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Le président russe Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong-un portent un toast au rapprochement de leurs deux pays, lors d’une réception à Pyongyang, le 19 juin 2024.
Le président russe Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong-un portent un toast au rapprochement de leurs deux pays, lors d’une réception à Pyongyang, le 19 juin 2024. PHOTO VLADIMIR SMIRNOV/AFP

Géopolitique. L’accord entre Moscou et Pyongyang, un signe “terrifiant” du réalignement contre l’Occident

Vladimir Poutine et Kim Jong-un “ont fait étalage” de leur amitié, mercredi, lors de la visite officielle du président russe à Pyongyang. Les deux hommes ont signé en grande pompe un nouvel accord de défense mutuelle, qui ne manquera pas d’inquiéter Washington et ses alliés, observe la presse internationale.

“Pendant des années, le Kremlin a considéré Pyongyang avec un mépris hautain”, rappelle The Times. “Pour beaucoup de gens à Moscou, le régime de Kim semblait aussi étrange, anachronique et repoussant qu’il ne l’était pour les Occidentaux.” Et leur rencontre l’an dernier en Sibérie semblait juste confirmer à quel point Vladimir Poutine manquait cruellement d’amis “après avoir lancé sa guerre désastreuse” contre l’Ukraine.

“Aujourd’hui, plus personne ne se moque de l’amitié entre la Russie et la Corée du Nord”, écrit le titre britannique. “La perspective d’une alliance stratégique globale entre deux des autocraties les plus agressives et antioccidentales du monde est alarmante à plusieurs niveaux.” C’est “un signe terrifiant” de la “façon dont le monde se réaligne, sans en avoir conscience, en blocs nucléaires mutuellement hostiles”, juge le quotidien.

“Si on ne connaît évidemment pas les détails de l’accord qui a été signé mercredi par les deux présidents, on sait qu’il prévoit, entre autres, une assistance mutuelle en cas d’agression”, relève Le Soir.

Vladimir Poutine a qualifié ce “partenariat stratégique global” de “document véritablement révolutionnaire”, ajoutant que la Russie “n’exclu[ait] pas pour elle-même une coopération militaro-technique” avec Pyongyang. “Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’accord militaire pour l’heure entre les deux pays”, décrypte le quotidien belge.

“Deux pays isolés”

The Korea Herald précise que, “traditionnellement, la Russie classe ses relations extérieures selon plusieurs niveaux de proximité : relations de bon voisinage, partenariat de coopération stratégique, partenariat stratégique global et alliance stratégique”. Le nouveau “a donc élevé leurs relations juste en dessous du niveau d’une alliance stratégique”.

Pour le New York Times, cet “engagement d’assistance mutuelle” sera suffisant pour “alarmer davantage Washington et ses alliés”.

Car il “pourrait présager non seulement un soutien plus important de la Corée du Nord à la guerre russe en Ukraine, mais également un plus grand soutien de Moscou” à Pyongyang “dans sa quête d’armes nucléaires, de missiles, de sous-marins et de satellites plus performants”, explique le quotidien américain.

De fait, “les horloges de Moscou et de Pyongyang, deux pays isolés par une grande partie de la communauté internationale, sont synchronisées par nécessité, remarque El País. L’un en raison de l’invasion de l’Ukraine, l’autre pour son programme nucléaire.”

“Nouveau désordre mondial”

“Nous sommes reconnaissants aux dirigeants et au peuple de la République populaire démocratique de Corée s’agissant de la situation en Ukraine”, a notamment déclaré M. Poutine. “Aujourd’hui, nous luttons ensemble contre les pratiques hégémoniques et néocolonialistes des États-Unis et de leurs satellites”.

Les “adversaires” de l’Occident “travaillent main dans la main” et “les États-Unis vont devoir s’adapter à ce nouveau désordre mondial”, résume le Wall Street Journal dans son éditorial.

Pour le quotidien conservateur, “la conclusion réaliste” à tirer de la visite de M. Poutine à Pyongyang est que “la Russie et la Chine veulent une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire, capable de menacer la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis”.

