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Des manifestants défilent à Paris pour exprimer leur rejet de l’extrême droite, le 15 juin 2024. (Photo by Sameer Al-Doumy / AFP)
Des manifestants défilent à Paris pour exprimer leur rejet de l’extrême droite, le 15 juin 2024. (Photo by Sameer Al-Doumy / AFP) SAMEER AL-DOUMY / AFP

Vu de l'étranger. Des dizaines milliers de Français dans la rue pour dire “non” à l’extrême droite

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi dans toute la France pour exprimer leur opposition au Rassemblent national (RN) de Jordan Bardella et Marine Le Pen.

“La perspective de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite de Marine Le Pen en France a fait descendre des dizaines de milliers de personnes dans la rue ce samedi”, constate El País.

“Les manifestations, organisées à l’appel de syndicats et d’associations de gauche, ont eu lieu dans tout le pays, en pleine tempête politique” provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections anticipées par Emmanuel Macron, au soir de la débâcle de son parti aux élections européennes, ajoute le quotidien madrilène.

Selon les syndicats, 640 000 personnes ont défilé à travers la France – un nombre ramené à 250 000 par le ministère de l’Intérieur. Quelque 21 000 policiers et gendarmes avaient été déployés sur tout le territoire pour prévenir les risques de débordements. Mais à de rares exceptions près, les défilés se sont déroulés dans le calme.

“À Paris, des manifestants ont déclenché un petit incendie à l’arrivée de policiers antiémeute”, rapporte le Washington Post. “À Marseille, ils ont bloqué les routes et les voies ferrées”. Et à Nantes, “ils portaient des masques et des lunettes de protection au milieu des gaz lacrymogènes de la police”.

“Et dans tout le pays, ils ont brandi des pancartes qualifiant Le Pen et son parti de dangereux”, souligne le quotidien américain. À Paris, le correspondant du quotidien espagnol conservateur ABC a relevé des messages adressés au patron du Rassemblement national (RN) “allant des insultes grossières aux menaces les plus graves”, comme “Jordan Bardella, tu es mort” ou “Bardella, ton existence justifie le droit à l’avortement”.

Mais ce qu’il retient surtout de la manifestation parisienne, c’est sa composition très “hétéroclite”, mêlant “associations humanitaires contre le racisme, militants des droits humains, collectifs gays, syndicalistes réformistes et syndicalistes moins réformistes, associations pro Hamas, et militants de divers partis réclamant une ‘union’ à laquelle LFI, le PS, le PCF et les Verts ne sont parvenus que pour se répartir les circonscriptions”.

La “grande surprise” de Hollande

El País a parlé à plusieurs manifestants, dont Nicolas, 34 ans, venu défiler à Paris parce que “nous vivons une épopque terrifiante” et qu’“il faut empêcher que Le Pen arrive au deuxième tour”. Roland, 64 ans, veut lui aussi faire barrage au RN, mais en veut à Emmanuel Macron d’avoir “joué à la roulette russe avec la France” en convoquant ces élections.

Pendant que les manifestants battaient le pavé, la vie politique française continuait à vivre au rythme des coups de théâtre et des rebondissements.

À gauche, malgré l’accord électoral au Nouveau Front Populaire, “les premiers affrontements internes ont éclaté” avec “les querelles” au sein de LFI, où “deux personnalités importantes comme Raquel Garrido et Alexis Corbière” n’ont pas été investies par Jean-Luc Mélenchon, “parce qu’elles avaient osé contester la ligne du chef”, écrit La Repubblica. Dénonçant une “purge”, Garrido et Corbière ont annoncé qu’ils maintenaient leurs candidatures.

Autre “grande surprise”, relayée par Clarín : l’ancien président socialiste François Hollande “détesté par une partie de la gauche radicale et qui entretient des relations glaciales avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure”, a annoncé sa candidature aux législatives en Corrèze, sous les couleurs du Nouveau Front Populaire.

Pour la correspondante du quotidien argentin à Paris, M. Hollance se considère comme “le visage du consensus, qui pourrait devenir, en cas de ‘vote républicain’ massif, le prochain Premier ministre français, avec Emmanuel Macron comme président”. Un pari très “mitterrandien”, selon elle.

