Couverture collection

Joseph Délivré, Grande, petite et véridique histoire du château fort de Montaiguillon-en-Brie (Monuments historiques de Seine-et-Marne, n° 5)

[compte-rendu]

Année 1980 138-2 pp. 241-242
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 241

Joseph Délivré, Grande, petite et vèridique histoire du château fort de Montai guillon~en-Brie. Montereau, édité par les Amis des Monuments et des Sites de Seine-et- Marne, 1979, 21 X 15, 140 p., nombreuses illustrations (Monuments historiques de Seine-et-Marne, n° 5).

La forteresse de Montaiguillon, au nord-est de Provins, était sans doute l'un des plus beaux témoins de l'architecture militaire du comté de Champagne et de Brie, avant que n'intervienne sa ruine, qui se poursuit aujourd'hui inexorablement ; ses restes, encore fort imposants, furent révélés au public par André Jorré, qui en effectua en 1964 une minutieuse analyse (1). Peu après, Jean Guerout apportait sur la datation du monument d'indispensables précisions, se bornant toutefois à traiter l'histoire du site au xme siècle (2). Il restait à rassembler ces diverses études, à les affiner et à les prolonger en étendant leurs bornes temporelles : Joseph Délivré comble aujourd'hui cette lacune, proposant au lecteur une monographie historique complète du site.

(1) A. Jorré, Le château médiéval de Alontaiguillon, étude archéologique, dans Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Provins, n° 118, 1964, p. 73-107.

(2) J. Guerout, Les origines du château et de la seigneurie de Montaiguillon, dans Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Provins, n° 120, 1966.

Se reposant entièrement sur l'étude architecturale d'André Jorré, dont il publie d'ailleurs un résumé, accompagné d'un plan, l'auteur commence par démêler l'écheveau, jusqu'ici assez confus, que constituent les premiers temps de la seigneurie de Montaiguillon : les xne et xme siècles. La terre aurait fait partie de la dot apportée en 1190 par Félicité de Brienne à son époux Simon I de Broyés, tige des lignées de Châteauvillain et de Rethel ; dès avant sa mort, elle aurait été partagée entre ses deux fils, Hugues III de Broyés et Simon II de Broyés. La première part, comportant la suzeraineté sur Montaiguillon, transita continûment, au cours du xme siècle, dans la maison de Châteauvillain, que créa Simon de Broyés le jeune, fils d'Hvigues III ; la seconde part, contenant la « maison » de Montaiguillon, décrivit un cheminement étonnant parmi les descendants de Simon II de Broyés, faisant l'objet de partages et d'échange mal déterminés à partir de 1250 entre les Rethel et leurs alliés les Coucy. Enfin, cette seconde part échoua dans les mains de Gaucher de Thourotte en 1275, sans que l'on sache bien ni la date exacte ni les circonstances de la transaction qui amena à ce changement de possesseurs.

Dans ce contexte assez complexe, l'auteur pose, à nouveau, la question de la construction du château, déjà débattue à de nombreuses reprises, en particulier dans les colonnes du Bulletin monumental (3). Une première hypothèse, basée sur la consistance des aveux rendus pour Montaiguillon aux comtes de Champagne, est d'attribuer l'édifice à une date comprise entre 1275 et 1328 où, pour la première fois, il est désigné sous le nom de « château ». Mais l'auteur rappelle, à très juste titre, l'opinion de Jean Guerout, selon laquelle on doit se garder de donner trop de poids architectural à la dualité « maison » — « château », cette dualité étant, dans le contexte des aveux champenois, purement juridique et administrative : le « château » était, d'une façon exclusive, le chef-lieu de l'entité féodale que formait une châtellenie, sans référence aucune à son architecture.

Si les bases de cette première hypothèse restent donc assez minces, restent alors l'examen de l'architecture et celui du contexte historique. Comme l'avait écrit André Jorré, les caractères du château s'intègrent fort bien dans la vague de constructions qui eut lieu dans le comté de Champagne et de Brie durant la première moitié du xme siècle, et il n'existe guère de raisons architecturales qui permettent de le rajeunir au-delà des années 1275. Il aurait pu être construit alors par Thomas de Coucy sur sa part, dans les années 1215-1220, ce qui était l'opinion de Jean Guerout ; il aurait pu aussi être édifié, sur cette part de Montaiguillon, ou sur l'autre, appartenant à Simon de Châteauvillain, dans les années 1230. L'auteur penche pour cette dernière solution, qui rendrait Montaiguillon contemporain, parmi d'autres, de Nesles-en-Dôle. Cette conclusion paraît assez justifiée, compte tenu des indices qui existent à cette époque sur la fortification féodale dans le comté de Champagne et de Brie, pendant et après la grande insurrection de 1229-1230. Quant à attribuer la construction à la seconde moitié du xme siècle, l'auteur n'y est guère enclin, au moins pour ce qui concerne la part de Coucy, en raison de l'extrême complexité des transmissions de cette part de famille à famille.

(3) Ph. Chapu, compte rendu de l'article d'André Jorré, dans Bulletin monumental, t. 124, 1966, p. 81.

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw