Les résultats du scrutin européen du 9 juin ont confirmé l’évidence. La France est aujourd’hui le miroir grossissant de l’Europe, qui elle-même ressemble de plus en plus au reste du monde. Un monde dominé par des régimes autoritaires qui n’ont jamais été aussi puissants. Un monde où règne la loi du plus fort, et où le droit international n’engage que ceux qui y croient.

Certes, les démocraties ne chutent pas en un jour. Mais cette poussée des extrêmes droites sur le continent – bien qu’elles n’aient pas obtenu la majorité au Parlement européen – équivaut au triomphe d’idéologies fondées sur une lecture organiciste de la société : celle-ci fonctionnerait comme un être vivant qu’il faut régénérer et protéger des corps étrangers. Sur la scène extérieure, elles se caractérisent par un déni des droits humains et une contestation de l’ordre libéral né dans l’après-guerre.

Le grand jour frontiste

En France, l’emballage a changé mais la vision est restée la même. Les idées du Rassemblement national (RN) – le parti d’extrême droite arrivé en tête du scrutin et dirigé par Jordan Bardella – sont d’abord inspirées par la haine de l’autre, “l’étranger”, le Français d’origine étrangère, le Français à la mauvaise couleur de peau ou fidèle à la