Canada

L’emploi total dans l’OCDE a retrouvé son niveau d’avant crise fin 2021 et a continué de progresser au cours des premiers mois de 2022. Le taux de chômage de l’OCDE a progressivement baissé depuis son pic de 8.8 % en avril 2020 pour atteindre un niveau de 4.9 % en juillet 2022, légèrement inférieur à la valeur de 5.3 % enregistrée en décembre 2019. Toutefois, la reprise du marché du travail s’est avérée inégale selon les pays et les secteurs d’activité et demeure incomplète, tandis que sa pérennité est remise en cause par les retombées économiques de l’agression non provoquée, injustifiée et illégale de la Russie contre l’Ukraine.

  • À son maximum, le taux de chômage au Canada a atteint 13.4 % au deuxième trimestre 2020. Mais il est redescendu à 4.9 % en juillet 2022, en dessous de son niveau d’avant crise de 5.8 %.

  • Le pic élevé du taux de chômage met en évidence la différence entre les politiques adoptées par le Canada pour gérer la crise du COVID-19 et celles de nombreux autres pays de l’OCDE. Au lieu de s’appuyer sur des programmes de maintien de l’emploi, qui réduisent les heures de travail mais maintiennent les salariés en lien avec l’emploi, le Canada s’est davantage appuyé sur des mises à pied temporaires et des prestations de chômage renforcées.

  • Des pénuries de main-d’œuvre ont émergé dans ce contexte de faible taux de chômage, et les taux d’emplois vacants sont désormais particulièrement élevés dans certains secteurs : la construction (en hausse de 110 % début 2022 par rapport à début 2020), l’industrie manufacturière (en hausse de 94 %), la santé et l’aide sociale (en hausse de 91 %), et l’hôtellerie et la restauration (en hausse de 88 %).

Peu de pays de l’OCDE collectent des données permettant de suivre l’impact de la crise sur les minorités raciales/ethniques. Parmi ceux qui le font, la crise a touché ces minorités de manière disproportionnée et, lorsque les informations sont disponibles, la reprise a été plus lente pour ces groupes. Toutefois, certains pays s’en sortent mieux à cet égard, ce qui montre qu’un impact plus marqué pour les minorités n’est pas une fatalité : en Nouvelle-Zélande, les minorités raciales/ethniques ont davantage bénéficié de la reprise que le groupe majoritaire, réduisant leur écart d’emploi au quatrième trimestre 2021 par rapport au quatrième trimestre 2019.

  • La reprise de l’emploi au sein des populations autochtones du Canada a été initialement plus lente que chez les populations non autochtones, mais elle s’est accélérée depuis. Le taux d’emploi des population autochtones a atteint 57.7 % entre juin et août 2021, dépassant ainsi son niveau d’avant la pandémie (56.2 %) et réduisant l’écart d’emploi entre populations autochtones et non autochtones. Les populations autochtones ont toujours eu de moins bonnes perspectives sur le marché du travail et en matière d’éducation, en raison de l’impact continu et bien documenté de la colonisation.

  • Cependant, depuis l’automne 2021, la reprise de l’emploi au sein des populations autochtones plus âgées (55 ans ou plus) a été beaucoup plus faible qu’au sein des populations jeunes et d’âge moyen, en raison de taux d’inactivité plus élevés. Les travailleurs plus âgés, et en particulier les travailleurs autochtones plus âgés, ont été plus vulnérables aux impacts économiques et sanitaires du COVID-19, et certains ont pu choisir de prendre leur retraite plus tôt que prévu afin d’éviter les risques sanitaires associés.

La concentration du marché du travail, où peu d’employeurs se disputent les salariés, contribue au pouvoir de monopsone des employeurs. Les employeurs monopsonistes peuvent fixer les salaires de manière unilatérale, entraînant une baisse de l’emploi et des salaires. La plus grande analyse transnationale réalisée à ce jour montre que 16 % des travailleurs sont employés sur des marchés du travail au moins modérément concentrés. La réduction des pratiques anticoncurrentielles et le développement de la négociation collective, entre autres politiques, peuvent freiner le pouvoir de monopsone.

  • Le secteur des entreprises du Canada est plus concentré que la moyenne de l’OCDE, et peu d’employeurs se font concurrence pour attirer les salariés. Au Canada, 18 % des employés travaillent dans des marchés du travail concentrés, répartis entre moins de sept entreprises (contre 16 % des employés en moyenne dans les pays de l’OCDE). Les marchés du travail ruraux sont plus concentrés que les marchés urbains, et beaucoup plus concentrés que les marchés ruraux en moyenne dans les pays de l’OCDE (51 % contre 29 % pour les pays de l’OCDE). Une plus grande concentration du marché du travail est associée à des exigences de compétences plus élevées dans les offres d’emploi.

  • Selon les simulations de l’OCDE, si le travail à distance était accessible à tous les travailleurs exerçant une profession qui s’y prête, la concentration du marché du travail diminuerait de 34 % au Canada, ce qui entraînerait une augmentation probable de 1 % des salaires réels moyens. Cette augmentation modérée montre que le télétravail ne suffit pas à lui seul à atténuer l’impact du pouvoir de monopsone. D’autres politiques, comme le renforcement de la négociation collective et des mesures antitrust plus agressives, sont susceptibles d’avoir un effet plus important.

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