétition en cours entre employeurs. Cette jeune société développe une application mobile pour promouvoir, en s’amusant, la marche à pied en offrant de l’argent à sa communauté de marcheurs. Cet employeur a embauché 1 ingénieur en informatique en 2021 mais 10 en 2022.

Aurélien Moreau

« Pour attirer nos candidats, nous mettons en avant notre qualité de la vie au travail et nous venons, par exemple, de proposer 48 000 euros brut par an à un jeune datascientist de 24 ans, diplômé de Centrale Lille, décrit Aurélien Moreau, le directeur technique. Il y a un an, il aurait été payé 45 000… ».

Un job dating en bord de mer

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Hors Ile-de-France, les tensions pour recruter des ingénieurs existent aussi. Estelle Kéraval, directrice de la technopole de Lannion (300 entreprises et 320 embauches d’ingénieurs en 2021 sur Lannion-Guingamp-Paimpol) propose ainsi un job dating le 29-30 septembre sur le temps de midi pour attirer des spécialistes de la cybersécurité, du numérique ou du développement de logiciels. « Nous proposons des conditions de travail optimum avec un prix au M2 à 1950 euros contre 10 177 à Paris, compare-t-elle. En plus, la plupart de nos employeurs proposent du télétravail, une prime à la mobilité ou des forfaits mobilité durables pour attirer les ingénieurs. Le tout en pleine nature et au bord de la mer ». Pour des salaires qui augmente aussi en région tant le recrutement des ingénieurs est devenu un sport dont le terrain de jeu est français avec un nivellement par le haut sur les salaires parisiens.

Le nombre de femmes ingénieurs ne décolle pas pour des différences salariales qui se résorbent

 C’est la seule ombre au tableau : la question des femmes ingénieures n’a pas beaucoup évolué par rapport à l’enquête 2021. Ces dernières sont toujours aussi minoritaires dans la cohorte de diplômés 2021. Elles représentent 28 % des ingénieurs cette année peu ou prou comme en 2011 (26 %). Cela fait donc 10 ans que le pourcentage de femmes diplômées ingénieure stagne.

Marie-Liesse Bizard

Et ce malgré les nombreuses actions menées pour féminiser les très « testostéronées » écoles d’ingénieures. Pire encore, comme le signale l’ingénieure et DRH Marie-Liesse Bizard, vice-présidente d’IESF et présidente de l’observatoire des ingénieurs, « cette proportion de femmes dans les secteurs les plus porteurs et les plus rémunérateurs comme les NTIC n’est que de 13 %… ». A cela s’ajoute un écart de salaire homme-femme ingénieur de 5 % en faveur des mâles.

En début de carrière, les hommes ingénieurs commencent ainsi à 36 000 euros brut par an alors que leurs homologues féminines touchent 1350 euros de moins par an à 34 650. C’est une différence faible. Elle tend à s’estomper car les salaires médians des hommes de 60 ans atteignent les 102 597 euros brut par an contre 85 000 pour leurs congénères féminines.

Reste que les employeurs ont toujours en tête, selon une chasseuse de tête, préférant ne pas être citée, qu’il faut payer moins les femmes car elles s’arrêteront pour faire des enfants et qu’elles sont, toujours selon cette consultante, moins agressives face à leurs managers et moins âpres lors des négociations salariales. Ceci pouvant expliquer cela…

 

* L’enquête 2022 de l’IESF, 33e édition, est basée sur les réponses de 46 407 ingénieurs recueillies entre février et mars 2022. Elle analyse les parcours des 1,19 millions d’ingénieurs en France et leurs salaires au 31 décembre 2021.

ARCHIVES 2021 - Pour garder l'historique, nous avons gardé cet article paru en 2021, lors de la publication de la 32e étude IESF. portant sur les salaires des ingénieurs 2020. Les comparaisons permettent de mesurer les évolutions.

ARCHIVES 2021 - Les salaires des ingénieurs 2020 en hausse malgré le Covid

Cette enquête basée sur 53 300 questionnaires recueillis entre février et avril 2021, analyse les parcours des 1,16 millions d’ingénieurs français et leurs salaires au 31 décembre 2020.

