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En Inde, les émeutes religieuses de 2002 hantent toujours le Gujarat

Billet retour
Billet retour © FRANCE 24

Il y a 22 ans, fin février 2002, l’État du Gujarat, sur la côte ouest de l’Inde, s’embrase. Pendant plusieurs semaines, des violences intercommunautaires causent la mort d'environ 2 000 personnes, majoritairement des musulmans. Des quartiers entiers sont brûlés, des familles sont massacrées. A l’origine de ce déferlement de haine, l’incendie d’un train le 27 février 2002 en gare de Godhra, dans lequel 59 pèlerins hindous meurent brûlés vifs et des dizaines d’autres sont grièvement blessés. Immédiatement, les organisations fondamentalistes hindoues de la région accusent des extrémistes musulmans d’avoir attaqué le convoi. C’est le début d'une des pires émeutes religieuses qu’a connu le pays depuis son indépendance, en 1947. Deux décennies plus tard, nous sommes retournés au Gujarat, toujours marqué par cette tragédie.

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Dans l'État du Gujarat, à l'ouest de l'Inde, l’épisode sanglant de février 2002 est resté gravé dans toutes les mémoires. Tant de questions restent sans réponse. Le pays est déchiré entre les partisans de la théorie d’une "conspiration des musulmans" et celle d’un incendie interne au train transportant des pèlerins hindous, point de départ des émeutes. D’un côté, la haute cour du Gujarat, dont de nombreux juges sont proches des nationalistes, invoque la piste criminelle. De l’autre, la Cour suprême, avec ses magistrats et des experts indépendants, affirme que le départ de feu est accidentel.

Et quid des violences ? Ont-elles été préméditées par les extrémistes hindous ? Comment un tel déferlement de haine a-t-il pu s’abattre impunément pendant plusieurs semaines ? Pourquoi les forces de l’ordre ne sont-elles pas intervenues pour s’interposer ? Là encore, la justice s’est divisée.

Plusieurs pays étrangers – dont les États-Unis et le Royaume-Uni – sont formels : il y a bien eu un début de "nettoyage ethnique". Et au milieu, un homme, dont le rôle fait toujours débat : Narendra Modi, l'actuel Premier ministre du pays, alors ministre en chef de l'Etat du Gujarat. 

Quête de justice

À Ahmedabad, le quartier musulman de la Gulbarg Society est désert. Il y a 22 ans, le 28 février 2002, une foule d'extrémistes hindous a mis le feu à tous les immeubles, tuant au moins 69 habitants, dont l'ancien député du Parti du Congrès, Ehsan Jafri. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'une famille musulmane, celle de Rafiq Mansuri, qui s'accroche au souvenir de ses proches. À Naroda Patiya, un autre quartier musulman situé dans la ville d’Ahmedabad, qui a aussi été ravagé par les violences, les habitants se souviennent des attaques brutales des fondamentalistes hindous. Pour eux, elles ont contribué à propulser le nationaliste Narendra Modi au pouvoir.

Devant notre caméra, le leader extrémiste hindou Jaydeep Patel, qui a été acquitté par la Haute Cour du Gujarat pour son implication présumée dans les émeutes de 2002, continue, lui, d'affirmer que les musulmans sont responsables de l’incendie initial du train. Il nie toute implication personnelle dans les violences.

Nous avons aussi rencontré Zakia Jaffri, veuve de 83 ans, qui se bat pour que justice soit faite et pour que le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi, qui a administré l’Etat du Gujarat pendant plus de dix ans, réponde de son rôle présumé dans les violences. Il n’a jamais exprimé de regrets quant à la gestion des émeutes.

L'homme fort de l'Inde a été blanchi par la Cour suprême, qui a estimé que ce dernier, pourtant très proche des mouvances extrémistes hindoues, ne pouvait pas être considéré comme complice des violences.

Si les émeutes de 2002 ne font plus partie des débats politiques dans le Gujarat, les souvenirs douloureux de ces violences restent profondément ancrés dans l'esprit de la communauté musulmane du pays.

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