Il conseille donc à la diplomatie américaine de jouer une partition “habile”, en “cherchant la manière d’exploiter les différences” entre les trois pays. Car “les dictateurs ne sont pas d’accord sur tout”, assure le titre économique.

Allocution télévisée du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, le 19 juin 2024.
Allocution télévisée du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, le 19 juin 2024. Photo Mohamed Azakir/REUTERS

Pendant que vous dormiez. Hezbollah, Dix Commandements, Stonehenge et Équateur : les informations de la nuit

Le Hezbollah libanais menace Israël et Chypre. “À l’heure où le risque de guerre totale entre le Liban et Israël n’a jamais semblé aussi sérieux”, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé mercredi “un discours particulièrement belliqueux”, observe L’Orient-Le Jour. Au lendemain de l’annonce par l’armée israélienne que “des plans opérationnels pour une offensive au Liban” avaient été “validés”, Hassan Nasrallah a promis à l’État hébreu de le combattre “sans restrictions ni limites”. En cas de guerre, Israël devra “nous attendre par la terre, par la mer et par les airs”, a-t-il averti. Il a également mis en garde Chypre, “l’accusant de soutenir les Israéliens dans leurs efforts de guerre contre le Liban”, précise le quotidien libanais. “Nous avertissons le gouvernement de Nicosie : l’ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante dans la guerre”, a tonné le chef du Hezbollah.

États-Unis : la Louisiane impose l’affichage des Dix Commandements dans les écoles. La Louisiane est devenue mercredi le premier État américain “à exiger que les Dix Commandements soient affichés dans les salles de classe publiques”, rapporte CBS News. La loi, promulguée par le gouverneur républicain Jeff Landry, entrera en vigueur en 2025 et concerne toutes les établissements d’enseignement publics, de la maternelle à l’université. L’association de défense des droits civils Aclu a immédiatement annoncé qu’elle saisirait les tribunaux, jugeant que le texte est “manifestement anticonstitutionnel” et “viole la séparation de l’Église et de l’État”.

Royaume-Uni : le site de Stonehenge vandalisé par des militants écologistes. Deux militants de l’organisation écologiste Just Stop Oil (JSO) ont couvert de peinture orange plusieurs monolithes du site archéologique de Stonehenge, mercredi, avant d’être arrêtés par la police. “Des visiteurs du site ont tenté d’arrêter” les deux hommes et “sont parvenus à arracher une bombe aérosol” à l’un d’entre eux, précise The Guardian. Selon JSO, la peinture utilisée, fabriquée à partir d’amidon de maïs, est biodégradable et disparaîtra “avec la pluie”. À deux semaines des élections législatives, l’ensemble de la classe politique a condamné l’action, alors que des milliers de visiteurs sont attendus sur le site pour le solstice d’été.

Panne d’électricité nationale en Équateur. L’Équateur a subi mercredi une panne d’électricité générale de plus de trois heures, en raison de défaillances du réseau. La panne est survenue peu après 15 heures (heure locale) et a provoqué d’énormes perturbations à travers le pays, notamment l’arrêt en plein service du métro de Quito, qui a entraîné l’évacuation de milliers de passagers. Coupures d’eau, perturbations des réseaux de télécommunications et embouteillages monstres ont également été signalés. La panne est imputable au “manque d’entretien du réseau national d’énergie électrique”, écrit El Universo, citant le ministre de l’Énergie, Roberto Luque. Ce dernier a annoncé dans la foulée “la création d’un comité d’urgence pour faire face à la situation énergétique en Équateur”.

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À la une de l’hebdo. Cette France qui vote RN, racontée par la presse étrangère

Chaque semaine, “Courrier international” explique ses choix éditoriaux et les débats qu’ils suscitent au sein de la rédaction. Dans ce numéro, nous revenons sur les racines du vote en faveur du Rassemblement national, favori des élections législatives après sa large victoire aux européennes du 9 juin. De la Picardie aux Alpes-Maritimes, les correspondants de la presse étrangère racontent dans leurs reportages un “ras-le-bol généralisé” mais pas que.

