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Le président russe Vladmir Poutine s’adresse à des anciens combattants, le 14 juin 2024 à Solnechnogorsk, dans la région de Moscou (Photo by Alexander KAZAKOV / POOL / AFP).
Le président russe Vladmir Poutine s’adresse à des anciens combattants, le 14 juin 2024 à Solnechnogorsk, dans la région de Moscou (Photo by Alexander KAZAKOV / POOL / AFP). ALEXANDER KAZAKOV / AFP

Guerre en Ukraine. Poutine somme l’Ukraine de capituler

Le président russe Vladimir Poutine a détaillé vendredi les conditions d’un cessez-le-feu en Ukraine, exigeant de Kiev l’abandon de quatre de ses régions et sa renonciation à intégrer l’Otan. Son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, a immédiatement rejeté ce qu’il considère comme un “ultimatum” à la “Hitler”.

À la veille du sommet sur la paix en Ukraine, qui se tient ce week-end en Suisse, “le président russe tente une fois de plus de brouiller les pistes avec une nouvelle offre de paix, évidemment taillée sur mesure pour être rejetée par Kiev”, observe The Kyiv Post.

Lors d’un discours prononcé vendredi devant le personnel du ministère russe des Affaires étrangères, “le chef du Kremlin a repris l’initiative diplomatique en formulant, pour la première fois de façon aussi concrète, les conditions russes d’un ‘arrêt’ de la guerre”, explique Le Temps.

M. Poutine exige notamment de l’Ukraine qu’elle renonce à rejoindre l’Otan et qu’elle se retire des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia que la Russie occupe déjà partiellement et cherche à annexer, comme elle l’a déjà fait avec la Crimée.

“Je ne parle pas ici de geler le conflit, mais d’y mettre fin”, a souligné le président russe, cité par le quotidien suisse, “en insistant sur le fait que les hostilités cesseront ‘à la minute même’ où les autorités ukrainiennes accepteront ces conditions. Les négociations de paix, elles, commenceront dès le début du retrait de leurs forces des quatre régions susmentionnées”.

“Brouiller les discussions”

“En résumé, Zelensky devrait expliquer à ses soldats et à la population que plus de deux années de sacrifices et d’horreurs ont été inutiles : il faut renoncer à plusieurs régions et déposer les armes. En un mot, capituler”, analyse Il Corriere della Sera.

Pour le quotidien italien, “il y a très peu de nouveautés dans les propos de Vladimir Poutine”, si ce n’est “la volonté évidente d’interférer et de brouiller les discussions du sommet de Bürgenstock”.

El Mundo précise que le sommet, organisé à l’initiative de l’Ukraine, réunira “une centaine de pays et d’institutions”, en l’absence de la Chine, non représentée, et de la Russie, qui n’a pas été invitée. Avec ces deux pays manquant à l’appel, “aucun résultat immédiat n’est attendu”, mais Kiev espère une “accentuation de la pression internationale pour que Poutine s’assoie et négocie ‘une paix juste et durable’”.

“Jusqu’à présent, M. Poutine déclarait que toute négociation devait prendre en compte ‘les réalités d’aujourd’hui’, une position que certains analystes ont interprétée comme une offre de cessez-le-feu sur les lignes de combat actuelles”, remarque le New York Times. Mais ses dernières déclarations changent sensiblement la donne, car elles stipulent que l’Ukraine devrait “céder à son voisin de vastes territoires qu’elle contrôle encore aujourd’hui”.

“Énième provocation”

Or Kiev a toujours “insisté sur le fait qu’un retrait complet des troupes russes de tout le territoire ukrainien était indispensable pour que les négociations de paix puissent commencer”, souligne The Kyiv independent. D’autant qu’à la faveur de sa contre-offensive, “l’Ukraine a libéré de grandes parties des territoires revendiqués par la Russie. Au 3 mai, Moscou contrôlait environ 18 % du territoire ukrainien”, précise le site.

Sans surprise, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que son pays rejetait “l’ultimatum” de Poutine, estimant qu’il “ne différ[ait] pas de manière significative de ses offres précédentes”, rapporte CNN.