Attal au 20 heures de France 2

Pour la Macronie, c’est Gabriel Attal qui a pris la parole samedi. “Alors que les manifestants commençaient à se disperser”, le Premier ministre a annoncé au 20 heures de France 2 “des changements dans le programme de Renaissance, reflétant les engagements pris par ses rivaux pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages français”, selon le New York Times.

Parmi les mesures annoncées, figurent ainsi “l’indexation des retraites sur l’inflation, la possibilité pour les patrons d’augmenter les salaires des employés grâce à des primes non imposables, et la fourniture d’une couverture maladie complémentaire pour un euro par jour”, détaille le quotidien américain.

Les secousses de la politique française ont été ressenties jusqu’en Allemagne, où la presse n’a pas manqué de demander aux joueurs de l’équipe de France de football, à l’avant-veille de leur premier match de l’Euro 2024, leur sentiment sur les prochaines élections.

Tranchant avec la neutralité de ses coéquipiers, qui ont prudemment appelé leurs compatriotes à aller voter, sans en dire davantage, Marcus Thuram “a fait part de son inquiétude face à la montée du Rassemblement national”, et appelé les Français à “lui faire barrage”, rapporte la chaîne sportive ESPN.

“Je pense que la situation est triste, très grave”, a déclaré le joueur de l’Inter Milan. “Il faut dire à tout le monde d’aller voter, se battre au quotidien pour que le RN ne passe pas”.

Visiblement échaudée, la Fédération française de football (FFF) a de son côté demandé à “éviter toute forme de pression et d’utilisation politique de l’équipe de France” et souhaité “que soit comprise et respectée par tous sa neutralité”.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky participe à la séance plénière d’ouverture du sommet sur la paix en Ukraine, le 15 juin 2024 à Bürgenstock (Suisse) (Photo by URS FLUEELER / POOL / AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky participe à la séance plénière d’ouverture du sommet sur la paix en Ukraine, le 15 juin 2024 à Bürgenstock (Suisse) (Photo by URS FLUEELER / POOL / AFP). URS FLUEELER / AFP

Pendant que vous dormiez. Ukraine, Gaza et échange de prisonniers : les informations de la nuit

Sommet pour la paix en Ukraine : Zelensky forme le souhait d’une solution “juste”. “Je crois que nous assisterons à un événement historique ici lors de ce sommet. Puisse une paix juste être établie le plus rapidement possible”, a déclaré samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en ouverture du sommet de Bürgenstock, dans les Alpes suisses.
“Plus de 90 pays et institutions mondiales participent à la réunion, qui vise à discuter des principes de base pour mettre fin au conflit en Ukraine”, explique la BBC. Les Suisses espèrent que le sommet produira “les premières esquisses d’un processus de paix, quelque 28 mois après l’invasion” de l’Ukraine par la Russie. Mais en l’absence de la Chine, non représentée, et de la Russie, non invitée, “les chances de progrès significatifs sont faibles”, observe la radiotélévision britannique. Le sommet s’achèvera dimanche.

Gaza : huit soldats israéliens tués dans l’explosion de leur véhicule blindé. L’armée israélienne a annoncé samedi la mort de huit de ses soldats dans l’explosion de leur véhicule blindé près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Le porte-parole de Tsahal a précisé que “l’explosion du tank avait probablement été causée soit par un engin explosif placé près du véhicule, soit par un missile antichar”, rapporte Ha’Aretz. Depuis le début de l’opération terrestre israélienne à Gaza, le 27 octobre dernier, 306 soldats israéliens ont été tués. Selon les données fournies samedi par le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, l’offensive israélienne sur l’enclave palestinienne a fait 37 296 morts côté palestinien, majoritairement des civils. Alors que le conflit fait rage depuis plus de huit mois, les discussions sur le plan de cessez-le-feu présenté fin mai par le président américain Joe Biden semblent au point mort, les deux camps n’arrivant pas à s’entendre sur les termes de l’accord.

Échange de prisonniers entre la Suède et l’Iran. Le Suédois et diplomate européen Johan Floderus a regagné son pays samedi après plus de deux ans passés dans les prisons iraniennes, à la faveur d’un échange de prisonniers entre la Suède et l’Iran. “Saeed Azizi, un autre citoyen suédois arrêté par l’Iran en novembre 2023, sera également autorisé à quitter le pays dans le cadre de l’accord, Stockholm libérant en échange un ancien responsable pénitentiaire iranien [Hamid Noury], reconnu coupable de crimes contre l’humanité”, précise Politico. M. Floderus était accusé d’espionnage et risquait la peine de mort. Cet échange intervient trois jours après la libération du Français Louis Arnaud, qui était détenu en Iran depuis septembre 2022 pour “propagande contre la République islamique et tentative de porter atteinte à sa sécurité”. Huit citoyens européens sont encore détenus par le régime de Téhéran.

