Couverture fascicule

Un Canal... Des Canaux, catalogue de l'exposition organisée à la Conciergerie par la Caisse nationale des Monuments historiques et des Sites et le Ministère de la Culture. Ouvrage collectif, préface de Max Querrien

[compte-rendu]

Année 1986 144-2 p. 178
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Un Canal... Des Canaux, catalogue de l'exposition organisée à la Conciergerie par la Caisse nationale des Monuments historiques et des Sites et le Ministère de la Culture. Ouvrage collectif, préface de Max Querrien. Paris, Édition Caisse des monuments historiques /Picard, 1986, 1 vol. 24 X 26 cm., 415 p., très nombreuses illustrations.

Découvrant le canal du Midi, en 1686, Vauban s'extasiait en des termes emphatiques qui ne lui étaient guère familiers : « son invention, ainsi que celle de ses rigoles (...) seront à jamais dignes de l'admiration des gens, même les plus extérieurs à ces sortes d'ouvrages ». C'est bien d'admiration qu'il s'agit lorsque l'on visite l'exposition organisée à la Conciergerie par la Caisse nationale des Monuments historique et des Sites, conjointement avec le Ministère de la Culture, du 7 mars au 8 juin : émerveillement visuel devant la qualité des objets exposés, cartes, plans anciens et modernes, dessins d'ingénieurs, photographies, maquettes (dont plusieurs ont été exhumées du triste cimetière de l'ancien Musée des Travaux Publics, et superbement restaurées), devant l'intelligence de la conception de l'exposition. Mais aussi, et c'était-là le but des organisateurs de l'exposition, émerveillement égal à celui de Vauban devant les réalisations grandioses de générations d'ingénieurs, découverte de la valeur du canal en tant qu'ouvrage d'art

recréant le paysage autour de lui, sont les impressions majeures se dégageant d'une visite : au-delà, l'exposition fait pénétrer dans le monde des usagers, ces bateliers et leurs péniches.

Si ce compte rendu, en raison des contraintes d'édition du Bulletin, ne verra sans doute le jour qu'après la clôture de l'exposition, peu importe, car cette manifestation était suffisamment réussie pour bénéficier d'éloges dans des publications à plus grande fréquence. Peu importe aussi, car les organisateurs de l'exposition en ont fixé la mémoire avec un des plus beaux ouvrages qui ait été jusqu'à présent consacré aux ouvrages d'art en France : bien plus qu'un catalogue, le livre collectif qui résulte de l'exposition est à la mesure de l'importance jouée par les canaux dans l'aménagement du territoire, dans le paysage, dans l'art de l'Ingénieur enfin.

Il s'agit, en premier lieu, d'un ouvrage superbement illustré par la majorité des documents exposés à la Conciergerie : avant tout, le catalogue est un superbe livre d'images retraçant, du xvie siècle à nos jours, la conception, la mise en forme des tracés et des ouvrages, ainsi que leur vie, leur passé et leur avenir. Reproductions de cartes, de devis, de plans, photographies, gravures anciennes, cartes postales du début du siècle, toute la documentation iconographique est ici mise à profit.

Mais, en second lieu, l'ouvrage produit dépasse le stade d'un simple livre d'images : vingt auteurs y apportent, en effet, le fond par une série d'articles historiques, techniques, économiques, ethnographiques dont la variété, qui correspond aux origines mêmes des auteurs, donne une idée de la richesse du domaine. Que ces auteurs veuillent bien nous excuser de ne pas apporter, à chacun, la preuve de leur mérite en citant leur nom ; il nous suffira de dire que les meilleurs des spécialistes y ont contribué, autour du maître d'œuvre du catalogue, Pierre Pinon, auteur de plusieurs des articles, tout particulièrement ceux traitant de l'histoire.

Le catalogue devient un véritable ouvrage de référence avec la Bibliographie, l'Index qui constituent un outil de découverte inappréciable. Plus encore, on trouve une liste de biographies d'ingénieurs ou de « décideurs », un tableau chronologique des canaux non réalisés, un essai d'inventaire des canaux non réalisés, enfin une cartographie des canaux. Que désirer de plus ?

S'il faut une note de regret, dans un tel ouvrage, un regret d'érudit trop pointilleux, ce sera l'absence de mention de l'œuvre des Ingénieurs du Roi, les Ingénieurs du Génie, à la charnière entre le xvne et le xvme siècles, et, de ce fait, la lacune de documents iconographiques provenant des fonds du Génie, qui eussent pu apporter un complément intéressant. Mais on aura compris qu'une telle lacune est bien peu de chose. Alors, le mieux est de se laisser entraîner sur le cours, lent, un peu mélancolique, sur lequel nous entraînent les auteurs du catalogue, à la découverte des canaux d'autrefois, en espérant ceux de demain.

Jean Mesqui.