Pour eux, tout va (presque) mieux qu’en 2019.

Une hausse des salaires médians pendant la pandémie

La médiane des rémunérations est passée de 57 500 euros en 2019 à 58 900 euros en 2020 (50 % des ingénieurs gagnent plus que cette somme, 50 % gagnent moins). Une hausse de quelque 1400 euros en pleine pandémie… C’est plus que le salaire médian des cadres (50 000 euros brut par an selon l’Apec en 2020), beaucoup plus que le salaire médian français (25 783 euros brut selon l’Insee) et près de 3 fois plus que le Smic en 2021 (18 654 euros brut).

« L’effet Covid sur le salaire médian des ingénieurs français est faible, commente Gérard Duwat.  En passant de 57 500 euros de salaire médian brut en 2019 à 58 900 en 2020, on assiste à une hausse qui est de l’ordre de celle de l’inflation ».

Mais des salaires loin des niveaux de 2010

En revanche, les salaires, exprimés en euros constants, diminuent. Les salaires 2020 sont aux mêmes niveaux que ceux de 2019. Sur la période, ils évoluent peu et moins vite que l’inflation, qui, toutefois, reste faible (moins de 1% par an en moyenne). La lente érosion du pouvoir d’achat est probablement indolore. Les salaires des 35-49 ans n’ont pratiquement pas été revalorisés au cours de la décennie. En revanche, ceux des plus jeunes et des plus anciens ont progressé sans rattraper, en termes de pouvoir d’achat, les niveaux de 2010.

Pas de dumping salarial malgré le Covid

Freddy Amon, le manager du cabinet de recrutement Fed Ingénierie Paris, spécialisé dans le recrutement des ingénieurs, l’affirme : « Je ne constate pas de baisse de salaire pour ces populations d’ingénieurs. La crise n’a pas eu d’impact sur ceux en poste. Les candidats ont refusé de se brader alors que les employeurs ont, certes, recruté moins, mais au prix du marché car aucun ingénieur en poste n’a vu d’intérêt de quitter son poste pour perdre en salaire ». Il voit son nombre de missions passer de 300 en 2020 à une prévision de 400 pour 2021.

 

ARCHIVES 2021 - Des salaires ingénieurs entre 35 000 et 125 000 euros selon l’expérience

Ces ingénieurs forment une catégorie socio-professionnelles particulièrement choyée avec de fortes disparités. En juin 2021, l’étude IESF indique que les salaires, tous secteurs confondus, varient de :

  • pour les moins de 30 ans à 35 200 euros brut pour le quart le moins payé à 45 200 euros pour le quart le mieux payé avec une médiane à 40 000 euros.
  • pour les 50-64 ans, le quart le moins payé est en médiane de 70 000 euros et pour le quart le mieux payé à 125 000 euros avec une médiane à 90 200 euros.

Des montants de retraite record

Même après la retraite, les rémunérations demeurent élevées chez les ingénieurs, ces derniers perçoivent à la retraite quelque 54 000 euros brut par an pour une moyenne nationale à 17 064 euros brut par an selon l’Insee (chiffre 2017 pour l’étude 2020)…

 

 

ARCHIVES 2021 - Des secteurs qui payent mieux que d'autres

Pour l’IESF, les secteurs qui payent le mieux sont :

  •  la finance et des grands cabinets de conseil. Ainsi, le secteur banque-assurance est celui qui paye, en médiane, le mieux en 2021 avec un salaire médian à 77 850 euros suivi de celui des télécoms (70 000 euros) et des industries de transport 61500).
  • A contrario, les secteurs qui payent le moins sont, sans surprise, l’agri-agro (48 000 euros en médian brut), l’enseignement (47 777 euros) et les sociétés d’ingénierie (46 249 euros).

