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BBC Russian Dès le temps de Tertullien, on faisait déjà mention de l'Eglise dans le baptême (De baptismo, V) ; mais les symbilles ecclésiastiques, alors en usage, ne le mentionnaient qu'à l'occasion des grâces dont elle est l'instrument ou des vérités dont elle est la messagère : Credo remissionem peccatorum et vitam eternam per sanctam Ecelesiam (Cyprien, Epist., 70 et 76, éd. Baluze). Plus tard, on fit de la foi à l'Eglise l'objet d'un article spécial : Credo sanctam Ecclesiam. Il est vraisemblable que l'insertion de cet article dans le Credo fut déterminée par les nécessités de la controverse avec les novatiens. Ceux-ci, s'élevant contre les communautés catholiques à cause de la tolérance ou plutôt de la complicité qu'ils leur reprochaient à l'égard des apostats et des pécheurs manifestes, prétendaient que ces communautés ne pouvaient représenter l'Eglise, dont le caractère distinctif est la sainteté. Les catholiques, inaugurant un procédé qu'ils ont fréquemment renouvelé depuis et qui fait partie de leur tradition, écartèrent les arguments de fait par une distinction subtile et une affirmation superbe; ils proclamèrent comme article de foi que l'Eglise est sainte, substantiellement sainte, et ils expliquèrent que sa sainteté, reposant sur son institution, sa base et son essence, est indépendante de l'indignité personnelle de ses membres et de ses ministres. 

Dans plusieurs symboles, fut ajouté ensuite le mot unam, dirigé contre les sectes hérétiques qui prétendaient pareillement former de véritables églises. Enfin, au IVe siècle, on inséra le mot catholicam, auquel on attacha l'idée que l'Eglise catholique, précédemment définie, renferme tous les vrais chrétiens; qu'on n'est chrétien qu'à la condition de lui appartenir et que en dehors d'elle il n'y a ni christianisme, ni vérité, ni salut. 

Le besoin d'union qui provoqua l'élaboration des dogmes de l'unité et de la catholicité et l'introduction dans l'Eglise d'une hiérarchie de plus en plus puissante, résultait, non seulement de la nécessité d'écarter les divisions et les causes d'affaiblissement amenées par les hérésies et les schismes, mais aussi de la situation des chrétiens dans le monde païen. Au milieu de ce monde, dont ils haïssaient la religion et les moeurs, dont ils répudiaient le passé et dont ils menaçaient l'avenir, l'Eglise leur apparaissait comme l'arche de Noé, hors de laquelle tous les humains devaient périr. En outre, suspects eux-mêmes et parfois persécutés, ils formaient parmi les païens une société étrangère, sinon une armée ennemie, qui ne pouvait subsister qu'en acceptant la direction d'une autorité énergique et en se soumettant à une discipline sévère. Lorsque cette contrainte morale fut rendue inutile par la victoire du christianisme, elle fut remplacée par l'action des lois impériales qui ne reconnurent qu'aux catholiques seuls la qualité de chrétiens et sévirent contre les dissidents. Dès lors, quand il surgit des divergences périlleuses, on fit décréter la catholicité de la doctrine et de la discipline sur les points débattus par des conciles oecuméniques, qui devinrent les cours suprêmes de l'Eglise tout entière et se trouvèrent investis de l'infaillibilité. La foi à cette infaillibilité ne fut point définie d'abord et imposée par un canon, mais elle provint de la nature des choses. La conférence de Jérusalem avait parlé au nom du Saint-Esprit (Act. Ap., XV, 28). Par suite, tous les conciles furent censés être placés sous une direction spéciale du Saint-Esprit. Les décisions des conciles oecuméniques ne pouvant être réformées par aucune autre autorité, il était inadmissible qu'elles pussent consacrer des erreurs sur la foi ou sur les moeurs : on les attribua à une inspiration plénière du Saint-Esprit ; tandis que, en réalité, elles dépendaient en grande partie des patriarches, auxquels les autres évêques étaient habitués à obéir, et que, parfois même, elles étaient déterminées par les impulsions des empereurs.

