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Législatives 2024 : ces circonscriptions où la majorité ne présente pas de candidat face aux LR et à quelques PS

Pour « lutter dès le premier tour contre les extrêmes », la majorité présidentielle a décidé de ne pas présenter de candidat dans une soixantaine de circonscriptions. De quoi peut-être lui permettre de trouver une majorité après le 7 juillet. Si les LR expliquent rester sur une ligne d’autonomie, dans le Nord, le parti a pourtant décidé de ne pas présenter de candidat face à certains candidats soutenus par le parti d’Emmanuel Macron.
François Vignal

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Dans le camp d’Emmanuel Macron, l’heure est à l’ouverture. Pour tenter de résister, notamment face à la vague RN, lors des législatives, on ouvre du côté de la majorité présidentielle. Sur les 577 circonscriptions, « Ensemble pour la République », la bannière qui rassemble les partis de la « majo », Renaissance, Modem, Horizons, mais aussi maintenant l’UDI, ne vise pas un candidat partout, mais dans 489 circonscriptions, qui verront se présenter un candidat aux couleurs de la majorité.

Dans une soixantaine de « circo », 65 exactement, selon les chiffres donnés par Renaissance, la majorité a décidé de laisser la place à des candidats qu’ils jugent faire partie de l’arc républicain, en ne présentant pas de candidat en face.

La majorité « tend la main » dans 65 circonscriptions

« Dans 65 circonscriptions, nous avons considéré que le vote utile pour lutter dès le premier tour contre les extrêmes était ailleurs, et qu’il nous faut tendre la main à d’autres élus. C’est pourquoi nous n’avons pas présenté de candidat », explique le parti dans un communiqué. Ce matin sur RTL, le premier ministre Gabriel Attal a fait le service après-vente de ce choix. « Il y a une soixantaine de circonscriptions où on sait que ce ne sont pas nos candidats qui seraient les mieux placés pour éviter la victoire des extrêmes. Dans ce cas, on soutient un autre candidat », explique celui qui « mène la campagne » des législatives en tant que chef de la majorité.

« Conformément à notre logique de dépassement, nous tendrons par ailleurs la main à ceux qui souhaitent œuvrer pour l’avenir du pays et lutter contre les extrêmes », ajoute encore le parti dans son communiqué.

Les candidats d’abord, le projet après

Autrement dit, pour la question sensible d’un accord sur quelques grands principes de fond, en vue d’une coalition, on verra après. C’était pourtant la condition mise sur la table, dès dimanche dernier, par le numéro 1 de Renaissance, le ministre Stéphane Séjourné, dans le tumulte de l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron. La majorité présidentielle « donnera l’investiture » aux députés sortants « faisant partie du champ républicain » et « qui souhaitent s’investir sur un projet clair pour le pays », avait annoncé ce proche du chef de l’État.

Mais dans un contexte qui s’annonce très difficile pour les macronistes, entre le RN et une union de la gauche qu’ils n’avaient peut-être pas prévu au départ, on comprend que pour l’heure, le plus urgent est d’empêcher l’un des deux autres camps d’arriver au pouvoir. « Attendons le résultat. Le pire serait que les extrêmes l’emportent, quels qu’ils soient. Pendant les quinze jours qui viennent, on va faire en sorte de faire prendre conscience aux Français le danger que représente l’arrivée au pouvoir des extrêmes. Il faut voter pour les candidats du bloc central. Après, on verra », confirme François Patriat, qui dirige le groupe des sénateurs macronistes à la Haute assemblée.

« Le critère premier reste de réunir les conditions pour battre le plus possible de candidats, d’extrême droite notamment »

Du côté du parti, on souligne qu’Emmanuel Macron avait déjà laissé une certaine souplesse, lors de sa conférence de presse, la semaine dernière. « Le Président a dit que le projet pouvait se construire avant, pendant et après le scrutin. Aujourd’hui, le critère premier reste de réunir les conditions pour battre le plus possible de candidats, d’extrême droite notamment. Et ensuite, c’est comme ça qu’on aura le plus de possibilités de construire des majorités de projet », avance-t-on. « Ce n’est pas un programme fermé », « il y a des discussions possibles, avant et après » les législatives, avait en effet affirmé Emmanuel Macron.