“S’exprimant vendredi lors du sommet du G7 en Italie, Zelensky a établi un parallèle entre les tactiques de Poutine et celles utilisées par le dirigeant nazi Adolf Hitler pour conquérir de pans entiers de l’Europe dans les années 1930 et 1940”, ajoute la chaîne américaine.

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lui aussi critiqué la proposition russe, y voyant une “énième provocation” du maître du Kremlin, selon La Libre Belgique. “Ce n’est pas à l’Ukraine de retirer ses forces du territoire ukrainien”, a-t-il déclaré. “Il ne s’agit pas d’une proposition de paix. C’est une proposition de plus d’agression, de plus d’occupation.”

Kate Middleton, la princesse de Galles, à la parade militaire pour l’anniversaire du roi Charles III, le 17 juin 2023 à Londres. (Photo by Daniel LEAL / AFP)
Kate Middleton, la princesse de Galles, à la parade militaire pour l’anniversaire du roi Charles III, le 17 juin 2023 à Londres. (Photo by Daniel LEAL / AFP) DANIEL LEAL / AFP

Pendant que vous dormiez. Kate Middleton, Éric Ciotti, États-Unis, Afrique du Sud et football : les informations de la nuit

Kate Middleton annonce sa première sortie publique depuis six mois. La princesse Kate, qui lutte depuis plusieurs mois contre un cancer, a annoncé vendredi qu’elle participerait ce samedi 15 juin à la traditionnelle parade militaire organisée pour l’anniversaire du roi Charles III. “La princesse veut participer pour témoigner de son soutien à ses enfants et à sa famille, et de son amour pour le roi, qui suit également un traitement contre le cancer”, explique le Daily Mirror, assurant que la première sortie publique de Kate depuis Noël “va ravir la nation”. Kate, 42 ans, a profité de cette annonce pour donner des nouvelles de sa santé. “Je fais de bons progrès, mais comme le sait toute personne suivant une chimiothérapie, il y a des bons et des mauvais jours”, déclare-t-elle, précisant que son traitement se poursuivra “encore pendant plusieurs mois” et qu’elle n’est “pas encore tirée d’affaires”.

Les Républicains : la justice invalide l’exclusion d’Éric Ciotti. Les jours passent et la saga n’en finit plus”, ironise Le Soir. Vendredi soir, la justice a invalidé l’exclusion d’Éric Ciotti de la présidence de LR, votée mercredi par les dirigeants du parti. Ces derniers n’avaient pas pardonné à leur patron d’avoir appelé à une alliance avec le Rassemblement national (RN) pour les prochaines élections législatives. “La justice a parlé, je suis président des Républicains”, a réagi Éric Ciotti vendredi soir, assurant qu’il allait “conduire cette campagne des élections législatives pour faire triompher l’alliance des droites”. On ignore cependant de quel côté vont pencher les députés LR sortants, entre la ligne gaulliste défendue par les barons du parti et l’alliance des droites promue par Éric Ciotti. “À deux semaines du premier jour des législatives, ce nouveau rebondissement va compliquer encore plus la campagne pour un parti en pleine implosion”, résume le quotidien belge.

États-Unis : la Cour suprême renforce la dangerosité des fusils semi-automatiques. La Cour suprême américaine a annulé vendredi l’interdiction des “bump stocks”, un accessoire permettant de démultiplier la cadence de tir des fusils semi-automatiques. Les Sages ont estimé que le Bureau fédéral de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF), “avait outrepassé son autorité” en interdisant leur usage en 2018, suite à la fusillade qui avait fait 58 morts et plus de 500 blessés, le 1er octobre 2017, à Las Vegas, rapporte NPR. La plupart des 22 fusils du tueur étaient équipés de ces “bump stocks”, qui lui avaient permis de perpétrer son massacre en à peine plus de dix minutes. Le président américain Joe Biden, qui brigue un second mandat, a exhorté le Congrès à se saisir de la question et à “adopter une interdiction des armes d’assaut”.

Afrique du Sud : Ramaphosa réélu président. Les députés sud-africains ont réélu vendredi Cyril Ramaphosa à la présidence du pays pour un deuxième mandat, au premier jour de la session du nouveau Parlement, témoigne The Daily Maverick. M. Ramaphosa, 71 ans, a obtenu 283 voix, loin devant Julius Malema, le candidat du parti radical de gauche EFF (44 voix). Son parti, l’ANC a été contraint de former une coalition de gouvernement avec le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), après avoir perdu la majorité absolue pour la première fois en trente ans lors des élections législatives de fin mai.