D’une élection à l’autre. Passé la sidération du résultat des européennes du 9 juin et de ses conséquences immédiates – la victoire sans appel du Rassemblement national, la dissolution de l’Assemblée, l’implosion de la droite et de Reconquête tout aussi soudaine que l’union de la gauche –, voilà que la campagne, express, pour les législatives des 30 juin et 7 juillet commence. Une campagne très largement suivie par la presse internationale, qui tente aujourd’hui de comprendre les raisons du profond bouleversement politique en cours en France.

Depuis dix jours, les correspondants de la presse étrangère ont d’abord tenté d’analyser la décision aussi soudaine qu’inexpliquée d’Emmanuel Macron de convoquer de nouvelles élections (“Un sabordage français”, voir Courrier international du 13 juin). Avant de partir en reportage un peu partout dans les territoires pour mieux mesurer l’ampleur des fractures françaises et ce qui motive, au fond, le vote en faveur de l’extrême droite. C’est ce que nous avons choisi de décrypter dans notre dossier cette semaine.

Quelque chose a profondément changé dans l’électorat du RN, et cela n’a pas échappé à nos confrères de la presse européenne. De la Picardie aux Alpes-Maritimes, en passant par le Nord, le Berry, la Bretagne ou la Haute-Savoie, tous les témoignages convergent. Et si, partout, il est beaucoup question du rejet d’Emmanuel Macron, de déclassement et de “peur de l’étranger”, on comprend à lire les articles rassemblés ici que “le sentiment d’abandon n’est plus le seul moteur du vote RN”, comme l’écrit le Financial Times en citant le maire d’un village de l’Indre “qui se bat pour garder les services et les entreprises sur son territoire”.

Sous l’ère Marine Le Pen, “c’est aussi un vote d’adhésion”. Preuve de cette mutation, décrypte le quotidien libéral, le vote RN progresse parmi les catégories aisées, y compris dans des “endroits historiquement modérés”, comme la préfecture du Cher, Bourges (+ 8 points par rapport à 2019). Au nord de Nice, Aspremont, 2 000 habitants, est une commune riche. Et pourtant, une majorité vote pour l’extrême droite, explique l’hebdomadaire Die Zeit.

The Times, lui, choisit de se rendre sur les terres d’Emmanuel Macron, à Amiens, la ville dont il est originaire et qui lui paraissait acquise. “Depuis longtemps, explique le journal, cette ville est représentative de l’évolution de l’électorat français. Son centre piétonnier contraste avec des quartiers à l’abandon, qui témoignent du déclin industriel de la France. Au cours des dernières décennies, Amiens avait hésité entre le centre gauche et le centre droit, avant de se rallier à Macron il y a sept ans.” Dimanche 9 juin, la ville lui a tourné dos.

Comme de très nombreuses communes en France, résume El País, qui rappelle qu’aux européennes, le Rassemblement national est arrivé en tête dans 93 % d’entre elles – à l’exception notable des grandes villes. “Riches et pauvres, urbains et ruraux, jeunes et vieux, aujourd’hui Le Pen séduit tout le monde”, titre même le quotidien espagnol, qui consacre un article très détaillé au profil de l’électeur RN en 2024.

“Avant, le RN était une enclave idéologique, celle des partisans de l’extrême droite, que les autres partis traitaient comme des pestiférés. C’était aussi une enclave sociale, le parti de la classe ouvrière blanche. Et une enclave géographique, celle des villes petites et moyennes et de leurs périphéries.”

Tout cela est révolu, explique encore El País. Aujourd’hui, le parti “s’est introduit avec force dans des catégories qui semblaient hors de sa portée, comme les cadres moyens et les retraités”.

“Les européennes ont mis en évidence un fossé propre à la France, celui entre Paris, le cœur du pouvoir politique, économique et culturel, et le reste de l’Hexagone”, analyse de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui compare les ressorts de la radicalité en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie.