Si on attend encore le détail de ces « circos » où la majorité laisse le champ libre, on sait déjà que la majorité ne présentera pas de candidat face à une série de députés LR sortants : Michèle Tabarot, Marie-Christine Dalloz, Virginie Duby-Muller, Emilie Bonnivard, Nicolas Forissier ou encore Julien Dive.

Des accords au niveau local entre LR et la majorité

Si aucun accord d’appareil n’a été conclu au plan national, on observe que les discussions se sont faites au niveau départemental. « Nous, on encourage des discussions au niveau local, avec LR ou d’autres partis », confirme-t-on à Renaissance.

C’est le cas dans les Hauts-de-Seine, où un communiqué commun a été signé par Gabriel Attal, le président de la fédération LR du département Philippe Juvin, le président de l’UDI et sénateur des Hauts-de-Seine Hervé Marseille, la responsable départementale du Modem et sénatrice Isabelle Florennes, ainsi que le président du département Georges Siffredi, qui vient de démissionner de LR après l’appel d’Éric Ciotti à s’allier au RN. Seront ainsi soutenus pour les législatives dans le « 92 », Gabriel Attal lui-même, ainsi que le sortant Philippe Juvin, mais aussi Jean-Didier Berger, membre de « Libres ! », mouvement de Valérie Pécresse, ou encore Thomas Lam, adjoint au maire LR d’Asnières sur Seine.

Mais les LR-canal historique, qui ne suivent pas Eric Ciotti, ne l’entendent pas de la sorte. La commission d’investiture, dont fait partie le sénateur LR du département Roger Karoutchi, a investi des candidats LR face à Gabriel Attal, et face aux ministres Prisca Thevenot et Stéphane Séjourné, candidats aussi dans le département. Le LR Geoggroy Didier sera aussi candidat. Mais… LR soutient officiellement Philippe Juvin, patron de la fédération, tout comme Jean-Didier Berger, au risque de brouiller le message « d’autonomie » défendu nationalement. Un membre de la majorité présidentielle reconnaît que la situation devient peu lisible :

 En ce moment, c’est un peu compliqué pour s’y retrouver. Il faut faire de la microchirurgie. Les mecs changent de sexe… 

Un parlementaire de la majorité.

Dans le Nord, ce sont les LR qui laissent le champ libre à la majorité plusieurs fois

Dans le Nord, la situation n’est pas plus claire. Dans ce département où le RN est puissant, la situation est inversée : la commission nationale d’investiture des LR a décidé de ne pas présenter de candidats dans plusieurs endroits. C’est le cas dans la 5e circonscription. Il faut dire que la majorité présidentielle a investi Sébastien Huygues, qui est membre des LR… De quoi là encore prouver qu’il existe quelques exceptions à la règle.

Même chose dans la 7e « circo » du Nord, où LR n’a investi aucun candidat. De quoi laisser le champ libre à la députée sortante Félicie Gérard, membre d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, qui sera bien candidate sous ses couleurs. Intéressant de noter que LR ménage encore un sortant du groupe Horizons, Paul Christophe, en ne présentant pas de candidat dans la 14e circonscription.

L’UDI Valérie Létard candidate dans le Nord

Décision identique dans la 15e du Nord, pas de candidat LR face à Jean-Pierre Bataille, vice-président de Xavier Bertrand à la région, investi par Renaissance. Mais le candidat dit refuser l’investiture du parti présidentiel… Dans la 19e du Nord, la circonscription du vice-président du RN, Sébastien Chenu, les LR n’ont pas non plus investi de candidat face à celui de Renaissance.

Dans la 20e, circonscription du numéro 1 du PCF, Fabien Roussel, le candidat Modem, soutenu par Renaissance, n’a pas de candidat LR non plus sur son chemin. Pas plus de candidat investi dans la 21e, la circonscription où se présente l’ex-ministre et ex-sénatrice, Valérie Létard, membre de l’UDI. Si le parti centriste reste membre de la majorité sénatoriale du LR Gérard Larcher, l’UDI fait maintenant partie des mouvements alliés à Renaissance.

