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Rencontre avec Dries Van Noten : « On a perdu le sens de la mode en ne pensant plus qu’à amasser de l’argent »

Publié le 22 juin 2024 à 20h00, mis à jour le 22 juin 2024 à 20h54

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Rencontre L’un des noms les plus prestigieux de la mode, Dries Van Noten, quitte le milieu, et la marque qu’il a fondée il ya trente-huit ans. Sophie Fontanel lui a demandé ce qu’il souhaitait transmettre, au moment de tourner la page.

Dries, bien que néerlandophone, parle un français merveilleux. Mais, à peine notre échange commencé, il a précisé : « Je préférerais m’exprimer en anglais. Mon français, bien sûr, ça va. Mais, pour faire des petites nuances… » J’ai compris que cet échange aurait des nuances. J’ai demandé à Dries quel était, au moment de quitter sa compagnie, son état d’esprit. Il a répondu : « Je veux être honnête. » S’est tu quelques secondes, et a ajouté : « C’est en dents de scie. » Il a dit que, parfois, il avait un sursaut et frissonnait en pensant : « Oh mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? ! C’est beaucoup trop tôt pour partir… » Et il a dit qu’à d’autres moments il ressentait une immense euphorie. Qu’il était heureux de quitter une pression qu’il se mettait à lui-même. De quitter la colère qui le prend quand il ne trouve pas la parfaite combinaison de forme ou de couleur. De quitter l’obsession : « Tout amour est une obsession, vous le savez bien. » Et puis, un ton plus bas : « J’ai choisi de partir. »

Dries a 66 ans. Il m’a dit qu’en approchant la soixantaine, il a commencé à se formuler ce concept étrange : « Le reste de ma vie. » Il a établi qu’ayant mis en place un consistant « savoir-faire » il pouvait laisser les clés de la maison à quelqu’un d’autre. Il parlait de sa maison de couture comme d’un enfant pouvant enfin voler de ses propres ailes.

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