Nous avons déjà dit que saint Paul considérait la sainte cène comme le symbole du lien qui doit unir les chrétiens avec le Christ et les unir entre eux. Cette idée prévalut dans l'Eglise primitive. Le pain et le vin étaient envoyés aux absents, parfois même par une communauté à une autre, en témoignage de communion fraternelle. Exclure quelqu'une de la sainte cène, c'était l'exclure de la communion de l'Eglise. D'après un usage qui prit naissance au IIe siècle, les parents des chrétiens décédés, pour exprimer la persuasion que ceux-ci continuaient à participer à cette communion, offraient en leur nom et comme s'ils étaient encore présents, des oblations qu'on apportait comme celles des vivants, avant la célébration de la cène, et leurs noms étaient prononcés dans la prière faite en cette occasion, ainsi que les noms de ceux qui assistaient réellement à la cérémonie. Le développement de cette croyance aboutit vers le VIe siècle au dogme de la communion des saints et finalement à la division de l'Eglise en deux parties : l'Eglise triomphante, composée de ceux qui, après avoir vaincu le monde, la chair et le démon, sont délivrés des épreuves et des misères de la vie terrestre et jouissent de la béatitude éternelle; l'Eglise militante, formée par les fidèles vivant encore sur la terre elle est ainsi appelée, parce qu'elle soutient une guerre perpétuelle contre le monde, la chair et Satan (Catéchisme du concile de Trente). A ces deux parties une doctrine plus moderne encore a ajouté l'Eglise souffrante, comprenant les âmes du purgatoire.

La scolastique ajouta peu à la doctrine sur l'Eglise, les spéculations sur ce sujet étant devenues inutiles et surtout fort dangereuses. Ce qui pouvait être dit de meilleur ou de plus spécieux sur ce sujet avait été formulé dès les cinq premiers siècles, dans la lutte contre les hérésies et les schismes. D'autre part, à l'époque où la scolastique florissait, ceux qui prétendaient représenter l'Eglise imposaient leur autorité avec une force irrésistible. Toute apparence de contradiction, peut-être même tout examen, eût semblé une tentative de rébellion; et dans ce cas la réfutation était confiée non aux docteurs, mais aux bourreaux. Pour que la doctrine dominante fût examinée et discutée avec la liberté nécessaire, il fallut une révolution provoquée par les infidélités et les abus reprochés à l'Eglise romaine. 

Aux mots Apostolicité et Catholicisme, nous avons résumé les arguments par lesquels les protestants estiment démontrer que l'église qui a le moins de droits aux titres d'apos tolique et de catholique est précisément celle qui se les arroge, par privilège exclusif. Contre la sainteté d'une église qui compte des chefs suprêmes tels que les papes Benoît IX et Alexandre VI, ils invoquent le témoignage de l'histoire attestant l'indignité scandaleuse d'un grand nombre de ses dignitaires, la violence et l'iniquité des procédés employés par elle pour établir et maintenir sa domination. A son unité ils opposent les diversités des anciennes communautés chrétiennes, la liste des schismes irréductibles et le développement toujours croissant des églises dissidentes; à son infaillibilité, l'incertitude où elle était avant 1870, sur l'organe de cette infaillibilité, les contradictions des décisions des papes entre elles, leurs contradictions avec la Bible et les dogmes de leur église, et même les contradictions de plusieurs de ces dogmes avec la Bible; à son antiquité, les nouveautés de ses doctrines, de ses institutions, de ses ordonnances et même de ses sacrements. Enfin et comme base de leur argumentation, ils signalent une équivoque, une confusion entre deux choses essentiellement distinctes, quoique désignées par le même nom : confusion de l'église mystique, dont le Christ est le chef permanent et incommutable, de l'Eglise qui est le corps du Christ et dont tous les vrais fidèles sont les membres, composée de tous ceux qui sont parvenus, parviennent ou parviendront au salut, avec les communautés établies pour préparer et édifier cette Eglise, c.-à-d. pour annoncer l'évangile, administrer les sacrements, rassembler, instruire et diriger les chrétiens. 