 « D’autres secteurs sont en plein boom, précise Frédéric Pougeon, directeur général du cabinet de recrutement Winsearch qui a réalisé 375 missions « ingénieurs » en 2019 et qui compte en réaliser 450 en 2021. Je viens ainsi de conclure une mission pour une société de biotech francilienne. Chez eux, depuis février 2021, j’ai en permanence une dizaine de missions ouvertes : des postes en affaire réglementaire, en direction d’usine. Mais ce n’est pas le seul secteur en développement : l’agro-agri, la cosmétique, les laboratoires médicaux recrutent aussi. Ainsi, nous venons de placer un responsable de production en Nouvelle-Aquitaine d’une trentaine d’année, 7 ans d’expérience avec un package à 70 000 euros. On a étudié 70 dossiers pour ce poste. On conclut également un autre job de responsable des affaires réglementaires pour une société de la santé de 250 personnes, un poste stratégique à 90 000 euros par an ».

A noter aussi qu’un ingénieur fait mieux de travailler en Ile-de-France (67 558 euros) que dans les autres régions (54 000 €).

ARCHIVES 2021 - Les femmes ingénieurs toujours peu nombreuses et toujours moins bien payées

En 2021, 28,2 % des diplômés ingénieurs sont des femmes.

Dans ce marché très positif pour les ingénieurs, les femmes restent discriminées. Malgré de fort investissement des écoles, les jeunes femmes se destinant à la carrière d’ingénieurs sont toujours aussi peu nombreuses. Certes, le taux de féminisation des écoles d’ingénieurs augmente. Mais la hausse est faible. En 2021, 28,2 % des diplômés ingénieurs sont des femmes. Le taux était de 22 % en 2000 et de 26, 4 % en 2010. Au rythme d’aujourd’hui, 0,2 % par an, la parité est en vue pour les années 2150…

Pire, la différence salariale liée au genre est encore d’actualité. 

Si les salaires de départ sont équivalents entre homme et femme (35 000 euros), l’écart se creuse au fil du temps. Ainsi, à 40 ans, les hommes perçoivent en médiane 70 0000 euros brut par an alors que leurs collègues femmes n’émargent qu’à 60 0000. En fin de carrière, la messe est dite et les ingénieurs, à 59 ans, reçoivent de l’ordre de 100 000 euros par alors que les manageuses ne se voient attribuer que 80 000 euros.

En fin de carrière, l’écart médian salarial hommes/femmes atteint 20 000 euros chez les ingénieurs.

Conséquence : 60 % des femmes ingénieures estiment que les hommes sont avantagés dans leur entreprise, en particulier dans la progression des carrières et les attributions de postes. Ces déséquilibres ressentis nuisent au bien-être professionnel, en particulier lorsqu’ils s’expriment dans les relations de travail avec la hiérarchie. Pourtant, majoritairement (à 62%), les hommes estiment que la parité est globalement respectée…

 

« Sans mesure volontariste de la part des pouvoirs publics et des entreprises, rien n’évoluera, prédisait, en 2020, lors de l’enquête 2019, Jean-Luc Molins, secrétaire national de l'UGICT-CGT. Rien n’a changé depuis. Cela fait des années que cela dure. Il faudrait, par exemple, conditionner les aides accordées aux entreprises pour embaucher des alternants-ingénieurs à leur propension à embaucher à parts égales hommes et femmes. Cela constituerait un levier d’action efficace pour lutter contre les stéréotypes faisant que les employeurs sélectionnent beaucoup plus d’apprentis que d’apprenties ».

 

« Il existe des barrières que les femmes se mettent avant de choisir leur orientation, pointe Frédéric Pougeon, du cabinet de recrutement Winsearch. Ainsi, peu d’entre elles s’orientent vers la production. C’est dommage. Cette fonction embauche, paye bien. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas plus de manageuses de production. Il faut y aller car lorsque l’on reçoit une candidature féminine intéressante, on la pousse plus car le métier est très masculin et que cette diversité est intéressante et demandée par nos client ».

 

« Elles sont aussi sous-représentées et même en régression dans l’informatique, ajoute, dépitée, Sandrine Peltre de l’Observatoire des ingénieurs. Or ce sont des secteurs rémunérateurs ».

