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Parlons-nous déjà le « Newspeak » d'Orwell ?

[compte-rendu]

Année 1984 4 pp. 96-100
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PARLONS-NOUS DEJA

LE « NEWSPEAK »

D'ORWELL ?

Olivier Reboul

Pour assurer le contrôle total de l'individu par le pouvoir, la police ne suffit pas, ni même le télécran. Il faut créer une nouvelle langue, destinée à structurer les pensées selon l'idéologie officielle de l'INGSOC (socialisme anglais); et surtout à supprimer les pensées hérétiques en leur ôtant tout moyen de s'exprimer. « La révolution sera complète quand le langage sera parfait. »

Le Newspeak (novlangue), c'est encore de l'anglais, mais un anglais dont on a outrageusement simplifié la grammaire et réduit le vocabulaire, en fixant de façon rigide le sens des mots qui restent. Bref, c'est le code même de la langue qui est au service de l'idéologie.

Le Newspeak exprime une double tendance : d'abord l'instauration d'une langue fonctionnelle, positive, univoque; ensuite celle d'une langue rhétorique qui joue sur les connotations et abonde en formules rituelles et incantatoires; une langue technique et une langue magique (comparer le mode d'emploi d'un appareil ménager et sa publicité).

Une langue fonctionnelle

Le Newspeak a trois vocabulaires distincts : la A qui est celui de la vie quotidienne, le B celui de l'idéologie, le C celui des sciences et des techniques. Laissons le B pour l'instant. Le A et le C constituent bien cette langue purement fonctionnelle où Marcuse voit une préfiguration de « l'homme unidimensionnel »; une langue rendant impossible toute critique et toute réflexion.

Le vocabulaire A est composé de mots concrets, mais en très petit nombre : chien, courir, maison, etc., et sans aucune ambiguïté. Il est donc impossible de l'utiliser pour des discours littéraires ou philosophiques, car chaque terme désigne seulement un objet concret ou une action physique. Par exemple, « libre » n'a qu'un seul sens, comme dans « échappement libre », « en roue libre »; il a perdu tout sens politique ou spirituel. On

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