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Législatives Ralliés au RN, indépendants… Quels candidats sont encore vraiment LR ?

Par Richard Godin

Publié le , mis à jour le

De gauche à droite : l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, le président de LR Eric Ciotti, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux (derrière), et le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, à Pierre-Bénite, près de Lyon, le 27 mars 2024.

De gauche à droite : l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, le président de LR Eric Ciotti, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux (derrière), et le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, à Pierre-Bénite, près de Lyon, le 27 mars 2024. JEFF PACHOUD / AFP

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Après l’accord entre Eric Ciotti et le RN, une nouvelle direction a repris en main le parti de droite et a investi des candidats indépendants. Mais face au péril de la défaite, certains ont signé des accords avec la macronie.

A chaque élection, le même discours : le parti Les Républicains (LR) joue sa survie. Cela est d’autant plus vrai pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Car cette décision inattendue a définitivement mis le parti, gangrené par ses divisions internes, à terre.

Un morcellement illustré jusque dans les investitures des candidats. Suite à son alliance solitaire avec le Rassemblement national (RN), Eric Ciotti, président précaire du parti – une nouvelle procédure d’exclusion est en cours après une première retoquée par la justice – a investi ses candidats.

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En parallèle, la nouvelle direction, menée par le binôme Annie Genevard (députée-candidate du Doubs) et François-Xavier Bellamy (eurodéputé), a investi ses propres candidats, partisans du « ni Macron ni Le Pen ». Une ligne nationale – défendu par plusieurs cadres, de Laurent Wauquiez à Xavier Bertrand – qui n’a pourtant pas empêché des alliances locales avec la majorité présidentielle, pour faire front contre l’extrême droite et le Nouveau Front populaire (NFP). Sans compter ceux qui préfèrent ne pas afficher leur appartenance à LR.

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Résultat ? « Les électeurs sont un peu perdus », admet Michèle Tabarot, députée sortante et candidate dans la 9ᵉ circonscription des Alpes-Maritimes.

379 candidats LR-canal historique

Egalement présidente de la commission nationale d’investiture du parti (CNI), Michèle Tabarot a acté les candidatures pour « LR canal historique » de 378 personnes sur les 577 circonscriptions. Soit 199 omises dont 25 où un député RN est sortant. « On n’a pas eu le temps d’aller sur le terrain, rencontrer des potentiels candidats », justifie l’élue. Dans cette course contre la montre, la CNI a aussi dû faire face à des désistements après le coup d’Eric Ciotti. Les investitures ont finalement été validées dans l’urgence : « Les discussions sont encore en cours… », glissait le député-candidat Patrick Hetzel (7ᵉ du Bas-Rhin), dimanche à 15 heures, soit à peine trois heures avant la clôture des candidatures dans les préfectures.

La liste finale est chaotique. « La parité n’est même pas respectée », se désole Michèle Tabarot. Avec deux fois plus d’hommes, le parti s’expose à des sanctions financières. Au sujet de la trésorerie, il a aussi fallu faire face aux tractations internes de certains ambitieux. Selon le journal « l’Opinion », Aurélien Pradié (député-candidat dans la 1ʳᵉ circonscription du Lot) et David Lisnard (maire de Cannes) ont tenté – sans succès – de rallier des candidats à leurs micro-partis (Du courage ! et Nouvelles énergies) afin de récupérer une partie du financement public lié aux résultats lors des législatives. Certains se sont ralliés : Francis Dubois, député-candidat dans la 1ʳᵉ circonscription de Corrèze, se revendique du parti d’Aurélien Pradié. « Et pas député LR », martèle-t-il comme si le titre était devenu un affront.

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A l’instar des législatives de 2022 après l’échec de Valérie Pécresse à la présidentielle, de nombreux candidats ont aussi préféré ne pas afficher leur appartenance au parti LR. « Je me suis enregistrée à la préfecture en “divers droite” », explique Marie-Christine Dalloz, député-candidate dans la 2ᵉ circonscription du Jura. S’ils sont les seuls autorisés à utiliser le logo, de nombreux candidats préfèrent ne pas l’afficher pour éviter l’effet repoussoir. « Il y a aussi le trouble sur la situation des Républicains », fait valoir Marie-Christine Dalloz. Pour autant, le détachement est d’apparence, puisque le rattachement à LR est une obligation – y compris pour les membres des micro-partis – pour garder son investiture.