Football : l’Allemagne écrase l’Écosse en ouverture de son Euro. “Après toutes les discussions sur les effets qu’une solide performance de l’Allemagne à [l’Euro 2024] pourrait avoir sur le pays, il était temps de découvrir ce que cette équipe allait offrir”, écrit la Deutsche Welle. “La réponse s’est avérée être une performance assez parfaite pour le match d’ouverture d’un Euro à domicile”, juge le média allemand. De fait, la Mannschaft a écrasé l’Écosse 5-1 à Munich, “une victoire qui a le potentiel de lancer un été mémorable” pour les Allemands et leur équipe, l’une des favorites de la compétition.

Element inconnu
Le monument Mercedes, dans la ville croate d’Imotski, le 6 juin 2024.
Le monument Mercedes, dans la ville croate d’Imotski, le 6 juin 2024. Photo ELVIS BARUKCIC/AFP

Reportage. Imotski, la petite ville croate qui voue un véritable culte à Mercedes

Imotski, bourgade pittoresque de l’arrière-pays dalmate, a inauguré le 8 juin le premier monument du monde dédié à la célèbre voiture allemande, la Mercedes, symbole de la réussite des émigrés partis dans les années 1960 en Allemagne pour y chercher une meilleure vie. Le journaliste de “Slobodna Dalmacija”, de Split, était à la fête.

Plus de dix mille personnes, et quelques milliers de voitures, dont 700 old timers de toute l’Europe, ont occupé le 8 juin le plateau du mont Grad surplombant la petite ville d’Imotski. Parmi les milliers de voitures, vous l’aurez deviné, la plupart étaient des Mercedes. Rien d’étonnant car on inaugurait le premier monument dédié à Mercedes dans le monde, qui plus est grandeur nature et sculpté dans la roche locale.

Mercedes fait l’objet d’un vrai culte à Imotski, Dans cette ville de 9 000 habitants, il y a 16 000 véhicules, dont la moitié arborent la célèbre étoile – le plus grand nombre de Mercedes par habitant du monde, se vantent les locaux.

Ce samedi-là, les citoyens d’Imotski ont écrit une page de l’histoire à la fois de leur ville et de tous les émigrés de cette région, dits gastarbeiter (“ travailleurs invités”), partis travailler dans les années 1960 en Allemagne. Ils revenaient à la maison au volant d’une Mercedes, signe de leur réussite.

Un hommage aux “gastarbeiter”

C’est la place symbolique de Mercedes dans la vie des gens de cette région qui a attiré tant de monde à Imotski. Ils sont venus de toute la Croatie, mais aussi du reste de l’Europe. Bien qu’annoncée, Angela Merk

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Tournoi de gamers pendant la Morocco Gaming Expo, le 24 mai 2024 à Rabat (Photo by FADEL SENNA / AFP).
Tournoi de gamers pendant la Morocco Gaming Expo, le 24 mai 2024 à Rabat (Photo by FADEL SENNA / AFP). FADEL SENNA / AFP

Jeux vidéo. Le Comité olympique va lancer des JO de l’e-sport

Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a annoncé vendredi le lancement d’ici deux ans des “Jeux olympiques de l’e-sport”, dans l’espoir de séduire et fidéliser le public jeune.

“Il y a aura bientôt des Jeux olympiques pour… les jeux vidéo”, s’extasie USA Today. Les responsables du CIO, réunis à Lausanne, ont confirmé vendredi la création d’une nouvelle compétition internationale – séparée des Jeux olympiques d’été et d’hiver – où s’affronteront les meilleurs gamers du monde.

La proposition doit être entérinée lors de la 142e session plénière du CIO, qui se tiendra les 23 et 24 juillet à Paris, quelques jours avant le coup d’envoi de JO.

“Avec la création des Jeux olympiques de l’e-sport, le CIO franchit une étape majeure pour s’adapter au rythme de la révolution numérique”, a déclaré le président du CIO, Thomas Bach. “Les discussions avec un hôte potentiel sont très avancées”, a-t-il assuré, et la première édition de ces nouveaux JO pourrait se tenir dès 2025, au plus tard en 2026.