 

 

ARCHIVES 2021 - L’effet Covid sur l’insertion des jeunes ingénieurs en 2020

Si le covid a peu affecté les salaires, il a eu un effet sur l’insertion des jeunes diplômés 2020. Ainsi, selon l’IESF, le nombre d’embauche a diminué en un an, passant de 126 000 en 2019 à 109 000 en 2020. Dans le même temps, le taux de chômage de la dernière promotion d’ingénieurs a doublé pour atteindre les 27,1 % contre 14,4 % un an plus tôt. Les jeunes diplômés ont aussi plus opté pour une poursuite d’étude en 2020 (12,7 %) qu’en 2019 (9,8 %). « Les jeunes ingénieurs ont connu d’énormes difficultés à trouver ne serait-ce qu’un stage ou de l’alternance en 2020, commente Frédéric Pougeon. Et cela d’autant plus que ces jeunes misaient traditionnellement sur des secteurs qui se sont effondrés comme l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire. Ceci précisé, ces secteurs sont déjà en train de repartir poussés par la demande chinoise et américaine ».

 

Le taux de chômage des ingénieurs fait partie des rares indicateurs affectés par la crise du Covid

Il est passé de 3,5 % en 2020 à 4,7 en 2021 (3,6 en 2019 et 3,7 en 2017). « Mais même à 4,7 %, cela reste du plein emploi avec des jeunes s’insérant en 6 mois au lieu de 3 mois », tempère Marc Ventre, le président de l’IESF présentant, à distance, l’enquête 2021. Cette recherche d’emploi « concerne ceux qui n’étaient pas en emploi avant la crise sanitaire, jeunes diplômés, nouveaux docteurs..., ajoute Gérard Duwat, de l’Observatoire des ingénieurs, en charge de l’enquête. Le taux de chômage des ingénieurs ayant déjà travaillé a peu évolué : 2,9 % en 2021 contre 2,6 % en 2020 ».

 

ARCHIVES 2021 - Le recrutement d’ingénieurs redémarre : les pistes à suivre

« Le recrutement repart depuis mars 2021, ajoute Julien Badr, président du Mercato de l’emploi, un réseau de consultants en recrutement indépendants. Je l’observe chez des entreprises en phase de reconquête de leur marché, en volonté de développer leur recherche et développement. Cela constituera-t-il un épiphénomène ou une tendance structurelle ? Je n’en sais rien. Il faudra attendre de voir si la Grande-Bretagne ou la Russie reconfinent suite à un possible variant du Covid. Mais en attendant, elles embauchent avec la possibilité aujourd’hui de recruter des ingénieurs à l’étranger (pourquoi pas un développeur indien ou russe ?) ou le développement de poste d’ingénieurs à part-time. Ai-je vraiment besoin d’un ingénieur en maintenance préventive à temps plein ? Le Covid a certainement développé ces mutations consistant à embaucher des ingénieurs en indépendant ou à part time ».4

Selon les cabinets de recrutement interrogés, la crise Covid est déjà derrière eux avec des secteurs qui repartent en trombe comme l’agro-agri, la santé, les biotech, la supply chain, la sécurité informatique, l’électronique ou la  plasturgie.

« Les cabinets de recrutement sont optimistes, conclut Freddy Amon, de chez Fed Ingénierie Paris. La reprise du recrutement des ingénieurs est devant nous. L’industrie embauche et a continuellement besoin de nouveaux talents.  La situation sanitaire s’améliorant, le marché reprend. Je retrouve des postes en création comme ce labo pharmaceutique qui m’a missionné pour un poste de responsable en amélioration continu, en Ile-de-France pour un salaire de 70 000 euros. Nos clients ont certes un niveau d’exigence plus élevé qu’avant la crise. Mais comme les candidats sont aussi plus craintifs, cela devrait se réguler rapidement. En mars 2021, j’avais 50-60 missions en stock. Ce chiffre atteint désormais les 75-80 missions. L’année dernière à la même époque, je n’avais pas de mission provenant d’appels extérieurs. On en a aujourd’hui 10 % avec des employeurs plus souples en matière de télétravail comme pour cet ingénieur responsable des affaires réglementaires (salaire prévu 65 000 euros brut par an) qui pourra effectuer près de 100 % de son boulot en home office. Ce sont des chiffres qui ne trompent pas ».

Gwenole Guiomard
Gwenole Guiomard

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.

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