L'Eglise mystique étant composée de tous ceux qui sont ou seront sauvés, il est incontestable que en dehors d'elle il n'y a point de salut; ne comprenant que des âmes qui sont parvenues ou qui parviendront à la sainteté, elle mérite indubitablement le titre de sainte; pareillement, celui de catholique, puisqu'elle renferme la « grande multitude que personne ne peut compter de toute nation et de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, qui doit se tenir devant le trône et devant l'Agneau (Apo calypse, VII, 9). Elle est une, puisqu'il ne pourrait y avoir deux églises réunissant ces caractères. Mais cette Eglise-là est invisible, Dieu seul en connaît les membres. A proprement parler, il n'y a point une Eglise visible pour les hommes sur la terre. Ce qu'on appelle ainsi n'est qu'une somme ou une fédération d'unités distinctes, comme étaient, au premier âge, les églises de Jérusalem, d'Antioche, d'Ephèse, de Smyrne, de Pergame, de Rome, de Corinthe, de Thessalonique, etc., unies par la foi en Jésus-Christ, le baptême et la cène, mais différenciées par des divergences sur des points importants et par leurs préférences pour Pierre ou pour Paul ou pour Jacques. Non seulement plusieurs de ces églises différaient entre elles à l'origine; mais siècle par siècle, chacune d'elles a différé sensiblement d'elle-même, à ce point que, bien avant le XVe siècle, il eût été impossible de trouver en Occident une église reproduisant l'image quelque peu ressemblante d'une église primitive. A ces différences correspondent des altérations glus ou moins profondes du type originel, quant à la doctrine, quant au culte et quant à l'organisation. Quelques-unes de ces altérations peuvent être acceptées comme des dispositions d'ordre local ou comme de simples modifications justifiées par les lois du développement. D'autres, au contraire, affectent la substance même du christianisme et ont fait perdre aux églises qui les ont commises le caractère chrétien. Quand s'agit de décider si une église possède ce caractère, tout le débat doit être ramené à ces deux questions principales : Cette église annonce-t-elle purement tout l'évangile, sans addition et sans retranchement? Administre-t-elle les sacrements fidèlement, suivant l'esprit et la forme essentielle de leur institution? Si oui, elle est une église véritable, quelles que soient les particularités accessoires; si non, elle est une fausse église, quelles que soient ses prétentions pour le reste. (E.-H. Vollet).



Images de l'Église. Les artistes du Moyen âge, surtout dans les villes où il y avait beaucoup de Juifs, ont voulu représenter, à une place apparente sur les façades des cathédrales, la Loi nouvelle et l'ancienne Loi, l'Église et la Synagogue. Au portail de Notre-Dame de Paris, elles sont figurées par deux femmes, placées dans de larges niches, des deux côtés de la porte principale : à la gauche de Jésus entouré de ses apôtres, on voit la Synagogue tenant un étendard qui se brise dans ses mains, baissant la tête, les yeux voilés par un bandeau, laissant échapper des tablettes, et ayant une couronne renversée à ses pieds; à la droite, l'Église porte la couronne en tête et le front levé, tient d'une main l'étendard de la foi, et de l'autre un calice. Il y a des représentations du même genre à Bordeaux, à Strasbourg, à Bamberg, à Worms. Dans cette dernière cathédrale, au portail méridional, l'Église est, en outre, figurée par une femme couronnée, tenant d'une main un calice, de l'autre un étendard surmonté d'une croix, et fièrement assise sur une bête à 4 têtes et à 4 jambes représentant les Évangélistes; une femme portée par un âne butant personnifie la Synagogue. Dans les vitraux français, on voit souvent, près du Christ en croix, l'Église recueillant son sang dans un calice, et la Synagogue voilée, se détournant, ou tenant un bouc qu'elle égorge.
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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