Baignade nocturne dans le canal de l’Ourcq, à Pantin, près de Paris, le 25 mars 2024.
Baignade nocturne dans le canal de l’Ourcq, à Pantin, près de Paris, le 25 mars 2024. PHOTO DIMITAR DILKOFF/AFP

Vu du Royaume-Uni. Les nageurs intrépides du canal de l’Ourcq à Paris : “Personne n’a jamais été malade”

À l’approche des Jeux olympiques, et de la fameuse échéance des épreuves de natation dans la Seine, ce journaliste du “Sunday Times” est allé prendre la température auprès d’un groupe de nageurs en eau libre militants du Nord-Est parisien.

Les deux premières minutes sont toujours les plus dures, m’assure une nageuse tandis que je descends prudemment l’échelle de corde pour entrer dans les eaux froides du canal. “Mais si tu te contentes de rentrer et de sortir vite fait, tu n’as que le plus dur”, poursuit Céline Ferré. “Si tu restes plus de deux minutes, ton corps s’adapte et ça devient agréable.”

À 14 °C, le canal de l’Ourcq, qui coule dans le Nord-Est parisien, n’est pas aussi glaçant que je le pensais. Et alors que je nage vers la cimenterie sur la berge opposée, la tête hors de l’eau, la bouche bien fermée, il y a, me semble-t-il, plus préoccupant que la température : c’est la qualité de l’eau.

Ourcq polaires

Avant de plonger, je m’étais demandé tout haut s’il fallait s’inquiéter du gros sac-poubelle noir que j’avais vu passer à la surface de l’eau verdâtre. “Ce qui est mauvais pour la santé, tu ne le vois pas nécessairement”, avait tempéré Céline Ferré, 44 ans, économiste de son état.

“Le plus dangereux, ce sont les bactéries.”

En ce dimanche matin de bruine, j’ai rejoint les Ourcq polaires, un collectif de passionnés de nage en eau libre qui a bien grandi depuis sa création il y a sept ans : il compte aujourd’hui près de 900 membres.

Une fois par semaine minimum, quelle que soit la saison, une dizaine d’entre eux se retrouvent pour un “plouf”*, comme ils disent. Le règlement est strict : on ne nage jamais seul, ni sans bonnet, ni sans bouée orange assortie d’une longe – et tout cela, quel que soit son niveau en natation.

Pour l’heure, c’est dans l’illégalité qu’ont lieu ces ploufs, ainsi que le rappelle un panneau. Il en va de même sur la plupart des canaux et autres voies de navigation intérieures. Mais nous sommes en France, et une interdiction n’arrête personne.

Et la police se montre compréhensive, assure Laurent Sitbon, un membre fondateur des Ourcq polaires

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Illustration de la sonde Voyager 1 fournie par la Nasa. (NASA/JPL-Caltech via The New York Times).
Illustration de la sonde Voyager 1 fournie par la Nasa. (NASA/JPL-Caltech via The New York Times). NASA/JPL-Caltech / NYT

Soulagement. L’indestructible sonde Voyager 1 est à nouveau pleinement opérationnelle

La vénérable sonde Voyager 1, qui connaissait depuis novembre des problèmes techniques la condamnant à un silence déchirant, a pu être entièrement réparée par les ingénieurs de la Nasa. Ses quatre instruments de mesures scientifiques sont à nouveau pleinement opérationnels.

“Nous pouvons tous pousser un soupir de soulagement”, s’exclame Space.com. “La sonde Voyager 1 de la Nasa est à nouveau pleinement opérationnelle, et ses quatre instruments scientifiques capables de renvoyer des données utilisables sur Terre”, précise le site.

Plusieurs mois après qu’un grave problème informatique eut semblé “sonner le glas de Voyager 1, qui a fourni pendant près d’un demi-siècle des données sur les planètes lointaines et les confins du système solaire”, la Nasa a annoncé cette semaine avoir remis le légendaire vaisseau spatial en état de marche, précise le New York Times.