“Trois sortes de jeux vidéo”

“Les Jeux e-sport comprendront trois sortes de jeux vidéo”, précise USA Today. “Il y aura des sports virtuels, comme le e-cycling [cyclisme virtuel], impliquant une activité physique et imitant des sports réels, ainsi que deux types de jeux vidéo traditionnels : les jeux de simulation sportive”, comme NBA 2K, et les “jeux vidéo non sportifs”.

Les Jeux e-sport seront un événement totalement distinct des Jeux olympiques sportifs et seront supervisés par une équipe différente au sein du CIO, a précisé M. Bach, soulignant que l’e-sport n’avait pas vocation à devenir une discipline olympique aux JO.

“Les responsables du CIO ont évoqué à plusieurs reprises la nécessité de trouver de nouvelles façons d’interagir avec un public plus jeune”, remarque le quotidien américain. Ils avaient déjà organisé à Singapour une première “semaine olympique de l’e-sport” en juin 2023.

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Dessin d’Osama Hajjaj, Jordanie/Cagle Cartoons

Analyse. Au Moyen-Orient, les tensions entre sunnites et chiites au plus bas depuis quarante ans

La détente amorcée il y a plus d’un an entre l’Arabie saoudite et l’Iran et le déclin de l’islam politique ont réduit comme jamais depuis quatre décennies les dissensions entre les deux principales branches de l’islam dans la région. Mais l’apaisement entre les deux poids lourds régionaux reste fragile, explique le quotidien libanais “L’Orient-Le Jour”.

Une visite historique a eu lieu sous les mosaïques azur et or du sanctuaire de Kerbala [en Irak] le 13 mai. La ville sainte du chiisme a reçu l’ambassadeur d’Arabie saoudite en Irak, qui s’est rendu dans le mausolée de l’imam Hussein, symbole ultime du martyre chiite et de la discorde avec les sunnites depuis les débuts de l’islam.

Deux semaines plus tôt, le royaume faisait une annonce tout aussi frappante : l’ouverture le 1er juin d’un vol direct reliant Dammam, la capitale de la province orientale du royaume, à Nadjaf [en Irak], le “Vatican chiite”.

Dans la même logique, le prince héritier [saoudien], Mohammed ben Salmane (MBS), s’est récemment rendu dans cette province, où vit la majorité de la communauté chiite saoudienne, et y a même reçu son ex-mentor, Mohammed ben Zayed [président des Émirats arabes unis], avec qui les relations se sont refroidies depuis deux ans. L’époque où le cheikh saoudien Nimr Al-Nimr, figure de la communauté chiite [d’Arabie saoudite], fut exécuté à Riyad en 2016 est-elle ainsi révolue ?

Il est probablement trop tôt pour le dire, mais le prince héritier multiplie actuellement les gestes d’ouverture envers la communauté chiite. Dans une double logique : l’une est géopolitique – volonté d’apaiser les relations avec l’Iran –, l’autre est religieuse – révolution de la pensée wahhabite.

Désescalade régionale

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COURRIER INTERNATIONAL

Première conséquence, les tensions sunnito-chiites semblent à leur plus bas niveau depuis quarante ans. Le contexte de la guerre à Gaza contribue également à cet “apaisement”, la Palestine étant le dernier sujet qui unit encore, au moins en apparence, le monde arabe.

Symbole de cette évolution, “le secrétaire de la Ligue islamique mondiale, Mohammed Al-Issa (un éminent religieux saoudien proche de la couronne), a récemment tenu une réunion avec des clercs chiites à La Mecque”, relève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), à Genève. “Il conduit un travail immense sur le dialogue interreligieux.”

Dans la même veine, après la mort du président iranien Ebrahim Raïssi le 19 mai, le grand imam d’Al-Azhar, en Égypte, a publié un tweet en persan, exprimant “la sincère solidarité” de l’institution sunnite “avec la république islamique d’Iran”.

La décennie 2010 avait effectivement été marquée par une exacerbation sans précédent des tensions entre les deux principales maisons de l’islam, sur fond de rivalité géopolitique entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Les guerres en Syrie, en Irak et au Yémen étaient largement imprégnées de cette hostilité. Mais ces conflits se sont épuisés, particulièrement en Syrie et en Irak, épicentre des tensions avec l’avènement de l’État islamique, qui avait placé la haine des chiites au cœur de son discours.

