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« L’Amour ouf » : le copieux pudding de Gilles Lellouche

Avec son film en compétition au Festival de Cannes avec Adèle Exarchopoulos et François Civil, le réalisateur signe un très long mélo violemment sentimental.

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Temps de lecture : 3 min

Il y a six ans, hors compétition à Cannes, il avait surpris tout le monde avec son premier film en tant que réalisateur, Le Grand Bain, dans lequel des hommes dépressifs touchaient le fond de la piscine pour mieux remonter à la surface. Il était revenu en flic musclé dans Bac Nord. Cette fois, Gilles Lellouche se mouille un peu plus en présentant en compétition à Cannes un film fleuve, L'Amour ouf. Soit trois heures d'autoconfession inspirée de son livre de chevet, le roman éponyme de l'écrivain irlandais Neville Thompson. Une belle et violente histoire transposée dans le nord de la France. Et un gros budget, de 37,5 millions d'euros.

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Clotaire (François Civil), petit voyou déscolarisé, tombe raide dingue de Jacqueline (Adèle Exarchopoulos), qu'il rebaptise Jackie. Il est un fils d'ouvrier, elle est de famille bourgeoise, orpheline de mère, élevée par son père (Alain Chabat). Ils s'embrassent, se font des promesses. Entre eux, c'est du sérieux, même si lui fait les quatre cents coups avec ses copains, ne cesse de se bagarrer, avant de rencontrer un voyou local (Benoît Poelvoorde) qui l'entraîne dans un braquage meurtrier. Clotaire paie cher pour les autres : douze ans de prison. Évidemment, quand il sort, l'heure des comptes arrive. Le sang coule.

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Pendant ce temps, Jackie a fait sa vie, s'ennuie avec ce mari tellement bien comme il faut (Vincent Lacoste) et pense encore à Clotaire, qui, lui, n'a pas fini de passer ses nerfs sur la terre entière. Ils finissent par se retrouver après tout ce temps perdu. Clotaire a appris par cœur 457 mots pour déclarer, enfin, tout son amour à Jackie.

Le film déborde de partout

Avec L'Amour ouf, Gilles Lellouche signe une romance exacerbée dans laquelle il a mis beaucoup de cœur, de sentiments fous, de violence déchaînée. Comme si les images et les mots lui manquaient pour faire passer son message, qui a, parfois, un côté brouillon. Il y a trop de tout comme dans un gros pudding au romantisme échevelé et qui déborde de partout. Par moments, on a l'impression qu'il est submergé par son sujet… Et nous aussi, noyés dans ce flot d'images léchées, ces effets de caméra, ces jeux arty de lumière, cette bande-son très années 1970-1980, et ce montage nerveux, style vidéo-clip.

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On sent que le réalisateur veut nous en mettre plein les yeux, n'oubliant pas ses influences du côté de Martin Scorsese et de Brian De Palma dans des séquences qui agissent tels des électrochocs. Pas de répit ici, le baston est roi et les cadavres ne sont pas exquis. Stylisée ou non, la mort est omniprésente.

Pas de second degré non plus, sinon un clin d'œil furtif aux Tontons flingueurs dans la fameuse séquence de la métaphore entre deux flingueurs. On est dans le mélo et Gilles Lellouche ne s'embarrasse pas de fioritures pour nous embarquer dans cette aventure sentimentale en compagnie du couple Civil-Exarchopoulos et de bons seconds rôles – Raphaël Quenard, Jean-Pascal Zadi, Anthony Bajon. Tous forment un bloc, à prendre ou à laisser. Comme cet Amour ouf, sorte de long (trop long) discours amoureux où la violence finit par laisser la place à l'apaisement, à une bulle de douceur dans un monde de brutes. Ouf, on est rassurés.

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Commentaire (1)

  • mireil

    Et j’irai pas ! Pourtant je l’aime bien le realisateur