“Depuis l’apparition du problème en novembre, les ingénieurs s’échinaient à diagnostiquer et résoudre le problème, un processus long et fastidieux compliqué par le fait qu’il faut près de deux jours pour envoyer et recevoir des informations de Voyager 1”, observe le quotidien américain.

La sonde, premier objet fabriqué par l’homme à être entré dans l’espace interstellaire (en 2012), se trouve actuellement à plus de 25 milliards de kilomètres de la Terre. Elle avait été lancée – avec sa jumelle Voyager 2 – en 1977 pour explorer les planètes les plus lointaines de notre système solaire – Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Une fois sa mission accomplie, elle a continué sa route vers les profondeurs de l’univers.

“Déjouer les attentes”

En novembre, le vénérable engin avait commencé à envoyer vers la Terre des données incompréhensibles, au lieu de ses habituelles litanies binaires de 0 et de 1. Les ingénieurs ont pu identifier la puce défectueuse responsable du problème, la désactiver, et en programmer une autre pour assurer la transmission des données.

La Nasa reçoit donc à nouveau les précieux relevés de la mission “sur les ondes de plasma, les champs magnétiques ou les particules spatiales”, explique The Verge.

La nouvelle vie de la sonde pourrait néanmoins “être de courte durée”, car “la Nasa avait précédemment estimé que les générateurs nucléaires de Voyager 1 et Voyager 2 risquaient de mourir vers 2025”, tempère tristement le New York Times.

“Mais Voyager 1 a déjà démontré qu’elle pouvait déjouer toutes les attentes”, glisse le quotidien. La Nasa, à qui la mission a déjà offert beaucoup plus que prévu, n’espère qu’une chose : que les deux Voyager puissent atteindre leur 50e anniversaire en 2027.

Les drapeaux de l’Ukraine, de l’Otan et le drapeau historique biélorusse, devenu le symbole de l’opposition au régime de Loukachenko, lors d’un rassemblement, à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine, à Bruxelles, en Belgique, le 25 février 2023.
Les drapeaux de l’Ukraine, de l’Otan et le drapeau historique biélorusse, devenu le symbole de l’opposition au régime de Loukachenko, lors d’un rassemblement, à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine, à Bruxelles, en Belgique, le 25 février 2023. PHOTO YVES HERMAN/REUTERS

Reportage. En Ukraine, le sort tragique des combattants biélorusses, pris en étau entre Kiev et Minsk

Le quotidien libéral polonais “Gazeta Wyborcza” s’est rendu à Kiev à la rencontre des Biélorusses combattant aux côtés de l’Ukraine. Il raconte les difficultés auxquelles ils se heurtent pour légaliser leur séjour. Privés de services consulaires par le régime biélorusse, ils sont considérés comme des terroristes par Minsk.

“La guerre, ce n’est pas une manifestation, j’avais très peur”, reconnaît Siarheï, un barbu trentenaire, originaire de Minsk, qui, comme des milliers d’autres Biélorusses, est arrivé en Ukraine après les manifestations de 2020. Programmeur, Siarheï n’avait aucune expérience militaire. “Je n’ai pas souhaité fuir une deuxième fois”, relate cet homme. “En mars 2022, je me suis porté volontaire à la défense territoriale, et, après une courte formation, je suis arrivé sur le front.”

Ils sont entre 450 et jusqu’à plusieurs milliers de volontaires biélorusses à combattre en Ukraine. Ils ont reçu maintes distinctions, y compris la plus haute, celle de Héros de l’Ukraine, et des rues portent leurs noms dans plusieurs villes. Il n’empêche que beaucoup d’entre eux sont dans une situation juridique trouble. “Le livret militaire [document officiel que possèdent les militaires en Ukraine] ne donne qu’un droit de séjour temporaire, et mon passeport expire en novembre”, explique ainsi Siarheï.

Depuis que le régime de Minsk a suspendu les services consulaires [pour tous ses ressortissants à l’étranger], les Biélorusses sont obligés de rentrer au pays pour renouveler leur passeport. “Pour les volontaires, c’est synonyme d’aller simple, car les autorités les considèrent comme des traîtres et des terroristes” [le régime dictatorial de Minsk est allié de Vladimir Poutine dans la guerre en Ukraine], affirme Olena Jurkina, avocate de l’organisation de Kiev Free Belarus Center. “Et en Ukraine, sans documents valables, vous ne pouvez faire aucune démarche, ni quitter le pays. Tout contrôle peut entraîner un placement dans un centre de détention pour étrangers.”