Au bout de plusieurs décennies de ruine et de sang, les États optent désormais pour le rapprochement. “Il existe un quasi-consensus parmi les grandes puissances du Moyen-Orient sur le fait qu’il est temps de s’occuper avant tout des considérations intérieures, en particulier des préoccupations économiques, plutôt que de l’aventurisme régional”, observe Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute de Washington. Paradoxalement, “l’Iran adhère à cette idée de désescalade régionale, mais sa stratégie principale pour projeter son influence passe par l’‘axe de la résistance’”, nuance l’expert.

La “déwahhabisation” du royaume

Au plus fort des hostilités, l’Arabie saoudite s’était efforcée de répandre la grille de lecture confessionnelle dans le monde musulman. Elle détient aujourd’hui le leadership incontesté de la détente sunnite avec le poids lourd chiite régional, en témoigne l’accord de normalisation signé le 10 mars 2023 à Pékin.

“Face à l’effacement d’autres puissances régionales arabes sunnites, et notamment pour ne pas laisser le champ libre à la Turquie, l’Arabie saoudite veut se positionner à travers un nouveau paradigme de réconciliation avec l’Iran, analyse Hasni Abidi. Mais, dans le fond, Riyad et Téhéran veulent chacun s’imposer en tant que leader régional, au-delà de l’appartenance sunnite ou chiite.”

L’apaisement sectaire doit aussi beaucoup au fait qu’en Arabie saoudite l’État s’est emparé de la question religieuse, dans le cadre de la déwahhabisation” à marche forcée du royaume. Avec l’arrivée au pouvoir de MBS, les ulémas, mis au pas, ont été sommés de supprimer les références antichiites du narratif officiel. En Égypte, le salafisme s’est fracassé dès lors qu’il s’est frotté à la politique. Depuis, le mouvement traverse une crise régionale qui tranche avec le succès connu ces deux dernières décennies.

Issu de la maison mère du sunnisme, l’élan pacificateur a touché les prêches, les médias et les réseaux sociaux à travers le monde arabe, où les critiques du chiisme se sont atténuées. À l’exception des djihadistes. Mais l’effondrement de l’État islamique limite aujourd’hui la portée de leur discours. Malgré ces nouvelles politiques, rien n’indique toutefois que le sentiment antichiite a disparu au sein des populations qui en ont été abreuvées pendant plus de quarante ans.

Le pouvoir déstabilisateur de l’Iran

Là n’est pas la seule fragilité qui sous-tend la détente politique entre les deux branches majeures de l’islam. Les fractures sont là, profondes, ancrées. La première est due au fait que l’Iran n’est pas près de démanteler son réseau de milices qui s’étire sur tout le Moyen-Orient, s’affichant comme une menace durable. “Tant que cela demeure la stratégie régionale déterminante de l’Iran, un retour aux tensions, voire à un conflit ou à une confrontation, reste une possibilité réelle”, malgré l’appétit général pour la désescalade, avance Hussein Ibish.

D’autant que les Saoudiens se sont trompés sur le calcul consistant à pacifier le Moyen-Orient en le redéfinissant uniquement en termes de business.

La guerre de Gaza a révélé à la fois des forces et des faiblesses du rapprochement sunnito-chiite. Ce dernier a pour l’heure survécu à la nouvelle phase du conflit israélo-palestinien, déclenchée par [le Hamas,] un membre (sunnite) de l’“axe de la résistance”, qui a fait voler en éclats la stabilisation régionale chère à MBS.

Unis sous la bannière de la cause palestinienne, la République islamique et ses voisins arabes dénoncent d’une même voix le carnage d’Israël dans l’enclave. Mais lors de l’attaque de l’Iran contre Israël le 13 avril, en réponse à la frappe israélienne sur le consulat iranien à Damas, les pays arabes se sont rangés de près ou de loin derrière l’État hébreu.

