Pourquoi tout le monde se déchire autour de la nouvelle édition de « 1984 » ?

Le roman dystopique de George Orwell, « 1984 », a été réédité ce 8 octobre dans la collection La Pléiade des éditions Gallimard. Mais sa traduction agite le débat public.
Pourquoi tout le monde se dchire autour de la nouvelle dition de « 1984 »
Justin Sullivan/Getty Images

Faut-il traduire « Big Brother » par « le Grand Frère » ? C’est l’une des nombreuses questions que pose la nouvelle traduction de 1984, le roman dystopique de George Orwell. La première traductrice du livre publié chez Gallimard en 1950, Amélie Audiberti, avait gardé le terme anglais pour définir le chef d'État totalitaire, Josée Kamoun en 2018 aussi ; mais pour cette nouvelle édition à La Pléiade, « Big Brother » devient « le Grand Frère ».

Philippe Jaworski, qui coordonne cette édition explique sa démarche. « C’est très simple : je suis traducteur, donc je traduis. Je suis allé voir les autres langues, et aucune ne l’a gardé tel quel. Avec "Big Brother", il y a une espèce de slogan qui empêche le rapprochement entre "Grand Frère" et "Fraternité", organisation clandestine dissidente. Il faut que ça s’imprime dans la conscience du lecteur ».

Même problématique pour « Newspeak », la langue imposée par le pouvoir totalitaire. D’abord traduite par « novlangue », puis « néoparler » dans la deuxième traduction, elle est dans cette nouvelle version appelée « néoparle ». Philippe Jaworski défend son choix : « "Newspeak", c’est un monstre où "speak" n’est ni verbe ni nom commun. Il n’y a pas de substantif dans le "néoparle", c’est une langue absolument barbare. Alors on a envie de trouver les mots les plus repoussants, ceux qui font se dire au lecteur : c’est monstrueux ».

En 2018, la traductrice Josée Kamoun avait changé le temps du récit, passant du prétérit anglais au présent de narration français. Dans la nouvelle édition de La Pléiade, le livre revient au passé simple.