“Nous devons être prêts à tout instant”

La base où se trouve Siarheï se situe dans l’une des banlieues de la capitale ukrainienne. Lorsqu’ils ne sont pas “au travail”, les soldats louent une maison ordinaire où ils vivent. “Personne ne reste dans les unités maintenant, la cible est trop évidente”, explique A., un bénévole de 33 ans, qui tait son nom.

Les formations composées d’étrangers dépendent du HUR, le renseignement militaire ukrainien. Ils accomplissent des tâches proches de celles des forces spéciales. Les volontaires biélorusses ont ainsi libéré Irpin ou organisé des débarquements sur le Dniepr à Kherson. “Nous devons être prêts à tout instant”, déclare A., diplômé en études slaves en Pologne.

Voitures, drones, nourriture : à charge pour les volontaires de s’approvisionner eux-mêmes. “Nous avons des armes et des munitions, c’est déjà pas mal”, ajoute Denis, un soldat puissamment bâti. Ce quadragénaire s’était déjà battu en 2014 dans le Donbass. “Si je suis ici, c’est parce que si la Biélorussie veut être libre, l’Ukraine doit gagner cette guerre”, souligne Denis, qui est revenu en Ukraine a

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Le Gambetta, pub et brasserie à Eymet, en Dordogne, en septembre 2020.
Le Gambetta, pub et brasserie à Eymet, en Dordogne, en septembre 2020. PHOTO PHILIPPE ROY/AURIMAGES/AFP

Reportage. Les Britanniques de l’étranger prêts à se venger du Brexit

Deux millions d’expatriés britanniques pourront se réinscrire sur les listes électorales, en vue des législatives du 4 juillet. Mais à Eymet, commune française située en Dordogne, les “Brits” n’ont pas digéré le chaos suscité par le Brexit. Et déplorent qu’outre-Manche, plus personne n’en parle. Le reportage du quotidien britannique “The Times”.

Des effluves de bacon s’échappent par une fenêtre pour venir chatouiller les narines de Maria et Chris Horne, attablés en terrasse, qui devant un verre de prosecco, qui devant une pinte de Guinness tirée à la perfection.

Dans un café un peu plus loin dans la rue, Martin et Rhianna sirotent du vin blanc sec, tandis que leurs deux garçons piochent allègrement dans un paquet de biscuits Jammie Dodgers. Ces deux familles savourent la douceur de l’après-midi, non dans leur région natale du Hampshire ou de Manchester, mais à Eymet, le plus britannique des villages français.

Cette paisible bastide* du XIIIe siècle, en Dordogne, abrite plus de 400 expatriés venus du Royaume-Uni, qui représentent 20 % de la population. Nombre d’entre eux ont depuis longtemps quitté leur terre natale. Pourtant, en raison d’un changement de réglementation, même ceux qui vivent ici depuis plusieurs décennies vont pouvoir voter aux législatives britanniques, le mois prochain – Londres a mis fin à la règle qui excluait du vote les électeurs expatriés depuis plus de quinze ans. Jusqu’à l’Election Act de 2022, quiconque avait quitté le Royaume-Uni depuis plus de quinze ans était rayé des listes électorales.

Tous les expatriés ont le même sujet en tête : “le B-word”, comme on dit ici en bon franglais. Car à en croire les chercheurs, le stéréotype de l’expat qui vote forcément conservateur “appartient aux années 1980”. Il se dit même que les Britanniques résidant à l’étranger, plus encore s’ils n’ont pas pu voter au référendum sur le Brexit en 2016, s’apprêtent en nombre à sanctionner les torys, coupables d’avoir sorti avec pertes et fracas leur pays de l’Union européenne.

“C’est nous les immigrés”

Ainsi que l’a constaté Susan Collard, maîtresse de conférences en vie politique française et en études européennes à l’université du Sussex, la proportion des électeurs de l’étranger votant pour les conservateurs a chuté des deux tiers entre les élections de 2015 et celles de 2019, et ce en grande partie à cause du Brexit. Depuis, l’ajout de deux millions de personnes sur les listes électorales, dont un tiers vivrait sur le continent, ne permet pas de penser que la tendance ait changé.