Y a-t-il une spécificité française dans ce vote, interroge aussi L’Orient-Le Jour dans un article particulièrement fouillé. Pour le quotidien libanais, “la France est aujourd’hui le miroir grossissant de l’Europe” : “Les crises identitaires, démocratiques et économiques se cumulent et rendent les citoyens particulièrement perméables aux discours de défiance vis-à-vis de la démocratie représentative, des institutions et des médias.” Une analyse à lire absolument.

Lors d’un meeting du Rassemblement national pendant la campagne pour les élections européennes, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le 24 mai 2024.
Lors d’un meeting du Rassemblement national pendant la campagne pour les élections européennes, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le 24 mai 2024. Photo FRANCOIS LO PRESTI/AFP

Vu de l’étranger. Dans la France du “ras-le-bol généralisé”

Pour comprendre les ressorts du succès du Rassemblement national, la presse étrangère multiplie les reportages dans les territoires. Le constat est unanime : le rejet massif d’Emmanuel Macron, mêlé aux sentiments de déclassement et de déclin du pays, et au racisme, nourrit le vote RN.

NORD. Dunkerque peste contre “les profiteurs”

À peine franchie la frontière belgo-française, Le Soir s’est arrêté à Dunkerque pour comprendre ce qui a conduit les électeurs de cette ville à voter à 38 % pour la liste RN aux européennes.

Les Dunkerquois interrogés se disent souvent peu au courant des programmes électoraux, mais expriment de la colère, contre les étrangers et contre le président.

Monique et François, “l’élégante soixantaine”, raconte le quotidien belge, ont “toujours voté à droite”. Pour eux, “le RN, c’est la droite, vous pouvez l’appeler comme vous voulez, nous, on sait ce que c’est. Ils n’ont pas peur de dire ce que tout le monde pense : on est chez nous et on doit passer en priorité, c’est tout.”

Émilie élève seule ses trois enfants et elle a également “l’impression de passer après les étrangers pour les aides”. “Macron n’aime pas les pauvres, il a eu le temps de le prouver”, ajoute un père de famille dans la file des Restos du cœur. “J’irai voter RN, ce sont les seuls à nous défendre face aux profiteurs.”

Quant à Roger, s’il peste contre le président, c’est précisément au sujet de cette percée du RN. “Il a mis un sacré merdier, si vous voulez bien me passer l’expression, dit ce presque retraité. Il y a eu le Covid, qui avait déjà bien mis tout le monde sur les nerfs, la réforme des retraites, et puis les insultes, ‘les gens qui ne sont rien’… La colère des gens, il y est pour quelque chose. Quand on promet de faire baisser l’extrême droite et qu’on se retrouve avec des résultats comme la semaine dernière, on a le droit d’être fâché, non ?”

HAUTE-SAVOIE. Paris, source de tous les mécontentements

“Nichées entre les eaux claires du lac Léman et les sommets enneigés des Alpes, les ruches de Jérémy Béchet-Barbat ont été particulièrement productives l’an dernier. Pourtant, cet apiculteur de 37 ans, installé à Sciez [en Haute-Savoie], se retrouve à présent avec un stock de miel qu’il ne peut pas écouler. Et pour lui, c’est à cause de Paris.” Dans un article intitulé “La France déteste Paris et ça fait le jeu de l’extrême droite”, Politico décryptait, à la veille des élections du 9 juin, le clivage entre la capitale et le reste du pays. Et pour ce faire, ses journalistes se sont rendus dans cette commune savoyarde de 6 000 habitants. “Quelle que soit la région en France, le problème vient toujours de Paris”, reprend l’apiculteur.

“Le gouvernement actuel est composé de gens qui sont probablement très compétents, mais qui sont tous parisiens.”

