Couverture collection

De la maison noble au donjon

[compte-rendu]

Année 1984 142-2 pp. 200-201
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Castellologie

De la maison noble au donjon. — L'activité de l'archéologie britannique est souvent déconcertante par son ampleur, par la qualité et le nombre de ses publications ; il est vain de tenter d'en rendre compte régulièrement, car les analyses suffiraient à, remplir les colonnes de cette Chronique. Le volume 139 de The Archaelogical Journal, pour 1982, contient, à lui seul, le compte rendu des fouilles de deux sites importants, celui de Colchester, avec son beau donjon roman — nous ne l'analyserons pas ici — et celui de Castle Acre, qui mérite l'attention.

Depuis la fouille menée par Michel de Boiiard à Doué- la-Fontaine, on sait que certains constructeurs de notre millénaire ont pu réutiliser des structures plus anciennes pour bâtir leurs donjons : ce qui apparaît aujourd'hui comme un édifice unitaire, sur sa motte, peut fort bien contenir en son sein des vestiges de structures plus anciennes, d'un autre statut socio-politique (1). De pareilles évolutions ont pu être mises en évidence pour le fameux donjon de Langeais, grâce à M. Deyres, qui a pu prouver la réutilisation d'un domicilium plus ancien, ou pour le donjon de Gand (2).

La fouille menée par J.-G. Coad et A.-D.-F. Streeten à Castle Acre révèle un nouveau cas de réutilisation d'un bâtiment ancien. Le site général du château se présente aujourd'hui avec un donjon enchemisé d'une enceinte circulaire, protégés par une basse-cour oblongue. Il s'agit là d'une forme assez courante en matière de fortification ; mais la fouille apporte ici des résultats tout à fait remarquables. En effet, le donjon se révèle avoir réutilisé une maison noble plus ancienne, de telle sorte que l'évolution paraît avoir été la suivante :

— Phase 1 : Construction d'une maison noble à deux niveaux et combles, articulée en deux nefs parallèles séparées par un mur de refend. Cette maison est entourée par une enceinte de bois, fossoyée. Peu après la construction de la maison, une tour-porte de pierre romane est bâtie sur l'enceinte.

— Phase 2 : La maison noble étant considérée comme inadaptée aux circonstances, les deux nefs sont intérieurement renforcées par un chemisage de maçonnerie, afin de servir de base à, un donjon rectangulaire classique, alors que l'enceinte de bois est remplacée par une chemise maçonnée.

— Phase 3 : Le projet initial du donjon est réduit à une seule des anciennes nefs de la maison. L'autre nef est arasée et remblayée, alors que s'élève la tour.

Nous laisserons de côté les autres inventions de la fouille, plus courantes dans leur esprit. La confrontation des textes et des trouvailles archéologiques permet de placer la phase 1 dans les toutes premières années de l'invasion normande, c'est-à-dire vers les trois quarts du xie siècle. Maison fortifiée accompagnant la prise de pouvoir des conquérants, Castle Acre révèle ainsi la forme relativement simple que purent prendre les premières constructions normandes en Angleterre, liées à un contexte essentiellement rural.

La seconde phase peut être placée dans les années 1130-

(1) Cf. Bulletin monumental, t. 135/11, p. 165-166.

(2) M. Deyres, Les châteaux de Foulque Nerra, dans Bulletin monumental, t. 132/1, p. 15. Au sujet de Gand, voir, infra, le compte rendu du colloque « Château- Gaillard », 11e session.

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