Aujourd’hui, environ 3,5 millions de Britanniques résidant à l’étranger pourront voter aux prochaines législatives. La dernière fois qu’ils ont voté, Martin et Rhianna avaient choisi un bulletin conservateur, mais il

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Une femme conduit sa moto à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 12 juillet 2022.
Une femme conduit sa moto à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 12 juillet 2022. PHOTO AHMET SAMI ACAR/ANADOLU/AFP

Reportage. La “rue des gâteaux” à Ouagadougou, une recette contre la pauvreté des femmes

Dans le quartier trépidant de Dapoya, dans la capitale du Burkina Faso, se cache une rue connue des gourmands, la “rue des gâteaux”. “Studio Yafa” est allé à la rencontre des femmes du quartier, qui ont fait de la pâtisserie une lucrative activité.

Sur des tables, des gâteaux emballés dans des sachets côtoient des bouteilles de gaz butane pour la cuisson des gâteaux pour certaines et des fourneaux pour d’autres. Sous des parasols, des femmes attendent les clients.

La vente de gâteaux croquettes dans ce quartier a débuté par la famille Derme. Depuis des générations, cette famille a perfectionné l’art de la pâtisserie, transmettant ses recettes et son savoir-faire de génération en génération. C’est dans cette atmosphère que nous rencontrons Fatimata Guira, la doyenne des lieux.

Un voyage pour les papilles et les yeux

Vêtue d’un ensemble pagne et d’un foulard léger sur la tête, elle échange avec son employé, assise devant sa table. La sexagénaire, le regard plongé dans le plateau, conte ses débuts dans ce travail. “Au tout début, j’ai commencé à faire de l’alloco [banane plantain frite], de l’igname frite, des gâteaux fourrés au poisson… Alors j’ai décidé d’essayer avec les gâteaux croquettes, et ç’a été un succès. Les gens ont aimé et la clientèle ne se faisait pas rare”, explique-t-elle.

Leur dévouement et leur passion ont contribué à faire de la rue des gâteaux un lieu incontournable. Depuis plus d’une décennie, Fatimata Guira exerce cette activité génératrice de revenus. En plus de ses employés, elle se fait souvent aider par ses filles ou ses belles-filles.

“J’ai commencé ce travail il y a de cela quarante ans environ. Au début je faisais ce travail avec mes enfants. Mais, à présent, j’ai embauché d’autres filles pour m’aider. Mes belles-filles aussi sont là”, dit-elle. Elle poursuit en disant qu’aujourd’hui, elle est fière de son travail. “Autrefois, quand vous arriviez ici, nous [n’étions pas plus de] trois personnes à faire les gâteaux. Mais actuellement, il y a plusieurs femmes qui le font tout le long de la rue. Et je suis contente”, argue-t-elle tout enthousiaste.

Malgré les apparences, ce travail n’est pas de tout repos. Fatimata Guira, âgée de plus de la soixantaine, à la démarche lente, commence à s’épuiser. Elle prépare la relève avec ses belles-filles, comme Aminata Zoundi, qui a appris le métier après son mariage, il y a vingt ans. “De temps en temps, je l’aide, car avec son âge, ce n’est pas simple. Quand je suis arrivée dans la famille de mon mari après le mariage, il se trouvait que ma belle-mère faisait les gâteaux. Donc, j’en ai profité aussi pour apprendre avec elle, et, depuis, tout se passe bien”, relate la dame, la quarantaine environ.

La bravoure des femmes

À travers cette activité, ces femmes arrivent à subvenir à leurs besoins quotidiens et aussi à gérer la scolarité de leurs enfants. Abdoul Gafar Dermé, le petit-fils de Fatimata Guira, peut poursuivre ses études grâce à cette activité. Il n’hésite pas à leur apporter son soutien quand le temps le lui permet.

Mais actuellement, le marché est au ralenti. “Aujourd’hui, c’est grâce à ce travail qu’elles paient nos scolarités et qu’elles arrivent à subvenir aux besoins de la famille. Actuellement, il n’y a plus de marché, donc c’est difficile pour elles”, se désole-t-il.

Auparavant, cette rue était bondée de clients se bousculant devant les tables de gâteaux. Aujourd’hui, le constat n’est plus le même. Avec la cherté des produits, et la situation du pays, le marché est au ralenti. “Auparavant, je gagnais un bénéfice de plus de 15 000 francs CFA [22,80 euros], mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, avec les prix élevés des produits”, déplore la vieille dame.