De tels rejets, note le média bruxellois, existent aux États-Unis, dans le reste de l’UE ou au Royaume-Uni. Cependant, “l’attitude de nombreux Français à l’égard de leur capitale bat des records d’animosité. Il faut dire que la ville est un tel concentré de pouvoir politique, économique et culturel qu’elle écrase le reste du pays. Ses habitants sont également perçus comme distants, brutaux, privilégiés et déconnectés de la réalité des gens ordinaires de province.”

PICARDIE. À Bresles, la “peur du RN” a disparu

Pour entrer dans le village de Bresles, raconte le quotidien catalan Ara, il faut traverser des voies ferrées abandonnées, rongées par le temps et les mauvaises herbes. Situé à 75 kilomètres au nord-ouest de Paris, dans les Hauts-de-France, Bresles a beaucoup souffert lors de la fermeture de la sucrerie, qui fut la principale source d’emplois pendant cent cinquante ans.

La couverture du quotidien “Ara” du 16 juin 2024.
La couverture du quotidien “Ara” du 16 juin 2024.

Depuis, le village est devenu une cité-dortoir, avec “peu de commerces et peu de vie dans les rues”.

Si ses 4 100 habitants n’étaient pas acquis à l’extrême droite jusqu’alors, le 9 juin, 55 % d’entre eux ont glissé un bulletin RN dans l’urne, ce qui représente “l’un des pourcentages les plus élevés en France” (bien au-delà du score national de 31,4 %), relève Ara.

Dans la boulangerie de la grande rue, Clotilde, vendeuse, estime que “tout le monde doit avoir la chance de gouverner, le RN y compris”. Pour Michel, un retraité du village, avec “la situation catastrophique” liée à l’inflation et aux mesures récentes, comme la réforme des retraites, “les gens en ont marre de Macron”, et le renouveau s’impose.

L’un de ses voisins, Patrick, ancien employé de la sucrerie, pense qu’avec la dédiabolisation du parti, “il n’y a plus cette peur de voter pour le RN qu’il y avait avant”. Ce qui permet à certains jeunes, comme Antoine, 20 ans, d’assumer qu’ils voteront “Jordan” aux législatives, Le Pen n’étant “plus l’extrême droite d’il y a vingt ans”.

ALPES-MARITIMES. Aspremont, le paradis qui se vit en danger

Aspremont, au nord de Nice, est riche. Mais la majorité des habitants vote à l’extrême droite. C’est ce constat qui a motivé Die Zeit à s’intéresser de plus près à cette commune de 2 000 habitants située à “400 mètres au-dessus de la capitale départementale”. “Le centre-ville historique égrène ses maisons aux couleurs pastel sur les flancs de la colline” et attire aujourd’hui les millionnaires. Le 9 juin, le Rassemblement national (RN) y est sorti en tête avec 36,9 % des voix, 6 points de plus depuis 2019. En reportage sur place avant même les élections européennes, l’hebdomadaire allemand décrivait un lieu où “beaucoup de gens s’inquiètent – sans raison tangible”.

Un propriétaire de villa, par exemple, affirme se sentir pris à la gorge par l’Europe, par l’insécurité ressentie dans la vieille ville de Nice, par les impôts. Dans l’incapacité de faire confiance à Emmanuel Macron, il “veut essayer quelqu’un de nouveau”.

L’argument revient souvent, affirme la journaliste. Elle l’entend aussi au bar du village auprès des clients “anxieux”, qui parlent d’un pays sur le déclin, quotidiennement raconté par la télévision. La peur de perdre leur paradis, mais aussi un déclin de la joie de vivre, surtout depuis la pandémie de Covid, se ressent parmi les habitants, racontent d’autres personnes interrogées, la doyenne du village ainsi qu’une professeure de yoga. Elles sont convaincues qu’“une vie de village plus active permettrait de faire baisser la droite”. La population, en revanche, tend à se “barricader”.

