Couverture fascicule

Danier Burger, Thomas Biller, Timm Radt, Montfort und der frühe Burgenbau des Deutschen Ordens, Petersberg, Michael Imhof Verlag, 2015

[compte-rendu]

Année 2016 174-3 pp. 408-409
Fait partie d'un numéro thématique : Jean Bologne et les jardins d'Henri IV
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408 Bibliographie et plans peuvent avoir été commanditées par un seigneur pour illustrer l’étendue de son domaine, ou bien dans le cadre d’une enquête judiciaire pour déterminer des limites précises entre propriétés, ou encore lors d’un siège pour dresser le «portrait » général d’une ville fortifiée, à des fins militaires et stratégiques. Au-delà de ces fonctions concrètes, les images sont aussi porteuses de sens, et bien souvent vectrices du pouvoir de leur commanditaire. Mais en fonction du support et de la situation de l’image, ce sens peut varier légèrement, comme le montre par exemple Maria Beatrice Battazzi avec les représentations de villes et châteaux dans les palais italiens. Enfin, les images sont aussi le résultat d’un processus de production, parfois complexe, qui a pu influer sur leur aspect et sur leur fiabilité. Au-delà même de la nécessaire recomposition en atelier à partir des minutes ou esquisses d’après nature, bien des images ont été le produit d’une collaboration entre plusieurs artistes qui ont pu travailler ensemble ou successivement, et parfois à partir de modèles intermédiaires, comme le montre l’article consacré aux célèbres enluminures du récit du siège de Rhodes en 1480 par Guillaume Caoursin (B. n. F., ms latin 6067), réalisées en prenant modèle sur une peinture envoyée par l’auteur spécialement à cet effet, ainsi que le montre une version annotée du texte, découverte aux archives du Vatican par Jean-Bernard de Vaivre et Laurent Vissière et publiée en 2012 dans Société de l’histoire et du patrimoine de l’ordre de Malte, t. 27, puis en 2014 dans Tous les deables d’Enfer. (c. r. Bull. mon., 2016-1, p. 113). Denis Hayot

Danier Burger, Thomas Biller, Timm Radt,

Montfort und der frühe Burgenbau des Deutschen Ordens, Petersberg, Michael Imhof Verlag, 2015, 29 cm, 216 p., nombr. fig. -ISBN : 978-3-7319-0015-3, 49,95 €.

(Forschungen zu Burgen und Schlössern hrsg von der Wartburg-Gesellschaft zur Erforschung von Burgen und Schlössern e. V., Sonderband 5) Notre confrère Th. Biller et ses collègues se penchent dans ce livre sur les productions architecturales de l’ordre des chevaliers Teutoniques au cours du xiiie siècle, avant la floraison des énormes réalisations de l’ordre dans les pays baltes. Dans une première partie, D. Burger retrace l’histoire et le développement de l’ordre depuis sa création devant les murs d’Acre en 1191 et sa transformation en 1198 en ordre militaire. Probablement précédé par un hôpital allemand présent à Jérusalem au

xiie siècle, le nouvel ordre prit sa place au sein de la capitale Saint-Jean-d’Acre, à côté des Hospitaliers et des Templiers ; il ne reste pas de traces de son implantation qui s’effectua contre l’enceinte orientale de la ville. Les chevaliers bénéficièrent rapidement de dons de toutes natures, qui leur permirent d’acquérir plusieurs implantations qu’ils fortifièrent : à

