Couverture fascicule

François Blary (dir.), Origines et développement d’une cité médiévale. Château-Thierry, 2013

[compte-rendu]

Année 2014 172-1 pp. 83-85
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compte de ce genre de données et de questions. Personne ne doute plus depuis du fait que les chapitres aient joué un rôle primordial dans la construction des cathédrales gothiques, bien plus que les évêques, et toute monographie sérieuse analyse désormais les sources de financement du chantier (comme le fait par exemple Dany Sandron, Amiens. La cathédrale, Paris, 2004). Ce sujet s’est aussi taillé une place dans les ouvrages de référence, dictionnaires ou manuels. Aussi aurait-il été sans doute profitable que Vroom mette en perspective son propre travail en se situant par rapport aux recherches des dernières décennies et en proposant un bilan de son apport personnel, naguère et aujourd’hui. Le parti pris a été plutôt celui de mettre à jour la bibliographie dans les notes et à la fin du texte, sans toutefois intégrer véritablement dans le corps du texte les résultats des contributions majeures des trente dernières années. On ne peut certes pas le reprocher à l’auteur, puisque l’entreprise de remise à jour d’un ouvrage de cette taille 30 ans après sa conception aurait été titanesque. Toutefois, le lecteur ne peut s’empêcher de remarquer un certain anachronisme dans le ton de la démonstration, là où l’on souligne avec emphase des constats qui paraissent désormais acquis. Malgré ces observations, le livre de Vroom est certainement l’étude la plus complète, nuancée et accessible dont on dispose sur le financement des cathédrales. Il constitue une véritable mine d’informations dont la valeur est encore accrue par les apparats qui accompagnent le texte ; outre les 6 annexes déjà citées, je mentionnerai la bibliographie d’une ampleur impressionnante (63 pages), des images judicieusement choisies, souvent peu connues, et commentées par des légendes qui fournissent des renseignements complémentaires à ceux qui sont donnés dans le texte, et les quatorze graphiques figurant aux pages 466-480. L’auteur montre bien la complexité et la multiplicité des stratégies mises en oeuvre pour financer la construction des cathédrales, et la variété des méthodes adoptées par les différents maîtres d’ouvrage en fonction des contextes spécifiques. Cette somme monumentale constitue une référence sûre pour ceux qui cherchent une présentation claire, concise, prudente et bien fondée de nombreuses questions institutionnelles, administratives et juridiques parfois ardues. Travail pionnier naguère, le livre de Vroom est aujourd’hui une encyclopédie à laquelle on pourra puiser pour des renseignements précis, et plus encore un point de départ et un guide indispensable à la fois pour des enquêtes plus resserrées, portant sur un édifice ou sur une aire géographique ou une période plus restreintes, ou pour des approches élargies, questionnant par exemple les rapports entre collecte de fonds et modalités de gestion des dépenses ou reprenant des sujets plus vastes comme celui des liens entre investissements culturels et conjoncture économique, sujet que Robert Lopez dans un article provocateur («Economie et architecture médiévales. Cela aurait-il tué ceci ? » , Annales. Économie -Sociétés -Civilisations, 1952, p. 433-438), avait autrefois signalé à l’attention des chercheurs. Michele Tomasi

Histoire urbaine

François BlAry (dir.), Origines et développement d’une cité médiévale. Château-Thierry,

Amiens, Revue archéologique de Picardie,

2013, 29,7 cm, 629 p., 530 fig. et ill., plans, cartes ; 1 cédérom contenant un pdf interactif. -iSSn : 1279-6117, 39 €.

(Revue archéologique de Picardie, n° spécial 29, 2013). La ville de Château-Thierry est renommée du fait de l’illustre fabuliste, Jean de la Fontaine qui y naquit ; mais les membres de notre Société avaient pu en découvrir le château en 1990 lors du Congrès archéologique de l’Aisne méridionale, sous la conduite F. Blary («Les fortifications du château Château-Thierry, des derniers comtes herbertiens au premier duc de Bouillon (XIe-XVIe siècle) » , Congrès archéologique de France,