BRETAGNE. On ne tague plus la maison de Jean-Marie Le Pen

À La Trinité-sur-Mer, la maison natale de Jean-Marie Le Pen a longtemps été la plus blanche du village, assure Michel, un commerçant, à la correspondante du Standaard.Des gamins venaient régulièrement y peindre des messages qui étaient ensuite recouverts d’une épaisse couche de peinture blanche”, rapporte le quotidien flamand. Aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire : “La réticence à l’encontre de la famille qui a porté l’extrême droite à la première place s’est apaisée.”

Dans ce village du Morbihan, le RN est arrivé troisième. Mais au niveau régional, le parti est bien en tête du scrutin européen avec 25,6 % des voix. La Bretagne était pourtant “la terre du juste milieu”, comme la décrit Michel.

Un peu plus loin, sur le marché d’Hennebont, près de Lorient, De Standaard constate effectivement un “ras-le-bol général” parmi les passants, qui lui citent “l’insécurité, la baisse du pouvoir d’achat, la façon dont le gouvernement impose sa volonté, les migrants qui ‘ne veulent pas travailler’, les prix de l’immobilier qui grimpent à cause des riches citadins qui viennent s’acheter une résidence secondaire”.

Raymond voudrait voir la France relever la tête, et pense qu’il n’est pas nécessaire pour cela de se tourner vers les extrêmes. “Par extrêmes, il entend l’extrême gauche et Reconquête, le parti d’Éric Zemmour”, précise De Standaard. Car Raymond vote depuis longtemps pour le RN, et si “le père Le Pen était peut-être un extrémiste, admet-il, Marine c’est différent”.

Quant à Valérie, en 2022, elle avait encore voté Macron “pour faire barrage à Le Pen”. “Mais ça suffit, Macron ne fait rien, nous voulons que les choses changent et le RN peut y arriver”, dit-elle. Elle veut que ses filles soient “en sécurité et puissent vivre de leur travail”.

Sur la ligne de séparation entre la bande de Gaza et Israël, des militaires israéliens réparent les chenilles d’un char, le 18 juin 2024.
Sur la ligne de séparation entre la bande de Gaza et Israël, des militaires israéliens réparent les chenilles d’un char, le 18 juin 2024. PHOTO JACK GUEZ/AFP

Vu d'Israël. Pourquoi Tsahal ne peut pas faire la guerre à Gaza et au Liban en même temps

L’armée israélienne tente de convaincre Benyamin Nétanyahou que ses rêves de guerres simultanées dans tout le Moyen-Orient ne sont que de dangereuses chimères, faute d’effectifs suffisants. Et la conscription obligatoire des juifs ultraorthodoxes est une fausse question, estime l’éditorialiste Zvi Barel dans le quotidien “Ha’Aretz”.

Il manque à Herzi Halevi [chef d’état-major de l’armée israélienne] une quinzaine de bataillons (environ 4 500 soldats, autant dire une division entière) “pour que Tsahal puisse assumer ses missions”. C’est ce qu’il vient de faire savoir au Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et au ministre de la Défense, Yoav Gallant. Mais employer le terme “missions” pour expliquer pourquoi Halevi a besoin de plusieurs milliers de soldats supplémentaires peut s’avérer un mensonge par omission. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de bombardements ciblés, de liquidations de responsables terroristes ou de destructions de tunnels, mais bien de plusieurs guerres simultanées qui risquent de durer plusieurs années.

Il faut être lucide. Même si le Hamas est complètement anéanti, l’occupation [israélienne] de la bande de Gaza ne prendra pas fin dès lors qu’il faudra s’assurer que la branche armée du mouvement islamiste palestinien ne renaisse pas de ses cendres. L’imposition d’une nouvelle “bande de sécurité” dans le sud du Liban [sur le modèle de celle établie de 1985 à 2000] impliquera une présence permanente de troupes israéliennes engagées dans des combats sporadiques mais quotidiens sur un territoire situé hors des frontières de l’État d’Israël. Par ailleurs, manifestement personne en Israël n’imagine renoncer à une Cisjordanie [palestinienne] où des dizaines de bataillons sont déployés depuis maintenant cinquante-sept ans.

