Couverture fascicule

Daniel de Raemy, Olivier Feilh, Laurent Golay, Anna Pedrucci, Jean-Pierre Dresco, Jean Nicollier, Chillon. La Chapelle, Lausanne, association du château de Chillon, 1999 (Cahiers d'archéologie romande, n° 79)

[compte-rendu]

Année 2001 159-3 pp. 279-280
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Daniel de Rafaiy, Oli\ier Fl.li.il, Laurent Goi.vY, Anna Pl-.nRrm Jean-Pierre Drksco, Jean Nlcoi.l.H.R, Chilkm. La Chapelle. Lausanne, Association du Château de Chillon, 1999. 30,5 cm, 239 p., 182 fig., 9 relevés en plan, élévation et coupe en couleurs. ISBN 2-888028-079-6.

(Cahiers d'archéologie romande, n°79, Case postale 210, CH-1000 Lausanne 17).

Le château de Chillon figure parmi les fleurons de l'architecture savoyarde ; la qualité de son programme de résidence comtale, puis ducale, le caractère exceptionnel de ses éléments de décor peint, axaient occasionné au début du XX1 siècle une grande et longue campagne d'analyse et de restauration, entamée par l'architecte Albert Naeff qui y a consacré des pages et des relevés remarquables, puis poursuivi par ses successeurs.

Depuis plusieurs années, un chantier de restauration exemplaire y est mené ; déjà, l'on en avait eu quelques résultats dans un article publié en 1995 par l'équipe pluridisciplinaire qui a été créée à cette occasion (1). Relevés archéologiques et analyse des sources historiques avaient permis de présenter une synthèse de l'évolution architecturale de ce château, tout à la fois fortification, résidence princière et siège d'administration. Tout récemment, le travail engagé a débouché sur une magnifique publication, qui fournit une vision exhaustive sur l'une des opérations les plus intéressantes, et les plus porteuses d'enseignements, qui aient été menées dans les dernières minées en matière d'intervention sur un monument.

J'attacherai une importance toute particulière aux quarante premières pages de l'ouvrage, qui s'attachent à décrire la problématique de la restauration de la chapelle, qui forme avec la caméra domini, la chambre princière, le centre du monument. La restauration de la chapelle s'inscrit dans un programme de mise en valeur du monument, en vue de favoriser son accessibilité au public, tout en protégeant les éléments constitutifs de celui-ci des évidentes dégradations causées par la visite de plus de trois cents mille visiteurs par an. Dans ce contexte, la chapelle posait un problème particulier, du fait des conditions peu propices de

ventilation et d'hygrométrie rendant difficile la conservation des peintures.

Ces peintures avaient été restaurées par- Ernest Correvon et ses frères de 1914 à 1916, comme celles de la caméra domini ; mais l'analyse entreprise par le restaurateur Théo-Antoine Hermanès prouva que, contrairement à ces dernières, les peintures de la chapelle avaient été en grande partie réinventées par" l'atelier Correvon. Plus grave encore, les restaurations de Correvon se trouvaient dans un état de dégradation avancé ; dès lors, l'enlèvement de ces parties restaurées n'eût laissé place qu'à de petits fragments originels impossibles à compléter. Qu'en auraient compris les visiteurs ? Lx' risque était grand que ceux-ci soient frustrés par le caractère « castrateur » de la restauration moderne. Devait-on alors restaurer l'œuvre, contestable, de Correvon, qui pourtant l'avait conçue comme « réversible » et éphémère ?

Les travaux furent alors arrêtés : on admire ce courage dir maître d'ouvrage, qui, plutôt que d'avancer à corps perdu, constitua une équipe pluridisciplinaire : archéologues, historiens de l'art, historiens, restaurateurs, chimistes, physiciens furent mis à l'ouvrage pour" trouver une solution tout à la fois muséographique et technique. Le résultat en est extrêmement intéressant : en effet, le parti qui fut pris allie la stricte orthodoxie archéologique — telle que la souhaitait peut-être Correvon lui-même, avec une mise en scène muséographique rendant le programme pictural compréhensible pour les visiteurs. Ainsi les peintures ont-elles été restaurées dans leur état du XIV siècle, et c'est au travers de projections d'images lumineuses, conçues à partir des peintures de Correvon, qu'est restituée l'ambiance du lieu.

Je n'entrerai pas dans tout le détail du projet muséographique dans lequel s'intègre, en définitive, la restauration des peintures ; il dépasse la question de la simple remise en état et en valeur des peintures. La recherche technique qui a accompagné la mise en place dir projet mérite, elle aussi, une mention : on songera en particulier aux projecteurs dont le flux a été inversé, de telle manière que l'air chaud puisse servir au chauffage de la chapelle par" circulation dans un faux-plancher.

La seconde partie du livre n'est pas moins intéressante ; on abandonne ici la problématique de la restauration, pour entrer dans l'étude dir monument. Comme je le rappelais plus haut, les archéologues et historiens avaient déjà jeté les base de cette étude en 1995 : la synthèse qu'ils donnent ici, sous la direction de Daniel de Raenry, est véritablement passionnante. Au demeurant, elle est accompagnée d'un appareil incomparable, grâce à de nombreuses photographies (noir et blanc et couleur), des restitutions infographiques en trois dimensions, et des relevés en couleur mettant en valeur les différentes phases d'évolution du monument. Cette étude déborde largement le cadre strict de la chapelle, puisqu'elle s'étend, nécessairement, aux bâtiments qui jouxtent cette dernière ; elle renouvelle le livre, resté fameux, d'Albert Naeff, dont bien des analyses ont été confirmées, d'autres réévaluées ou corrigées (2).

L'évolution part du premier état connu, celui d'une toirr maîtresse carrée entourée d'une enceinte formant chemise, érigée sur un ilôt rocheux dans le lac ; l'enceinte est dotée d'un glacis de pierre couvrant le rocher originel. Dès avant la fin dir Xir siècle, l'enceinte est pourvue à sa pointe d'une tour carrée, la tour

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