Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un visitant le cosmodrome de Vostochny dans la région de l’Amour le 13 septembre 2023.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un visitant le cosmodrome de Vostochny dans la région de l’Amour le 13 septembre 2023.

Mikhail Metzel / AFP

La Corée du Nord poursuit ses opérations de déstabilisation. Pour ébranler son rival du Sud, Pyongyang a eu recours ces derniers jours à une méthode vieille de 70 ans : l’envoi de ballons dans l’espace aérien sud-coréen. Un procédé bien moins risqué qu’une action militaire ouverte, mais qui n’en constitue pas moins une nouvelle tentative d’intimidation.

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Des centaines d’habitants ont vu des ballons flotter dans les airs, avant d’atterrir au sol. Au total, quelque 260 aéronefs ont été détectés par les autorités sud-coréennes, dans pas moins de huit provinces situées au nord de Séoul, et dans les zones frontalières. Chacun transportant un ou plusieurs sacs en plastique blanc.

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À l’intérieur, des tracts de propagande nord-coréenne mêlés à des déchets et des excréments d’animaux. Des ballons "poubelle", ou des "cadeaux de sincérité", résume cyniquement Pyongyang. La Corée du Nord revendique ces représailles à la suite d’une campagne de propagande menée par des activistes sud-coréens dans son pays. "Des intrusions", datant du début du mois, lorsque des ballons avaient été envoyés en direction de la Corée du Nord.

Des représailles nord-coréennes

Les activistes pro-démocratie, parmi lesquels des Nord-Coréens y avaient glissé des tracts anti-Pyongyang, de l’argent, de la nourriture et des médicaments interdits en Corée du Nord. Mais également du matériel informatique, à l’instar de clés USB chargées de clips de K-Pop, un genre musical banni au sein de la dictature. Une opération qui n’a pas manqué de mettre en rogne Pyongyang.

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Dimanche, le vice-ministre nord-coréen de la Défense, a fustigé des "provocations dangereuses" et promis des représailles. En direct, Kim Kang Il en a même donné les contours, en s’engageant à ce que "des monticules de déchets et d’immondices soient dispersés dans les zones frontalières et à l’intérieur de la République de Corée". Et de cingler : "Celle-ci fera directement l’expérience des efforts nécessaires pour les enlever."

Le spectre d’une guerre psychologique

Prenant au sérieux les menaces du ministre, les autorités provinciales sud-coréennes ont envoyé mardi 28 mai des missives aux habitants vivant à l’intérieur des zones ciblées : "s’abstenir de toute activité en plein air", recommande ainsi le message. En découvrant l’opération nord-coréenne le lendemain, l’armée de Séoul a appelé la population à ne pas rester à proximité des ballons. "Ils contiennent des déchets sales et des ordures", explique un officier.

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Et de demander aux Sud-Coréens de déposer un rapport à la base militaire ou au poste de police le plus proche au moindre doute quant à un "objet non identifié". La Corée du Nord "menace sérieusement la sécurité de notre peuple […] et est entièrement responsable de ce qui se passe à cause des ballons et nous l’avertissons sévèrement de cesser immédiatement cette action inhumaine et grossière", a déclaré l’armée.

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Pour le bureau présidentiel sud-coréen, la Corée du Nord cherche à "tester" la réaction de son voisin. Ce, dans le but de comprendre "comment la guerre psychologique et l’impact des menaces complexes à petites échelles sur notre pays", a précisé un proche du président Yoon Suk-yeol. Une hypothèse qui tend à se confirmer au fil des opérations de déstabilisation. D’après le journal Donga Ilbo, Pyongyang aurait également tenté de bloquer les signaux GPS dans la partie sud de la Corée, en vain.