Castrum regis – Mi’ilyia, Qal’at Jiddin, puis Montfort qu’il bâtirent a nihilo à partir de 1226. Trois ans plus tard, ils bénéficièrent de l’appui de Frédéric II pour se réimplanter à Jérusalem jusqu’à la perte définitive de la ville en 1244. Parallèlement, ils bénéficiaient aussi des rapports confiants entre les rois de Petite Arménie et l’Empire, de telle sorte que, dès le début du xiiie siècle, ils purent s’implanter dans ce royaume à Amuda et Haruniye. Enfin, en Europe, on sait le développement qu’ils eurent en Allemagne et en Prusse, puis dans les pays limitrophes où ils entamèrent dès le début du xiiie siècle la christianisation de peuplades encore païennes ; mais on sait moins qu’ils eurent quelques implantations dans la péninsule ibérique à la faveur de la Reconquista, et qu’ils accompagnèrent Frédéric II dans la Pouille et le sud de l’Italie. Dans une seconde partie, Th. Biller livre une étude très détaillée du château «phare » de l’ordre des Teutoniques en Terre Sainte, celui de Montfort, probablement l’un des moins bien connus des grands châteaux de l’ordre au Proche-Orient en raison de la ruine qui l’affecta terriblement lors du siège de 1271 où il fut définitivement perdu par l’ordre. Bâti sur un éperon rocheux effilé, le château se distingue assez nettement des édifices contemporains, car son coeur est constitué d’une enfilade de trois énormes bâtiments dont il demeure des restes pittoresques, mais peu parlants. Pour Th. Biller, le premier acte fut la construction, autour de l’éperon rocheux, d’une enceinte basse à archères qui ceinturait probablement un petit village dont les maisons s’accrochaient à la pente ; ce village communiquait avec une très curieuse construction établie dans le vallon en contrebas, qui était à la fois un moulin et une résidence d’été pour les hôtes ou les dignitaires reçus ici. Sur l’éperon lui-même fut d’abord construite une petite enceinte rectangulaire dont subsistent les murs – sans qu’on sache quelle fut à l’origine son utilisation. Dans une deuxième phase, cette enceinte fut entièrement transformée, en construisant au rez-de-chaussée des salles voûtées d’arêtes à vocation ancillaire, et au premier étage une enfilade de voûtes d’ogives organisée en deux nefs – à la manière par exemple de la salle présente au-dessus de la chapelle de Safitha. Cette construction neuve résidentielle fut encadrée par une massive tour-résidence rectangulaire vers l’ouest, et par une tout aussi massive tour maîtresse au plan en U faisant face au plateau, dominant le fossé creusé dans la roche. Il ne reste en élévation de la première tour que les deux très hautes caves voûtées en berceau brisé, aujourd’hui dépourvues de leurs murs de fond, qui supportaient deux étages de salles voûtées d’ogives ; seul le gros pilier octogonal central de la salle du rez-dechaussée demeure, mais Th. Biller analyse les restes d’éléments d’architecture mis au jour par les diverses équipes de fouille – y compris celle de l’archéologue A. Boas dans les années les plus récentes, et montre qu’ils provenaient d’un deuxième étage voûté, probablement la résidence propre du grand maître de l’ordre. Peut-être le rez-de-chaussée avait-il pour vocation d’accueillir le trésor. L’auteur compare cet aménagement à celui de la grosse tour de Marienburg, qui possédait ainsi une salle d’apparat semi-privée tout à fait spectaculaire. L’énorme tour en fer à cheval faisant face au plateau est presque totalement ruinée, à l’exception de sa base qui contient une citerne ; néanmoins, Th. Biller dispose de suffisamment d’indices pour restituer à l’étage une petite chapelle voûtée d’ogives. Il s’agirait d’une «tour-chapelle » comme il en existe d’autres au Proche-Orient, par exemple à Safitha. Cette deuxième phase visait manifestement à créer un ensemble ostentatoire par son luxe et par son architecture – probablement le siège de l’ordre en dehors d’Acre et de Jérusalem. Th. Biller propose de dater sa construction entre 1230-40 et 1259. La dernière partie du livre est consacrée aux châteaux arméniens de l’ordre, Amida et Haruniye. Mais en fait T. Radt a consacré la quasi-totalité de cette partie à l’étude du deuxième château, attribué autrefois par Hansgerd Hellenkemper aux Teutoniques ; cette datation avait été contestée par la suite par Robert Edwards, auteur d’une somme aux châteaux arméniens, qui l’avait attribué aux musulmans (avant le xe siècle). Ce château assez simple – terriblement restauré ces dernières années par les Turcs, repose essentiellement sur une enceinte flanquée d’une tour en fer à cheval, pourvue d’une enceinte basse possédant une très belle galerie d’archères à étriers. À vrai dire, il ne fait guère de doute que cette galerie d’archères, avec leurs étriers, ne peut être qu’arménienne ou franque,

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