Couverture collection

Le donjon des comtes de Flandre à Douai

[compte-rendu]

Année 1984 142-4 p. 450
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Castellologie

Le donjon des comtes de Flandre à Douai. — Depuis 1976, Douai a été l'une des villes pionnières en ce qui concerne la discipline, relativement récente, de l'archéologie urbaine. Un opuscule consacré à son passé vient de montrer le fruit d'une politique concertée entre élus, aménageurs et archéologues en ce qui concerne la découverte de l'histoire de la ville. Nombreux sont les volets de cette présentation : de l'histoire pure, avec la recherche de la socio-topographie urbaine appliquée à une rue du vieux Douai, jusqu'à la fouille, en passant par la prospection systématique des potentialités de fouilles offertes par l'aménagement urbain, on trouve ici une richesse d'investigation tout à fait remarquable.

Nous nous attacherons ici plus spécialement à un aspect de la présentation des fouilles : celui qui fait apparaître une fois de plus, la pérennité des habitats depuis le haut Moyen Age, jusqu'à devenir des sites castraux. L'ancien Cas- trum Duacum, aujourd'hui connu sous le nom de site de la « Fonderie aux Canons », a, en effet, confirmé que dans beaucoup de cas, le Castrum de notre millénaire n'a fait que succéder à des structures d'habitat plus anciennes.

Ici, à Douai, les archéologues ont pu identifier une première phase des vie et vne siècles : des cabanes à poteaux prouvent que l'origine de la ville remonte plus haut que la première mention, du milieu du xe siècle.

Au vme siècle, ce premier village fut modifié : les quelques cabanes laissèrent place à des cabanes de six mètres de long, dotées de commodités telles que des silos à grains. Bientôt cette structure lâche se densifia, devenant véritablement une agglomération de bâtisses de bois et torchis, dotées de remises, d'ateliers, de latrines. Un incendie en vint à bout mais l'agglomération fut aussitôt reconstruite, preuve de la souplesse et de l'adaptabilité de l'habitat de l'époque.

Pourtant, probablement en 886, un raid de normands vint marquer le fin du noyau pré-urbain, par un incendie quasi-définitif. C'est un peu plus tard que le comte de Flandre vint édifier sur le site, après avoir méthodiquement rasé les substructions, un grand logis de bois et de torchis, une grange, des fossés, silos et autres commodités.

Au départ non fortifiée, cette résidence fut bientôt entourée par un fossé : le premier établissement fut rasé, laissant place à un bâtiment à plusieurs étages, entouré de tous côtés par un fossé. Mais ceci ne suffisait point encore ; à la fin du Xe siècle, le logis de bois fut partiellement détruit pour être aménagé en un donjon de 4m50 de côté, placé sur une motte artificielle enchappant sa base ; l'enceinte vit la pierre remplacer le bois, elle fut flanquée par une tour intérieure.

Le dernier stade d'aménagement est celui de la construction d'un donjon de pierre, sans doute identique à celui de Gand, dans la deuxième moitié du xne siècle.

Il est inutile de souligner l'intérêt de ces résultats archéologiques : comme d'autres, analysés précédemment dans les colonnes du Bulletin monumental, ils éclairent d'un jour nouveau les phénomènes de création castrale. — Pierre De- molon, Etienne Louis, La Fonderie aux Canons, dans Douai, une ville face à son passé, Douai, 1982, p. 56-66 (Publication de la Société archéologique de Douai).

Jean Mesqui.