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Robert Badinter : disparition d’une « figure du siècle »

Le ministère de la Justice a ouvert un recueil de condoléances au public – ©L. Garnerie

Robert Badinter est décédé à l’âge de 95 ans dans la nuit du 8 au 9 février 2024. 

Avocat. Avocat au barreau de Paris, il avait prêté serment en 1951 et cofondé en 1966 le cabinet qui allait devenir Bredin Prat.  Après l’exécution de Michel Bontems en 1972, il avait fait de la lutte contre la peine de mort l’un des grands combats de sa vie. Parmi ses plaidoiries les plus marquantes figure ainsi celle qu’il prononça pour la défense de Patrick Henry, à qui il évita la peine de mort en 1977.

Universitaire. Parallèlement, il mena une carrière universitaire en obtenant en 1965 l’agrégation de droit privé. Il enseigna successivement dans les universités de Dijon, de Besançon, d’Amiens, puis de Paris I – Panthéon Sorbonne, dont il devint professeur émérite en 1994.    

du 5 juillet 1985 créant un régime spécial d’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation, ainsi qu’un fervent soutien de la loi Forni du 4 août 1982 dépénalisant l’homosexualité. 

En 1986, il fut nommé président du Conseil constitutionnel, fonction qu’il conserva jusqu’en 1995, année où il devint sénateur. 

Essayiste. Il fut également l’auteur de nombreux ouvrages, notamment sur la justice : L’Exécution ; Une autre justice ; La Prison républicaine, 1871-1914 ; L’Abolition ; Le Rôle du juge dans la société moderne ; Le Plus Grand Bien ou encore Le Travail et la Loi. 

Hommages. Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages affluent. « Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français », a ainsi commenté le président de la République Emmanuel Macron. « Depuis les prétoires jusqu’aux tribunes de l’Assemblée nationale et du Sénat, et au Conseil constitutionnel, il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales. L’abolition de la peine de mort sera à jamais son legs pour la France. Nous lui devons tant. Nos droits et nos libertés lui doivent tant. (…) Le pays des Lumières perd l’un de ceux qui a continué à les faire briller », a déclaré de son côté le Premier ministre Gabriel Attal. « Immense avocat, garde des Sceaux visionnaire et courageux, Robert Badinter incarnait notre République et ses valeurs. Profondément épris de justice, artisan de l’abolition, homme de droit et de passion, il laisse un vide à la hauteur de son héritage : incommensurable », a estimé, quant à lui, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti. « Il restera pour les avocats et notre pays l’exemple de la droiture et de la justesse », a ajouté le bâtonnier de Paris Pierre Hoffman. Une minute de silence a par ailleurs été observée lors de l’audience solennelle de prestation de serment de la nouvelle promotion de l’École nationale de la magistrature à Bordeaux le 9 février 2024, en présence du président de la République Emmanuel Macron. Un hommage solennel sera rendu à Robert Badinter à l’occasion de la prochaine assemblée générale du Conseil national des barreaux qui se tiendra le 15 mars 2024. 

Au ministère de la Justice, un recueil de condoléances a été mis à la disposition du public et une cérémonie d’hommage nationale aura lieu mercredi 14 février. 

 

La Rédaction