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Ce vendredi 14 juin, au collège de Passamaïnty, onze enseignants contractuels de mathématiques sont formés pour apprendre à « faire une séance de maths ».

Pour la première année, le rectorat de Mayotte emploie des enseignants contractuels dès le mois de juin. L’objectif : les former pour qu’ils soient prêts pour faire cours dans les meilleures conditions possibles à la rentrée. Le dispositif concerne des enseignants en mathématiques et en français.

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Marine Oger et El-Hamid Aha Majani, enseignants contractuels en mathématiques, sont très satisfaits de cette formation pré-rentrée qui leur permet de « se confronter à la réalité, de voir le niveau des élèves et leurs difficultés ».

Depuis la salle de formation résonne les détonations des grenades de désencerclement. « Vous avez vu, nous avons des feux d’artifice », préfère ironiser Chérif Tahri, le principal du collège de Passamaïnty. Il s’adresse aux enseignants contractuels nouvellement recrutés par l’académie de Mayotte. « Il n’y a pas de danger au sein du collège », rassure-t-il, alors que ce vendredi 14 juin au matin, des violences ont éclaté entre bandes rivales au sud de Mamoudzou.

Ces enseignants ont été recrutés pour la rentrée 2024, mais pour la première année, leurs contrats ont démarré le 3 juin. Ce début anticipé vise à les former et à les accompagner afin qu’ils soient prêts et à l’aise lors du début de l’année scolaire. Au départ de la formation : un stage d’observation d’une semaine, « pour se rendre compte de la réalité des classes », explique Florian Corlais, inspecteur de mathématiques pour le second degré à l’académie de Mayotte. Suivie ensuite d’une formation transversale pour appréhender la mission du professeur et apprendre à gérer une classe. Enfin, les contractuels sont formés selon leur discipline « pour savoir faire une séance en maths ou en français ».

Des besoins accrus

Ce dispositif est actuellement une expérimentation, sont concernés : onze professeurs de mathématiques et treize professeurs de français. « Nous avons choisi ces deux disciplines pour renforcer les savoirs fondamentaux », indique-t-il. A la rentrée, les élèves de sixième seront désormais répartis par groupes de niveaux en mathématiques et en français. Ceux qui ont un niveau plus faible auront donc un volume plus important d’heures dans ces deux matières par autres. « Cela signifie que nous recrutons davantage de professeurs dans ces deux disciplines », souligne-t-il.

Cette formation de pré-rentrée a aussi pour but d’éviter les mauvaises surprises. « Il est fréquent que des contractuels ne puissent pas être présents dès le début de l’année, car ils sont toujours en métropole pour des raisons administratives et matérielles », décrit Florian Corlais. « Parfois, nous sommes confrontés à des professeurs qui changent d’avis, ils nous annoncent qu’ils ne viennent plus à Mayotte parce qu’ils ont été recrutés ailleurs », évoque Chérif Tahri, le principal du collège. Il observe cette expérimentation comme « une très bonne chose. A l’origine, enseigner est un métier, quand on embauche les néo-contractuels et qu’on leur demande le lendemain de prendre une classe, c’est un peu raide ». Selon le rectorat, cette formation a été « un argument décisif en faveur de la venue de [contractuels] sur notre territoire ».

Ce vendredi, El-Hamid Aha Majani participe à la formation en tant que contractuel en maths, il apprécie ce temps de formation : « Le stage la semaine dernière nous a permis de nous confronter à la réalité, de voir le niveau des élèves, leurs difficultés. Cela me donne de la matière pour voir ce que je pourrai mettre en place quand je donnerai cours », apprécie-t-il.

Il permet au jeune homme de 21 ans d’affiner ses méthodes d’enseignement : « Je me demande souvent à partir de quand punir l’enfant. Regarder comment les professeurs font et leur façon de gérer la classe, ça aide », raconte-t-il. « On s’inspire des professeurs, et ensuite, on fera notre propre tambouille », abonde Marine Oger, également enseignante contractuelle. Auparavant, celle-ci travaillait au parc marin dans le pôle Loisirs et Tourisme durable. « Là-bas, j’animais davantage des ateliers pour les wazungus que pour les Mahorais. Après un moment, je me suis dit que je serais plus utile en aidant la population locale et en particulier les jeunes en tant que prof », souligne l’enseignante de 31 ans. Parmi les 24 contractuels formés, une majorité vient de Mayotte, d’autres viennent de Guyane et certains de la métropole.

Le baccalauréat 2024, c’est parti

Le coup d’envoi du baccalauréat 2024 a été donné ce mardi 18 juin pour les 6.292 élèves mahorais qui passent les épreuves cette année. La philosophie a ouvert le bal. Les élèves de filière générale ont eu le choix entre deux sujets : « La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ? » et « L’État nous doit-il quelque chose ? ». Ils pouvaient aussi choisir l’explication de texte avec un extrait de « La Condition Ouvrière » de Simone Weil. Pour les élèves de filière technologique, il était proposé de disserter sur « La nature est-elle hostile à l’homme ? » ou « L’artiste est-il maître de son travail ? ». Enfin, l’explication de texte portait sur un extrait des « Lois IX » de Platon.