En Côte d’Or, pas de candidat face à LR dans la 4e circonscription

En Côte d’Or, « dans la 4e circonscription, où il n’y a pas de chance d’espérer gagner, pour éviter qu’elle ne tombe dans les mains du RN, on ne présente pas de candidat face au député sortant LR, Hubert Brigand, qui n’a pas voté la censure », explique François Patriat. A l’inverse, les LR rendent la pareille « en ne présentant pas de candidat face au député Renaissance sortant, Didier Paris », précise ce fidèle d’Emmanuel Macron, l’un de ceux qui a défendu la dissolution.

Dans le Val-de-Marne, le maire LR L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, candidat dans la 7e circonscription, n’aura pas de candidat de la majorité face à lui. « La majorité présidentielle a choisi de ne pas présenter de candidat et de m’apporter son soutien dès le 1er tour. J’accueille cette décision avec responsabilité », a réagi celui qui a quitté son poste de porte-parole des LR après la décision d’Eric Ciotti de faire alliance avec le RN.

Pour le groupe de l’Assemblée, Liot, qui a cherché à jouer un rôle de pivot jusqu’ici, la majorité n’a pas présenté de candidat face aux sortants Bertrand Pancher, Charles de Courson, Benjamin Saint-Huile, Christophe Naegelen, Martine Froger ou encore Pierre Morel-A-L’Huissier.

Pas de candidat face au socialiste Jérôme Guedj, opposé à l’accord du Nouveau front populaire

A gauche, la majorité présidentielle a décidé de ne pas présenter de candidat face à Jérôme Guedj. Le socialiste, qui dénonce l’accord du Nouveau front populaire (NFP) pour cause de divergences avec LFI, se présente en Essonne sous l’étiquette socialiste, mais face à un candidat du NFP.

« Ensemble » ne présente pas non plus de candidat aux couleurs de la majorité dans les circonscriptions des députés PS sortants Dominique Potier ou encore Cécile Untermaier.

Soutien au candidat LR face à François Hollande en Corrèze

Le cas Hollande est particulier. En annonçant se lancer dans la bataille en Corrèze, prenant au passage de court un PS mis devant le fait accompli, François Hollande a réservé sa surprise du chef. Il n’y aura pas de candidat de la majorité face à lui. Mais il ne faut pas y voir de blanc-seing pour l’ancien chef de l’Etat, qui avait pour ministre de l’Economie un certain Emmanuel Macron. Gabriel Attal a écarté un soutien, ce matin sur RTL. « L’ancien Président est candidat dans l’alliance France insoumise », souligne-t-il, préférant soutenir le candidat LR « Francis Dubois » pour « éviter la victoire du RN ».

Une candidature de François Hollande que ne se prive pas d’épingler François Patriat. « L’attitude de François Hollande est pitoyable, pathétique, parce que c’est le reniement de tout son combat politique, au nom d’un faux talisman d’union de la gauche. C’est l’union de la carpe et du lapin », dénonce le sénateur de la Côte d’Or, ancien du PS.

Du côté de Renaissance, on explique que si François Hollande « n’avait pas signé l’accord du Nouveau front populaire, on aurait pu reconsidérer les choses éventuellement. Mais à partir du moment où il signe des deux mains, qu’il n’a pas de problème à signer avec LFI, qui étaient ses ennemis jurés, on ne soutiendra pas ».

« On ne met personne face à Jérôme Cahuzac, mais ce n’est pas un soutien ».

Dans le Lot-et-Garonne, la majorité n’a investi aucun candidat dans la 3e circonscription, celle où l’ancien ministre du Budget socialiste, Jérôme Cahuzac, condamné pour fraude fiscale, tente de revenir sur les bancs de l’Assemblée en se présentant. « On ne met personne, mais ce n’est pas un soutien à Jérôme Cahuzac. Il y a une sortante RN qui pourrait être réélue, donc on soutient le candidat LR », explique-t-on à Renaissance.

Au sein du camp macroniste, François Patriat, qui a gardé le contact avec l’ancien ministre PS depuis plusieurs années, assume en revanche de le soutenir : « Jérôme est mon ami, je pense que l’audience qu’il a retrouvée au sein du Lot-et-Garonne lui donne des chances de l’emporter », affirme le président du groupe RDPI du Sénat. Pas sûr qu’une chatte y retrouverait ses petits.

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