La conscription des “haredim” ? Un fantasme

A priori, des ressources inexploitées de combattants israéliens se trouveraient dans des villes et des quartiers haredim [religieux ultraorthodoxes] comme Bnei Brak [banlieue de Tel-Aviv, 220 000 habitants], Bet Shemesh [

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Marine Le Pen, leader d’extrême droite du Rassemblement national (RN), devant l’entrée de l’Elysée, à Paris, le 21 juin 2022.
Marine Le Pen, leader d’extrême droite du Rassemblement national (RN), devant l’entrée de l’Elysée, à Paris, le 21 juin 2022. Photo LUDOVIC MARIN/AFP

Vu d’Allemagne. Législatives 2024 : une victoire du RN pourrait “paralyser l’UE”

Les élections législatives en France sont particulièrement scrutées en Allemagne, où l’on craint qu’une victoire de l’extrême droite n’affaiblisse l’Union européenne. Le journal conservateur “Frankfurter Allgemeine Zeitung” dresse un parallèle avec le Brexit et estime qu’Emmanuel Macron risque d’“enrayer le moteur de l’Europe”.

Après avoir voté, il faut encore choisir. L’adage a rarement été aussi vrai qu’au lendemain de ces élections européennes. Les conséquences au niveau politique européen ne deviendront apparentes qu’après le 7 juillet, lorsque s’achèvera le second tour des élections législatives anticipées convoquées par Emmanuel Macron. Leur résultat pourrait provoquer une onde de choc semblable pour l’Union européenne (UE) à ce que fut le Brexit.

À Bruxelles, on dit de Macron qu’il a fait son David Cameron. C’est assez juste. La stratégie du président français – qui espère un sursaut du centre ou une rapide désillusion des électeurs d’extrême droite une fois leurs représentants au pouvoir – pourrait échouer de la même manière que celle de l’ancien Premier ministre britannique, qui pensait battre les eurosceptiques dans son référendum sur le Brexit.

Une victoire du Rassemblement national (RN) risquerait de paralyser l’UE à un moment critique sur le plan géopolitique. Entre la guerre en Ukraine, les tensions accrues avec Pékin, la tendance à la démondialisation, la perte de compétitivité par rapport aux États-Unis et à la Chine et la crise climatique, la France et l’Europe doivent être des acteurs solides. Les États européens ne peuvent pas réussir isolément.

Même en cas de défaite, Emmanuel Macron restera président de la République et jouit, à ce titre, de la prérogative en matière de politique étrangère. À long terme pourtant, il ne pourra pas lutter contre une majorité d’e

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Chaque semaine, “Courrier international” vous propose l’horoscope poétique de Rob Brezsny, un des astrologues les plus atypiques de la planète. Cancer est le signe de la semaine.
Chaque semaine, “Courrier international” vous propose l’horoscope poétique de Rob Brezsny, un des astrologues les plus atypiques de la planète. Cancer est le signe de la semaine. Courrier international

Astrologie. L’horoscope de Rob Brezsny pour la semaine du 20 au 26 juin 2024

Chaque semaine, “Courrier international” vous propose l’horoscope poétique de Rob Brezsny, un des astrologues les plus atypiques de la planète. Cancer est le signe de la semaine.

Cancer (22 juin - 22 juillet)

Il se pourrait qu’au cours des semaines qui s’annoncent, tu te trouves des ressemblances métaphoriques avec un paratonnerre, Cancer. Le temps orageux ne sera certes pas étranger à cette sensation, mais des orages intérieurs peuvent aussi te guetter. Tu éviteras donc scrupuleusement de te promener à découvert sous les bourrasques. En revanche, je ne saurais trop te conseiller d’être pleinement réceptif aux éclairs d’inspiration et de perspicacité. N’hésite pas à t’exposer à des événements fascinants, des personnalités charismatiques, des œuvres d’art troublantes. Prépare-toi à accueillir de merveilleuses fulgurances.

Pour consulter les autres signes, c’est ici.