Couverture fascicule

Sylvie Campech et al., Le castrum de Mouret et ses châteaux, 2011

[compte-rendu]

Année 2014 172-1 p. 89
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abordé, qui dépasse largement le contexte bourguignon pour effleurer la dimension européenne. Après une préface à l’esprit généreux consacrée par Jean Chapelot à l’organisation et aux acteurs humains de la recherche archéologique passée et actuelle, la véritable introduction est assurée par Alain Guerreau qui, à travers deux exemples monographiques, présente certaines méthodes simples et applicables par tous, pour une étude métrologique des monuments de l’architecture castrale. On regrette seulement que cet exercice pédagogique ne soit pas accompagné d’une réflexion synthétique plus ambitieuse sur les intérêts et les limites de l’approche métrologique. Cette lacune est heureusement compensée par l’article de J. Chapelot, à travers lequel se trouvent bien exprimés les enjeux de la métrologie dans l’architecture fortifiée. L’approche est ici appliquée à cet édifice hors du commun qu’est le château de Vincennes, et plus précisément à sa grande enceinte rectangulaire, chantier-phare des années 1370. Les résultats obtenus illustrent les multiples intérêts de l’étude métrologique, lorsqu’elle est associée à une analyse du bâti rigoureuse : identification précise des unités de mesures utilisés par les constructeurs ; analyse du mode de progression du chantier ; compréhension des différentes étapes de la conception du plan d’ensemble ; enfin réflexion sur la symbolique des chiffres choisis pour définir les dimensions du monument. En outre, l’auteur a suffisamment de prudence pour rester conscient des limites de l’approche métrologique : même dans un édifice bien conservé et de qualité exceptionnelle comme Vincennes, il apparaît que le tracé géométrique du plan est loin d’être parfait, tandis que la marge d’erreur des mesures relevées lors de l’étude – même réalisées avec un équipement de pointe – peut dépasser 10 cm, ce qui laisse imaginer les approximations auxquelles peuvent être soumis les chercheurs effectuant «manuellement » des relevés personnels (l’auteur de la présente recension s’inclut malheureusement dans le lot…). En d’autres termes, si les perspectives offertes par la métrologie sont grandes, son application rigoureuse semble nécessiter des moyens matériels qui ne sont pas encore à la portée de tous les chercheurs. Les autres articles du recueil, que l’on regrette de ne pouvoir analyser de façon exhaustive, s’éloignent de la stricte question métrologique, pour aborder le thème plus général des mesures et des dimensions dans la construction fortifiée, à travers des approches très variées. La réalité humaine existant derrière les monuments est abordée par Nicolas Prouteau, qui s’intéresse à la figure des arpenteurs-géomètres, chargés de mesurer et de déterminer le plan au sol d’un édifice au début du chantier : à partir de la documentation anglo-normande et française qu’il a dépouillée dans le cadre de sa thèse, l’auteur montre que ces professionnels existent dans le monde occidental bien plus tôt que ne l’affirme l’historiographie traditionnelle, dès la fin du XIIe

siècle, ce qui permet d’établir un parallèle entre l’apparition de cette fonction et la rationalisation des plans des forteresses à cette même époque. Selon une approche architecturale plus classique, Chantal Mégret présente une série de tours-maîtresses quadrangulaires de la rive droite du Rhône, déjà étudiée par l’auteur dans le cadre de sa thèse. L’article se révèle riche d’informations, dans une perspective autant historique qu’architecturale, sur ces édifices jusqu’ici mal connus, en dehors de quelques grands exemples comme la tour du pont d’Avignon construite par Philippe le Bel, qui fait figure d’exception dans le corpus étudié. Quant aux amateurs de fortification moderne, ils trouveront leur compte dans la contribution de Frédéric Métin, qui aborde la place des calculs géométriques dans certains traités de fortification du XVIIe siècle – notamment celui de Matthias Dögen (Architectura Militaris Moderna, Amsterdam, 1647) dont le contenu a été très peu diffusé jusqu’ici – mais aussi la question du calcul des distances dans la pratique de la poliorcétique. Enfin, il faut évoquer l’article de Vasco Zara consacré au «langage symbolique et musical » du Castel del Monte, dans les Pouilles, l’énigmatique chef-d’oeuvre de l’empereur Frédéric II. Laissant de côté les interprétations ésotériques qui se sont déchaînées sur ce monument, l’auteur interprète d’abord – de façon convaincante – la façade intérieure de l’édifice comme une expression du mouvement de l’univers tel qu’il est décrit dans le Timée de Platon. Dans un second temps, tout en refusant les analogies trop faciles avec la musique, il propose d’identifier une sorte de partition musicale complexe à travers la composition même de cette façade, non sans reconnaître le caractère fragile de cette interprétation hypothétique. Quoi qu’il en soit, l’ensemble de l’étude laisse entrevoir toute la richesse potentielle, mais aussi toute la difficulté, des recherches sur le langage symbolique de l’architecture fortifiée. Denis Hayot