Un numéro d’équilibriste périlleux pour l’Arabie saoudite, qui doit maintenir son engagement avec l’Iran à un moment où elle tente d’accroître sa coopération stratégique avec les États-Unis, sans fermer complètement la porte à une normalisation avec Israël. “Les calculs d’intérêts nationaux pourraient facilement placer les États en désaccord majeur dans un délai relativement court, car toutes les lignes de fracture qui existaient entre 2010 et 2018 restent en place, pointe Hussein Ibish. La détente est donc fragile et, sans doute, intrinsèquement temporaire.”

Une mère fait du peau à peau avec sa fille née prématurée, dans une unité spécialisée du CHU de Treichville, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 19 juin 2023.
Une mère fait du peau à peau avec sa fille née prématurée, dans une unité spécialisée du CHU de Treichville, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 19 juin 2023. Photo ISSOUF SANOGO/AFP

Santé. Comment la méthode “kangourou” permet de sauver des milliers de bébés chaque année

Une étude menée en Ouganda montre que la technique du “peau à peau” améliore la survie des prématurés même quand leur état de santé n’est pas encore stabilisé. Le journal britannique “The Telegraph” y consacre un long article.

Le quatrième enfant de Sheila Oyella est né onze semaines avant le terme. Ce minuscule nouveau-né pesait tout juste 1,3 kilo et peinait à respirer et à se nourrir. Sa vie ne tenait qu’à un fil. Malgré sa carrière de pédiatre expérimentée, Sheila Oyella n’était pas préparée à ce qui l’attendait. La veille, elle participait en tant que chercheuse à un essai clinique sur la prise en charge des bébés prématurés. Le lendemain, elle se retrouvait dans la même salle d’hôpital à craindre pour la vie de son fils. Elle l’a alors placé sur sa poitrine. Grâce au rythme régulier du cœur de sa mère et à sa chaleur, le petit garçon a commencé à se stabiliser.

La technique du peau à peau, aussi connue sous le nom de méthode “kangourou”, permet de sauver la vie de milliers de bébés chaque année. Cela ressemble à de la magie mais les spécialistes assurent que c’est bien de la science.

Inspirée par la manière dont les kangourous portent leur bébé tout près d’eux, la méthode a été testée scientifiquement pour la première fois en 1978 par le pédiatre colombien Edgar Rey. Depuis, elle a été appliquée à des millions de nourrissons dans le monde entier. Les chercheurs ont constaté que le contact peau à peau permettait de réduire la mortalité grâce à une meilleure régulation de la température du bébé, diminuant ainsi les probabilités d’infection et de détresse respiratoire.

14 % de bébés sauvés en plus

On estime que 13,4 millions de bébés naissent prématurément chaque année dans le monde. Première cause de mortalité infantile, la prématurité est responsable du décès de plus d’un million d’enfants de moins de 5 ans, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’OMS préconise d’appliquer la méthode kangourou à tous les nourrissons prématurés ou en sous-poids, mais uniquement après que l’état de santé de ces nouveau-nés extrêmement fragiles a été stabilisé, la plupart du temps en couveuse. Récemment, des chercheurs ont donc essayé de déterminer si la méthode kangourou pouvait être utilisée plus largement – et ils ont obtenu des résultats inattendus.

Une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet montre qu’utiliser la méthode kangourou avant que les bébés soient cliniquement stables ne réduit pas la mortalité dans les premiers jours de vie. Cela permet en revanche de sauver 14 % de vies en plus au cours des vin

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Dessin de Lauzan
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“Si ni la force du corps ni la force de l’âme (l’éducation) n’ont plus d’importance, que reste-t-il ? La force de l’esprit.”
“Si ni la force du corps ni la force de l’âme (l’éducation) n’ont plus d’importance, que reste-t-il ? La force de l’esprit.” Dessin de Cost paru dans “Le Soir”, Bruxelles.

La pilule philosophique. Quand la force de l’esprit sera tout ce qu’il restera de nous

L’économiste et philosophe tchèque Tomas Sedlacek se penche dans le quotidien économique “Hospodarske Noviny” sur l’évolution du monde du travail et des qualités qu’il requiert. Chaque semaine, “Courrier international” vous propose un billet qui soulève des interrogations sur notre condition moderne en s’appuyant sur des œuvres littéraires, scientifiques et, bien sûr, philosophiques.

