À la veille du sommet sur la paix en Ukraine, qui se tient ce week-end en Suisse, “le président russe tente une fois de plus de brouiller les pistes avec une nouvelle offre de paix, évidemment taillée sur mesure pour être rejetée par Kiev”, observe The Kyiv Post.
Lors d’un discours prononcé vendredi devant le personnel du ministère russe des Affaires étrangères, “le chef du Kremlin a repris l’initiative diplomatique en formulant, pour la première fois de façon aussi concrète, les conditions russes d’un ‘arrêt’ de la guerre”, explique Le Temps.
M. Poutine exige notamment de l’Ukraine qu’elle renonce à rejoindre l’Otan et qu’elle se retire des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia que la Russie occupe déjà partiellement et cherche à annexer, comme elle l’a déjà fait avec la Crimée.
“Je ne parle pas ici de geler le conflit, mais d’y mettre fin”, a souligné le président russe, cité par le quotidien suisse, “en insistant sur le fait que les hostilités cesseront ‘à la minute même’ où les autorités ukrainiennes accepteront ces conditions. Les négociations de paix, elles, commenceront dès le début du retrait de leurs forces des quatre régions susmentionnées”.
“Brouiller les discussions”
“En résumé, Zelensky devrait expliquer à ses soldats et à la population que plus de deux années de sacrifices et d’horreurs ont été inutiles : il faut renoncer à plusieurs régions et déposer les armes. En un mot, capituler”, analyse Il Corriere della Sera.
Pour le quotidien italien, “il y a très peu de nouveautés dans les propos de Vladimir Poutine”, si ce n’est “la volonté évidente d’interférer et de brouiller les discussions du sommet de Bürgenstock”.
El Mundo précise que le sommet, organisé à l’initiative de l’Ukraine, réunira “une centaine de pays et d’institutions”, en l’absence de la Chine, non représentée, et de la Russie, qui n’a pas été invitée. Avec ces deux pays manquant à l’appel, “aucun résultat immédiat n’est attendu”, mais Kiev espère une “accentuation de la pression internationale pour que Poutine s’assoie et négocie ‘une paix juste et durable’”.
“Jusqu’à présent, M. Poutine déclarait que toute négociation devait prendre en compte ‘les réalités d’aujourd’hui’, une position que certains analystes ont interprétée comme une offre de cessez-le-feu sur les lignes de combat actuelles”, remarque le New York Times. Mais ses dernières déclarations changent sensiblement la donne, car elles stipulent que l’Ukraine devrait “céder à son voisin de vastes territoires qu’elle contrôle encore aujourd’hui”.
“Énième provocation”
Or Kiev a toujours “insisté sur le fait qu’un retrait complet des troupes russes de tout le territoire ukrainien était indispensable pour que les négociations de paix puissent commencer”, souligne The Kyiv independent. D’autant qu’à la faveur de sa contre-offensive, “l’Ukraine a libéré de grandes parties des territoires revendiqués par la Russie. Au 3 mai, Moscou contrôlait environ 18 % du territoire ukrainien”, précise le site.
Sans surprise, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que son pays rejetait “l’ultimatum” de Poutine, estimant qu’il “ne différ[ait] pas de manière significative de ses offres précédentes”, rapporte CNN.
“S’exprimant vendredi lors du sommet du G7 en Italie, Zelensky a établi un parallèle entre les tactiques de Poutine et celles utilisées par le dirigeant nazi Adolf Hitler pour conquérir de pans entiers de l’Europe dans les années 1930 et 1940”, ajoute la chaîne américaine.
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lui aussi critiqué la proposition russe, y voyant une “énième provocation” du maître du Kremlin, selon La Libre Belgique. “Ce n’est pas à l’Ukraine de retirer ses forces du territoire ukrainien”, a-t-il déclaré. “Il ne s’agit pas d’une proposition de paix. C’est une proposition de plus d’agression, de plus d’occupation.”