Couverture fascicule

L’oeuvre du maréchal Jean de Baudricourt aux châteaux de Lafauche et Vignory

[compte-rendu]

Année 2014 172-1 p. 76
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l’auteur en fournit d’autres exemples dans l’architecture normande ; il semble privilégier, pour celui de carentan, une datation vers le milieu du xiie siècle. – christian corvisier, «le donjon annulaire disparu de carentan en cotentin » ,

Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, t. lxx, 2013, p. 9-44. Jean mesqui l’oeuvre du mAréchAl JeAn de

BAudricourt Aux chÂteAux de lAFAuche et

vignorY. – les châteaux de vignory et lafauche, en haute-marne, ne comptent pas parmi les plus connus de France ; ils méritent pourtant amplement le détour, surtout dans un département où les châteaux du moyen Âge conservés ne sont pas légion. christian corvisier, qui les avait déjà évoqués brièvement dans son Itinéraire du patrimoine

consacré aux châteaux de la haute vallée de la marne 1, revient sur ces deux châteaux dont les destinées se rejoignirent à la fin du xve siècle de façon assez fortuite en la main de Jean de Baudricourt, chevalier originaire d’une famille d’importance régionale qui fit une remarquable carrière militaire auprès de louis xi puis de charles ix, afin de montrer par une démonstration sans faille le rôle de ce grand officier pour la fortification de ces deux sites. ces deux châteaux sont très différents par leur histoire et leur structure ; mais tous deux possèdent des flanquements adaptés aux armes à feu dont l’analyse est au coeur de l’article de christian corvisier. À vignory, deux tours possèdent des canonnières, mais elles sont très différentes l’une de l’autres, puisque l’une est équipée de canonnière à fente courte et simple cran de visée, alors que la seconde est percée de canonnières à la française dotées d’un ébrasement externe important. Quant à lafauche, le noyau primitif dominant l’éminence castrale est entourée par une enceinte qui conserve de très belles tours à canonnières à la française, ainsi qu’une porte à pont-levis. l’auteur montre les ressemblances qui existent entre la seconde tour de vignory et l’enceinte de lafauche ; le style même de ces ouvrages, et le type de canonnières, permet de les attribuer sans aucun doute à un constructeur commun, qui ne peut avoir été, compte tenu du contexte, que Jean de Baudricourt. ce Jean de Baudricourt, après avoir pris parti contre louis xi pendant la guerre du Bien public en 1465, s’attacha ensuite de façon indéfectible au roi, puis à son fils ; très rapidement, il sut gagner ses faveurs par des services militaires de grande valeur, et fit une carrière rapide dont le couronnement fut sa nomination comme gouverneur de Bourgogne en 1480 par louis xi. christian corvisier, non content de lui attribuer les oeuvres de lafauche et vignory, compare celles-ci aux productions royales contemporaines de dijon et d’Auxonne, et montre à quel point l’inspiration y est semblable : au point que l’on trouve dans la porte de lorraine de lafauche le même arc brisé à crossettes qui existe à la porte de comté d’Auxonne, ce qui fait penser à l’auteur que peut-être l’architecte fut le même ; christian corvisier propose de l’identifier avec le maître Jean le nourrissier, qui succéda à vauzy de saintmartin dans la conception des forteresses royales de Bourgogne, et suggère que l’activité constructrice de Jean de Baudricourt fut consécutive à sa promotion en tant que maréchal de France en 1488. – christian corvisier, «la fortification des châteaux de lafauche et de vignory à la fin du xve siècle : l’oeuvre du maréchal Jean de Baudricourt » , dans Se défendre en Champagne-Ardennes (textes réunis par patrick demouy), actes du colloque tenu à sedan les 6-7 juin 2002, langres, éditions dominique guéniot, 2012, p. 113-140. Jean mesqui

1. voir recension dans Bull. mon., 1993-2, p. 433-434.

