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La Russie intensifie les combats autour de Kharkiv face à des Ukrainiens affaiblis

Au quatrième jour de la nouvelle offensive russe dans la région de Kharkiv, mardi 14 mai, la situation semble se dégrader dans les régions frontalières entre l’Ukraine et la Russie. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est quant à lui en visite à Kiev. Un an et demi après la contre-offensive ukrainienne qui avait permis d’expulser l’occupant russe des environs de la seconde ville du pays, un nouveau front est en train de se constituer. Les combats s’intensifient, la ville frontalière de Vovtchansk est assiégée par les Russes. Kharkiv est-elle à nouveau menacée ?

Un policier court devant une maison en feu détruite par une frappe aérienne russe à Vovchansk, en Ukraine, le 11 mai 2024.
Un policier court devant une maison en feu détruite par une frappe aérienne russe à Vovchansk, en Ukraine, le 11 mai 2024. AP - Evgeniy Maloletka
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L’armée ukrainienne tente toujours ce mardi 14 mai de tenir en respect les vagues d’assaut des troupes russes, dans la périphérie de la petite ville de Vovtchansk, située très près de la frontière, et à l’extérieur du dispositif principal de fortifications construit ces derniers mois autour de Kharkiv.

Vovtchansk n’est plus qu’un tas de ruines fumantes, mais l’objectif ukrainien est de circonscrire l’incendie à cette zone, alors que les inquiétudes se portent surtout autour du second axe de progression russe, à 50 km plus à l’ouest, près de Lyptsi. L’armée russe y a pris position sur des hauteurs stratégiques et si elle avance ne serait-ce que de cinq kilomètres, elle pourra tirer à l’artillerie sur Kharkiv.

Dans la capitale régionale, des frappes de missiles interviennent encore régulièrement, la présence militaire est omniprésente, mais le renseignement militaire ukrainien craint déjà que dans quelques jours l’armée russe ouvre un nouveau front, cette fois dans la région de Soumy, afin d’attirer les soldats ukrainiens loin du Donbass.

Nouveau chapitre dans le conflit

Un nouveau chapitre qui s'ouvre dans le conflit. « C’est une nouvelle phase extrêmement chaotique de la guerre, une guerre de mouvement, telle qu’on n’en avait pas connu depuis 2022, analyse Stéphane Siohan, notre correspondant à Kiev. On ne sait pas réellement où se trouve la ligne de front, quelque part dans la zone grise frontalière, et avant d’y accéder, il y a dix, ou vingt kilomètres, où tout peut se passer. »

Les forces russes ont franchi la frontière vendredi et attaquent dans les directions de Lyptsi et de Vovtchansk, deux localités respectivement situées à une vingtaine et une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine. Depuis, les combats s'intensifient de jour en jour, au sol comme dans les airs. Ce dont la région avait presque perdu l'habitude.

Ils font des assauts boucherie, ils envoient tout leur équipement. Leurs drones sont très actifs. 

Notre correspondant rapporte la recrudescence de « groupes de reconnaissance, de frappes aériennes impromptues, des survols sournois de drones FPV explosifs, qui peuvent s’abattre sur n’importe quel véhicule… », et ce, alors même que cette zone du nord de Kharkiv « avait retrouvé un calme relatif, malgré des frappes sporadiques, les locaux vivaient soulagés d’avoir survécu à l’occupation », poursuit-il. 

« Ils font des assauts "boucherie", ils envoient tout leur équipement [...] leurs drones sont très actifs », a affirmé lundi à l'AFP, depuis la localité de Rouski Tychky, un soldat ukrainien membre d'un groupe reprenant des forces après avoir défendu Lyptsi, à sept kilomètres de là. Ce soldat, qui a refusé de donner son nom, faisait référence aux attaques par vagues, très meurtrières, déjà employées auparavant par la Russie. Un autre militaire de ce groupe a affirmé que des bombes aériennes guidées russes tombaient massivement dans la zone, comme « la pluie en Angleterre ».

Lundi, le gouverneur de la région, Oleg Synegoubov, a affirmé que plus de 30 localités avaient été touchées par des tirs d'artillerie. Il a précisé que 5 762 habitants au total ont été évacués de ces zones depuis le début des combats. Le départ d'environ 1 600 autres personnes était prévu pour lundi, en dépit d'une « situation assez compliquée », selon lui.

À quoi ressembleront les prochains jours ? 

L'inconnu plane tout de même sur l'intensité des combats des prochaines journées. Tout dépendra de la vigueur de la réponse de l’armée ukrainienne. Cette dernière semble affaiblie, alors qu’on sait désormais que 30 000 soldats russes ont été engagés au sol dans la région de Kharkiv. « L’Ukraine envoie des renforts, on le sait, mais la riposte semble désordonnée, et surtout, elle pâtit du manque dramatique d’armes et de munitions occidentales », détaille notre correspondant. 

De quoi faire payer le manque d'approvisionnement en armement par les Européens et les Américains cet hiver ? Oui, pense encore Stéphane Siohan : « Les Russes en ont tiré la conclusion qu’ils pouvaient envahir une seconde fois des territoires d’où ils avaient été expulsés en 2022. Le scénario le plus probable, c’est que les Russes arrivent à emmener leurs canons à 20 ou 30 km de Kharkiv, qu’ils ne prennent pas la ville d’assaut, car c’est un trop gros morceau, mais que tout l’été, ils fassent tomber sur elle des milliers d’obus d’artillerie ». 

C'est dans ce contexte qu'une visite surprise de deux jours de Dmitro Kuleba, le ministre des Affaires étrangères ukrainien et Olena Zelenska, la femme du président Zelensky a eu lieu en Serbie pour la première fois depuis le début de la guerre. Les médias pro-gouvernementaux et les autorités serbes sont restés discrets à propos de cette visite. Belgrade s'est tout juste contenté de réaffirmer son attachement à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, alors que Kuleba en faisait de même pour le territoire de la Serbie. Rappelons que Belgrade livrerait de façon discrète des armes aux Ukrainiens depuis l'an passé. Reste que la visite n'est pas passée inaperçue côté russe. Le Premier ministre serbe a dû rencontrer l'ambassadeur russe juste après la visite des Ukrainiens.

Aussi, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est arrivé en train de nuit mardi matin à Kiev pour une visite surprise censée rassurer les Ukrainiens sur le soutien continu des États-Unis, et promettre un flot d'armements. Au cours de sa visite, M. Blinken doit avoir des entretiens avec le président Zelensky, avec son homologue Dmytro Kuleba, rencontrer des membres de la société civile et prononcer un discours axé sur « l'avenir de l'Ukraine », a indiqué à des journalistes un haut responsable américain à bord du train transportant le secrétaire d'État.

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