« Je reste fidèle à ma famille politique »

D’autres se sont en revanche écartés de la ligne politique du parti, à savoir une totale indépendance non seulement vis-à-vis du RN, mais aussi de la macronie. Dans plusieurs départements, des accords ont été passés entre les figures locales de la droite et les candidats de la majorité présidentielle. Avec l’ambition de surmonter le péril de la défaite et concurrencer l’extrême droite et la gauche unie. C’est notamment le cas dans les Hauts-de-Seine où Philippe Juvin a topé avec Gabriel Attal, avant d’être contredit par la direction nationale qui a investi des candidats. « Il n’y a pas d’accords nationaux », rappelle Michèle Tabarot.

Dans d’autres endroits, c’est plus flou. Si aucun accord n’a été officialisé, il est possible de constater l’absence de candidats LR contre ceux de la majorité, dans le Nord par exemple, et inversement, comme en Corrèze. Dans ce département, Francis Dubois se satisfait du soutien venu directement de Gabriel Attal dans son duel annoncé avec François Hollande. En Côte-d’Or, le sénateur Renaissance François Patriat a admis à Public Sénat des renvois d’ascenseur entre les deux forces politiques. Des discussions qui ont vocation à se prolonger à l’Assemblée ? « La priorité, c’est de gagner l’élection et après, voir la configuration de l’hémicycle », balaie Marie-Christine Dalloz.

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Cette dernière fait partie des élus LR qui n’auront pas de candidats de la majorité face à eux. « J’ai été largement sollicité par la candidate Horizons, elle voulait faire candidature commune en étant ma suppléante », raconte la députée sortante. Une proposition refusée pour éviter toute « ambiguïté ». Même situation et même réponse négative pour Virginie Duby-Muller, députée-candidate dans la 4ᵉ circonscription de Haute-Savoie : « Je considère qu’ils ont donc préféré renoncer là où ils ne pensaient pas gagner », explique-t-elle. Nicolas Ray, député-candidat dans la 3ᵉ circonscription de l’Allier, assure lui aussi que « ça ne change rien » pour lui : « Je reste fidèle à ma ligne, à ma famille politique et à mes valeurs », explique-t-il.

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Plus véhément, Julien Dive partage son tract qu’il distribue au gré des rencontres avec les électeurs de sa 2ᵉ circonscription de l’Aisne : « Ni Macron, ni Le Pen, ni Mélenchon », peut-on y lire. Interrogé sur l’absence de candidat macroniste face à lui, il répond : « Ils [les responsables de la majorité] ont sondé deux personnes qui ont décliné, ils ont simplement baissé les bras. » Relancé sur une éventuelle proposition d’alliance des soutiens d’Emmanuel Macron, il cingle : « Je les em… c’est clair ? »

« A droite avec Eric Ciotti »

De l’autre côté du spectre politique, « Eric Ciotti s’est dissous dans le bloc du Rassemblement national », comme la décrit ironiquement Bruno Retailleau ce mercredi 19 juin. « On ne s’allie pas avec le RN, on se soumet », a assuré le patron des sénateurs LR sur BFM-TV. Prônant un « rassemblement des droites », en réalité de l’extrême droite, le député des Alpes-Maritimes a investi 62 candidats, soutenus par le RN (une investiture a depuis été retirée ce mercredi à un candidat pour « propos antisémites » en Meurthe-et-Moselle).

Après les LR indépendants, les LR macronistes, voici les LR d’extrême droite ? « Ces candidats n’ont pas osé afficher la couleur et se revendiquer de LR parce qu’ils savent que dans quelques jours, la justice réglera et clarifiera les choses », rappelle Bruno Retailleau, évoquant la nouvelle procédure d’exclusion d’Eric Ciotti. De plus, les candidats LR-RN ne comptent que deux députés sortants – Eric Ciotti et Christelle d’Intorni, une proche – et une petite poignée d’élus locaux et apparatchiks. Un ensemble où les LR sont minoritaires, souligne « le Monde ».

Sûrement conscient que son exclusion n’est plus qu’une question de temps, celui qui se revendique encore comme le président LR a assuré ses arrières en lançant son propre mouvement : A droite ! avec Eric Ciotti. En préfecture, ses candidats s’y sont rattachés. Mardi, le ministère de l’Intérieur – qui réunit les candidatures officielles et les classe dans un nuancier politique – a classé les représentants de Ciotti dans la catégorie « UXD » : Union de l’extrême droite.

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