La Renaissance Sculpture

entre FrAnce et itAlie, Jérôme pAcherot et Antoine Juste : un regArd renouvelé sur deux tomBeAux roYAux. ‒ plusieurs expositions et colloques récents consacrés à l’art en France au début du xvie siècle ont conduit à rappeler sinon à reposer la question du passage entre la fin du moyen Âge et la renaissance, et plus spécifiquement celle du rôle joué par l’apport italien. en marge de cette production scientifique, mais au coeur du sujet, il faut signaler l’imposant article à quatre mains de Flaminia Bardati et tommaso mozzati, en partie publié ailleurs 1, mais développé et enrichi pour la revue Studiolo. il est consacré à girolamo paciarotti, dit Jérôme pacherot, et à Antoine Juste, deux sculpteurs italiens aux carrières proches et souvent liées, installés en France au début du siècle et qui ont travaillé dans le milieu de la cour. À partir d’une masse importante d’archives inédites ou mises à jour, retranscrites en annexe, ces chercheurs renouvellent la réflexion tant sur la formation de ces artistes en italie que sur le réseau social qui les a aidés à devenir des acteurs majeurs de la «première renaissance française » . ils proposent une analyse approfondie de deux oeuvres emblématiques, le tombeau des enfants de charles viii (tours, cathédrale saint-gatien) et celui de louis xii et d’Anne de Bretagne (saint-denis, basilique). la personnalité de pacherot, jusque-là mal connue, se dessine désormais plus nettement au coeur d’un réseau artistique entre l’italie (Florence et naples) et la France (le val de loire et la normandie). Formé semble-t-il à la taille de la pierre à Fiesole dont il est peut-être natif, pacherot est repéré à naples en 1493-1494 et mentionné pour la première fois en France en 1495 sur le chantier du château d’Amboise. on le retrouve quelques années plus tard, en 1499-1500, à Florence et à carrare où il acheta les marbres destinés aux tombeaux commandés par Anne de Bretagne, celui de ses parents, le duc François ii et marguerite de Foix pour l’église des carmes de nantes (aujourd’hui conservé dans la cathédrale saint-pierre-et-saintpaul) et celui de ses enfants, deux des fils de charles viii, pour la collégiale saint-martin à tours (aujourd’hui dans la cathédrale). pacherot collabora de plus très vraisemblablement à la sculpture des ornements sur les sarcophages des deux monuments. Actif sur le chantier du château du cardinal georges ier d’Amboise à gaillon 1508 – il participe notamment à l’encadrement du grand relief de Saint Georges combattant le dragon

réalisé par michel colombe (paris, musée du louvre) pour la chapelle du château –, pacherot apparaît dans les années suivantes à Amboise et à tours, au service du roi. À travers une analyse fine et bien illustrée, les deux chercheurs montrent combien les ornements sculptés de pacherot relèvent, par leur vocabulaire et par leur façon, du répertoire florentin des années 1480-1490, dans la veine de Benedetto da maiano et surtout d’Andrea Ferrucci. ils formulent alors plusieurs hypothèses séduisantes concernant le milieu socio-artistique de pacherot en italie : sa formation et les débuts de sa carrière en relation étroite avec Ferrucci, d’abord à Florence puis à naples ; le chantier napolitain des écuries de la villa de poggio reale sur lequel le sculpteur a pu rencontrer le roi de France ; le séjour florentin en 1500, pendant lequel pacherot a dû convaincre les Juste de venir en France. le dossier concernant les Juste est, lui-aussi, remarquablement enrichi. en suivant dans le détail l’évolution des propriétés et de l’activité des membres de la famille à san martino a mensola, leur ville natale, et à Florence, en précisant les dates de naissance d’Antoine et de ses frères grâce à la découverte de leurs actes de baptême, et en reprenant le dossier de leurs premières productions en France, Fl. Bardati et t. mozzati démontrent que ces artistes n’étaient pas tous installés dans le royaume vers 1504, comme on a pu le dire. la rupture avec l’italie 76 Chronique