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Pied de nez

Les Hongkongais bravent la loi antimasques

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche pour s'opposer à l'interdiction de se cacher le visage décidée vendredi par l'administration dirigée par Carrie Lam.
par Laurence Defranoux
publié le 6 octobre 2019 à 15h08
(mis à jour le 6 octobre 2019 à 16h45)

Deux jours après l’interdiction de se cacher le visage, des milliers de personnes ont de nouveau défilé, masquées, dimanche après-midi, à Hongkong, face à une police antiémeutes suréquipée. Protections antipollution en tissu, carrés de papier antimicrobiens, masques à gaz contre les lacrymos, simples foulards noués ou masques fantaisistes, les manifestants ont fait preuve d’imagination pour montrer leur opposition à la loi d’urgence édictée vendredi par le gouvernement local. Sur les réseaux sociaux, les internautes s’amusaient avec ce tutoriel expliquant comment se cacher le visage avec ses cheveux.

Quatre mois après le début des manifestations pacifiques contre une loi d'extradition qui aurait mis les 7,5 millions de Hongkongais à la merci de la justice opaque de la Chine communiste, la situation est de plus en plus tendue. Les opposants au gouvernement central de Pékin affirment que la loi d'urgence invoquée par Carrie Lam pour interdire les masques met à mal l'accord qui garantit jusqu'en 2047 à Hongkong des libertés inconnues dans le reste de la Chine - la loi d'urgence, héritée de la colonisation britannique, autorise l'exécutif à prendre «n'importe quelle mesure», sans feu vert du corps législatif, dans l'éventualité d'une situation d'urgence ou d'un danger pour la population. Les manifestants craignent que l'interdiction de se cacher le visage soit utilisée par la police chinoise pour identifier les manifestants grâce aux techniques de reconnaissance faciale, dans un contexte de recul des libertés individuelles et de la mainmise grandissante du gouvernement communiste sur les affaires de sa région semi-autonome.

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La mesure, annoncée vendredi par la cheffe de l'exécutif Carrie Lam a généré une vague inédite de violences urbaines, avec des stations de métro vandalisées, des barricades, des feux, des attaques ciblées de magasins ou banques considérées comme prochinois. L'utilisation de balles réelles par les policiers (contre un jeune manifestant de 18 ans, le 1er octobre, et un garçon de 14 ans, vendredi, par un policier en civil) a fait encore monter la tension d'un cran, des manifestants n'hésitant pas à frapper à terre un homme qui s'était exprimé en mandarin, ou à battre jusqu'au sang un chauffeur de taxi qui avait roulé dans la foule, blessant une manifestante. Un message d'avertissement a été dressé dans la soirée de dimanche sur le toit d'une caserne de l'Armée populaire de libération chinoise visée par des rayons laser, disant: «Attention. Vous violez la loi. Vous pouvez être poursuivi.» C'est la première fois depuis le début du mouvement de protestation que le contingent de l'armée chinoise stationné sur le territoire hongkongais entre en interaction avec les manifestants.

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A Pékin, le pouvoir central s’est félicité de la mise en place de la loi antimasques, qui prévoit un an de prison pour les contrevenants. Des vagues d’arrestation ont eu lieu dimanche sur la base de la nouvelle loi, les policiers enlevant les masques des manifestants avant de les faire monter, menottés, dans des bus. Le fait que les recours déposés par les élus de l’opposition contre la loi d’urgence ont été déboutés par la Haute Cour de Hongkong fait craindre une perte d’indépendance de la justice locale.

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