148e session, 1990, p. 138-180). L’auteur, alors jeune archéologue municipal, avait déjà publié une remarquable étude sur les granges cisterciennes de l’abbaye de Chaalis (Le domaine de Chaalis, XIIe-XIVe siècles : Approches archéologiques des établissements agricoles et industriels d’une abbaye cistercienne, Paris, CTHS, 1989, c. r. Bull. mon., 1992-3, p. 286-288). Aujourd’hui, une vingtaine d’années plus tard, F. Blary publie un époustouflant ouvrage collectif – les co-auteurs, nombreux, comprendront, je l’espère, que je ne puisse les citer nommément -sur cette ville d’origine médiévale ; il y présente les résultats des recherches archéologiques et documentaires menées de façon continue dans la ville depuis trois décennies. Époustouflant ouvrage par son volume et son illustration, d’abord : non content d’offrir plus de 600 pages imprimées et 530 illustrations, le directeur de publication y a ajouté un cédérom contenant un fichier pdf interactif, luimême de près de 500 pages ! Époustouflant ouvrage aussi par la richesse des informations qu’il contient, et la qualité de son illustration. On soulignera, et ce n’est pas peu, le rapport qualité-prix exceptionnel, qui le rend accessible au plus grand nombre. La densité de cette information rend quasi impossible la tâche du recenseur ; aussi me contenterai-je ici d’en aborder quelques-uns des aspects les plus marquants. Château-Thierry est une ville pour l’essentiel médiévale ; cependant, il y exista dès l’Antiquité un vicus situé à proximité d’une grande voie romaine nord-sud allant de Soissons à Sens, traversant la Marne probablement par un passage à gué. Une analyse fine de géomorphologie urbaine reposant sur une interprétation du plan parcellaire napoléonien et des courbes de niveaux, a permis d’extraire les différents réseaux rectilignes et formes circulaires, fournissant quasiment une radiographie du développement urbain où se lisent les noyaux de développement ; cette analyse, tout à fait passionnante, met clairement en évidence la zone de ce vicus et son organisation axée sur le tracé de l’ancienne voie, dont des vestiges ont été exhumés au nordest du centre ville actuel. Il est intéressant de noter que le vicus, assez important pour posséder un théâtre, ne coïncidait pas avec le noyau castral et urbain médiéval : abandonné dès le début du

Ve siècle, il laissa place à un modeste hameau autour d’une église dédiée à Saint-Martin, situés à l’ouest du site de l’agglomération future, qui restèrent extra muros durant tout l’Ancien Régime. Entre cette période, et le XIIIe siècle, la documentation archéologique était quasi inexistante jusqu’aux fouilles menées sur la plate-forme castrale, et aux travaux d’archéologie préventive et d’inventaire assurés tout au long des dernières décennies. Les fouilles du château, particulièrement, ont ouvert une lucarne sur le passé jusque là totalement inconnu du château et de la ville ; l’intérêt des découvertes ne doit cependant pas faire oublier que l’étendue du chantier de fouilles n’a représenté qu’une très faible proportion de la très grande plate-forme castrale, sur une zone périphérique allongée longeant l’intérieur de l’enceinte médiévale au nord. Les vestiges de l’occupation la plus ancienne mis au jour dans cette zone, des fonds de cabanes à poteaux, pourraient traduire l’implantation, à la fin du Bas-Empire, d’un camp fortifié dont l’enceinte a disparu ; cet habitat fut modifié à plusieurs reprises. Probablement une restructuration du site, dont on ne connaît rien, intervintelle à la fin du VIe siècle, car un hiatus marqué par une épaisse couche de «terres noires » sans sol d’occupation apparaît dans la zone de fouilles. Puis au IXe siècle apparaissent à nouveau des structures de fonds de cabanes, bientôt remplacées par la première véritable structure fortifiée identifiable sur le site, une enceinte de bois à poteaux édifiée dans la seconde moitié du IXe

siècle. C’est au début du Xe siècle qu’aurait été créé le château des comtes de Vermandois, princes de la maison carolingienne, qui possédaient alors Château-Thierry. L’élément principal de la fortification identifiable aujourd’hui est constitué par le soubassement de la tour Thibault, construction rectangulaire connue comme l’une des plus anciennes tours maçonnées conservées en Europe ; elle présente encore aujourd’hui des Bibliographie

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