Couverture fascicule

Anne-Marie Flambard-Hericher, Scribla. La fin d’un château d’origine normande en Calabre

[compte-rendu]

Année 2012 170-4 pp. 352-353
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Bibliographie

352 de Dabo, dans laquelle l’évêque et la ville de Strasbourg s’allièrent contre le roi Henri VII. Les parties hautes de la nef ainsi que le pilier des anges avec ses sculptures dateraient donc d’après 1230. Pour mieux s’accorder à la datation basse de la nef qui à été prônée par la recherche récente, J.-Ph. Meyer peut s’imaginer une continuation des travaux dans le croisillon sud jusqu’en 1245 environ. Or aucune source ne confirme que la guerre de Dabo ait tant pesé sur le chantier de la cathédrale. Il est vrai que pendant le siège de la ville en 1229 les maçons ne furent probablement pas ravitaillés en pierres. Mais ceci ne doit pas forcément dire que les travaux furent arrêtés entièrement et que toute l’équipe fut immédiatement licenciée. Sur le chantier, il devait y avoir un stock de matériaux permettant au moins aux sculpteurs de continuer à travailler pendant quelques mois, une possibilité qu’admet d’ailleurs J.-Ph. Meyer. Le terminus post de 1230 pour la fabrication du pilier des anges et pour les parties hautes du croisillon sud semble donc un peu problématique. Malgré la chronologie relative très convaincante proposée par l’auteur il reste donc des incertitudes dans la chronologie absolue qui permettraient également une datation plus haute du pilier des anges et de l’achèvement du transept, ce qui a d’ailleurs été avancé par Sabine Bengel (Das Straßburger Münster. Seine Ostteile und die Südquerhauswerkstatt,

Petersberg, Michael Imhof Verlag, 2011). Dans le dernier chapitre de la première partie du livre, où il traite de l’iconographie des sculptures du bras sud, Ph. Meyer a choisi de les confronter au texte de l’Hortus deliciarum et aux usages liturgiques des chanoines de la cathédrale. C’est une approche neuve qui élargit considérablement nos connaissances des idées associées à ces oeuvres par les commanditaires et leurs contemporains. Depuis longtemps les chercheurs étudient les illustrations de l’Hortus

deliciarum comme source d’inspiration des formes et du style des sculptures, mais sans trop s’intéresser au texte. Grâce à J.-Ph. Meyer nous sommes maintenant en mesure d’estimer à sa juste valeur ce manuscrit qui ne reflète pas seulement les tendances artistiques, mais aussi la pensée théologique qui ont marqué l’ensemble sculpté du croisillon sud de la cathédrale. La seconde partie du livre, rédigée par B. Kurmann-Schwarz, est consacrée aux vitraux des parties orientales de la cathédrale. L’introduction inclut un bilan critique de la recherche ; elle présente des objets qui ne datent pas tous de la même époque et qui n’ont pas tous été faits pour la place qu’ils occupent actuellement. L’auteur retrace méticuleusement l’histoire des fragments des vitraux romans, provenant de la nef romane, intégrés au XIXe siècle dans les baies du choeur et du transept. Elle reprend les questions de l’emplacement original, de la chronologie et de l’iconographie ainsi que l’analyse stylistique, assez négligées par la recherche depuis l’étude de Zschokke, parue en 1942. Un autre accent fort est mis par l’auteur sur les deux roses de la façade méridionale qui ont gardé leurs vitraux originaux. Grâce aux travaux de JosephWalter dans les années 1920, nous savons que l’iconographie des deux roses est inspirée des diagrammes typologiques de l’Hortus deliciarum qui représentent l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. B. Kurmann-Schwarz retient cette observation et en fait le point de départ d’une interprétation très réussie du programme. En intégrant les recherches les plus récentes sur l’Hortus deliciarum, elle souligne l’aspect typologique de cette iconographie. L’auteur démontre en outre la dimension morale du programme qui permet de faire le lien thématique avec les sculptures du pilier des anges et avec ce qui est conservé des vitraux originaux dans les autres baies du transept, restituant ainsi le sens programmatique de toute l’imagerie du choeur et du transept. B. Kurmann-Schwarz conclut sa partie par un résumé détaillé – fort bienvenu – du réaménagement du vitrail au cours des restaurations du