Sylvie CAMPeCH et al. 1, Le castrum de Mouret et ses châteaux, Carcassonne, Centre d’Archéologie Médiévale du languedoc, 2011, 25 cm, 64 p., 46 fig., cartes. -iSBn : 978-2-918365-08-2, 14 €.

Le petit bourg de Mouret (Aveyron) a fait l’objet depuis 1997 d’une étude historique, archéologique et d’histoire de l’art menée à l’initiative de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de la commune, soutenue par de nombreux partenaires publics ; les résultats de cette étude ont été publiés récemment sous forme d’une brochure pédagogique fort agréable par son aspect et son contenu. Cette étude a permis de mettre en évidence un site de coseigneurie comme il en exista par centaines, ou plutôt par milliers au sud de la Loire ; ici quatre châteaux, ou plutôt un château et trois tours, se partageaient l’espace. Le Castelvieil, d’abord, avec son enceinte ovoïdale et une tour carrée dont ne subsistent que des vestiges mis au jour par la fouille ; la tour de l’église prieurale Saint-Nicomède aujourd’hui disparue, ornée de belles fenêtres, ensuite. Mais les plus beaux restes sont ceux de la tour de la Servayrie, haute tour rectangulaire dont la moitié basse est de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, et la moitié haute du XIVe siècle ; au-dessus d’un programme de tour-beffroi s’est ajouté un programme de tour-résidence dotée de latrines et de cheminées. Cette tour flanque un logis, récemment restauré, analysé en détail lors de l’étude. La tour de Reilhac est la seconde tour conservée de cet ensemble ; elle date également du XIVe siècle, et fait partie du corpus des toursrésidences revenues à la mode durant la guerre de Cent ans en raison de l’insécurité. La brochure, remarquablement illustrée par photographies, plans et élévations, recense également le patrimoine civil du village, avec un inventaire des maisons et de leurs caractères architecturaux. Une monographie villageoise comme on aimerait à voir s’en multiplier ! Jean Mesqui

1. Avec la collaboration de Christophe Calmès, Florence Escande, Guilhem Ferrand, Florent Hautefeuille, Nelly Pousthomis-Dalle, Bernard Pousthomis, Gérard Pradalié, Amélie Rullier, Pierreick Stéphant.

Charpente

Patrick HoFFSuMMer (dir.), Les charpentes du XIe au XIXe siècle. Grand Ouest de la France. Typologie et évolution, analyse de la documentation de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, turnhout, Brepols, 2011, 28 cm, xxViii-385p., fig. en n. et bl., cartes, plans, schémas, tabl., glossaire, index des noms de lieux. -iSBn : 978-2-503-54078-8, 70 €.

(Architectura Medii Aevi, vol. V) Dix ans à peine après avoir dirigé, avec Jannie Mayer, Les Charpentes du XIe au XIXe siècle, typologie et évolution en France du Nord et en Belgique (Paris, 2002 ; c. r. Bull. Mon., 2003-3, p. 280-281), P. Hoffsummer publie les résultats d’une nouvelle zone d’étude couvrant le «Grand Ouest » limité à l’est par la Basse-Normandie et les Pays de la Loire et au sud-ouest par la région Poitou-Charentes et l’Aquitaine «anglaise » . Il faut en convenir, la charpente est un objet d’étude qui demande des connaissances Bibliographie

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