Malgré un marché en berne, ses clients ne l’abandonnent pas. Issa, par exemple, continue de se ravitailler en gâteaux pour le plaisir de ses enfants. “Quand j’achète ces gâteaux et que je les [rapporte] à la maison, tout le monde est content. J’apprécie la bravoure de ces femmes, car de par leur activité elles mettent en valeur nos produits locaux. Quand j’arrive, je peux en prendre pour 1 000 FCFA [1,50 euro]”, explique-t-il.

La rue des gâteaux, c’est aussi une histoire de réussite qui se transmet de génération en génération, de Fatimata Guigma en passant par Aminata Zoundi et jusqu’à Abdoul Gafar Dermé. Cette rue des gâteaux permet à plusieurs femmes de se faire un peu de revenus. Malgré la morosité du marché, la rue des gateaux conserve son caractère unique, mêlant tradition et innovation.

Modern Love.
Modern Love. Dessin de Brian Rea, paru dans THE NEW YORK TIMES.

Modern Love. “Ce jour où j’ai eu la bague au doigt, mais pas de fiancé”

Comment faire le deuil de la personne qu’on a aimée ? Dans ce nouvel épisode de la chronique phénomène du “New York Times” sur l’amour, proposée en exclusivité et traduite en français par “Courrier international”, une femme raconte une rencontre solaire et sa triste fin.

J’étais dans l’avion qui ralliait Boston, dans le Michigan, où j’avais grandi et où je m’étais installée cinq ans auparavant avec mon copain, Steve. Je tendais la main pour attraper un paquet de bretzels auprès de l’hôtesse quand celle-ci m’a saisi la main gauche et m’a dit : “Oh, votre bague est magnifique. Vous êtes fiancée ?”

“Oui”, ai-je répondu. C’était plus facile que d’expliquer.

À mon grand soulagement, elle n’a pas cherché à en savoir plus, ne m’a pas demandé quand aurait lieu le mariage. Parce que j’aurais dû répondre “Jamais”  : Steve, mon fiancé, était mort. D’ailleurs, il n’avait jamais été mon fiancé.

J’avais rencontré Steve dans l’État de New York. Nous avions tous les deux un travail temporaire : lui était électricien pour un syndicat et moi, j’avais fini la fac et faisais la serveuse au Hitching Post, à Wappingers Falls, afin d’amasser un peu d’argent pour parcourir l’Europe le sac au dos.

Un être solaire

C’est là que Steve et moi avons craqué l’un pour l’autre. Il était grand, mince et musclé à force de tirer des câbles toute la journée sur des chantiers. Avec ses cheveux blonds bouclés et ses yeux endormis, il avait une beauté qui attirait l’attention. Quand on se promenait en public, les gens se tournaient vers lui comme des tournesols vers le soleil.

Ma rencontre avec Steve était pour moi ce qui se rapprochait le plus d’un coup de foudre. Après notre premier rendez-vous, nous avons passé toutes nos journées ensemble, peut-être parce que nous savions que notre histoire d’amour se terminerait bientôt. J’avais mon voyage en Europe cet été-là, et il retournerait dans le Michigan une fois que son contrat serait terminé pour conclure son divorce. J’ai parcouru onze pays d’Europe avec son tee-shirt en coton rayé dans mon sac à dos déjà bourré à craquer, et je plongeai mon visage dedans tous les jours pour l’évoquer.

Je ne savais pas trop si nous serions encore amoureux à mon retour aux États-Unis : j’étais partie pendant plus de deux mois, aussi longtemps qu’on s’était fréquentés. Mais quand nous nous sommes retrouvés à l’aéroport de Detroit, nous sommes retombés dans cet heureux état et, peu après, j’ai emménagé là-bas avec lui.

Deux ans plus tard, Steve avait 29 ans, on s’est aperçu que son mal de dos, qu’un traitement chiropratique n’avait pas amélioré, était dû à des tumeurs situées le long de sa colonne vertébrale. Il avait un cancer en phase terminale et il lui restait deux semaines à vivre – “deux mois grand maximum”, a ajouté son oncologue. Grâce à des traitements alternatifs, sa volonté et son cœur de jeune homme, il a tenu dix-huit mois. Huit semaines avant sa mort, le jour de mon 27e anniversaire, il m’a donné un solitaire d’un demi-carat monté sur un anneau d’or de 18 carats.

Ni vraiment

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