Couverture fascicule

La haute-cour du castrum de Couzan

[compte-rendu]

Année 2012 170-1 p. 63
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 63

Architecture castrale

XIe-XVe siècle

LA HAUTE-COUR DU CASTRUM DE COUZAN. – Le château de Couzan, dans la Loire ou plus exactement dans le Forez, est bien connu des amateurs de castellologie, mais il n’a pourtant fait jusqu’à présent l’objet que d’études historiques ou généalogiques – sans d’ailleurs épuiser le sujet –. Christophe Mathevot vient combler une partie de cette lacune en présentant dans le

Bulletin de la Diana une synthèse des investigations archéologiques menées dans la haute-cour de ce château, édifiée sur une plate-forme rocheuse dominant une vaste enceinte tardive. La fondation du castrum, antérieur à 1075, a été le fait de la famille des Damas, branche cadette des seigneurs de Semur-en-Brionnais, sans qu’on sache comment elle s’implanta dans le Forez. Cette puissante famille régionale chercha à se développer sans pour autant dépendre trop étroitement des comtes de Forez, oscillant ainsi entre ces derniers et les seigneurs de Beaujeu. L’apogée du lignage se réalisa avec Guy Damas, qui fut un proche conseiller du duc de Berry, devenant Grand échanson de Charles VI en 1385, puis Grand maître de l’Hôtel, et Grand chambellan en 1401 ; lui-même et son fils Hugues profitèrent de la fortune acquise dans ces offices prestigieux pour rénover le château, ainsi qu’un bourg spécifique affecté aux officiers et proches du seigneur. Cette lignée s’éteignit en 1424, les possessions familiales passant par mariage à la famille de Lévis. Les investigations archéologiques ont permis d’identifier plusieurs phases de construction, que nous allons énumérer. Au XIe siècle est attribuée la construction d’un mur d’enceinte non flanqué bâti sur le rocher, barrant l’accès à la plate-forme ; seule une porte surmontée d’un arc outrepassé donne accès à l’intérieur de l’enceinte, son accès n’autorisant qu’une circulation piétonne ou à dos de mulet. Il semble que ce soit à la fin du XIe siècle, sous les premiers Damas, qu’a été édifiée la tour dite des Damas, curieuse tour possédant deux angles droits, et deux angles arrondis, rattachant la tour au groupe des tours rectangulaires à angles arrondis identifiées depuis quelques années en Bourgogne ; une datation par le radiocarbone fournit un intervalle 1025-1184 avec un pic de probabilité en 1084. Curieusement, la tour qui participait à un ensemble incluant un bâtimentproche, ne comprenait aucun élément de confort, ceux-ci ayant été ajoutés postérieurement. Dans cette phase, une grande partie de l’enceinte a été reconstruite et un logis de 14 m de long construit. À nouveau, le château fut renforcé à deux reprises au XIIIe siècle, grâce à une extension de l’enceinte (1209-1210d), puis par la construction d’un grand logis (1279d). Enfin, comme on l’a vu, Guy II de Couzan consacra sans doute des sommes importantes à l’amélioration du château : construction d’une grande barbacane pour protéger l’entrée, puis remodelage complet du logis, enfin construction d’une tour circulaire (tour Saint-Antoine) pourvue de cinq niveaux et des commodités et conforts d’époque (latrines, cheminées). On se félicite de cette publication qui fait le point sur ce château mal connu. – Christophe Mathevot, «Étude de la haute-cour du castrum de Couzan (bilan de cinq ans d’investigations archéologiques), dans

Bulletin de la Diana, t. LXX, n° 2, 2e trimestre 2011, p. 88-111. Jean Mesqui LE SITE DE MIRABEL (ARDÈCHE). – C’est avec plaisir que je signale dans ces colonnes la parution d’une belle monographie consacrée au site de Mirabel en Vivarais. Ce site est surtout connu par les ruines de son château – on va voir qu’il vaudrait mieux dire «ses châteaux » – bâti sur un promontoire basaltique, mais aussi par le siège subi par le bourg et son château en 1628, abondamment commenté par des écrits et des dessins contemporains. Notre confrère Pierre Margot-Belrichard connaît fort bien ce site qu’il a acquis dans les années 1970, et auquel il a consacré ses talents d’architecte et de restaurateur, profession qu’il a exercée en Suisse. Je ne m’intéresserai pas ici à la partie historique de l’ouvrage, pour en venir immédiatement à la partie archéologique qui est évidemment la plus intéressante pour les lecteurs du Bulletin. Lorsque notre confrère a découvert le site, il n’en demeurait qu’une tour carrée et un pan de mur isolés sur la plate-forme rocheuse dominant les environs, comme le nom l’indique bien. En utilisant des méthodes non destructives de dégagement, et en évitant donc toute fouille qui n’eût été autorisée, en analysant les maçonneries conservées ainsi que celles exhumées, enfin en les confrontant à l’état de la documentation, Pierre Margot nous donne un saisissant aperçu de l’occupation passée de cette plate-forme. Il identifie ainsi deux «châteaux » , attestés par les textes comme chefs-lieux de deux seigneuries différentes, formant deux blocs bien distincts au plan de leur architecture ; ces deux châteaux étaient encore identifiables dans les documents de 1628 relatant le siège du château. Sur le site du château occidental, l’auteur pense avoir trouvé les fondations de la première des tours maîtresses du site, plus tard détruite pour être intégrée dans les bâtiments plus tardifs. Mais le morceau de choix est évidemment la tour carrée, qui est analysée avec un luxe d’attentions que peu de monuments de ce type attirent, malheureusement. On n’entrera pas ici dans une description détaillée des différentes modifications que subit cette tour, mais on remarquera en revanche sa très curieuse partition verticale en deux espaces de logement indépendants : celui du bas comprend trois niveaux, le niveau supérieur étant voûté en berceau, alors que celui du haut en comprend deux, également couverts par une voûte. Le logement du bas était accessible directement depuis la cour, alors que le logis haut ne l’était que par un escalier extérieur couvert longeant deux faces de l’édifice. Il ne fait aucun doute pour moi que cette partition fonctionnelle correspondait à une partition juridique au Moyen Âge, lorsque la tour fut construite, venant ainsi ajouter une strate à la division du site en plusieurs entités féodales juridiquement indépendantes ; et c’est à juste titre que l’auteur cite le château de Commarque pour donner un exemple de ce que furent ces partitions – les volumes récents du Congrès archéologique de France ne sont pas avares en mises en évidence de sites ainsi partagés. L’auteur étudie également les restes du château oriental, dont il a identifié la tour et la fondation de l’escalier en vis. Puis il étudie en détail le fameux siège de 1628, description qui met 63 Chronique CHRONIQUE