Depuis les temps les plus anciens jusqu’à une période relativement récente, l’économie a reposé principalement sur la force physique. Lorsqu’une même tâche était effectuée par un homme, par une femme ou par un enfant, le résultat et le rendement n’étaient absolument pas les mêmes. La différence était si importante que certains métiers ont même un sexe. La preuve en est que, dans beaucoup de langues, il n’existe pas pour certaines professions de contre-équivalent de genre (cow-boy ou nurse en anglais, par exemple).

Entre-temps, cependant, notre économie a évolué jusqu’à devenir méconnaissable, ne serait-ce que pour nos ancêtres. Pour la majorité des emplois, aujourd’hui, il importe peu, voire plus du tout, qu’ils soient occupés par un homme ou par une femme. Notre économie s’est dématérialisée, et son centre de gravité se situe désormais bien davantage dans le travail intellectuel que physique.

La plupart du temps, nous ne travaillons plus avec nos muscles, ni même avec notre corps. Et pour cause : ce sont l’esprit et l’âme qui sont devenus nos outils de travail. Et, “là-haut”, il importe peu que cet esprit, ou cette âme, réside dans le corps d’une femme ou d’un homme, que son propriétaire soit fort ou faible, obèse ou mince, blond ou brun. L’unique chose qui nous importe est la force de l’âme. Autrement dit, ce que la personne en question sait, ce qu’elle a déjà fait, l’expérience qu’elle a acquise, ce qu’elle a étudié, le nombre de langues qu’elle parle, dans quelle mesure elle est spécialisée dans son domaine de compétence, et ainsi de suite.

Le travail, une punition

La nouvelle économie n’a pas tant besoin du corps humain pour produire ; les deux tiers de l’économie actuelle sont “créés” dans le secteur tertiaire, essentiellement des services donc, c’est-à-dire aussi immatériel. Seul un tiers du produit intérieur brut est encore matériel. Et même là où nous travaillons avec de la matière, partout o

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Et un, et deux, et trois bretzels pour l’Euro 2024.
Et un, et deux, et trois bretzels pour l’Euro 2024. SEAN GALLUP / Getty Images via AFP

Le Courrier des recettes. Et un, et deux, et trois bretzels

L’Euro 2024 en Allemagne est assurément l’occasion de préparer et déguster la célèbre pâtisserie salée en forme de nœud. La chroniqueuse de l’hebdomadaire britannique “The Spectator” s’y est essayée.

Mon mari est obnubilé par les bretzels. La joie que lui procure un bretzel moelleux encore tiède est disproportionnée. Et, contrairement à l’Allemagne et aux États-Unis, où ce mets est omniprésent, ils sont rares au Royaume-Uni. C’est pourquoi, depuis quelque temps, je m’efforce de parfaire le bretzel, une mission qui n’a pas été de tout repos.

Les bretzels, c’est délicat : ils sont faits en pâte à pain, bouillis avant la cuisson au four, ils ont une saveur caractéristique et il faut avoir le tour de main pour les façonner. Il a fallu que j’y mette tout mon cœur pour arriver au bon résultat. Je fais beaucoup de pâtisserie, mais j’ai ressenti une fierté sans pareil quand j’ai sorti ma dernière fournée – acajou brillant à l’extérieur, beige et caoutchouteux à l’intérieur.

Les origines des bretzels sont floues : ils nous viennent peut-être de moines chrétiens et ils ont en tout cas été associés au carême et à Pâques. Mais ils font partie des traditions boulangères allemandes depuis des siècles. Aux États-Unis, les immigrés appelés “Pennsylvania Dutch” les ont amenés à la fin du XVIIIe siècle, et les bretzels ont ensuite conquis le pays.

Le bretzel le plus classique est une simple pâte levée en forme de nœud, relevée de gros sel parsemé sur le dessus. La magie vient du contraste entre la croûte bien cuite quasi acidulée et l’intérieur pâle et moelleux. Traditionnellement, cette texture est obtenue en le trempant dans de la soude entre le façonnage et la cuisson.

La science du bretzel réussi

La soude est un hydroxyde de sodium qui altère le pH de l’enveloppe du bretzel. Mais c’est aussi un composé corrosif qu’il est dangereux de respirer. Je ne vais pas vous demander de vous procurer de la soude. La dernière fois que j’en

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