XIXe siècle. Cependant, c’est son interprétation originale du programme iconographique qu’il faut retenir avant tout comme une nouvelle et importante piste de recherche. Voici un livre qui, grâce à la qualité de l’impression et à la beauté des images, va passionner les amateurs de la cathédrale. Voici la monographie scientifique la plus riche et la plus complète sur un monument majeur du patrimoine national et européen, indispensable à toute bibliothèque de médiéviste. Marc Carel Schurr Université de Strasbourg

Architecture civile

anne-Marie FLaMBard-hericher,

Scribla. La fin d’un château d’origine normande en Calabre. rome, École Française de rome, 2010, 30 cm, 360 p., 569 fig. et ill. en n. et bl. et en coul., 10 tabl., schémas, plans, cartes, 1 index général (lieux et personnes). -iSBN : 978-2-7283-0861-3, 170 €.

(Collection de l’École Française de Rome, t. 421). On se réjouit du beau livre consacré par Anne-Marie Flambard-Héricher à l’étude archéologique du château de Scribla en Calabre, car il s’agit de l’aboutissement d’une recherche entreprise dans les années 1970, concrétisée par des fouilles menées entre 1976 et 1979 et par sa thèse soutenue en 1983 ; travail jamais oublié, mais pour l’achèvement duquel il a fallu attendre le rapatriement du mobilier de Rome en Calabre, en 2005, qui a fourni le déclenchement du travail préalable à la publication. Elle le rappelle elle-même dans son avant-propos : l’objectif initial de la recherche était de tenter d’appréhender en quoi les conquérants normands de la Calabre exportèrent dans ces contrées lointaines le château à motte – on était alors dans les années glorieuses des «fortifications de terre » chères au grand archéologue que fut Michel de Boüard. Dans le travail d’équipe qui s’ensuivit, Anne-Marie Flambard-Héricher se concentra sur l’histoire et l’archéologie du château du

XIIIe au XVe siècle ; aujourd’hui, dans la publication qu’elle donne de ce site, elle concentre son étude sur cette époque – d’où le titre de son ouvrage –. Mais on peut rassurer le lecteur, car elle ne laisse pas les époques plus hautes totalement de côté, ce qui aurait pu donner l’impression d’un feuilleton commençant par le second épisode… Le site de Scribla se trouve à ce qu’on pourrait appeler le «coup de pied de la botte italienne » : il se situe au nord de la Calabre, cette longue péninsule qui relie la botte à la Sicile, sur la vallée du fleuve Crati, près de la ville de Spezzano Albanese. L’identification des mentions historiques d’une fortification, puis d’un casal, de Scribla/ Stridola/ San Antonio di Stridola au site fortifié connu sous le nom générique de Torrione de Spezzano Albanese n’allait pas de soi : elle ne fut acquise définitivement qu’en 1965, à la suite des travaux d’érudits et d’historiens, et les recherches menées par l’équipe ont montré qu’aucun lieu ne pouvait mieux convenir à l’identification du site. Celui-ci est très particulier, puisqu’il s’agit d’une butte-témoin1 dominant le confluent de deux rivières avec le Crati qui a déterminé une zone humide et marécageuse ; la malaria n’en a été éradiquée que dans les années 1930, après les travaux d’assainissement menés par l’administration mussolinienne. Le site était stratégique, en ce qu’il était un point de franchissement pour les grands itinéraires terrestres allant du nord vers la Sicile ; malgré la proximité de la mer, qui offrait une alternative pour le transport, la voie terrestre était incontournable, et son contrôle indispensable. Des temps les plus anciens à l’époque moderne, la butte-témoin de Scribla constitua un excellent poste d’observation. C’est au milieu du XIe siècle que le château aurait été fondé par les Normands ; selon les chroniqueurs, l’initiateur aurait été soit Guillaume de Hauteville, dit Bras-de-Fer, accompagné de Guaimar de Salerne en 1044, soit le fameux Robert Guiscard, frère cadet de Guillaume, l’année même de son arrivée en Italie en 1048.

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