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L’invitéLa mort d’Ebrahim Raïssi, un coup irréparable

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La disparition du président iranien, Ebrahim Raïssi, le 19 mai 2024, représente un coup stratégique et irréparable porté au régime des mollahs, entraînant des conséquences graves et des crises internes de plus en plus évidentes. Ce coup irréparable à l’encontre du Guide suprême Ali Khamenei ne résultait pas uniquement de l’efficacité d’Ebrahim Raïssi, mais de sa singularité en tant que personne que Khamenei pouvait utiliser pour consolider son gouvernement et éliminer toute opposition potentielle.

Ce qui lui a valu la confiance totale de Khamenei, c’est son rôle dans le massacre des prisonniers politiques en 1988. Lors de ce massacre, 30’000 prisonniers politiques, 90% appartenant à l’organisation des Moudjahidines du peuple, furent exécutés en quelques semaines sur ordre de Khomeini.

Le soulèvement national de décembre 2017 et janvier 2018 a choqué Khamenei qui a donc tenté de combler toutes les fissures et de recourir à une purge large pour consolider son régime. Raïssi était son meilleur choix. Dans un premier temps, début 2019, il a limogé le chef du pouvoir judiciaire de l’époque pour le remplacer par Ebrahim Raïssi. Raïssi a purgé le pouvoir judiciaire, qui compte un appareil répressif au sein du régime, comme le voulait Khamenei.

Un an plus tard, début 2020, Khamenei, aidé par le Conseil des Gardiens, a purgé le parlement des soi-disant réformistes, et 80% du 12e parlement, qui s’est terminé en mai 2024, était entre les mains des gangs affiliés à Khamenei.

Finalement, ce fut au tour du pouvoir exécutif. Lors de l’élection présidentielle de 2021, Khamenei était déterminé à laisser la présidence entre les mains de Raïssi, et pour cette raison, non seulement le soi-disant réformateur, mais aussi des membres éminents de son propre gang, comme Ali Laridjani, qui était président du parlement pendant douze ans, ont été exclus de la candidature.

Le leadership de Raïssi au pouvoir exécutif a permis de colmater le fossé entre le pouvoir exécutif et les véritables détenteurs du pouvoir, à savoir le CGRI et le cabinet de Khamenei. Un écart qui a toujours existé au cours des quarante dernières années. L’un des résultats de la présidence de Raïssi a été qu’il a transformé le gouvernement en un instrument à part entière du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, des Forces Al-Qods et du cabinet de Khamenei.

Dans la situation actuelle, il est très difficile de trouver une personne capable d’exercer la même fonction pour Khamenei. Par conséquent, quel que soit celui qui deviendra président du régime, les contradictions et les conflits internes du régime deviendront de plus en plus intenses. Le danger d’un renversement du régime pour Khamenei devient plus grave et plus imminent. On se trouve donc devant un dilemme: soit prendre du recul dans le bellicisme étranger, la bombe atomique et la répression interne, ce qui ouvrirait la voie à des soulèvements de masse et à la défaite du régime oppressif, soit intensifier les mesures répressives, les purges, le terrorisme, le bellicisme et accélérer le mouvement vers la bombe atomique pour assurer sa survie et sa domination. Dans ce cas, la confrontation du régime avec le peuple et la communauté internationale s’intensifiera.

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