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François Hollande : « Pour arrêter Vladimir Poutine, arrêtons de lui acheter du gaz »

En continuant à acheter du gaz russe, nous finançons la guerre que nous condamnons par ailleurs, estime, dans une tribune au « Monde », l’ancien président de la République, qui prône la limitation dès maintenant des achats français et, à terme, leur arrêt total au niveau de l’Union européenne.

Publié le 07 mars 2022 à 20h15, modifié le 08 mars 2022 à 11h58 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Peut-on encore moralement et politiquement acheter du gaz venant de Russie quand l’armée de Vladimir Poutine écrase l’Ukraine, assiège Kiev, bombarde des villes entières, inflige un supplice effroyable à la population civile à laquelle nous apportons un soutien que nous ne cessons de rappeler.

Certes des sanctions sévères ont été décidées au niveau européen visant les dirigeants et bon nombre d’oligarques, remettant en cause des investissements (comme Nord Stream 2) et réduisant le volume des échanges entre la Russie et le reste du monde. La mise à l’écart du système financier d’un volume significatif de transactions et les coups portés aux banques russes ont également leur efficacité. Mais pour des raisons simples à comprendre et qui tiennent à notre dépendance (40 % pour l’Union européenne), les approvisionnements en gaz et en pétrole ont été sanctuarisés et les contrats avec Gazprom ont été jusque-là strictement respectés. Cette logique prévaut également pour les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) qui se poursuivent comme si de rien n’était.

Nous finançons ainsi la guerre que nous condamnons par ailleurs.

Je mesure les conséquences d’une coupure par l’Union européenne des importations de gaz russe sur les économies des Vingt-Sept. Un double choc de prix et de quantité en résulterait dès l’hiver prochain. Même si pour les prochains mois, notre consommation serait assurée sans difficulté grâce aux fournitures d’autres pays par gazoduc ou par méthanier pour le GNL.

Un sacrifice à faire

Faut-il alors se résigner au statu quo en considérant que nous ne disposons d’aucune alternative et que nous ne pouvons, malgré une solidarité sincère à l’égard du peuple ukrainien, payer plus cher notre énergie et prendre le risque de ne pas nous chauffer l’hiver prochain ? Ou n’est-il pas nécessaire pour assurer notre propre sécurité et pour infliger un revers majeur à Vladimir Poutine de changer profondément et bien plus rapidement que prévu notre modèle énergétique ?

La raison comme l’émotion nous conduisent à faire ce choix et à y travailler dans les plus brefs délais. Pour la France, l’objectif est à notre portée puisque le gaz russe représente 20 % de notre consommation.

L’urgence, c’est de négocier des volumes supplémentaires avec différents fournisseurs (Norvège, Pays-Bas, Algérie et Etats-Unis) et d’augmenter la capacité de déchargement de notre terminal GNL.

Et si nous ne pouvions pas remplacer entièrement tout le gaz qui vient de Russie, il nous reviendrait de limiter la demande. C’est là que notre courage serait mis à l’épreuve. Car il serait incontournable de solliciter les Français pour qu’ils réduisent leur chauffage l’hiver prochain. Cet effort pourrait d’ailleurs être appelé dès aujourd’hui. Rappelons qu’1 °C en moins pour une durée de douze mois représente 10 à 15 térawattheures de gaz économisé. Je suis convaincu que nos compatriotes, conscients de la menace que la Russie fait peser sur la paix et soucieux d’adresser un geste d’amitié au peuple ukrainien dont la souffrance est un crève-cœur, seraient prêts à ce sacrifice.

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