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SCANDALE

Soupçons d'ingérence russe en Europe : Guillaume Pradoura, un sulfureux assistant parlementaire

Les autorités belges ont mené une perquisition au domicile et au bureau d'un assistant parlementaire européen soupçonné d’avoir joué un "rôle important" dans une opération russe d'ingérence. France 24 a pu confirmer son identité : il s'agit du Français Guillaume Pradoura, qui a notamment été au service de l'eurodéputé allemand d'extrême droite Maximilian Krah, accusé d'avoir des liens avec des agents d'influence russes et chinois.

Le batiment du parlement européen à Strasbourg
Bruxelles a ouvert une enquête contre un "collaborateur" parlementaire soupçonné d'être lié à une vaste opération de propagande russe. AFP - FREDERICK FLORIN
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D'un déguisement aux relents antisémites évidents à une vaste affaire d'ingérence russe dans les institutions européennes : le parcours de Guillaume Pradoura, actuel assistant parlementaire de l'eurodéputé néerlandais d'extrême droite Marcel de Graaff, est émaillé de scandales. 

Mercredi 29 mai, ce sont les autorités belges qui se sont intéressées à son cas. La police a perquisitionné le domicile bruxellois de ce Marseillais dans le cadre d'une vaste enquête de la justice belge sur des soupçons d'ingérence russe et de corruption de députés européens, à confirmé une source proche du dossier à France 24

Les investigations ont mené les autorités à perquisitionner le domicile personnel de cet assistant parlementaire à Schaerbeek, dans le nord de la capitale belge, mais aussi ses bureaux au Parlement européen, à Bruxelles et à Strasbourg, a précisé le parquet fédéral belge dans un communiqué

Un réseau de propagande russe  

Des "indices prouvent que le collaborateur du Parlement européen en question a joué un rôle important dans cette affaire [d'ingérence russe, NDLR]", a même précisé une autre source judiciaire à l'AFP. 

Le scandale qui intéresse particulièrement les autorités belges est l'opération d'ingérence russe baptisée "Voice of Europe". Il s'agit d'un portail de désinformation opéré par des agents russes depuis la République tchèque et visant à publier des articles dénigrant le soutien occidental à l'Ukraine.

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Les autorités tchèques avaient découvert le pot aux roses russes fin mars et une vaste enquête pour déterminer l'ampleur de cette opération de propagande avait alors été lancée. Un mois plus tard, le 17 mai, le portail a été interdit par le Parlement européen qui le qualifie d'outil de propagande de Moscou. 

Mais ce dossier ne se limite pas à la publication d'articles. Au fil des ans, plus de quinze responsables politiques européens de droite et d'extrême droite - dont l'eurodéputée française du Rassemblement national Patricia Chagnon et le très pro-Russe ex-député Thierry Mariani - ont été invités par Voice of Europe à Prague pour s'exprimer à la fois sur la guerre en Ukraine et sur les relations entre l'Union européenne et la Russie. Une enquête a été lancée par Bruxelles pour déterminer si des députés européens ont été payés par Voice of Europe pour venir y prêcher la bonne parole russe.

Déguisement antisémite

C'est dans ce cadre que les autorités se sont intéressées à Guillaume Pradoura. Si le parquet belge refuse de dire quel "rôle important" il a joué précisément, une chose est sûre : ce Français a aussi été l'assistant parlementaire du très sulfureux Maximilian Krah, tête de liste du parti d'extrême droite allemande Alternative für Deutschland (AfD), qui a été interviewé par Voice of Europe.

Ce politicien allemand a été accusé d'avoir des liens non seulement avec des agents d'influence russes mais aussi chinois. En avril, un autre assistant parlementaire de Maximilian Krah avait en effet été interpellé en Allemagne et avait été accusé de travailler pour Pékin.

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Avant d'être lié à des scandales au niveau européen, Guillaume Pradoura avait été épinglé en France et expulsé des rangs du Rassemblement national en 2019. Il était alors l'assistant parlementaire de Nicolas Bay, numéro 2 du parti d'extrême droite à l'époque. Jusqu'à ce qu'une photo prise au début des années 2010 soit partagée sur les réseaux sociaux. Elle le montrait "déguisé" en rabbin juif, reproduisant ainsi l'une des pires caricatures antisémites Une image qui avait suscité un tollé jusque dans les rangs du Rassemblement national. 

Quelques années plus tôt, il avait survécu politiquement à d'autres révélations sur son passé sulfureux. En 2016, Médiapart affirmait que celui qui était alors colistier de Marion Maréchal-Le Pen aux élections régionales avait entretenu pendant plusieurs années une amitié avec un jeune skinhead aussi radical que violent. Guillaume Pradoura l'avait même intégré au mouvement d'extrême droite des Jeunesses identitaires Massilia qu'il avait créé à Marseille en 2007.

Ses liens avec la Russie ne sont pas non plus nouveaux. En 2017 déjà, il avait été invité au Festival mondial de la Jeunesse en Russie

Guillaume Pradoura connaît aussi Jean-Luc Schaffhauser, un ancien eurodéputé alsacien d'extrême droite, qui a fait l'objet d'une enquête de la DGSI à l'automne 2023 pour ses liens avec la Russie. À cette époque, Jean-Luc Schaffhauser envisageait de monter une liste indépendante aux européennes -  "Forum vérité et justice pour la paix" - dont le slogan était "paix avec la Russie". Guillaume Pradoura aurait été consulté par l'homme politique alsacien pour constituer cette liste, a affirmé Le Monde. Mais Jean-Luc Schaffhauser n'aurait pas poussé la collaboration très loin car même s'il "avait beaucoup d'estime" pour le jeune homme, il était, à ses yeux, "trop fanatiques de la Russie", a-t-il affirmé au Monde.

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