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Avant-propos

[liminaire]

Année 1999 157-1 pp. 9-10
Fait partie d'un numéro thématique : Demeures seigneuriales dans la France des XIIe-XIVe siècles
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AVANT-PROPOS

par Jean MESQUI

Depuis quelques années, la recherche progresse sur des domaines nouveaux, liés à l'étude de la résidence au Moyen Age. Les premiers pas ont été faits lorsque le château médiéval a été considéré, non plus seulement comme un château fort, mais comme un lieu de vie et d'expression du pouvoir; ceci a permis de ne plus opposer, comme cela était fait traditionnellement, 1'« architecture militaire » à 1'« architecture religieuse », comme si le bâti médiéval s'était réduit à des forteresses et à des églises, vision simpliste et caricaturale.

Plus récemment, un domaine d'études presque vierge à émergé : celui des maisons urbaines. Ainsi, il existait, entre les châteaux et les églises, des édifices de pierre parfois tout aussi magnifiquement parés de décors d'architecture ou de peintures ! Les opérations de sauvegarde du tissu urbain, la ténacité et le dynamisme des chercheurs ont, en une dizaine d'années, totalement modifié les visions jusque-là diffusées dans les traités. De somptueux ensembles de résidences bourgeoises ont été mis au jour, et le processus n'en est qu'à ses débuts.

Mais, chacun peut le deviner, pas plus cette architecture-là ne constitue un domaine isolé des autres que la précédente : il a existé un « continuum » entre la maison urbaine et le château, « continuum » traversant le temps comme l'espace. Bien sûr, on trouve des maisons de pierre dans la campagne, bien sûr l'on trouve des châteaux fortifiés dans les villes. Entre deux, on trouve aussi un nombre considérable d'édifices mal classés, qui ne sont ni des maisons ni des châteaux forts ; parfois appelés maisons fortes, parfois appelés manoirs, parfois pas appelés du tout, eux aussi sortent progressivement de l'ombre où ils étaient. Comment dénommer ces édifices, qui sont des résidences seigneuriales urbaines ou rurales ? Les Anglais leur donnent le nom générique de « manorial buildings » ; évidemment, ceci sonne mieux que la traduction française qui serait « édifices manoriaux ».

Dans ce fascicule thématique du Bulletin Monumental, nous les avons appelés tout simplement « demeures seigneuriales ». Ce terme permet de recouvrir un champ très vaste de constructions de divers types, dont le statut juridique peut n'avoir pas été identique, même si dans les apparences parfois, certaines se ressemblent. Pourquoi avoir choisi de consacrer ce fascicule n° 1 au sujet ? C'est d'abord pour montrer toute la variété de ces édifices secondaires, expression de programmes émanant de seigneurs laies ou ecclésiastiques ; une variété qui s'exprime dans l'architecture, dans la situation, mais aussi dans l'organisation de l'espace environnant. Pour l'essentiel rurales, ces demeures seigneuriales ont été l'expression d'un pouvoir, d'un style de vie, et d'une emprise sur l'espace qui en font toute la richesse.

Bien sûr, le présent fascicule n'a pas pour vocation d'offrir une synthèse définitive sur le sujet, tant il est complexe, et tant ses composantes régionales, voire locales, sont profondes. Le maître d'oeuvre en a été notre confrère Pierre Garrigou Grandchamp, spécialiste inconstesté de l'architecture résidentielle ; il a suscité les contributions, en a recueilli les textes et les a assemblés.

La première traite des châteaux gascons; ce concept avait été introduit jadis par Philippe Lauzun et eut un grand succès dans la littérature, servant à justifier l'hypothèse d'un réseau de châteaux de frontière sous- tendu par une stratégie des rois-ducs. Gilles Séraphin montre le décalage de cette conception « militariste » par rapport à une réalité autre : celle des maisons fortes bâties par et pour des nobles dans le but d'habiter, d'abord, de se défendre, aussi. L'auteur passe en revue les caractères architecturaux de ces édifices, dont la cohérence répond à celle des programmes qui y furent mis en œuvre.

Restant dans le domaine de la résidence de seigneurs laïcs, Gaël Carré étudie ensuite trois maisons tourangelles très différentes les unes des autres, et pour-

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