Yves COATIVY (dir.), Le Trémazan des Du Chastel, du château fort à la ruine. Actes du colloque de Brest, juin 2004, Brest-Landunvez, Université de Bretagne occidentale, Centre de Recherche Bretonne et Celtique et Association SOS Château de Trémazan, 2006, 26 cm, 334 p., nombr. fig. - ISBN : 2-9513922-1-4, 32 €.
L'association SOS Château de Trémazan, créée en 1 995 à la suite d'un effondrement d'un pan de la tour maîtresse de ce château breton du Finistère nord, a depuis longtemps dépassé le simple statut d'association de sauvegarde, pour devenir une institution à part entière ; le colloque qu'elle a organisé témoigne de sa vivacité et de son dynamisme, centrés sur le château, sur la famille qui le fit construire et l'habita, enfin sur le rayonnement de l'un et de l'autre : les du Chastel, dont chacun connaît au moins un représentant, Tanguy du Chastel, qui sauva le dauphin Charles lors des émeutes cabochiennes de 1418, puis assassina, l'année
suivante, le duc de Bourgogne lors de l'entrevue de Montereau. La présence de ce même Tanguy, prévôt de Paris, à Montereau à côté du roi, témoigne de l'importance de cette famille en Bretagne et dans le royaume.
Le colloque de 2004 avait deux composantes : une première, historique, visait à mieux connaître l'origine et les destinées de la famille. Après un panorama archéologique de la région avant la construction du châreau dressé par M. Le Goffic, A. -Y. Bourges s'est attaché à retracer les origines fabuleuses des Du Chastel ; J. Kerhervé analyse l'évolution de la famille par rapport aux ducs de Bretagne de la maison de Montfort ; J.-Chr. Cassard analyse finement l'histoire de l'homme de Montereau, Tanguy IV ; M. Jones étudie les Du Chastel au sein de la noblesse bretonne ; Y. Coativy recense les seigneuries des Du Chastel en pays de Léon ; M. Fabre retrace la symbolique des Du Chastel d'après les sceaux et les armoriaux ; enfin R. Claerr analyse un aspecr peu connu de l'activité de Tanguy IV et de son épouse, celle de bibliophiles éclairés. Autant de contributions solidement documentées émanant des meilleurs spécialistes de l'histoire bretonne, constituant de véritables références pour mieux appréhender cette famille hors du commun.
Quatre articles archéologiques retiennent l'attention, et d'abord la présentation, par Ch. Amiot, de l'évolution architectutale du château de Trémazan. Ce château relativement atypique se compose d'une enceinte rectangulaire flanquée à deux de ses angles de tours circulaires, et enrichie au milieu du petit côté opposé par une imposante tour maîtresse carrée ; cette enceinte est précédée par une basse-cour flanquée par deux tours circulaires et une tour-porte circulaire. L'analyse archéologique montre que ces trois éléments furent édifiés dans cet ordre : la tour maîtresse, accessible au rez-de-chaussée par une porte à herse, dotée de petites fenêtres gothiques rectangulaires ou trilobées, traditionnellement attribuée aux années 1300 à 1350 en raison de ses caractères relativement archaïques par rapport à la production bretonne (elle était couronnée de hourds) ; puis l'enceinte à touts, pourvues d'archères-canonnières de la première moitié du XV siècle, dans laquelle se trouvait un logis édifié peu après l'enceinte ; enfin la basse-cour, avec des tours à canonnières de modèle plus récent que leurs voisines, sans doute attribuable à la seconde moitié du XV siècle.
Cependant, les datations traditionnelles de la tour maîtresse prennent une dimension nouvelle après la datation par dendrochronologie de plusieurs pièces de bois, éléments de poutres, de planchers, et de hourds. L'article de V. Bernard et J.-Y. Besselièvre sur l'approvisionnement en bois à pattir des données dendro- chronologiques fournit le détail de ces datations,
